La publicité dans l art contemporain (T II)
84 pages
Français

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La publicité dans l'art contemporain (T II) , livre ebook

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Description

Il y a dans l'esthétique occidentale une tradition spécifiquement spéculaire qui noue un lien particulier entre la représentation et le miroir. Ce livre vise à esquisser une première ébauche de cette tradition telle qu'elle apparaît à travers le prisme de la visualité médiatique. Dans ce rapport se dessinent les grandes lignes d'une économie politique du regard dont l'enjeu principal est le spectateur et son positionnement par rapport à l'image.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 41
EAN13 9782296931954
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La publicité dans l’art contemporain II
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Dominique Chateau,
Agnès Lontrade et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

Dernières parutions
Philippe MENGUE, Utopies et devenirs deleuziens , 2009.
Claver BOUNDJA, Penser la paix avec Emmanuel Lévinas . Histoire et eschatologie , 2009.
Claver BOUNDJA, Philosophie de l’événement. Recherches sur Emmanuel Lévinas et la phénoménologie , 2009.
Denis GRISON, Vers une philosophie de la précaution , 2009.
Cécile VOISSET-VEYSSEYRE, Les amazones font la guerre , 2009.
Patrick Gérard DEBONNE, Max Stirner, pédagogue , 2009.
Liliane LAZAR, L’empreinte Beauvoir , 2009.
David-Le-Duc TIAHA, Paul Ricœur et le paradoxe de la chair , 2009.
Michel FATTAL, Le langage chez Platon , 2009.
Odette BARBERO, Descartes, le pari de l’expérience. Cogito, liberté, union de l’âme et du corps , 2009.
Caterina REA, Dénaturaliser le corps. De l’opacité chamelle à l’énigme de la pulsion , 2009.
Nicole-Nikol ABECASSIS, Qu’est-ce que comprendre ? , 2009.
Pascal GAUDET, Le problème de l’architectonique dans la philosophie critique de Kant , 2009.
Jean DELORME, Philippe GRANAROLO (sous dir.), Eloge de l’équilibre , 2009.
Alain BILLECOQ, Spinoza : question politiques. Quatre études sur l’actualité du Traité politique, 2009.
Aklesso ADJI, Traditions et philosophie. Essai d’une anthropologie philosophique africaine , 2009.
Vangelis ATHANASSOPOULOS


La publicité dans l’art contemporain II

Spécularité et économie politique du regard


L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-10842-4
EAN : 9782296108424

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Videmus nunc per speculum in aenigmate, tunc autem facie ad faciem.

St Paul, Première Épître aux Corinthiens , 13, 12
Préface
Le présent ouvrage développe et approfondit une réflexion amorcée dans La publicité dans l’art contemporain I : esthétique et postmodernisme , Paris, L’Harmattan, 2009. Le point de départ de ce dernier fut une interrogation sur l’appropriation artistique d’images et de stratégies publicitaires dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Articulée avec une approche critique de la photographie et du ready-made, cette interrogation débouchait sur les figures de l’allégorie et du miroir.
Ici, nous reprenons la problématique de l’image spéculaire dans les arts visuels en essayant de la resituer au sein de l’esthétique occidentale et d’esquisser les grandes lignes d’une économie politique du regard. Or, ce qui est finalement visé à travers celle-ci, c’est la place du spectateur et plus particulièrement celle que la représentation lui attribue. Dans ce contexte, le miroir ne revêt pas simplement le rôle d’un objet iconographique ou d’un mode de production de signes ; plutôt, il est envisagé comme dispositif visuel particulier qui correspond au fonctionnement de l’allégorie et dont l’usage artistique pose un certain nombre de questions sur la réflexivité de l’œuvre d’art et son rapport au spectateur.
Notre hypothèse est que dans les sociétés dites de communication, l’interférence de la sphère de l’art avec celle des médias de masse est régie par un mode de visualité particulier, qu’on appellera spécularité ou mode spéculaire. Si celui-ci n’est pas nouveau dans l’histoire de la perception esthétique, il prit néanmoins une telle importance les trente dernières années qu’il mérite d’être considéré en tant que principe désormais définitoire de notre rapport collectif à l’image, dont la publicité – au sens large du terme – constitue le domaine d’élaboration par excellence. La spécularité en tant que « trope » visuel, modalité inhérente au regard mais aussi code perceptuel culturellement produit, mode de visualité privilégié de l’esthétique de communication. Mais, de l’autre côté, la projection et l’identification ne peuvent pas être purement et simplement reléguées à la sphère de l’art du divertissement comme principes qui l’opposeraient à l’art authentique ; au contraire, elles font partie intégrante de l’expérience esthétique elle-même. D’où aussi la nécessité de déplacer la question de savoir si la publicité peut être susceptible de recevoir une caution artistique vers celle de comprendre la nature et l’étendue des mutations qu’elle provoque au sein du concept d’art lui-même.
Telle qu’elle est entendue ici, la spécularité renvoie à un certain mode de visualité ou type de dispositif visuel qui implique l’introduction du spectateur dans un circuit fermé de perception, où les tensions créées à la rencontre du regardeur et du regardé ne sont résolues qu’au prix d’une remise en cause radicale de l’acte spectatorial lui-même. « Spectatorial », au sens d’un acte perceptif conscient de son propre caractère d’acte et de la place qu’il occupe dans l’ordre des signes. De la même manière, la notion de visualité renvoie à la constellation structurelle et phénoménologique spécifique (technique, conceptuelle, esthétique, idéologique, politique) au sein de laquelle s’effectue l’acte de voir. L’objet de cet acte, l’image, est considérée comme productrice de réel et non pas simplement comme sa représentation plus ou moins fidèle.
Dans cette perspective, la problématique de la spécularité nous permet d’envisager la reproduction et l’aliénation non pas sur le simple mode d’un dédoublement qui viendrait, en aval de l’image autonome et du sujet unitaire, remettre en cause leur autorité, mais dans une perspective qui place la division au cœur du processus de représentation et pose le double comme condition requise de l’unique. Vue sous ce prisme, la représentation ne peut plus être perçue comme adéquation du signe à son référent, échange de signification sous la caution du sens. Plutôt, elle semble envelopper la contradiction qui existe entre l’être et son image, leur séparation et leur rivalité fondamentales.
1 Fenêtres et miroirs : cinq cas d’étude
To see one’s own sight means visible blindness {1} .
1.1. Introduction
De la Renaissance à l’avènement du numérique, le concept de représentation dans l’art occidental peut être envisagé comme rapport dialectique entre deux conceptions de l’image, comme fenêtre et comme miroir . Un Ianus à deux visages, pris entre la foi en la transparence et la transcendance du visible d’une part, l’illusion – et la désillusion – de la surface spéculaire d’autre part. D’un côté le tableau qui, même lorsqu’il n’a d’autre sujet que sa propre condition d’image, permet de voir « à travers » lui, vers un au-delà historique et/ou métaphysique salutaire. De l’autre côté le reflet, qui est à vrai dire moins qu’image et qui ne saurait « représenter » rien – surtout pas lui-même puisque l’image du miroir n’est pas un signe à proprement parler –, un spectre qui renvoie au spectateur le regard que celui-ci lui adresse, l’intégrant dans les paramètres explicites de sa visibilité.
L’intérêt de l’image publicitaire consiste en sa qualité de catalyseur dans la réactivation de la confrontation entre ces deux approches, ou « perspectives » de la représentation, qui parcourent l’histoire de l’art et qui reviennent dans des constellations chaque fois différentes, définissant le champ visuel à l’intérieur duquel l’objet artistique opère. Vue sous ce prisme, la publicité met en œuvre un dispositif visuel qui est entièrement tourné vers le spectateur/consommateur dans un mouvement de projection énantiomorphe de la pyramide perspective albertienne. Dans l’esprit classique le point de fuite du tableau définit aussi la place idéale occupée par le spectateur. « La boîte optique de Brunelleschi établit l’équivalence structurale, dans le système, entre le point de vue et le point de fuite pour la pro-duction (vor-stellung) des apparences peintes et/ou leur réception par l’œil contemplateur (Darstellung). Elle établit l’équivalence du regard et

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