Totem et tambour : Une petite histoire du rock’n roll et quelques réflexions psychanalytiques
88 pages
Français

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Totem et tambour : Une petite histoire du rock’n roll et quelques réflexions psychanalytiques , livre ebook

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Description

« Cet essai est une plongée vertigineuse dans l’histoire du blues, de la country, du rock’n’roll et de ses avatars. Manuella Rebotini nous emmène aux confins du bayou de la Louisiane, nous fait entendre les histoires d’une country et nous la montre se mélanger aux blues notes diaboliques, moqueuses, aussi drôles que désespérées, des Noirs du Sud. Un portrait passionnant de l’industrialisation du rock’n’roll qui n’oublie rien de l’apparition de ses derniers rejetons, le metal et la techno… Tout est là, dans ce livre, qui est presque une histoire musicale des États-Unis d’Amérique, magistralement orchestrée par la baguette de concepts venus du corpus psychanalytique. » Walter aka Richard D’Alpert Manuella Rebotini est psychanalyste. Elle a suivi les enseignements de l’Association lacanienne internationale et de l’École pratique des hautes études en psychopathologies. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 avril 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738176738
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE MIDI DE LA PSYCHANALYSE
Collection dirigée par Aldo Naouri et Charles Melman de l’École pratique des hautes études en psychologies (EPhEP)
Conseiller et direction technique : Stéphane Thibierge
© O DILE J ACOB , FÉVRIER  2013
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7673-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Pour Arnaud et pour Alban. « Je dédie le concert à Jacques Lacan I . »
I . Blixa Bargeld, à « Présences électronique  », Ina GRM, Paris, Maison de Radio France, Salle Olivier-Messiaen, le 18 mars 2007.
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Dédicace
Préfaces
Introduction
Chapitre 1 - Fire on the bayou
Once upon a time in the Delta…
Écrire Dieu
Transe et théophonie
Groove is in the heart et syncrétisme musical
Le witz et le Diable
Chapitre 2 - Jesus just left Chicago
Sweet Home Chicago
Baron Ça-me-dit !
I am a man
I went away alone with nothing left but faith23
Chapitre 3 - I saw the light
American dream
L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
Never mind the Bolloks, here’s the Sex pistols !
Chapitre 4 - Blue suede shoes
Let’s dance, put on your red shoes and dance the blues !
To be a rock and not to roll
Chapitre 5 - Personal Jesus
La voix de son Maître
Rock around the clock
The Wall
Roll over Beethoven
Chapitre 6 - 666, the number of the Beast
The pick of destiny
Silent scream
The satanic mass
Grand declaration of war
Chapitre 7 - Heaven or Las Vegas
Sex and drugs and rock and roll !
À la scène comme à la ville !
I am a woman
I love rock’n’roll
French kiss
Conclusion
Postface
Notes
Remerciements
Dans la même collection
On en est toujours à se demander ce qu’est l’animal humain. On ne dispose pas en effet pour ce qui le concerne de la typicité (facteur biologique inné) ou de la norme (facteur culturel acquis) qui spécifieraient son comportement.
Comment dès lors reconnaître chez lui ce qui serait le champ du hors-norme, autrement dit du pathologique ?
D’autant qu’à l’évidence la pathologie ne lui manque pas. On pourrait même avancer que finalement cet animal-là est celui qui a toujours mal quelque part, dans les localisations et les relations les plus diverses : à son histoire et à ses ancêtres, à son conjoint et au sexe, à ses enfants, aux frères et amis, aux maîtres sinon aux serviteurs, au patron, au système et au politique, sans oublier à lui-même, à son corps qui bringuebale… Au fond, qu’est-ce qui va chez lui ?
Mais le pire sans doute est d’observer que c’est ce mal qui aussi le fait vivre, lui donne envie de se battre, d’en trouver cause et remède et qu’ainsi, malgré les démentis infligés par la réalité et sauf à sombrer dans la dépression, se poursuit la répétition des mêmes erreurs. Les Grecs le savaient qui nommaient pharmakon ce qui était à la fois remède et poison.
Alors faut-il accepter comme autant de lois le masochisme, les réactions thérapeutiques négatives, voire ce que Freud appelait l’instinct de mort, dirigé contre soi-même comme vis-à-vis des autres ?
L’EPhEP (l’École pratique des hautes études en psychopathologies) entend se servir des enseignements de la pratique psychanalytique pour aborder ces questions qui, comme on le voit, relèvent de plusieurs disciplines. Mettre la pathologie à leur intersection est à son programme.
Certes une cure psychanalytique n’a à connaître que de la singularité de chaque cas. Notre travail consiste, à partir d’elle, à dégager les conditions générales dont elle est une déclinaison. Au fond, chacun à sa manière propre et selon son sexe, parle sans le savoir de la même chose.
C’est cette chose qui nous intéresse.
Charles M ELMAN ,
doyen de l’EPhEP.
21 mai 2012
Préfaces

Un ami de famille, psychiatre, me demanda il y a bien longtemps pourquoi je dépensais autant d’énergie et de ruse pour faire parler des gens qui n’avaient à l’évidence aucune envie de s’exprimer, peu à dire et dont la musique lui semblait si dérisoire. Je suis journaliste de rock , c’est mon pain quotidien : je bénis ce pain. Je lui répondis que c’était surtout à moi que je posais ces questions honteusement personnelles. La plupart d’entre elles, je n’aurais de toute façon même pas osé les poser à mes meilleurs amis. Mais l’indécence, dans le rock , est autorisée, encouragée même : speed dating , où l’on doit après même pas une heure de rencontre déjà s’engouffrer dans le bayou d’une âme, y chercher ce puits noir, ou cette lumière, qui font qu’un homme, une femme devient artiste. Ils n’ont pas eu le choix. Un artiste n’a pas le choix.
J’ai ainsi parlé, couramment, avec des gens de peu de mots, de mauvaise volonté, de discours épargné par la propagande. Des gens qui se découvraient parfois en direct, qui grattaient des croûtes et plaies oubliées. Art brut, rudimentaire, aux raccourcis fulgurants, aux liens brisés : j’étais habitué, j’avais passé mon enfance en compagnie de patients psychiatriques, avec qui le dialogue passait très bien. « Chez les fous », comme me le rappelaient horizontalement les enfants avec qui j’allais à l’école. J’ai vu des hommes casser des éviers en faïence avec leur tête, ou hurler toute la journée une syllabe douloureuse : le petit cirque rodé et la bizarrerie raffinée des pop stars qui font les unes, ils ne m’effraient pas plus que les fauves quand ils sont cadenassés au zoo de Vincennes. J’aime ainsi les vrais sauvages, ceux qui ne jouent pas, ignorent le chiqué et les poses, ne contrôlent pas leur vie, leur art, leurs pulsions : ils sont leur musique, pas les VRP de leurs industries du spectacle. Ce sont eux qui font le rock’n’roll , et ils ne sont pas fatalement les plus bruyants. Ils parlent peu, mais chaque mot compte, tombe et tonne lourdement. On dit parfois que les journalistes mentent comme des arracheurs de dents et c’est ce qu’on fait avec ces sauvages, on leur extrait les mots comme on leur arracherait des dents. Et leurs mots, comme leurs dents, ne sont pas de sagesse. Merci, entre mille autres, à Nick Cave, Willis Earl Beal, Aphex Twin, Pete Doherty, PJ Harvey ou John Cale de demeurer terrifiants, terrifiés.
Jean-Daniel B EAUVALLET ,
rédacteur en chef musiques, Les Inrockuptibles.
Brighton, le 3 mai 2012
*
Qu’est-ce que le rock’n’roll  ? Pas simple comme question. Manuella Rebotini vous en apprendra bien plus que moi dans les pages érudites et passionnées que vous vous apprêtez à lire. Mais, puisqu’elle a la gentillesse de me demander quelques lignes d’introduction, je ne peux m’empêcher de citer les paroles d’une chanson de Lou Reed qui s’appelle justement Rock & Roll 1 et, qui résume pour moi mieux que toute autre, l’impact qu’a eu cette musique sur ma vie : «  Jenny said when she was just five years old / There was nothin’ happenin’ at all / Every time she puts on a radio / There was nothin’ goin’ down at all, / Not at all / Then one fine mornin’ she puts on a New York station / You know, she don’t believe what she heard at all / She started shakin’ to that fine fine music / You know her life was saved by rock’n’roll / Despite all the amputations you know you could just go out / And dance to the rock’n’roll station.  »
De quoi s’agit-il en gros ? D’une petite fille de l’Amérique profonde, vraisemblablement blanche et bien éduquée, dont la vie est un enfer de banalité. À 5 ans Jenny s’ennuie (déjà) à mourir et, comme tous les grands paroliers, Lou Reed a seulement besoin de quelques mots pour nous faire toucher du doigt le sinistre de cette existence en quête d’épiphanie que « deux postes de télévision et deux Cadillac ne vont aider en rien ». Mais voilà que Jenny s’éveille à la vie en tournant le bouton du tuner de sa radio. Sa réalité est bouleversée quand elle découvre une station, Rock & Roll , sur laquelle elle se met à danser. Et Lou Reed de chanter : « Elle n’arriva pas à croire à ce qu’elle entendait, elle commença à bouger et à danser au son de cette magnifique musique : sa vie fut sauvée par le rock’n’roll . »
Voilà tout le pouvoir du rock’n’roll  : « Sauver la vie. » Celle de Jenny, la mienne, la vôtre peut-être et comment ne pas penser aussi à celles des esclaves afro-américains dont les chants et les danses libérateurs donneront naissance au jazz , au blues puis au rock’n’roll  ? De ses origines à nos jours, combien de vies ont ainsi été sauvées par le rock’n’roll  ? Sauvées de l’ennui, du conformisme, de la bêtise, de l’impuissance ? Qu’importe si les chansons de Muddy Waters, des Rolling Stones, des Clash ou du Velvet Underground de Lou Reed, autrefois si sulfureuses, servent aujourd’hui à illustrer des publicités et à vendre des produits (a)variés. Digérées, elles n’en gardent pas moins leur salutaire puissance dionysiaque pour toutes les Jenny de la terre. Et quand le rock est encore décrit comme un univers maléfique, c’est toujours par des forces elles-mêmes réactionnaires et castratrices. Je vous le dis, hier comme aujourd’hui, le rock c’est la liberté et la vie.
Alexis B ERNIER ,
directeur de Tsugi Magazine.
Paris, le 27 avril 2012
Introduction

Si j’ose reprendre les propos de Samuel Beckett en introduction du succulent ouvrage de Nick Tosches, Héros oubliés du rock’n’roll 2 , je dirais que cet essai ne fera ni grossir du pénis ni maigrir les cuisses des filles…
J’ai plutôt tenté ici d’analyser comme

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