Transferts, appropriations et fonctions de l avant-garde dans l Europe intermédiaire et du Nord
326 pages
Français

Transferts, appropriations et fonctions de l'avant-garde dans l'Europe intermédiaire et du Nord , livre ebook

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Description

Des artistes de pays aussi différents que la Finlande, la Hongrie, la Grèce et la Géorgie se sont définis comme « d'avant-garde » et ont réclamé ainsi leur appartenance à un champ de création transnational. Ce livre veut proposer une image plus juste des rapports et équilibres entre les régions et cultures de l'espace européen à travers l'exemple de l'avant-garde.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 20
EAN13 9782296503311
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TRANSFERTS, APPROPRIATIONS ET FONCTIONS DE L’AVANT-GARDE DANS L’EUROPE INTERMÉDIAIRE ET DU NORD
Cahiers de la Nouvelle Europe 16/2012
Série publiée par le Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises et Finlandaises Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Directeur de la publication Judit Maár Comité scientifique Henri Béhar, Catherine Durandin, Evelyne Grossman, Judit Karafiàth, Judit Maár, Tania Ørum, Patrick Renaud, Tom Sandqvist, Traian Sandu,Peeter Torop, Harri Veivo Comité de lecture Attentif à la qualité et à la rigueur scientifique des textes publiés dansLes Cahiers de la Nouvelle Europe (CNE),le Comité de lecture organise l’évaluation de tout manuscrit reçu par deux spécialistes indépendants, dans le respect du principe de l’anonymat.
Secrétariat de rédaction Péter Balogh, Judit Maár, Martine Mathieu, Traian Sandu, Harri Veivo 1, rue Censier 75005 Paris Tél : 01 45 87 41 83 Fax : 01 45 87 48 83
Sous la direction de Harri VEIVO TRANSFERTS, APPROPRIATIONS ET FONCTIONS DE L’AVANT-GARDE DANS L’EUROPE INTERMÉDIAIRE ET DU NORD
Cahiers de la Nouvelle Europe Collection du Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises et Finlandaises N° 16 L’Harmattan
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-57524-0 EAN : 9782296575240
Harri VEIVO
TABLE DES MATIÈRES
Introduction : de quoi « avant-garde » est-il le nom ?
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« Champs transnationaux : circulations et appropriations » 17 Krisztina PASSUTH Moyens de transfert des idées d’avant-garde 19 en Europe centrale dans les années vingt Annika ÖHRNER Cubism in transit. Siri Derkert and the early 29 Parisian avant-garde Gunilla HERMANSSON Picturing ambivalence. Problems of engagement, 47 aestheticism and violence in early Nordic modernist fiction Julia NYIKOS-MISZLAY Villes : laboratoires avant-gardes. 63 Á travers les frontières Károly KÓKAI The Impact of Migration on the Hungarian 75 Avant-Garde Per BÄCKSTRÖM Words as Things. Concrete poetry in Scandinavia 89 Tania ØRUM Beyond Nation-Based Frameworks 105 « L’avant-garde et la culture juive » 117 Tom SANDQVIST Stylistic Purity Versus “Eclecticism”. 119 Reflections Regarding the Impact of Jewish Culture on Central and Eastern European Modernism Carole KSIAZENICER-MATHERON Une revue yiddish d’avant-garde : 131 KhaliastraLa Bande(Varsovie 1922-Paris 1924) Lidia GàTransfer to Transgression Yiddish UCHOWSKA From 143 Avant-Garde – a Network within the Universal Network of the International Movement or a Complementary One?
« Interprétations et transformations locales »Bela TSIPURIATransferring Avant-garde to Georgia / Transferring Georgia to Avant-garde
Yordan LYUTSKANOV Notes on How Avant-garde Could Recall Non-Modernity on a European Periphery Tiit HENNOSTELanguage of Violence and Religion in the Manifestos of the Estonian Avant-garde Petra JAMES L’avant-garde redécouverte ou mise à mort ? Elena HAMALIDI, Maria NIKOLOPOULOU, Rea WALLDEN  Mapping the Greek Avant-Garde The Function of Transfers between Aesthetic and Political Dualisms Magdolna JAKFALVI Le transfert d’une parole politique. Le théâtre d’avant-garde en Hongrie sous le régime communiste « Continuités de l’avant-garde » Emilia DAVID Des avant-gardes historiques aux postmodernismes roumains et européens. Les enjeux de l’intertexte Marianne ØLHOLM Representations of the Nordic Welfare State as Local Marker in Michael Strunge’sNiggerand Johan Jönson’sEfter arbetsschema
Alan PROHM
Aucun retour possible – an event logic of the avant-garde
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INTRODUCTION DE QUOI « AVANT-GARDE » EST-IL LE NOM ?
« En art, il n’y a pas d’étrangers ». Cette déclaration de Brancusi en 1922 1 fut reprise 83 ans plus tard par le poète finlandais Kari Aropuro , inclassable parmi ses contemporains depuis son premier recueil paru en 1964. Si Brancusi cherchait à protéger Tristan Tzara contre André Breton, au moment où ce dernier tentait de s’installer à la tête de l’avant-garde parisienne et de défaire l’autorité du meneur de Dada, Aronpuro le cite pour défendre sa pratique d’hétéroglossie et d’exophonie et e les multiples références à la littérature et à la philosophie du 20 siècle qu’il cultive dans ses textes. Sans doute n’a-t-il pas été, au cours des ces huit décennies, le seul à faire appel au mot célèbre du sculpteur roumain.
Cet écho ressuscite les années fastes des avant-gardes historiques, l’époque où artistes et écrivains issus de tous horizons travaillaient ensemble au renouvellement de l’art et de sa fonction dans la société, ainsi que les luttes acharnées autour du capital symbolique produit dans cette dynamique. Mais il rappelle aussi, et peut-être davantage, le désir de transcender les origines, de participer à la fois à et d’un champ littéraire et artistique transnational, la difficulté d’y réussir, et la nécessité de désamorcer sans cesse les catégorisations irrecevables, 2 telles « venu d’ailleurs » ou « étranger ». Ces aspirations n’ont cessé d’animer ceux qui se réclament de l’héritage des avant-gardes, de cette continuité de partis pris, de e performances et d’œuvres qui relient la Roumanie de la fin du 19 siècle à la e Finlande du début du 21 , en passant par le Paris des années 1920. Le présent ouvrage,Transferts, appropriations et fonctions de l’avant-garde dans l’Europe intermédiaire et du Nord, propose d’observer et de déchiffrer ces diverses dynamiques – d’intégration, d’échange, de circulation – et les raisons, désirs et conditions qui lui ont donné forme dans une aire qui s’étend de la Grèce à la Suède et du Danemark à la Géorgie, des années 1910 à maintenant.
Aujourd’hui, la notion d’avant-garde occupe une position fort complexe dans le champ discursif des lettres et de l’histoire de l’art. Empruntée au vocabulaire militaire par Olinde Rodrigues en 1825 pour décrire le rôle des artistes dans la
1 Kari Aronpuro,Gathandu, Helsinki, Tammi, 2005, 26. 2  Dans le communiqué du 7 février 1922 qui devait précéder le Congrès pour la détermination des directives et la défense de l’esprit moderne, Breton mettait l’opinion « en garde contre les agissements d’un personnage connu pour le promoteur d’un ‘mouvement’ venu de Zurich » (cité dans Jean-Pierre Bertrand, Jacques Dubois et Pascal Durand, « Approche institutionnelle du premier surréalisme (1919-1924) »,Pratiques, 38, juin 1983, 27–53, 42). Bientôt après, il s’excusait de ses propos.
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3 propagation et la popularisation des idées nouvelles , elle fut peu utilisée par les e avant-gardes paradigmatiques du début du 20 siècle – absente par exemple du « Manifeste Dada » de Tristan Tzara (1918) et du « Manifeste du futurisme » de F. 4 T. Marinetti (1909). Elle n’acquiert de fonction critique et historique dans les sciences humaines que dans années 1960 et au début des années 1970, grâce à deux publications influentes,Teoria dell’arte d’avanguardiade Renato Poggioli (1962) et Theorie der AvantgardePeter Bürger (1974), traduits depuis en plusieurs de langues. Malgré la similarité des titres, ces deux ouvrages sont très différents. Alors que l’approche de Poggioli est descriptive et historique, Bürger propose une lecture marxiste de l’histoire de l’art où l’avant-garde (dont l’exemple paradigmatique est le Dada) a la fonction politique et critique de destruction de l’institution de l’art pour rétablir la relation perdue entre le travail créatif et la vie. Porté par l’engouement pour la théorie qui a caractérisé les sciences humaines de la fin des années 1960 jusqu’aux années 1990, le livre de Bürger, qui a eu un public considérable, a fortement contribué à propager deux idées fortes sur l’avant-garde : d’une part, qu’elle doit être considérée comme une révolte progressiste contre la tradition et l’institution de l’art, et, d’autre part, que cette révolte, qui fut un échec, ne peut être répétée.
Depuis, les commentateurs n’ont cessé de lier l’avant-garde au grand récit qui assimile le progrès, la modernisation et la volonté de faire table rase du passé et dont le résultat positif est le renouvellement des techniques et discours de l’art au e 20 siècle, mais qui a également conduit au totalitarisme sous formes diverses. Ainsi, Alain Badiou, dansLe Siècle, considère que « toute avant-garde déclare une rupture formelle avec les schèmes artistiques antérieurs » et qu’il « s’agit toujours d’aller plus loin dans l’éradication de la ressemblance, du représentatif, du narratif ou du 5 naturel ». Pour lui, ces aspirations sont aujourd’hui impossibles, et l’avant-garde e reste ainsi cantonnée au 20 siècle. Une grille de lecture similaire est adoptée par Antoine Compagnon qui affirme, dansLes cinq paradoxes de la modernité, que « la destruction et la construction, la négation et l’affirmation, le nihilisme et le futurisme » sont les données contradictoires qui constituent l’avant-garde, dont le discours, autosuffisant et d’un dogmatisme masqué, « n’a souvent servi qu’à 6 légitimer une volonté de destruction ».
Les problèmes et limitations de ce type de discours sur l’avant-garde – ou mieux : les avant-gardes – sont devenus de plus en plus visibles récemment grâce à un nouvel intérêt pour les néo-avant-gardes et les traditions de l’avant-garde dans des pays longtemps négligés sinon occultés par l’historiographie traditionnellement fondée sur quelques « centres » (Paris, Berlin, New York) et mouvements considérés 3 Olinde Rodrigues, « L’artiste, le savant, l’industriel », 1825. Matei Calinescu fait remonter l’utilisation de la notion dans le discours poétique à Étienne Pasquier (1529-1615) et à sesRecherches de la France (voir Matei Calinescu,Five Faces of Modernity. Modernism, Avant-Garde, Decadence, Kitsch, Postmodernism, Durham, Duke University Press, 1987, 97–98). 4  Mais elle fût bien utilisée par Marinetti dans sa correspondance pour caractériser les aspirations et les stratégies des futuristes, voir Giovanni Lista,Futurismo. La rivolta dell’avanguardia/Die Revolte der Avantgarde, Milano, Silvana, 2008, 70–72. 5 Alan Badiou,Le Siècle, Paris, Seuil, 2005, 187. 6 Antoine Compagnon,Les cinq paradoxes de la modernité, Paris, Seuil, 1990, 48.
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