Les relations musique-théâtre
285 pages
Français

Les relations musique-théâtre , livre ebook

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285 pages
Français

Description

Sur la scène contemporaine, tant théâtrale que musicale, s'inventent de nouvelles relations, de type dialogique, entre la musique et le théâtre. Celles-ci n'ont rien de fusionnel et ne s'inscrivent pas véritablement dans les genres constitués que sont l'opéra ou la comédie musicale. On parle alors de "musicalité" de la mise en scène ou des textes de théâtralité de la musique et de l'interprétation musicale. Cet ouvrage s'attache à décrire, identifier, explorer l'ensemble de ces relations et à en esquisser la généalogie.

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Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 664
EAN13 9782296447516
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les relations musique-théâtre : du désir au modèle
© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13172-9 EAN : 9782296131729
Textes rassemblés et présentés par Muriel Plana et Frédéric Sounac
Les relations musique-théâtre : du désir au modèle Actes du colloque international IRPALL des 25, 26 et 27 octobre 2007 Université de Toulouse II Le Mirail L’Harmattan
Des mêmes auteurs à l’Harmattan : Muriel Plana,Baby’s song,théâtre, 2006. Frédéric Sounac,L’Hypothèse Mozart,théâtre, 2007. Image de couverture et de quatrième de couverture réalisée d’après l’affiche du colloque. Conception graphique : Benoît Colas, Université de Toulouse IILe Mirail/ CPRSUMS838. Illustration : Q. Büchholtz/Walser/ Am Wasser/Das Quintett
Remerciements Nous remercions JeanLouis Breteaux, directeur de l’IRPALL, Arnaud Rykner, directeur de LLA, AnneMarie Lefèbvre, directrice du Département de lettres modernes de l’UTM, Colette Valat, directrice de la Section de littérature comparée de l’UTM, Valérie VisaOndarçu, directrice du Conseil d’UFR de Lettres, Philosophie et Musique de l’UTM. Nous remercions Jacky Ohayon, directeur du Théâtre Garonne de Toulouse, le personnel du Théâtre Garonne, Solange Oswald, Joël Fesel, le régisseur et les comédiens du Groupe Merci ainsi que le Conseil Régional de MidiPyrénées. Nous remercions Christine Calvet, Bernadette Moussié de l’IRPALL, Benoît Colas, Bruno Lignon, Claire Cittone et Christine Macías pour leur aide matérielle et/ou administrative. Nous remercions enfin AndréeMarie Harmat, Professeur à l’UTM, et Gérard Liéber, Professeur à l’Université PaulValéry de Montpellier pour avoir chacun présidé une demijournée du colloque.
Introduction : « Du désir au modèle » Muriel PLANA et Frédéric SOUNAC Université de Toulouse II  Le Mirail Le théâtre désire la musique et la musique désire le théâtre. En particulier aujourd’hui. Ce constat est au fondement de nos travaux aussi bien artistiques qu’universitaires et constitue l’objet du colloque dont nous présentons ici les Actes. 1 Ondésiretoujours ce dont on manque, par conséquent, ce qui est différent de soi ; les arts peuvent, comme les êtres, supposer leur incomplétude et aspirer à l’autre afin d’atteindre une forme de plénitude, une plénitude hybride, métissée, « moderne », qui se refuse, paradoxalement, à la synthèse, à la pureté et à la perfection identitaire. Il s’agit donc bien entre théâtre et musique (comme, certainement, entre théâtre et cinéma, littérature et peinture, danse et théâtre…) d’une aspiration à l’altérité, une altérité qui séduit et qui effraie en même temps, qui bouleverse l’esthétique à travers des œuvres où elle est particulièrement perceptible, et qui demeure pourtant irréductible. Irréductible car  comme nous avons commencé à le montrer 2 lors d’une première journée d’études sur le sujet , qui insistait sur les liens de complémentarité et les frictions entre les deux arts  la fusion entre théâtre et musique n’aura pas lieu. Aucun principe supérieur, synthétique, pas même leDrame, ne les absorbera, n’aboutira à leur dissolution. Il y aura seulement rencontre, une rencontre dont la forme la plus aboutie sera, peutêtre, de type 3 dialogique .
1 Voir « L’invention théâtrale du peuple », Bernard Stiegler, Christophe Bailly, Denis Guénoun,Le théâtre, le peuple, la passion, Rencontres de Rennes, Les Solitaires intempestifs, 2005, p. 25. Bernard Stiegler explore la différence entre les concepts de « désir » et de « pulsion », différence qu’il applique à la relation entre l’œuvre et le spectateur, mais que nous utilisons ici dans le cadre de la relation entre les arts. 2 Voir « Les rencontres théâtremusique : complémentarités et frictions », Journée d’études organisée par l’IRPALL, le 14 janvier 2005, au Théâtre National de Toulouse. Responsables : Frédéric Sounac et Muriel Plana. Participants : Hélène Harmat, Michel Lehmann, Claude Labère, Didier Borzeix, Jacques Schwartz, Jacques Nichet, Hervé Suhubiette, JeanMichel Vives, Caroline Chausson et Olivier Berthelot de l’Atelier Volant du TNT. 3 Nous nous autorisons ici à transposer le concept bakhtinien de « dialogisme » (tiré de son étude du roman dostoïevskien) à la relation entre les arts. Voir Mikhaïl Bakhtine,La Poétique de Dostoïevski, trad. Isabelle Kolitcheff, présentation de Julia Kristeva, Seuil, 1970. Voir égalementDialoguer, un nouveau partage des voix,vol. I et II, textes réunis par JeanPierre Sarrazac et Catherine Naugrette,Actes du colloque24252627 mars 2004 organisé par des l’Université Paris III Sorbonne Nouvelle, le Théâtre National de la Colline et le Centre d’études théâtrales de l’Université catholique de Louvain, Études théâtrales, n°31 et 32, 2005.
Ce dialogue, fait d’apports et de conflits, est toujours des plus délicats, des plus provisoires, parce que chaque art est jaloux de son autonomie et de sa spécificité, à l’image de la relation entre Bertolt Brecht et Kurt Weill lorsqu’ils inventèrent ensemble le « théâtre musical épique ». Nul ne voudra être réduit, utilisé, amoindri. Une tension s’installera. Un rapport de force. Désirer l’autre, c’est risquer de se perdre soimême, c’est risquer d’être dominé par lui. Il en est sans doute entre musique et théâtre comme entre texte et mise en scène, selon les termes de Bernard Dort : un nécessaire combat sans vainqueur, une « lutte » et une « contradiction qui se déploie 1 devant nous, spectateurs ». Dialogisme C’est donc une confrontation amoureuse qui nous intéresse ici parce qu’elle engendre des réussites hors du commun qui peuvent enfin combler la totalité de nos attentes esthétiques. Qui ne souhaite, en effet, bénéficier des plaisirs combinés du théâtre et de la musique dans le même instant ? Dans La Naissance de la tragédie, Nietzsche reprochait ainsi à l’art moderne de séparer les jouissances: [O]n voit généralement apprécié le principe esthétique selon lequel la réunion de deux ou de plusieurs arts ne relève pas la jouissance esthétique mais bien au contraire représente une confusion barbare du goût. Ce principe ne fait que prouver notre triste habitude aujourd’hui, notre incapacité à jouir comme des hommes complets : les arts isolés nous mettent en pièces et nous ne jouissons nousmêmes 2 que par morceaux, tantôt hommes de l’écoute, tantôt hommes du regard,etc. S’il doit y avoir fusion des arts, en fin de compte, ce sera donc après coup, dans la jouissance complète du spectateurauditeur. Nos contemporains cherchent, sans doute, à retrouver le plaisir entier du théâtre antique, qu’évoquera le texte de Malika Hammou, un théâtre où, comme dans le théâtre indien ou dans le théâtre nô, le musicien, et plus
1 Voir la théorie du combat entre texte et scène de Bernard Dort dans « La représentation émancipée » dansThéâtralité, écriture et mise en scène, coll. « Brèches », Hurtebise hmh, dir. Josette Féral, Jeannette Laillou Savona, Edward A. Walker, (colloque tenu en nov. 1980), 1985, p. 70 : « Il ne s’agit plus de savoir qui l’emporte sur l’autre, du texte ou de la scène. Leur rapport peut même ne plus être pensé en termes d’union ou de subordination comme les rapports entre les composantes de la scène. C’est un combat qui se livre, c’est une contradiction qui se déploie devant nous, spectateurs. La théâtralité n’est plus alors cette « épaisseur de signes » dont parlait Roland Barthes. Elle est aussi la dérive de ces signes, leur impossible conjonction, leur confrontation sous le regard du spectateur de cette représentation émancipée. Autant que construction, la théâtralité est suspension de sens ». 2 La Naissance de la tragédie,fragments et variantes établis par Giorgio Colli et Texte, Mazzino Montinari, traduit de l’allemand par Michel Haar, Philippe LacoueLabarthe et Jean Luc Nancy, « Folioessais », Gallimard, p. 263.
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