Les Arts industriels - Vienne, Londres, Paris
187 pages
Français

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Les Arts industriels - Vienne, Londres, Paris , livre ebook

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Description

Nous sommes au Prater, — dans ce parc grandiose, — impérial et royal, comme on dit en Autriche, — qui tient tout à la fois du bois de Boulogne et des Champs-Élysées, et qui permet à Vienne de ne regretter ni le Corso de Rome, ni le Prado de Madrid, ni même cet aristocratique et superbe Hyde-Park, dont Londres est si fier, et qui voit chaque matin rouler tant d’équipages, et passer tant d’amazones à la jupe flottante.Au milieu de ce parc, taillé en pleine nature, — une nature luxuriante et sauvage, — dans une grande île du Danube, on a bâti un palais dont la façade se développe sur une longueur d’environ mille mètres.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346026821
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Louis Énault
Les Arts industriels
Vienne, Londres, Paris
VIENNE, LONDRES ET PARIS

*
* *
Les arts industriels sont peut-être aujourd’hui la part la plus solide de notre gloire, sinon la plus brillante. Cette gloire est, dans tous les cas, celle que l’on nous conteste le moins. Partout ailleurs nous trouvons la concurrence. Ici, elle s’efface. La Belgique a des peintres d’une réelle habileté ; l’Allemagne, des dessinateurs ingénieux et subtils ; l’Angleterre, des aquarellistes incomparables ; l’Italie, des sculpteurs qui pétrissent le marbre d’une main toujours pleine de vie, sinon toujours inspirée. Toutes ces nations peuvent, avec plus ou moins de raison, nous disputer la palme des beaux-arts, et elles ne s’en font pas faute. Mais dès qu’il s’agit de ce travail particulier et spécial, qui se donne pour but d’appliquer les arts à l’industrie et de réaliser ainsi le mariage de l’utile et du beau, la France reprend sa place et passe au premier rang : les autres peuples saluent en elle leur maîtresse et leur reine.
La civilisation moderne a fait, du reste, une large part aux arts industriels ; ils sont devenus une des préoccupations les plus sérieuses, les plus vives et les plus constantes des peuples laborieux. N’est-ce point à ceux-là que l’avenir appartient ?
Quel est aujourd’hui l’état des arts industriels en France ; quels progrès ont-ils réalisés depuis les grandes Expositions universelles de 1855 et de 1867 ; quel avenir est-il permis d’espérer pour eux ; qu’ont-ils à redouter de la concurrence étrangère ? Ces questions, dont il est facile d’apprécier l’importance, semblent s’imposer à nous aujourd’hui, et les trois grandes manifestations industrielles qui viennent de se succéder en quelque sorte sans interruption à Vienne, à Londres et à Paris nous offrent les éléments nécessaires pour les résoudre.
Transportons-nous d’abord à Vienne, qui a donné le signal du mouvement ; nous passerons ensuite en Angleterre, où le palais de Kensington nous offre pour la dernière fois sa somptueuse hospitalité ; puis nous reviendrons en France, où cette association d’hommes intelligents, actifs et dévoués, qui s’appelle l’Union centrale des Beaux-Arts appliqués à l’Industrie, ouvre son quatrième congrès, — le plus brillant de tous.
PREMIÈRE PARTIE
VIENNE
I
Nous sommes au Prater, — dans ce parc grandiose, —  impérial et royal, comme on dit en Autriche, — qui tient tout à la fois du bois de Boulogne et des Champs-Élysées, et qui permet à Vienne de ne regretter ni le Corso de Rome, ni le Prado de Madrid, ni même cet aristocratique et superbe Hyde-Park, dont Londres est si fier, et qui voit chaque matin rouler tant d’équipages, et passer tant d’amazones à la jupe flottante.
Au milieu de ce parc, taillé en pleine nature, — une nature luxuriante et sauvage, — dans une grande île du Danube, on a bâti un palais dont la façade se développe sur une longueur d’environ mille mètres. C’est le palais du Welt-Ausstellung : traduisez l’Exposition du Monde. C’est là que la France industrielle a pu placer sur sa tête la plus glorieuse des couronnes, celle que lui ont décernée les nations rivales. Parmi les juges les plus prévenus, parmi ceux-là mêmes auxquels la justice envers nous devait le plus coûter, il n’en est pas un seul qui ait osé, ne fût-ce qu’un instant, nous disputer la première place. Jamais succès ne s’était affirmé avec une plus incontestable évidence.
La portion de ce grand palais du Welt-Ausstellung réservée aux arts industriels de la France nous a frappé tout d’abord par un je ne sais quoi qu’on ne retrouvait nulle part ailleurs. Nulle part, en effet, les produits exposés ne se sont présentés avec ce grand air, cette distinction parfaite et cette correcte élégance. Les autres peuples vous recevaient dans une boutique ; la France, dans u n salon. On sortait d’un bazar, et l’on entrait dans un musée. Il eût été difficile de rencontrer ailleurs un arrangement qui pût être comparé à celui-ci, pour le goût, la distinction et la recherche. Rien qui sentît la vente et le négoce. On semblait n’avoir souhaité que la joie des yeux et les plaisirs de l’esprit. Les meubles ne se recommandaient pas seulement par les qualités vraiment supérieures de leur fabrication, mais par la beauté de leur style. Toutes les faïences étaient des faïences d’art ; les porcelaines, décorées avec le goût le plus exquis ; les bronzes sortaient des mains des plus habiles ciseleurs : ils reproduisaient les plus beaux motifs de l’antiquité, de la Renaissance et des temps modernes. Les émaux pouvaient braver la comparaison avec les produits les plus parfaits de la Chine et du Japon ; les papiers peints valaient des tentures, et les tapisseries signées Bracquenié n’avaient certes ni moins de correction ni moins d’éclat que les tableaux des maîtres reproduits par elles.
Mais si tous ces objets, considérés isolément et en eux-mêmes, se recommandaient par un mérite réel et absolu, pris dans leur ensemble, ils recevaient les uns des autres un lustre nouveau. Le rapprochement les faisait valoir. Aussi l’effet produit était-il véritablement considérable. On se promenait dans la section française avec le même intérêt et le même plaisir que dans une collection de premier ordre, recueillie et formée par un amateur éclairé.
C’est là un premier plaisir qui nous prépare toujours à mieux goûter les autres.
A la tête de ces grandes industries artistiques que nous allons faire passer sous les yeux du lecteur, il faut peut-être placer celle du bronze. Elle est, je crois, la première, et par son importance, et par l’éclat qu’elle jette sur la fabrication française, et par le mérite hors ligne des grands spécialistes qui lui ont consacré tant de talent et tant d’efforts.
Le bronze, que l’on a quelquefois appelé le noble métal, à cause des belles manifestations artistiques auxquelles il a servi, a été découvert et mis en œuvre dans les temps les plus reculés. L’histoire et les traditions antiques en font également mention. C’est qu’en effet tous les peuples anciens, à mesure qu’ils arrivaient à un certain degré de civilisation, ont voulu confier au bronze la tâche élevée de transmettre à l’avenir les plus belles inspirations de leur génie. Nous n’avons pas seulement des bronzes grecs et romains : nous avons encore des bronzes chinois et japonais. Les bronzes de la Renaissance sont célèbres, et, de nos jours, nous avons vu refleurir, comme par l’épanouissement d’une séve nouvelle, cette industrie précieuse entre tontes, qui, à une période critique de son développement, avait laissé voir une infériorité relative en comparaison des œuvres de nos devanciers. Autrefois l’artiste, moins assujetti qu’à présent aux besoins d’une production considérable, fondait et ciselait lui-même ses œuvres. C’est ce que l’on ne saurait exiger de lui maintenant, obligé qu’il est de subvenir aux exigences d’une création multiple et variée. Il doit donc, par la force même des choses, associer à sa main la main de l’ouvrier, dont le travail ne saurait, on le comprend, valoir le travail du maître. Jusqu’à ce que notre grande industrie soit parvenue à former une génération d’ouvriers capables, et artistes eux-mêmes, les amateurs difficiles trouveront trop souvent l’occasion d’exercer leur critique sur tel ou tel détail d’une pièce, dont l’original fut pourtant modelé par un maître.
Mais notre âge a vu du moins une invention qui ne laissera point que d’exercer une influence aussi décisive qu’elle es

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