Roy Lichtenstein
222 pages
Français

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Roy Lichtenstein , livre ebook

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Description

Et si l'œuvre de l'artiste pop Roy Lichtenstein ne se limitait pas aux sixties ? Et si ses peintures que tout le monde pense connaître nous donnaient à voir, non plus uniquement la postmodernité américaine, mais également ce qui fonde notre hypermodernité écranique, connectée et réseautique ? Ce qu'il qualifiait lui-même de "tête-moderne", cette représentation mass-médiatique de l'homme des années cinquante et soixante, annonce alors les profils de Facebook.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 11
EAN13 9782336366111
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection Eidos

dirigée par Michel Costantini & François Soulages
Série RETINA
Manuela de Barros, Duchamp & Malevitch. Art & Théories du langage
Eric Bonnet (dir.), Le Voyage créateur
Eric Bonnet (dir.), Esthétiques de l’écran. Lieux de l’image
Michel Gironde (dir.), Les mémoires de la violence
Michel Gironde (dir.), Méditerranée & exil
Bernard Lamizet, L’œil qui lit. Introduction à la sémiotique de l’image
Marie-Luce Liberge, Images & violences de l’histoire
Pascal Martin & François Soulages (dir.), Les frontières du flou
Pascal Martin & François Soulages (dir.), Les frontières du flou au cinéma
François Soulages (dir.), La ville & les arts
François Soulages & Pascal Bonafoux (dir.), Portrait anonyme
Julien Verhaeghe, Art & flux. Une esthétique du contemporain
Série Groupe E.I.D.O.S .
Michel Costantini (dir.), Ecce Femina
Michel Costantini (dir.), L’Afrique, le sens. Représentations, configurations, défigurations
Groupe EIDOS, L’image réfléchie. Sémiotique et marketing
Pascal Sanson & Michel Costantini (dir.), Le paysage urbai n
Marc Tamisier & Michel Costantini (dir.), Opinion, Information, Rumeur, Propagande .
Par ou avec les images
Hors Série
Michel Costantini (dir.), Sémiotique du beau
Michel Costantini (dir.), La sémiotique visuelle : nouveaux paradigmes .
Bibliothèque VISIO 1, Biblioteca VISIO 1, Library VISIO 1
Suite des livres publiés dans la Collection Eidos à la fin du livre
Comité scientifique international de lecture
Argentine (Silvia Solas, Univ. de La Plata), Belgiqu e (Claude Javeau, Univ. Libre de Bruxelles), Brésil (Alberto Olivieri, Univ. Fédérale de Bahia, Salvador), Bulgarie (Ivaylo Ditchev, Univ. de Sofia St Clément d’Ohrid, Sofia), Chili (Rodrigo Zùñiga, Univ. du Chili, Santiago), Corée du Sud (Jin-Eun Seo (Daegu Arts University, Séoul), Espagne (Pilar Garcia, Univ. Sevilla), France (Michel Costantini & François Soulages, Univ. Paris 8), Géorgie (Marine Vekua, Univ. de Tbilissi), Grèce (Panayotis Papadimitropoulos, Univ. d’Ioanina), Japon (Kenji Kitamaya, Univ. Seijo, Tokyo), Hongrie (Anikó Ádam, Univ. Catholique Pázmány Péter, Egyetem), Russie (Tamara Gella, Univ. d’Orel), Slovaquie (Radovan Gura, Univ. Matej Bel, Banská Bystrica), Taïwan (Stéphanie Tsai, Univ. Centrale de Taiwan, Taïpé)
Secrétariat de rédaction : Sandrine Le Corre
Publié avec le concours de
Titre
Bertrand Naivin






Roy Lichtenstein
De la tête moderne au profil Faceboo k


Préface de Paul Ardenne
Copyright


Du même auteur


Corps abstrait, la représentation du corps dans le pop art américain,
Éditions universitaires européennes, 2012


















© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71622-0
Préface Vers le corps humain Spectacle & figure de la soumission
Le Pop art, au mitan du 20 ème siècle, aura inauguré un style dévastateur pour la notion de « sujet ». Edoardo Paolozzi d’abord, dont les photomontages caviardent affiches publicitaires et découpes choisies de journaux d’information, Richard Hamilton dans la foulée, avec son fameux petit photomontage Qu’est-ce qui rend nos intérieurs si intrigants, si sympathiques , qui célèbre le triomphe des objets de consommation, font l’un et l’autre de l’Homme avec majuscule une figure déclassée, jetée hors de l’histoire. La crise de l’humanisme consécutive aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale, sans conteste, est passée par là. Mais pas seulement. Dès les années vingt, de concert avec l’apparition de la production de masse, de la publicité et de la consommation, un nouveau rapport humain au monde se dessine, qui rend plus pressant de se couler dans l’artificialité croissante et une superficialité en passe de devenir la reine du monde culturel.
Le Pop art américain, qui prend le relais de son homologue européen, radicalise cette célébration artistique de la nouvelle société, celle des consommateurs-rois décérébrés adeptes des médias de masse, du cinéma, des comics, des cartoons , de la télévision enfin. Quoi, en bout de parcours ? La « disneylandisation » de la culture et sa mise aux nouvelles normes du jour, des normes portant plus au divertissement qu’à la critique. Parmi les créateurs pop émergeant outre-Atlantique, Roy Lichtenstein est sans conteste le plus radical. Un Andy Warhol, encore, donne à voir son Amérique si particulière, celle de « la mort » (accidents de la route, chaise électrique, émeutes raciales) et de la transfiguration du banal (boîtes de lessive Brillo), dans une vision d’inspiration crypto-chrétienne ou alchimiste où le moins peut donner le plus. Un James Rosenquist de même, avec son F111 . Cette longue fresque horizontale est faite de plusieurs tableaux juxtaposés qui, s’ils égalisent le propos, n’en donnent pas moins à voir l’entrée dans l’âge atomique et le poids de la Guerre froide sur l’esprit du temps. Roy Lichtenstein, de son côté, « néantise » dans ses toiles toute forme de rapport possible à la métaphysique et à l’histoire. Ses sujets de prédilection lui sont inspirés par les bandes dessinées ou les affiches publicitaires. Il ne prend jamais position et choisit d’être illustrateur, plutôt que créateur. D’une manière démonstrative et signifiante, sa méthode de travail privilégie l’imitation de la réplication mécanique. Son recours à la peinture par « points », ainsi, copie la texture de l’imprimerie des journaux avant l’apparition du système d’impression offset.
Bertrand Naivin, dans cet essai, élit Roy Lichtenstein comme le héros paradoxal d’une mutation culturelle sans précédent, le passage du modernisme à la mentalité postmoderne. Un glissement vers le « faible », en l’occurrence, dans la mesure où l’« homme » dont rend compte l’œuvre de l’artiste américain n’a plus rien de cartésien, d’hégélien ou de sartrien. Pas de pulsion à un cogito qui impose de prendre position au cœur du réel, pas de Providence pour guider vos pas vers un avenir radieux où l’absolu vous tend les bras, pas d’activisme rédempteur qui viendra justifier du fait de vivre pour quelque chose, au-delà de la « passion inutile ». L’œuvre plastique de Roy Lichtenstein, tout au contraire, met le spectateur en face d’un univers par essence spectaculaire , qui se regarde sans s’éprouver, qui nie in nucleo toute velléité métaphysique pour en rester à la surface des choses. Ici, les émois d’une femme amoureuse naissent de la copie d’une bande dessinée et le beau mouvement d’extension d’une jeune fille jetant un ballon vers le ciel, de celle d’une publicité pour un site touristique, entre autres propositions dépassionnées. L’archétype et le cliché règnent en maître, contre la vision personnalisée et intraitable.
Roy Lichtenstein, de la tête moderne au profil Face book : le titre qu’a donné Bertrand Naivin à cette étude s’avère dans cette perspective d’une imparable logique. Lichtenstein, via ses œuvres, via sa méthode, introduit sans conteste à une nouvelle « figure » de l’humain contemporain dont les réseaux sociaux vont assurer la consécration, la figure de l’individu sans corps.
Face book, né en 2004, constitue à cette entrée, après MSN, le parfait multiplicateur d’une corporéité de surface, où l’on exhibe surtout la dérisoire uniformité de sa propre vie, son conformisme, le résultat d’une soumission au narcissisme du sujet propre à la culture postmoderne. La mode du « selfie », cet autoportrait reconduit sans fin et « posté » sur Face book incarnant (si l’on peut dire…) pour l’occasion l’acmé d’un geste paradoxal d’affirmation où le sujet qui s’expose, qui se plie à la logique de l’ extimité reine des temps, expose surtout sa soumission, sa domestication : « Tout comme Lichtenstein qui abandonne le travail d’introspection pour s’adonner à un jeu de cache-cache en se dissimulant derrière des identités d’emprunt résolument légères

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