La musique techno
169 pages
Français

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La musique techno , livre ebook

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Description

Cet ouvrage propose un éclairage théorique, thématique et analytique sur la musique techno dont les dynamiques et les perspectives récentes permettent de saisir une dimension de la mondialisation des biens culturels et artistiques. Tout en exposant les bases d'une géographie de la musique, il s'agira dans une approche pluridisciplinaire d'interroger les processus à l'origine de son émergence et de sa diffusion à l'échelle planétaire, la psychedelic trance servant de fil conducteur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 324
EAN13 9782296703353
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La musique techno
Du même auteur : Les 100 mots pour réussir votre rentrée , 2007, PUF, collection « Que sais-je », 127 p. Disponible au format numérique : www.puf.fr
Eric Boutouyrie


La musique techno

Une appproche sociogéographique


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12396-0
EAN : 9782296123960

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Remerciements
Je tiens à remercier, pour leur soutien et leur confiance pendant ces quatre années de recherche, mon directeur de thèse Rémy Knafou, mes parents et mon épouse.
Mon jury de soutenance : Bernard Debarbieux (Université de Genève), Jacques Lévy (École Polytechnique Fédérale de Lausanne), Jean-François Staszak (Université de Paris 1 Sorbonne) et Thierry Paquot (Institut d’urbanisme de Paris XII).

Andréas Stibler et Petra Endelman de Brême, ainsi qu’Andrea Hilken de Hambourg sans qui rien n’aurait été possible en Allemagne.

Quelques acteurs du courant psychedelic trance. Patrick Rognan pour avoir ouvert la brèche le samedi soir sur une radio parisienne avec son émission « Rave Up ». En France, Yayo de TBE, Frédéric de Deedrah ; Gabriel de Blue Planet Corporation ; Holeg & Spies. Goa Gil (Inde). Etnica (Ibiza). Xp Voodoo (Russie). Tsuyoshi Suzuki (Japon). Bien entendu, tous ces inconnus que j’ai pu rencontrer à l’occasion de mes immersions au cœur des parties trance françaises et étrangères.

Enfin, le philosophe et romancier Alain Roger à qui je dois ce goût du « braconnage ».
Introduction
Lorsque vous prononcez l’expression « musique techno » devant un parterre de personnes peu ou pas concernées par la chose, on vous sert, dans bien des cas, la litanie habituelle des stérilités culturelles : le « boom boom » martial, l’individualisme rongeur, la drogue obligatoire, une jeunesse délurée et incontrôlable, du sexe sans compter, une musique d’ordinateur. C’est dire si cette musique traîne derrière elle une multitude de casseroles qui raisonnent cruellement, alors qu’on la retrouve aujourd’hui dans la plupart des programmations de festivals éclectiques, dans celles des boîtes de nuit, des radios généralistes, dans les showrooms des salons de l’automobile, des défilés de mode, des génériques télévisés, des play-list de compagnies aériennes, des soirées jet-set de plages balinaises ou bien encore dans les baladeurs de nombreux habitants de cette Terre. Bref, la musique techno fait partie intégrante de nos paysages musicaux quotidiens au point que l’on oublie parfois sa présence et son rayonnement social. Certains se demandent encore si nous avons à faire à de la « musique » (ravivant au passage le vieux débat entre musique savante et musique populaire) et s’interrogent sur la pertinence d’une exploration scientifique de ce courant. D’autres, en avançant d’un pas comme dans les rondes d’une bourrée, s’étranglent à l’idée que l’on puisse aborder cette musique et la culture qu’elle façonne sous un angle géographique : mais qu’est-ce qu’un géographe peut bien faire la nuit sous des rayons stroboscopiques dans une ambiance assourdissante cadencée par des « boom boom » répétitifs ? Il est vrai que la réponse ne va pas de soi a fortiori si l’on sonde l’image de la géographie dans la société française {1} . Mais tentons de leur apporter quelques éléments de réponses en leur signalant que l’on peut suivre les recommandations de Paul Claval lorsqu’il affirme pour la nouvelle géographie que « l’attention n’est plus focalisée sur les productions. Elle glisse vers les moments de la fête , vers les rituels , vers tout ce qui contribue à donner des significations au lien social à travers le milieu où elle s’inscrit. » {2} On peut également leur signaler que les rave parties , ces lieux dédiés essentiellement à la musique techno qui seront au centre de notre propos, peuvent s’étudier sous le couvert d’ouvrages d’anticipation comme Lieux et non-lieux du sociologue Jean Duvignaud publié en 1977, lorsqu’il décrivait des « espaces où se jouent les songes », ces espaces du repli, ces « coins » en dehors des villes où l’on vient se ressourcer ou se (re)trouver : « Arrivé jeudi à 20h00 sur le site (because trop pressé d’arriver) j’en suis reparti lundi soir , la tête et le cœur chargés de souvenirs. " Voov " s’accompagne forcément d’ " experience " . C’est un espace géographique et temporel en dehors de tout ce que j’ai pu connaître avant… Que rajouter de plus à ce qui a été dit… Stands , déco , zik , happy people , jolies filles… tout , tout , tout était parfait. Impossible de revenir indemne d’un tel festoche. Une partie de moi est resté là-bas , mais je compte bien y retourner et la chercher l’année prochaine » {3} . Les termes employés précédemment sont assez clairs et signalent que le géographe et ses questionnements sur la façon dont les individus habitent et vivent les lieux doit bien avoir quelque chose à dire à propos de cette culture émergente que l’on retrouve aux quatre coins du globe.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, j’aimerais livrer au lecteur un court exemple qui me semble assez représentatif d’une réflexion géographique à mener à propos d’un phénomène musical contemporain. L’objectif étant de clarifier l’idée selon laquelle la géographie a intérêt à investir le champ général et complexe de la musique. Dans l’industrie musicale actuelle, il existe une expression marketing tout à fait significative. Il s’agit du concept de « musique de lieux ». On peut retrouver cette appellation dans certains rayons d’officines spécialisées comme la Fnac ou Virgin. En effet, depuis deux ou trois ans, on voit éclore ici et là des compilations de musiques qualifiées de « lounge » {4} et vendues sous l’étiquette d’un lieu. C’est le cas des compilations « Ibiza », « St Germain des Près », « Nossy Be », « Beirut Cafe » ou encore « Brazilectro ». L’idée marketing est simple : on condense dans la toponymie une ambiance musicale, le lieu devenant sonore par la juxtaposition d’un genre et d’une référence géographique connue de tous. L’objectif étant de faire croire au consommateur qu’il achète des morceaux imprégnés par l’esprit de ce lieu. Par exemple, pour une compilation « Cafe Ibiza », on s’attend à avoir une représentation du son produit à Ibiza. En réalité, les choses sont bien plus subtiles. Lorsque l’on regarde de beaucoup plus près l’origine des musiciens programmés sur ces compilations, on voit très vite qu’ils sont originaires des capitales de la musique électronique telles que Berlin, Paris, Amsterdam, Montréal, Londres, Chicago et New York. Il en est de même pour les compilations « Brazilectro » ou « St Germain des Près » où l’origine des morceaux n’a rien à voir avec l’appellation accrocheuse. En fait, on vend l’image du lieu, de l’exotisme bien souvent {5} . Le lieu a été condensé dans une appellation musicale et joue comme une métonymie aux yeux des amateurs du genre « lounge ». L’exemple le plus emblématique reste celui du « Buddha Bar », avenue George V dans le huitième arrondissement de Paris. Il est aujourd’hui connu pour ses compilations sélectionnées par le Dj Claude Challe, ancien hippie reconverti dans la « branchitude » parisienne aux accents orientaux. Si bien que bon nombre de personnes vont aujourd’hui au « Buddha Bar » pour retrouver l’ambiance d’un disque CD qu’ils ont acheté en faisant directement référence à ce lieu qu’ils ne connaissaient pas. Finalement, quelques lieux possèdent une musique comme d’autres possèdent un esprit et l’on vient s’en persuader. À travers ce court exemple, on voit bien que certains points du globe ainsi que les sociétés qui les portent jouent sur la corde sensible de la musicalité de lieux à la manière d’autres lieux qui vivent de la pêche ou des nanotechnologies. C’est bien le signe que la géographie doit être à l’écoute de phénomènes sociaux comme la musique parce qu’à travers elle et ses dynamiques, elle peut com

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