Zombies ; des visages, des figures... dimension sociale et politique des morts-vivants au cinéma
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Français

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Zombies ; des visages, des figures... dimension sociale et politique des morts-vivants au cinéma , livre ebook

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Description

La figure du zombie a, entre les mains de certains auteurs et cinéastes inspirés, pris une dimension sociale et politique incontestable. Métaphore de nos craintes et d'une civilisation qui va mal, les morts-vivants sont en effet devenus, à travers de nombreux films, les dépositaires de la critique d'un monde injuste et violent et qui tend à se déshumaniser.Cet ouvrage entend dresser un panorama subjectif d'oeuvres engagées qui n'ont pas peur de dénoncer les dérives de nos sociétés contemporaines.Il fait donc volontairement l'impasse sur quelques productions télévisuelles telles que The Walking Dead, auxquelles plusieurs essais ont déjà été consacrés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 octobre 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9791096382309
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Erwan Bargain
Zombies : des visages, des figures...
Dimension sociale et politique des morts-vivants au cinéma
Copyright é ditions Ocrée
contact@editions-ocree.fr
www.editions-ocree.fr
ISBN : 979-10-96382-30-9
Toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite. Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constitue une contrefaçon sanctionnée par la loi sur la protection du droit d’auteur.


À mon épouse Valérie et à nos enfants, Clet et Nao,
À ma mère, qui m’a accueilli en résidence et m’a supporté dans la dernière ligne droite de la rédaction de cet ouvrage,
À Alain Schlockoff et à toute l’équipe de L’Ecran Fantastique, revue que je lis depuis mes 12 ans et pour laquelle j’écris depuis 1997, et qui a largement contribué à ma passion pour le cinéma de genre,
À ma sœur, Maëlle, qui a subi durant son enfance tous les films d’horreur que j’ai pu visionner,
À Frédéric Léa, pour la formidable source d’inspiration,
À Valérie Beaupré pour les traductions et sa réactivité,
Aux é ditions Ocrée pour avoir cru en ce projet,
Merci à vous.
Aux cinéastes et auteurs qui, à travers le cinéma de genre, ont des choses à dire et nous invitent à réfléchir sur l’état de notre monde et sans qui ce livre n’existerait pas,
Aux hommes et aux femmes qui font tout pour que l’on n’aille pas droit dans le mur,
Et aux zombies, que nous sommes tous, d’une façon ou d’une autre.

Sommaire Introduction Partie 1 : George Andres Romero : Le pionnier Partie 2 : Zombies, conscience politique et sociale Partie 3 : Les sombres reflets du monde Conclusion Bibliographie

Introduction
Des cadavres aux regards vides mais à l’appétit cannibale qui déambulent mollement dans les rues en gémissant. Telle est la vision imprimée dans l’imaginaire collectif quand on évoque les zombies. Ayant envahi le cinéma d’horreur et étant devenus une figure iconique du genre, les morts-vivants ne se résument cependant pas au septième art et exercent, même sur l’homme, depuis la nuit des temps, une étrange fascination. Le concept du mort revenant à la vie se retrouve en effet dans différentes mythologies et croyances à travers le monde et, d’Edgar Allan Poe à Stephen King, en passant par H.P. Lovecraft, a inspiré en littérature d’innombrables auteurs. Reste qu’avant de devenir un personnage de fiction très prisé par les cultures de l’imaginaire, le zombie prend racine dans la réalité et plus particulièrement au sein des civilisations africaines, haïtiennes, antillaises et des cultes vaudou. Des cultes intimement liés à l’histoire de l’esclavagisme et qui, en provenance d’Afrique de l’Ouest, se sont répandus en République Dominicaine, en Haïti et dans les Antilles à la suite de la traite des Noirs. Dès la fin du xix e siècle, des écrivains et des journalistes se sont penchés sur les rites et croyances consistant, pour un sorcier, à ramener un mort à la vie. C’est le cas par exemple de Patrick Lafcadio Hearn qui, envoyé comme correspondant en 1889 en Martinique par un journal américain, s’est intéressé à ces « morts qui marchent » très présents dans la culture antillaise. Ses articles publiés dans Harper’s Magazine et ses ouvrages, Deux années dans les Antilles Françaises et Youma , évoquent ses recherches sur le sujet. En 1928, c’est au tour de l’aventurier américain William Seabrook — qui, selon la légende, a été initié au cannibalisme par une tribu d’Afrique de l’Ouest —, de publier, à la suite d’un voyage en Haïti et la découverte du vaudou, Magic Island , une étude que beaucoup considèrent comme le premier ouvrage entièrement consacré au thème. Seabrook y décrit notamment les rites de magie orchestrés par les prêtres et prêtresses et brosse le portrait de zombies qu’il dit avoir croisés sur l’île. Son livre, évidemment, fera sensation aux é tats-Unis et donnera naissance à un spectacle qui sera joué à Broadway mais influencera aussi, en 1932, le film White Zombie , de Victor Halperin, avec Bela Lugosi. Mais les recherches les plus sérieuses et avancées sur la zombification vaudou sont l’œuvre de Wade Davis, anthropologue et ethnobotaniste canadien qui, à partir de 1982, travaille sur le sujet et parvient à percer le mystère de ces morts revenant à la vie. Le chercheur s’est attelé au problème après avoir eu écho, par un étudiant haïtien nommé Lamarque Douyon, du cas de Clairvius Narcisse, un homme qui près de 18 ans après son décès cliniquement prouvé, a refait surface dans son village natal. Il expliquera alors avoir été transformé en zombie par des ravisseurs qui l’ont, durant plus d’une décennie, réduit à l’esclavage dans des plantations et des raffineries. En se concentrant sur ce cas, Davis va ainsi être amené à rencontrer différents Bokors et sorciers qui vont lui livrer leur recette de la poudre à zombie, mélange de venin, de plantes, de restes humain et d’organes de poisson-globe. Également connu sous le nom de Fugu, ce poisson tropical renferme la tétrodotoxine, l’une des neurotoxines naturelles la plus puissante au monde, neurotoxine qui rentre dans le processus de zombification et qui explique l’état des victimes. Comme l’explique Davis, le zombie, en Haïti, n’est pas une victime innocente mais une personne qui a transgressé des règles et qui se retrouve puni. Une sanction sociale allant parfois jusqu’à l’exploitation du zombie qui, réduit à l’esclavage, perd toute liberté individuelle. Le zombie est donc un paria de la société, et c’est cette image que le cinéma d’horreur contemporain, depuis George A. Romero, va d’une façon ou d’une autre véhiculer ou exploiter.
1. George Andrew Romero : Le pionnier
Le cinéma contemporain ne serait ce qu’il est aujourd’hui sans le génie de George A. Romero. En un film, La Nuit des morts-vivants , le cinéaste a révolutionné le genre mais aussi imposé le zombie comme une figure emblématique de l’imaginaire collectif. En signant des œuvres militantes et intelligentes, il en a fait le reflet des maux de nos sociétés.
Night of the Living Dead (La Nuit des morts-vivants, 1968)
Difficile de dire si, en Juin 1967, à l’époque où il entame le tournage de Night of the Living Dead , George A. Romero sait qu’il s’apprête à révolutionner le cinéma d’horreur contemporain. Diplômé de Carnegie Mellon University et produisant des spots de pubs destinés aux télévisions locales, Romero n’a alors à son actif qu’une poignée de courts métrages quand il décide, avec des amis, de se lancer dans l’aventure du long. Tout en poursuivant ses activités au sein d’Image Ten, la petite compagnie audiovisuelle qu’il a cofondée, il commence ainsi à travailler, durant son temps libre, sur une histoire de zombies écrite à quatre mains avec John Russo. Pour mettre en scène le script et après avoir peiné à réunir un maigre budget de 114 000 $, le jeune cinéaste plante sa caméra dans la banlieue de Pittsburgh et s’implique corps et âme dans le projet. À la fois producteur, chef opérateur, monteur, George A. Romero ne ménage pas ses efforts et, système D oblige, cumule différentes fonctions sur le plateau. Comblant le manque de moyens par une inventivité, une volonté et surtout un talent à toute épreuve, le réalisateur, épaulé par une équipe technique passionnée, parvient au bout de plusieurs mois de dur labeur à mettre en boîte son film (le tournage aura duré un peu plus de trente jours au total). La suite, tout le monde la connaît. À l’origine destiné à un circuit restreint de salles, le film est rapidement projeté un peu partout à travers les é tats-Unis lors de séances spéciales. Outrés par la violence des images et le sentiment de malaise qui s’en dégage, les garants de l’ordre moral se manifestent et tentent de faire interdire le film. En vain. Mieux : ces critiques contribuent à la promotion du métrage devenant en quelque semaines un petit phénomène de société…
L’histoire de Night of the Living Dead n’est pas sans évoquer les films de science-fiction des années 50. À la suite des radiations émises par un satellite endommagé, les morts ressuscitent et s’en vont dévorer les vivants. Réfugiés dans une maison isolée, un petit groupe de rescapés tient tête à ces assaillants d’outre-tombe et lutte pour sa survie… Concernant l’idée de base de son récit, George A. Romero n’a jamais caché s’être inspiré du roman de Richard Matheson, Je suis une légende : « Le roman de Richard Matheson m’a donné l’idée d’humains se transformant pour devenir autre chose. Dans le cas du roman, il s’agissait de vampires. Et puis, j’avais en tête de faire une fable sur la révolution et les changements dans le monde, l’émergence d’une nouvelle société. Et dans notre cas, une nouvelle société dévorant l’ancienne. C’est à partir de cette allégorie que nous avons créé ces nouveaux zombies, sans même en être vraiment conscient 1 . » Transcendant littéralement une trame a priori banale et sans grande surprise, Romero, avec ce film, révolutionne le genre et pose les fondements du fantastique contemporain. Véritable avant-gardiste, l’auteur bouleverse les codes et règles alors en vigueur et prend le contre-pied de la plupart des productions de l’époque. Sous son regard, l’horreur s’extrait de son décor gothique habituel et fait irruption dans le quotidien accentuant ainsi le sentiment de malaise inhérent au récit. Dès la scène d’ouverture dans le cimetière, le cinéaste impose une esthétique singulière et instaure, en quelques plans, une atmosphère oppressante, angoissante. Animé par un souci de réalisme, il adopte un style proche du documentaire et n’hésite pas à tourner une partie des scènes caméra à l’épaule. À cet aspect « pris sur le vif » s’ajoute une image en noir et blanc légèrement laiteuse et granuleuse, qui sied à merveille au propos et en renforce l’impact. Car au-delà de révolutionner le genre, le cinéaste signe avec La

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