Une écoute du romantisme
320 pages
Français

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Une écoute du romantisme , livre ebook

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Description

Le siècle romantique : un courant culturel exceptionnel qui a embrassé la littérature, la poésie, la musique et qui a irrigué toute l'Europe. Lionel Storélu, raconte ce XIXe siècle à partir de vingt ans de carrière politique et vingt ans de carrière musicale de chef d'orchestre de l'Orchestre Romantique Européen. Un livre pour comprendre et apprécier le romantisme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 68
EAN13 9782296810426
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UNE ÉCOUTE DU ROMANTISME
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55104-6
EAN : 9782296551046
Lionel STOLÉRU








UNE ÉCOUTE DU ROMANTISME
Sans musique la vie serait une erreur.
F. Nietzsche
INTRODUCTION
On peut lire la littérature romantique avec Jean Valjean, Edmond Dantès, Werther, Chatterton. On peut vibrer avec la poésie romantique du Bateau ivre, du Lac, du Dormeur du Val. On peut déclamer le théâtre romantique avec Hernani, Lorenzaccio, l’Aiglon. On peut admirer la peinture romantique avec le Radeau de la Méduse, la Barque de Dante ou les Pestiférés de Jaffa.
Mais comment écouter le romantisme ? Comment en écouter la musique ?
Il n’y a pas de réponse unique à cette question, sauf à reprendre celle de Beethoven : « Venue du coeur, qu’elle aille au cœur ». Mais cette réponse unique est elle-même multiple, tant sont nombreux les chemins du cœur.
À la musique, Bach avait apporté la rigueur, Mozart avait apporté l’état de grâce. Beethoven lui apporte l’émotion, la passion, la sensibilité, et ouvre ainsi la voie à tout un courant qui va durer un siècle et irriguer toute l’Europe : Schubert, Brahms en Allemagne, Berlioz en France, Verdi en Italie, Tchaikovski en Russie, Liszt en Hongrie, Chopin en Pologne, Dvorak en Tchécoslovaquie, Sibelius en Finlande…Comment oublier, alors que nous construisons aujourd’hui cette Europe, que, avant l’Europe politique, il y eut l’Europe romantique et que, avant Robert Schuman, il y eut Robert Schumann ?
Ce livre a pour dessein d’apporter une réponse personnelle, subjective à cette question. Il ne définit pas l’écoute du romantisme, il décrit une écoute du romantisme, celle de ma sensibilité musicale telle qu’elle s’est exercée durant vingt années de direction de l’Orchestre Romantique Européen.
Chacun de nos concerts s’est organisé autour d’un thème du romantisme, associant un poème et les œuvres musicales déclinant ce thème, afin de créer une cohérence globale de la soirée. Ces centaines d’œuvres romantiques que nous avons interprétées, ne jouant pour ainsi dire jamais la même œuvre, nous ont fait prendre conscience de l’infinie richesse du répertoire de la musique romantique, tant dans ses oeuvres les plus connues que dans ses œuvres injustement méconnues. Encore ce livre se borne-t-il au répertoire d’orchestre, « ignorant » les merveilles de l’opéra, des lieder, de la musique de chambre, et des œuvres romantiques pour piano ou instrument solo.
J’ai tenu, chaque fois, à en écrire la présentation, dans le programme de la soirée, sous une forme plus sensible que musicologique, en essayant de découvrir la manière dont le compositeur avait voulu construire et faire comprendre le thème de son œuvre.
Ce livre s’efforce donc de décliner les thèmes majeurs du romantisme, chapitre par chapitre, et, pour chacun d’entre eux, de présenter les « principales » (selon moi) œuvres qui illustrent chacun de ces thèmes. Présentation musicale intuitive plus que technique, subjective plus qu’absolue, mais - et c’est là l’essentiel- toujours passionnée.
Qui ne vit pas la passion romantique perd une partie du sens de la vie.
Lionel Stoléru
Thème I - L’Amour Romantique


Aimer, c’est plus que vivre.
Victor Hugo

On a beau vivre dans une société matérialiste, individualiste, sceptique, voire cynique, malgré tout cela, une jeune fille qui verra un jeune homme venir vers elle en lui tendant une rose ressentira toujours un frisson romantique. Il y a là, heureusement, quelque chose d’éternel dans ce sentiment qui transcende tout.
Centré sur l’expression des sentiments, le romantisme a tout naturellement trouvé dans l’amour l’un de ses thèmes majeurs, pour ne pas dire son thème préféré.
C’est évidemment le cas pour l’opéra romantique, avec ses grands duos d’amour, de Carmen à la Traviata, pour le ballet romantique où le prince vole vers sa bien-aimée, là où des êtres humains en chair et en os déclarent leur amour. Mais comment déclarer sa flamme en musique symphonique ?
Commençons peut-être par la musique des vers, par ces deux sommets de la poésie de l’amour que sont le Lac, de Lamartine, et Les Stances à George Sand, de Musset.
Passons ensuite aux vers mis en musique, avec le Ruy Blas de V. Hugo orchestré par F. Mendelssohn.
De cette musique poétique, on peut passer à la musique concertante avec cette impression que les compositeurs romantiques semblent avoir choisi le piano comme instrument le plus expressif de l’amour, si l’on en juge - et nous nous bornerons là-à quatre des pIus grands concertos pour piano : les deux concertos de Chopin, le concerto n°2 de Liszt et le concerto de Schumann.
Le passage de la musique concertante à la musique symphonique est plus délicat. Il est tout à fait révélateur de constater qu’il n’y a rigoureusement aucun compositeur romantique qui ait mis le mot « amour » dans le titre d’une de ses œuvres : symphonies ou poèmes symphoniques, alors qu’ils ont choisi bien d’autres thèmes romantiques dans leurs titres.
Néanmoins, une symphonie s’impose « malgré » son titre : la Symphonie Fantastique de Berlioz, hymne à son amour, l’actrice Harriett Smithson. Nous y ajoutons l’Intermezzo de Manon Lescaut de Puccini, la ravissante promenade amoureuse de Massenet « Sous les tilleuls » et, bien évidemment, Roméo et Juliette de Tchaïkovski écrit délibérément pour orchestre et non pour opéra.
ALPHONSE DE LAMARTINE (1790-1869) - Le Lac
Parmi les plus connus des poèmes des Méditations figure cette évocation de l’amour porté par Lamartine à Julie Charles, femme du célèbre physicien. C’est sur le lac du Bourget qu’il l’avait tout d’abord rencontrée en venant à son secours, alors que sa barque était en péril, s’il faut l’en croire. Brèves journées, dix à peine, où leurs âmes se rapprochèrent, mais c’est surtout à Paris, où Lamartine avait résidé du 8 Janvier au 6 Mai 1817, qu’il l’avait vue longuement, soit chez elle, soit sur la terrasse des Tuileries, soit en quelques promenades au bois de Meudon, dans le parc de Saint-Cloud.
Quand Lamartine avait quitté Paris le 6 Mai, elle lui avait juré de le retrouver à Aix-les-Bains au mois d’Août. Lamartine fut fidèle au rendez-vous le 21 Août, mais il n’y trouva pas Julie Charles que son mal implacable avait retenue à Paris.
Le 29 Août, il traversa le lac pour revoir l’abbaye de Hautecombe, et, rêvant seul dans les rochers déserts, il écrivit quelques uns des vers de l’ode qui devait devenir immortelle :

Un soir t’en souvient-il ? nous voguions en silence
Sur le sein de tes flots par la lune argentés...
Au seul bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux...

Mais il s’arrêta, ratura le second vers, corrigea le troisième,

On n’entendait dans l’air, sur l’onde et dans les cieux
Que le bruit des rameurs, etc...
Plus tard il corrigea encore le second vers pour lui donner sa forme définitive :
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux.

ALPHONSE DE LAMARTINE (1790-1869)
Le Lac - Poème
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?

O lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
où tu la vis s’asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence,
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos :
Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots :

« Ô temps ! suspends ton vol ; et vous, heures propices !
Suspendez vot

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