Le cinéma de Ken Loach
102 pages
Français

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Le cinéma de Ken Loach , livre ebook

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Description

Look and smiles (1981), Raining Stones (1993) et The navigators (2001) constituent le terrain fictionnel à partir duquel sont étudiées les caractéristiques de l'identité professionnelle dans l'univers cinématographique de Ken Loach. Le cinéaste anglais, engagé et militant, dénonce dans chacun de ses films, les normes du néolibéralisme et ses conséquences sur les structures et institutions ainsi que sur les sujets les plus vulnérables.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2005
Nombre de lectures 266
EAN13 9782336250977
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747580724
EAN : 9782747580724
Le cinéma de Ken Loach

Erika Thomas
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Collection de visu - coordination éditoriale : Yannick Lebtahi et Bernard Leconte dernières parutions AVANT PROPOS INTRODUCTION CHAPITRE 1 - LOOKS AND SMILES , EGAREMENTS DU DEVENIR SOCIAL CHAPITRE 2 - RAINING STONES, LES MASQUES DE LA HONTE CHAPITRE 3 - THE NA VIGATORS , CORRUPTION DU LIEN SOCIAL ET LIMITES DE LA RESISTANCE AU CHANGEMENT CONCLUSION ANNEXE - FILMOGRAPHIE CINEMATOGRAPHIQUE DE KEN LOACH
Collection de visu
coordination éditoriale : Yannick Lebtahi et Bernard Leconte

La collection de visu , focalisée en direction de l’audiovisuel, est un outil de travail constitué de courts ouvrages destinés aux étudiants et aux enseignants en communiation, en audiovisuel ou en cinéma.
Elle est ouverte à de jeunes chercheurs ou à des chercheurs confirmés livrant le fruit de leurs réflexions sur l’audiovisuel sous forme de prémisses ou d’aboutissements de leur travail, ceci dans le seul but de faire avancer la connaissance dans le donnaine retenu.
Le substantif /audiovisuel/ doit être entendu au sens large du terme car il’peut inclure des media qui ne comportent pas de matière de l’expression sonore (comme la bande dessinée, le roman-photo ou l’affiche publicitaire) ni visuelle (comme la radio ou la chanson), mais qui accueillent resque toujours des éléments cripturaux.
dernières parutions
Jean UNGARO, Américains, héros de cinéma, 2005.
Bernard LECONTE, L’écran dans l’écran et autres rectangles scopiques , 2004.
Erika THOMAS, L’univers de Ken Loach : engagement politique et rencontre amoureuse , 2004.
Julien TERRAL, L’insécurité au journal télévisé : la campagne présidentielle de 2002 , 2004.
Eglantine MOIREZ, Lettre et télévision : l’adaptation du roman ëpistolaire au petit écran , 2004.
Bernard LECONTE, Encore un tour! Le Tour de France et la télévision , 2004.
Bernard LECONTE, Vu à la télé. Chroniques télévisuelles, 2004.
Emmanuelle MEUNIER, De l’écrit à l’écran. Trois techniques du récit : dialogue, narration, description , 2004.
Yannick LEBTAHI, Télé-Lille : de la genèse à l’institutionnalisation de la télévision régionale , 2004.
« Le ciel était gris de nuages Il y volait des oies sauvages Qui criaient la mort au passage Au-dessus des maisons des quais Je les voyais par la fenêtre Leur chant triste entrait dans mon être Et je croyais y reconnaître Du Rainer Maria Rilke » Aragon
Pour Nicolas, Antoine et Julien, mes enfants chéris. Pour qu’ils cherchent toujours le soleil à l’horizon.
AVANT PROPOS
Cet ouvrage est le deuxième volume d’une recherche consacrée au réalisateur britannique Kenneth Loach. Il est étonnant de constater que ce cinéaste hors pair, si souvent primé pour ses films engagés et militants 1 , ne suscite pas, en France, énormément de travaux universitaires. Mon travail ne prétend pas combler une lacune - soyons et restons modestes ! - il vise juste à partager les fruits d’une réflexion personnelle sur la production singulière et originale de ce réalisateur. Qui sait ? Donnera-t-il envie à des étudiants, futurs thésards de s’engager plus en avant dans ce travail encore à faire autour de lui et de son œuvre cinématographique.

Est-il trop audacieux ce Ken Loach qui semble nous jeter à la figure un système que nous participons tous, à des degrés divers, à construire et à maintenir ? Est-il trop proche de nos réalités gangrenées de tristesse et d’injustice, trop épris de révolte, d’indignation et de rêve, dans un monde qui lacère les idéaux, qui nargue les poètes et qui ne craint plus aucune révolution ?
Mon premier ouvrage consacré à Ken Loach 2 explorait l’engagement politique comme nécessité existentielle et la rencontre amoureuse comme mécanisme de mise à distance du conflit chez les personnages de son univers cinématographique. Trois de ses films avaient servi de point d’ancrage pour cette exploration : Ladybird, Ladybird (1994), Caria’s song (1996) et Bread and Roses (2000). Ceux-ci étaient reliés par le fait qu’un protagoniste latino-américain y occupait une place centrale. Etranger d’un point de vue géographique, il mettait en lumière l’étrangeté sociale, la marge dans laquelle se trouvaient les autres personnages loachiens plongés dans leurs difficultés économiques et familiales.

Cet ouvrage est donc un prolongement de la réflexion menée dans le premier volume. II y sera question d’une problématique incorttournable et plus qu’abondamment abordée dans les films ou documentaires du réalisateur britannique: l’identité professionnelle et sa mise en péril par le contexte socio-économique néolibéral. C’est donc à un nouveau parcours que je convie mon lecteur. Trois films nous serviront d’étapes dans le monde loachien où chacun empaquette secrètement, maladroitement, ce qui lui servira de dernier rempart contre le renoncement. Vu d’ici ce monde n’a rien d’exotique et peut même sembler bien trop grisailleux pour s’y aventurer en espérant quitter nos coins de ciels chiffonnés, et pourtant! Plus on s’en approche plus on découvre que ce monde, qui nous parle si bien du nôtre, a aussi un langage qui lui est propre et qui n’est pas que blessures et misères. Là-bas, vous le verrez, vivre est une sollicitation de chaque instant, un duel au corps à corps contre la résignation, contre la mort. Rêver ou s’indigner n’a pas d’autre sens.
INTRODUCTION
Nombreux sont les films de Ken Loach qui soulignent la vulnérabilité des protagonistes dans leurs rapports avec eux-mêmes et avec autrui. Dans la sphère sociale et économique, cette vulnérabilité nous est donnée à voir au travers du rapport au travail qu’induit le modèle néolibéral. Dans la sphère plus privée, plus affective, ce sont les conséquences de ce rapport tourmenté qui s’expriment en dévoilant, chez les protagonistes, un combat intérieur qui oscille entre le sentiment d’injustice socialeet celui de faute personnelle.

Dans ces films une forte intrication existe entre un contexte très précis - économique, social, politique ou psychologique - et l’évolution d’un personnage et de ses rapports avec autrui. C’est l’articulation entre l’individuel et le collectif, entre le sujet et ses différents groupes d’appartenance qui intéresse le réalisateur. C’est précisément pour cela qu’il n’est pas question, dans cette cinématographie, de dépeindre la morosité de notre société postmoderne revenue de toutes ses illusions et désormais incapable d’offrir de solides repères identificatoires à ses membres. Il n’est pas davantage question d’installer le protagoniste dans les méandres d’un narcissisme insatisfait et incapable d’engagement, caractéristique de cette postmodernité issue des débordements du capitalisme (Lasch, 1979).

Non, l’affaire est tout autre. Au travers de ses protagonistes, Loach s’en prend à la vision que le modèle néolibéral a de l’individu. Trop pessimiste Ken Loach? L’indispensable film documentaire de Jean Druon, interrogeant la façon dont le libéralisme s’est installé dans nos sociétés 3 , donne la parole à Richard Jolly, directeur du Département du Développement des Nations Unies. Celui-ci commente, avec la froide impartialité des chiffres, l’état du monde dans lequel nous vivons :

« 20% des personnes les plus pauvres de la population mondiale ont une part de plus en plus faible du revenu mondial : en 1960, les 20% des plus pauvres recevaient 2, 3% du revenu global de la population mondiale (...) Cela s’est encore réduit : d’après les statistiques de la Banque Mondiale, en 1991, ils recevaient 1,4% et en 1994, 1 , 1 %. Les 20% les plus riches recevaient, eux, 86% des revenus globaux en 1994 (...) Nous ne voyons aucun mécanisme de l’économie mondiale susceptible de modérer ces inégalités (...) Les quatre cent quarante-sept personnes les plus riches du monde ont une fortune équivalente aux revenits de la moitié de l’humanité (...) La pauvreté en Grande-Bretagne a augmenté de près de 60% entre 1979 et 1991 (...) Ce n’est pas tant une affaire de chômage. Il s’agit en Grande-Bretagne du même phénomène qu’aux Etats-Unis : ces nouveaux pauvres sont des gens qui travaillent mais qui ne gagnent pas assez pour pouvoir s’en sortir. C’est c

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