A l écoute du cinéma sénégalais
294 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

A l'écoute du cinéma sénégalais , livre ebook

-

294 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Cet ouvrage présente l'état des lieux du cinéma sénégalais 50 ans après son émergence, à travers les témoignages de 22 cinéastes de tendances et de générations différentes. Qui sont ces hommes et ces femmes derrière leurs caméras ? Quelles sont leurs vies, leurs idées, leurs visions, leurs œuvres, leurs ressources et leurs méthodes de travail ? Avec sérieux mais aussi avec humour, ces réalisateurs parlent de leur formation, de leurs thématiques, de leur esthétique, de la production et de la distribution de leurs films.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 678
EAN13 9782296930476
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

    
 
          Face à la menace de standardisation occidentale, la collectionImages pluriellesse donne pour but de favoriser la recherche, la confrontation et l’échange sur les scènes et écrans oeuvrant de par le monde, dans les marges géographiques aussi bien que dans la marginalité par rapport aux normes dominantes, à une pluralité de l’image. Elle est ouverte aux champs de l’écriture, de l’esthétique, de la thématique et de l’économie pour le cinéma, l’audiovisuel et le théâtre. Elle privilégie, hors de toute chapelle de pensée, la lisibilité du texte, la liberté des idées et la valeur documentaire. La liste des ouvrages publiés se trouve en fin d’ouvrage. Photo de couverture: Aïcha Thiam, Dakar, 2009 © Kamikazz / série "Parlez moi d'elle" Au dos: Françoise Pfaff © Maria Roof  !"# $%&%'(()))*+* ,,*-)*, &-)*, . ' /012$2$/32&%45$21
67 8,,,
 9:;9 <: .9= 9.9>
L'Harmattan 520#  9?05%%5 8
Ce livre est dédié A ma fille MarieHélène, qui pose avec force les jalons de son adolescence. A la mémoire de ma mère et de ma grandmère dont l’amour et les valeurs me nourrissent jusqu’à ce jour.
@9=9@9=9.;La rédaction de cet ouvrage n’aurait pas été possible sans l’entière collaboration et disponibilité des cinéastes qui y sont interviewés, et à qui j’exprime ma très profonde gratitude. Je tiens aussi à remercier les personnes suivantes qui ont, d’une manière ou d’une autre, facilité mes recherches au Sénégal : Fatou Ba, Frédéric Chambon, Mireille Désiré, Baba Diop, James Gaasch, Laurence Gavron, Moussa Gueye, Marie Ka, Fatou Kandé Senghor, Lilyan Kesteloot, Barra Diokhané, Fatou Diouf Kandji, Cynthia A. Griffin, Annette Mbaye d’Erneville, Victorine Mendy, Aïda Ndiaye, Issa Ndiaye, Khalilou Ndiaye, Mously Ndiaye et sa famille, Amadou Tidiane Niagane, Ibrahima Niang, AnneAurore Sankalé et sa famille, Pierre Sauvalle, Marguerite Monnet, Joseph Sagna, Raphaël et Solange Sarr et leurs enfants, Alioune Badara Seck, Clinton et Shenita White, Myriam WarnerVieyra et Kenneth et Elizabeth Wettroth Harrow. Merci à Madeleine CottenetHage et Maria Roof pour leur lecture critique du manuscrit et leurs précieux conseils ; à Jeanick Le Naour pour son aide efficace et très appréciée à la Cinémathèque Afrique ; à JeanPierre et Danièle Piton pour leur soutien logistique et leurs encouragements ; à Jeannine Kidza, Emilie Malack, Madeleine Masson, Claire Méhat et Florette Razafimeva pour leur assistance lors de la transcription initiale de certains entretiens. Je suis très reconnaissante de l’appui financier fourni par le programme Fulbright et de l’efficiente gestion administrative du Council for International Exchange of Scholars. Merci à Howard University pour son soutien au fil des années.

Survol historique Le cinéma sénégalais, sans qu’il soit pour autant une industrie, est l’un des premiers, des plus vibrants et des plus riches d’Afrique. Sa naissance correspond, et ce n’est pas un hasard, aux prémices des indépendances africaines dans des pays qui se libèrent presque simultanément de la présence coloniale française aux alentours de 1960. Comme d’autres définissent ardemment les jalons de leur indépendance politique, de jeunes étudiants africains s’arment de la caméra pour créer et définir leur propre image, voire leur identité – une initiative antérieurement découragée par les autorités coloniales qui privilégiaient d’autres domaines de développement ou étaient inquiets de ce qu’ils pourraient exprimer. Longtemps consommateurs d’images venues d’ailleurs, le souci initial des cinéastes sénégalais est de parler de ce qu’ils vivent et de ce qui les entoure, ou d’adapter à l’écran l’œuvre écrite d’un de leurs auteurs, la vulgarisant ainsi à un public potentiel en partie analphabète. C’est donc sans surprise que le premier film réalisé par des Sénégalais (qui ne soit pas un film d’école, comme ce fut le cas en 1954 pourC’était il y a quatre ans de Paulin Soumanou Vieyra), soit tourné à Paris où ils terminent ou poursuivent leurs études. Il s’agit d’Afrique surSeine(1955), une fiction en noir et blanc de 22 minutes sur la vie des Noirs à Paris, parmi eux un étudiant, un restaurateur, un employé de bus, un clochard et un aveugle, avec un retour en arrière nostalgique sur une Afrique mythique. Loin d’être une simple chronique, ce film s’interroge déjà sur le passé et le devenir de l’Afrique comme le feront ensuite nombre de films africains. AfriquesurSeine, réalisé sous le patronage du Comité du film ethnographique du Musée de l’homme,naît de la rencontre de jeunes gens au sein d’une organisation, le Groupe Africain de Cinéma (créé dès 1952), et parmi eux il y a trois Sénégalais: Jacques Melo Kane, Mamadou Sarr et Paulin Soumanou Vieyra (d’origine béninoise mais qui obtiendra par la suite la nationalité sénégalaise et s’établira à Dakar). Etant donné la coïncidence entre les indépendances africaines et l’émergence du cinéma dans ces nouvelles nations, on constate sans surprise que l’un des premiers documentaires faits au Sénégal,Une Nation est née(1961) de Vieyra, reflète précisément son cheminement de la colonisation à l’indépendance. Le
fort pourcentage de musulmans au Sénégal (environ 90 % de la population), de même que leur force économique et politique, peut expliquer pourquoi Blaise Senghor réalise d’abordGrand Magal à Touba(1962), un court métrage sur le pèlerinage annuel des Mourides (confrérie musulmane). 1 Puis Momar Thiam* , avecSarzan (1963), effectue la première réécriture filmique d’un conte de l’écrivain sénégalais Birago Diop. A cette même époque, Ousmane Sembène réaliseBorom Sarret(1963), coproduit par sa maison de production, Filmi Doomireew (« L’enfant du pays » en wolof) et les Actualités Françaises, qui narre l’infructueuse journée d’un charretier dakarois. Ce court métrage de fiction lance la tradition du cinéaste hommeorchestre qui s’essouffle à écrire, produire et distribuer ses films. Cependant, à travers ce film, l’écrivain de gauche engagé, devenu cinéaste, devient le porteparole des sansvoix, dénonce la corruption et l’oppression dont ils sont victimes, et établit les bases d’un cinéma sociopolitique qu’il poursuivra tout au long de sa carrière, abordant conjointement des sujets historiques. Cette voie tracée par Sembène, véritable figure de proue du cinéma sénégalais et son incontournable ambassadeur sur la scène internationale, sera empruntée dans les années 1970 et 1980 par d’autres réalisateurs tels que Mahama Johnson Traoré, Ababacar SambMakharam, Tidiane Aw*, Safi Faye, Ben Diogaye Beye*, Moussa Yoro Bathily*, Cheikh Ngaïdo Ba*, Thierno Faty Sow, Amadou Saalum Seck*, Clarence Delgado* et d’autres. Djibril Diop Mambety, un cinéaste venu du théâtre, fait cavalier seul et offre une esthétique novatrice avec, entre autres,Badou Boy(1970) et surtoutTouki Bouki (1972), œuvre au langage cinématographique très moderne,dont les allégories, l’irrévérence, l’iconoclastie, et la sémantique fragmentée surprennent. Plus sage, une autre tendance formelle et thématique s’affirme à travers Samba Félix Ndiaye* dont les documentaires, témoins et interrogateurs à la fois, s’échelonnent sur quatre décennies. Puis, le cinéma sénégalais se poursuit dans le changement et la continuité. Il propose des œuvres dont la beauté plastique plus achevée est l’œuvre de nouveaux talents comme Moussa Sene Absa* (Tableau Ferrailleet 1997 Madame Brouette2002) ou Mansour Sora Wade* (Le Prix du pardon2002). Le film musical s’affirme avec Joseph Gaï Ramaka* à traversKarmen Geï(2001), bien que la musique soit aussi le sujet de certaines réalisations de Cheikh Ngaïdo Ba* (Xew Xew1983), Moctar Ba* (You Africa1994) et Ousmane William Mbaye* (Xalima la plume 2004). Sembène luimême, « l’aîné des anciens », comme il aimait à s’appeler, réaliseMoolaadé(2004), un film sur l’excision et la liberté individuelle, où il atteint les sommets de son art pictorial au crépuscule de sa vie. Cependant, des cinéastes comme Assane Diagne* (Nef1996 ;Kiné1997 ;Coumba1997 ;Mbarane2004) et Amadou Thior* (Almodou1 Les cinéastes marqués d’un astérisque sont interviewés dans cet ouvrage.
10
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents