Le roman dans le cinéma d Alain Resnais
361 pages
Français

Le roman dans le cinéma d'Alain Resnais , livre ebook

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361 pages
Français

Description

Resnais a toujours refusé d'adapter des romans mais n'a travaillé durant de nombreuses années qu'avec des écrivains avant tout romanciers. Premier de ses films à avoir été écrit par un dramaturge de formation, Providence (1977) met pourtant en scène un vieil écrivain malade et alcoolique qui imagine les scènes horrifiques et comiques d'un ultime roman dont les héros sont ses proches. Réhabilitant la notion de "cinéma littéraire" tout en faisant éclater le cadre réducteur de l'adaptation, cet ouvrage explore les liens plus intimes existant entre les livres et les films.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 69
EAN13 9782296250758
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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REMERCIEMENTS

Jetiensàremercieren premierlieuPeterCramesainsique Jean-LouisLeutrat,qui a dirigé
mathèsesurAlain ResnaisetProvidence, dontle présentessai constitueuneversion considérablement
remaniée.
Jeremercie égalementDenisMellier, Daniel SerceauetFrançoisThomas, pourles
suggestionsaviséesdontilsm’ontfaitpartdansle cadre de lasoutenance de doctorat, à l’Université
de la Sorbonne Nouvelle – ParisIII.
Jeremercie l’Espace Chercheursde la BiFi, oùj’ai puconsulternombre de documents
fondamentaux qui m’ontété de la plusgrandeutilité.
Jeremercie enfin Pierre Boutillier, Josette Dunand-Tartara, Karine Feng, Michèle Koch,
Chiara Merlo, Gérard Philippe, Bernard Pollet, Gabriel Regazzi, Viviane Regazzi, Jacqueline Rioufol,
Anne Roche etAnne Thimonier.

PourPeterCrames

« And at the instanthe knew, he ceasedto know»
Jack London,Martin Eden

PRÉFACE DE JEAN-LOUIS LEUTRAT
Prov idence: un livre parallèle

Providenceest un filmqui n’avaitpasfaitjusqu’ici, comme d’autresœuvres
d’Alain Resnais, l’objetd’une étude précise.Jean Regazzivientcomblercette
lacune, etil le faitd’une manière propre àsurprendreson lecteurdans un livreque
l’onqualifiera d’“expérimental’’.

Sa composition en bande de Moebiusest toutà fait remarquable.S’y
trouventabordésdivers sujets quiseretournentles unsdanslesautres: l’œuvre
d’Alain Resnais, leséchangespossiblesentre cinéma etlittérature dontl’analyse
comparée desfilmsetdesœuvreslittéraires, etenfin l’analyse d’une œuvre de
manière générale et quelquesoitle domaine dontellerelève, puis retourà Alain
Resnais, etc.C’est un essai-fictionquitravaille àréécrire les relationsducinéma et
de la littérature,sachant que le personnage principal deProvidenceest un écrivain en
proie auxaffresde la création aucoursd’une nuitaussi blancheque la fameuse
page.Cetessaiqui contribue à ouvrirdesportesetà établirdespasserelles, prend
aussi des risques…

Sa lecture produitparfois unesorte d’effethallucinatoirerésultantdu
mélange de l’extrême précision etde ceque, à force de jouerde lasurimpression
d’untextesur un autre, lescontoursfinissentpar se perdre etl’on nesaitplus très
bien oùl’on en est.Ceseffetshallucinatoires sontévidemmentprogrammés.Mais
le lien entre lesœuvresmisesen parallèle n’estpas toujoursévidentetl’on est tout
d’abord heurté parce manque d’évidence, l’on cherche ensuitequelles sontles
preuvesapportées qui justifieraientces rapprochements ;oril nes’agitpas
d’apporterdespreuvesmaisde produire deseffetsoptico-intellectuelspour
reprendre l’image de Jean Regazzlei :« commesplaquesdeverresuperposées
d’une lanterne magique », ouvrantparlà même de nouvellesperspectives.

Jean Regazziutilise l’image d’une“machine à lire’’.Il écrit: «Providenceest
une machinetextuelle dontle mouvementperpétuel permetde lire d’autres textes,
en l’occurrence, des romans.» Maispluspeut-êtreque « la machine à lire » ou« la
machinetextueelle »,stimportante la notion derelecturequ’il avance pour
contesterle clivage entre fascination etcritique : « Toutacte deregard, c’est-à-dire
derelecture,qu’ilse donneune mission,voireun alibi de décryptage critique ou
bien, à l’inverse,qu’il aille jusqu’à la compulsion derépétition pure et simple pour
le plusgrand plaisirdu sujet,tout regard estaffaire de fascination critique,qu’elle
soitpurementet simplementempirique ou qu’elle prenne la forme d’une méthode
plusoumoinsélaborée.Entre l’un etl’autre de cespôles, entre la cinéphagie béate

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etl’analyse interminable, il n’ya doncqu’une différence de degrés, cequi prouve
combien il estnaïf de croireque laseconde permetde nousaffranchir
définitivementdesmiragesde la première,que la critique nousarracheraità la
fascination ».

Jean Regazzi prône la méthode d’un maître à penserexperten paradoxes,
l’écrivain italien Giorgio Manganelli et savision «cubistdee »slivres(tellequ’il
l’expose dansun livre parallèlePinocchio :il) :s’agitde faire émerger tousleslivres
parallèlespossibles, étantentendu qu’un livre parallèle estautre chosequ’untexte
écrità côté d’un autre livre – etdansle cas qui nousoccupe c’estde filmqu’il
s’agit, cequi nerend pasl’exercice plusaisé.Corollaire de cette méthode, l’échange
dansle face-à-face: «La plus véritable intertextualitéréside peut-être dansce
rapportde lectureréciproque, je diraisparallèle,que les textescinématographiques
etlittérairesnotamment, entretiennentles unsavec lesautres».Puis, cesontles
rapprochementsparla bande comme aubillard.Jean Regazzi cite à ce propos
Arnaud Des« Jeplechin :voulais utiliser unthème musical deSueurs froides, de
Hitchcock.Paspossible.Etpuis, en pleintournage, à laradio, j’entends un
morceaupresque identique, écritparStravinski en 1968,soitdixansaprèsBernard
Herrmann.Je merenseigne etj’apprends que Stravinskiy rendaithommage au
compositeurHugo Wolf, notammentàun concertde 1954 auquel il avaitassisté
en compagnie de Bernard HerrAnecdomann ! »tevraiment remarquablequi
justifieque l’analyste de films veuilleregarder« au verso desimages» (l’expression
estde Suzanne Liandrat-Guigues via Michel Leiris) et retrouverdes trajectoires
biseautéescomme celle-ci.

Ce faisant, Jean Regazzirend pleinementjustice auxfilmsde Resnaisetà
Providenceen particulier.« Cequi compte chezResnais, dit-il, pasmoins que chez
Kafka, c’estle mouvementde l’œuvre.La finesse estdansl’entrelacs, dansles
itinérairesdédaléens qu’elle faitparcouriràson lecteur, jamaisdans une matière
première, inerte etindifférente pardéfinition,sorte de nature morte, de degrézéro
ducombustible du texte (filmique).»La finesse est dans l’entrelacs,voilàqui décrit une
manière d’apprécierla démarche de Jean Regazzi.

Pourma part, j’ai étésensible auxmomentsoù toutd’un coupune œuvre
que je croyaisbien connaîtres’est révélée à moi (audétourducheminement
dédaléen)sous un journouveau.Ce livre ne laisse pasindifférent.

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INTRODUCTION

Dufond de Providence,vaste manoirisolé en pleine campagne, àune
heuretrèsincertaine entre minuitetl’aube, levieil écrivain Clive Langham (John
Gielgud) imagine les scènes touràtourhorrifiquesetcomiquesd’un dernier roman
oùil malmène à l’envisesprochesparents: le filslégitime Claud (Dirk Bogarde) et
le «bâtarKed »vin (David Warner), la désirable belle-fille Sonia (Ellen Burstyn)
ainsique l’épousesuicidéequelquesannéesauparavant, Molly(Elaine Stritch).
S’abreuvanten continude chabliset, à l’occasion, dewhisky,régulièrement terrassé
parlesaccèsd’un probable cancerdu rectum – à moins quesa maladie nesoit
aussi imaginairequetoutlereste, c’est-à-dire d’uneréalité plusprofonde encore –,
levieillard indigne invective etgémit, cracheson fiel et sesbonsmotslubriques
afin de mieuxinventer une histoire oscillantentrevaudeville etépouvante,
mélodrame et science-fiction.Pourchassésparlespatrouillesarméesd’un étatde
terreur, les vieillardsen passe dese métamorphoseren loups-garous sontparqués
en des stadesd’extermination.Sonia Langham essaietantbienque mal deséduire
le lunaire Kevin Woodfordqueson implacable procureurde mari Claud n’estpas
parvenuà faire condamnerpourle meurtre de l’un de ces vieillards(Samson
Fainsilber), dontl’accusé prétendqu’il l’avaiteuthanasié.Pourcompliquer
davantage l’improbable ménage àtroiset sesperpétuels règlementsde comptes, le
facétieux romancierintroduitHelen Wiener,unevieille maîtresse de Claud et

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