La miniature chrétienne dans l Espagne des trois cultures
152 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La miniature chrétienne dans l'Espagne des trois cultures , livre ebook

-

152 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Le Beatus de Gérone (975) cristallise un moment clé de l'histoire espagnole et européenne puisqu'il naît de l'Espagne des trois cultures (judaïsme, islam, christianisme y coexistent 8 siècles durant). Il s'agit d'une copie du Commentaire de l'Apocalypse - l'Apocalypse de Jean. Cette étude se propose d'articuler la formalisation de certains idéaux politiques et religieux à travers l'analyse picturale des miniatures qui ornent le manuscrit. Ce travail d'analyse est développé à la lumière du contexte historique qui voit l'émergence de la peinture Mozarabe dont le Beatus de Gerone est un éclatant exemple...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2008
Nombre de lectures 224
EAN13 9782296948877
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La miniature chrétienne
dans l’Espagne des trois cultures
Collection Arts & Sciences de l’art
dirigée par Costin Miereanu
Interface pluridisciplinaire, cette collection d’ouvrages, coordonnée avec une publication périodique sous forme de Cahiers, est un programme scientifique de l’ Institut d’esthétique des arts et technologies (unité mixte de recherche du CNRS, de l’université Paris 1 et du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche).




Institut d’esthétique des arts et technologies
IDEAT
UMR 8153 – CNRS/Université Paris 1
47, rue des Bergers – 75015 Paris
Tél. : 01.44.07.84.65 – Email : asellier@univ-paris1.fr
© IDEAT – CNRS/Université Paris 1 – L’Harmattan, 2008


© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-05667-1
EAN: 9782296056671

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Ludivine Allegue Fuschini


La miniature chrétienne
dans l’Espagne des trois cultures
Le Beatus de Gérone
Avant-propos de l’auteur
Cet ouvrage présente une étude soutenue en octobre 1997 dans le cadre d’une maîtrise en Art et Sciences de l’Art, réalisée sous la direction de Madame Geneviève Clancy et Monsieur Costin Miereanu, à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Il va de soi que ma recherche a depuis parcouru un long chemin qui m’a menée à des conclusions souvent plus nuancées et parfois totalement différentes. Je n’ai cependant effectué sur le texte que très peu de corrections, la plupart de style et non de contenu. Car il m’a semblé plus honnête de respecter ce cheminement.
La genèse de ce texte se situe en Andalousie, au cœur même des Espagnes. Entre Granada et Jimena de la Frontera, là où cette culture trine que nous abordons ici est palpable, rayonne encore de chaque pierre. Depuis la frontière mouvante qui se déplaçait selon les victoires des uns et les défaites des autres : cette histoire que l’on peut lire encore aujourd’hui dans les noms mêmes des villages.
Je pensais à ce moment-là que tout ce qui se jouait dans l’actualité politique mondiale était déjà parfaitement lisible dans cette vieille histoire d’Al Andal ú s et de la Reconquête. En fait, je le crois encore, mais il semble si naïf d’avoir foi en l’utilité d’une Histoire.
C’est pourquoi je dédie cette modeste réflexion aux poètes : eux qui savent surprendre la lumière angélique là où elle se cache et, seuls, en habillent notre monde de Beauté.
Paris, 2008
Introduction
Brève introduction à l’Espagne du Moyen Âge et à la miniature mozarabe
P ARLER d’une « Espagne des trois cultures » pour désigner l’Espagne du Moyen Âge se justifie par la coexistence de trois grandes communautés, celles des trois religions du Livre, desquelles la péninsule fut l’hôte à partir de l’an 711, date de l’entrée des troupes arabo-musulmanes et de l’Islam en Andalousie et en territoire espagnol, territoire qu’ils domineront jusqu’au X e siècle. Le judaïsme et le christianisme y étaient respectivement apparus aux III e et IV e siècles.
Cette coexistence s’effectua tant sur le plan social qu’au niveau de la pensée, voire du pouvoir, et fut, contrairement à la vision idéalisée qu’on en donne aujourd’hui, plus ou moins houleuse selon les périodes. En fait, dès le début du VIIII e siècle, la Reconquête des chrétiens à l’encontre du pouvoir arabo-berbère s’organisa depuis les Asturies et ce dernier commença réellement à s’affaiblir à la chute du Califat de Cordoue, en 1031.
Comme témoin significatif de cette charnière culturelle se développa, entre les VIII e et XI e siècles, la peinture dite « mozarabe » en référence à ses auteurs, chrétiens arabisés vivant sous la domination musulmane.
Le manuscrit abordé par cette étude date de 975. Il s’agit du Beatus de Gérone, un exemple particulièrement éclatant de l’art mozarabe qui nous permettra de l’approcher de façon concrète, précise et cohérente.
Il va de soi que cette étude ne pourra se faire sans une approche du contexte politique, social et philosophique de la période historique dans laquelle s’inscrit le manuscrit. Il s’agira en outre de mettre en évidence la formalisation des concepts alors diffusés, l’expression de certaines croyances à travers l’image.
Une esthétique
« Une science qui traite de la Beauté et de la théorie fondamentale et philosophique de l’art », est-ce bien là tout ce que suppose une esthétique ?
La question que pose cette définition rapide réside en grande partie dans ces termes « la théorie fondamentale et philosophique ». Qu’est-ce que la théorie fondamentale et philosophique de l’art ?
Pour nous aider à formuler une hypothèse, partons d’un exemple simple. Nous nous trouvons face à un tableau, et, avant même d’en avoir lu le nom de l’auteur ou le titre, nous savons que c’est un tableau allemand. Car quelque chose qui procède d’un ou de plusieurs détails formels nous semblent caractéristiques des œuvres allemandes. Si ces traits d’expression sont effectivement propres aux seuls artistes allemands, c’est que ces derniers sont mués par au moins un vecteur qui leur est commun. Ce vecteur appartient vraisemblablement à leur origine culturelle, puisque le seul point commun entre deux artistes allemands distincts est leur appartenance à un même groupe humain s’identifiant à une même culture.
Une culture est avant tout le fruit d’un contexte géographique : une terre, un relief, une lumière… car la lumière du nord de l’Allemagne n’est évidemment pas la même que celle de l’Andalousie. Puis elle est le fruit d’un contexte humain qui s’est adapté à son environnement et aux autres humains qui éventuellement y vivaient. Quoi de plus mouvant et changeant qu’un être humain ? Des êtres qui parlent, pensent, échangent, s’affrontent, naît donc aussi une culture. Et ce sont ces mêmes hommes qui la redessinent sans cesse. Une culture ne change pas : elle évolue. C’est pourquoi elle est toujours à envisager dans sa continuité. C’est cette continuité qui nous fait dire « ce tableau est allemand ». C’est cette continuité également qui entre forcément en ligne de compte dans la détermination par l’artiste d’une expression, que cela soit conscient ou non de sa part.
C’est là une acceptation du terme « esthétique » qui désigne justement, entre autres, l’ensemble formel que sont différentes expressions procédant d’un même berceau culturel ou d’une même philosophie, sachant qu’une même pensée, véhiculée par l’homme, peut exister dans diverses aires culturelles.
La définition d’une esthétique est donc un procédé complexe car il exige la définition de tous les facteurs, en tout cas les plus importants, qui ont concouru à l’émergence de telle ou telle esthétique. Ce travail, cette discipline, que nous dénommons aussi « esthétique », examine les éléments contextuels, tant sur le plan de la pensée qu’au niveau événementiel, fondateurs de l’iconographie et ceux, artisans de l’iconologie qui peut se révéler maîtresse de l’iconographie. D’où l’importance de l’histoire et de la sociologie comme outils de recherche sur une esthétique donnée.
Nous approchons là, semble-t-il, la théorie fondamentale et philosophique de l’art, l’aboutissement d’une réflexion qui aura donné lieu à force d’hypothèses relatives au pourquoi de la création artistique.
Demeure cependant un mystère de taille : la Beauté. Des facteurs contextuels peuvent certes donner lieu à une analyse « scientifique », pour reprendre le terme de la définition qui ouvre notre réflexion. Mais la Beauté ?
Il semble justement que c’est lorsque l’on cherche à la soumettre à un examen méthodique qu’elle se dérobe. Car elle est à notre image – elle est ce qui nous émeut, ne nous émeut que ce à quoi nous nous identifions en tant qu’êtres –

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents