La croyance dans l image
323 pages
Français

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La croyance dans l'image , livre ebook

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Description

Elire une image à l'aune de nos désirs signifie instituer un usage instrumentalisé des images. Les images sont enrôlées de force dans le récit, qui constitue la fiction en laquelle nous avons besoin de croire. Ainsi débute la fable littéraire, paternelle, orale ou cinématographique de l'humanité parlante. Mais l'image est muette. Cependant nous la chargeons de significations et de projections, nous croyons en l'image comme représentation de ce que nous vivons. Ainsi le narcissisme culturel joue ici sur nos représentations mentales et notre culte de l'ego.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2006
Nombre de lectures 195
EAN13 9782336268569
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

à Bernard Lantéri. L’image est l’instance dont dépend, pour chaque individu vivant son allégeance à la Raison, c’estàdire son entrée dans les montages de l’identité. Pierre Legendre Dieu au Miroir
1. La croyance en l’image 1.1. Croire en l’image ou en la réalité ? 1.1.1. Désir de croire ou besoin de croire L’image se tait. Cependant nous croyons en l’image comme représentation de ce que nous vivons. Nous nous reconnaissons dans notre reflet, car il est une donnée du monde à notre image et il produit un travail spécifique sur nos images mentales. Elire une image à l’aune de nos désirs signifie instituer un usage instrumentalisé des images. Les images sont enrôlées de force dans le récit, qui constitue la fiction en laquelle nous avons besoin de croire. Image souvenir, image écran entrent en nous. Nous vivons dans l’idée que nous avons de nos chers disparus, remplis de notre désir de fabuler, sur le passé, le reçu, le vécu, le vu et le revu. Notre besoin de fabuler est aussi ancien que les religions. Ainsi débute la fable littéraire, paternelle, orale ou cinématographique de l’humanité parlante. Elle se fonde sur le désir de croire en la révélation du récit par la bouche qui prend et nous ravit la parole. La foi n’est pas autre chose qu’une croyance dans qui parle pour nous et en nous, de nous tous. Voir le réel fait de nous un neutre. Voir la réalité humaine signifie croire en la fiction du monde. Croire signifie élire l’objet de sa croyance. Croire est un acte mental qui vise à s’effacer comme sujet réel au profit de l’image sociale du pouvoir. Croire est réifier l’Autre de l’image, dans la figure du pouvoir du pour soi de qui nous commande. Croire dans les images qui défilent au cinéma ou dans les galeries d’exposition, est croire davantage dans le fantasme que dans l’image. C’est aussi se placer en spectateur de sa vie et théâtraliser le vivant.La réception d’image n’est pas communication. Tout est dit dans la projection que nous inscrivons mentalement sur l’image comme sur autrui, sur sa peau, sur ses mots, sur son moipeau. Aujourd’hui, communiquer vise à projeter notre volonté sur l’Autre et à l’enfermer dans nos projections. Peu importe si nous proférons
le faux ou le vrai. Seule compte la projection et non la réalité de l’autre, que nous croyons plier à volonté comme un jouet. On ose faire rêver que les images communiquent avec nous. Le public demande quel est le message du film, que voulezvous dire ? Il n’existe pas de message en art. Communiquer est devenu obliger l’autre à se taire. L’art ne communique pas, il offre une rencontre, une découverte avec une œuvre singulière. Ici le message est infime en comparaison de ce qui se joue. L’art est jeu, ouverture et rencontre avec un artiste. Il existe d’autres lieux de communication. L’art n’est pas ce lieu ni cet objet mais lien infini avec l’imaginaire, le ludique et la liberté comme combat de tous les instants. Croire en l’image est d’abord croire en la fiction fabriquée du monde. Croire est s’effacer en tant que sujet réel au profit de l’image de l’Autre. Dès lors, l’image construit un immense mensonge selon notre besoin d’histoire révélée. Nous entretenons également le désir de fabuler une vérité inventée de toutes pièces pour les besoins de la cause. Il y a les trompeurs et les trompés. L’homme s’efface de l’image du monde comme on sort du cadre. Car le cadre est le lieu social de légitimation du vu et du su. Le horscadre est le non advenu, le périssable, vous et moi en l’occurrence. L’image est cette irréalité construite comme une réalité de la représentation dominante. L’incommunication est le signe maître de l’image qui désigne le sens. L’image ne communique pas vraiment, elle sert de support, de vecteur. Elle est tirée à hue et à dia par la fiction, prise pour un discours. Mais on épuise le goût de la fiction à force de la contraindre à porter le sens, le signe, l’image comme objet du discours. Le spectateur est contraint à penser la fiction comme réalité de soi. Qui peut penser l’image comme s’il s’agissait d’un monde à notre image ? Qui peut penser l’homme comme image et placer le monde dans une image, une abstraction ? Croire et faire accroire, estce user du leurre des formes contre les formes de l’Art ? Habiter l’imagen’est rien qu’un faisceau de présomptions et d’attributions portées sur la relation de la création avec l’image. La posture qui vise à être dans l’image et non hors de l’image, désigne la place du créateur par rapport à la matière de l’œuvre. Habiter l’imagealors le moment où l’on entre dans la matière afin illustre de la rendre vivante aux yeux du spectateur.Habiter l’imageserait tenter de produire la ligature du désir sur l’objet, dont JeanLuc 8
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