L'art de représenter un engagement personnel

Serafino Malaguarnera

Description

La notion d'engagement permet-elle de dépasser l'opposition traditionnelle entre objectivité et subjectivité ? Par des exemples tirés du monde des arts et des médias, cet ouvrage expose une variété de discours exprimant le réel historique, politique et social de manière personnelle. L'auteur devient ainsi la clef d'un monde dont la lecture n'oscille plus entre le vrai et le faux, le crédible et le douteux.

Sujets

• Beaux-arts
• Beaux arts
• Champs visuels

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mars 2010
• Nombre de lectures: 232
• EAN13: 9782296248977
• Langue: Français

Extrait

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TABLE DES MATIERES INTRODUCTION Delphine Robic-Diaz

p.9

I.AU CŒUR DU SUJET : LE PARTI PRIS JOURNALISTIQUE p.15 Conflits d’interprétation médiatisés : l’énonciation en question dans « l’affaire des caricatures de Mahomet » Aude Seurrat17 p. Le style journalistique au temps de la Grande Guerre : entre subjectivité de l’écriture et objectivité du discours Rhoda Desbordesp. 33

II. L’AUTEUR COMME EXPRESSION D’UN « JE » COLLECTIF Quand passent les cigognes, un retour à la subjectivité dans le cinéma soviétique ? Pauline Gallinari

p. 53

p. 55

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e Hommes du XX siècle : l’appellation d’un modèle universel et l’expression de son concepteur, August Sander. Sylvie Hepp-Hautevillep. 77 Je et un Autre : Elle s’appelle Sabinede Sandrine Bonnaire (2007) Delphine Robic-Diazp. 97

III. QUESTIONS DE POINTS DE VUE Énonciation et sémiologie du cinéma : un exemple de transfert théorique Emilie Brunet

Cinéma et scepticisme : l’objectif ment ? Maïa Ponsonnet PRESENTATION DES AUTEURS

p. 113

p. 115

p. 135

p. 153

Introduction

Delphine Robic-Diaz

Lors de la guerre des Malouines, Jean-Luc Godard, présent sur le plateau du JT de Antenne 2, interpelle avec insistance le journaliste Philippe Labro, lui demandant d’apporter aux spectateurs une précision d’importance en déclarant, les yeux tournés vers la caméra après avoir envoyé le sujet relatant les derniers événements des Falklands : «Moi, Philippe Labro, je n’ai rien vu de la guerre des Malouines». Ce commentaire forcé résonne comme un écho, par-delà les époques et les conflits, à l’ouverture deHiroshima mon amourResnais d’Alain (1959), preuve que la mise à distance de l’image et/ou de l’information est loin d’être un phénomène récent et que le statut de l’auteur, du narrateur ou de tout autre énonciateur d’un discours engageant la croyance de son public en sa propre crédibilité demande, depuis des décennies déjà, certaines garanties sur la légitimité du locuteur à s’exprimer sur le sujet. Pourtant s’il faut encore répéter ce type d’avertissement sur les connaissances forcément lacunaires de certaines personnalités publiques ayant l’attention du plus grand nombre, n’est-ce pas justement parce que la virtuosité de certains discours aidant, le spectateur ou le lecteur averti n’en cesse pas moins de prendre pour expérience vécue un récit emprunté, ou au contraire d’opposer un certain scepticisme aux traitements trop personnels, qu’il entend automatiquement comme trop subjectifs ?

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Il s’agit ici d’évoquer quelques unes des stratégies énonciatives mises en place pour : - persuader le public qu’il peut se fier à ce qui lui est dit ou montré, qu’il s’agit d’éléments authentiques, authentifiés par leur auteur, se voyant soudain conférer le rôle de témoin chargé de délivrer un aspect incontestable d’une réalité admise, alors même que la présence de cet auteur est l’indice essentiel que l’information n’est plus délivrée brute, mais tamisée par le filtre d’une subjectivité. - ou, à l’inverse, discréditer certains discours en les présentant comme fondamentalement subjectifs, quand cette mise en garde symbolique est tout au contraire la garantie de l’honnêteté de la démarche de l’auteur, qui ne s’érige pas en mandataire d’une vérité absolue, mais simple messager d’une expérience toute personnelle qu’ils se proposent de partager. L’Art de représenter un engagement personnel cherche donc à cerner la notion d’auteur dans les arts et médias (presse écrite, cinéma, photographie) à travers la notion d’une subjectivité plus ou moins revendiquée et de ses effets sur le public. Les moyens d’expression étant par nature aussi humains que leur utilisateurs, nul ne saurait être neutre parce qu’il est prétendument objectif, tout comme la subjectivité n’est pas obligatoirement gage de partialité. Ces dualités caricaturales se résolvent à notre sens dans la notion d’engagement par laquelle le sujet (considéré en terme grammatical comme un énonciateur employant la première personne du singulier, le « je ») en conditionnant l’ensemble du discours à sa propre expérience ou à sa sensibilité, ne cherche pas à délivrer un récit exact, mais une vision juste et personnelle, justement personnelle. 10