Brest/Liverpool - Liverpool/Brest

Jean-Luc Uguen

Description

Par-delà La Manche, des identités en commun

« Brest/Liverpool, sœurs jumelles – twin sisters », ou un hommage à deux villes aux identités si proches.

Né à Brest, féru d’urbanisme et fasciné par les réussites de la réhabilitation des Docks à Liverpool et des Capucins à Brest, supporter de l’ASB puis du Stade Brestois, habitué des soirées du Vauban, l’auteur a séjourné plus d’une dizaine de fois à Liverpool où sa passion de musique et des Beatles a été comblée à la Cavern et son amour du football assouvi par les Reds à Anfield Road comme par les Blues à Goodison Park.

Entre essai et guide touristique, l’auteur vous fait part d’un amour et d’une passion qu’il entend faire partager.

Sujets

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Informations

• Publié par: Nombre7 Editions
• Date de parution: 18 novembre 2021
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782381538235
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

ISBN : 9782381538235
 
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Brest/Liverpool – Liverpool/Brest
Sœurs jumelles – Twin sisters
 
 
 
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Jean-Luc UGUEN
 
 
 
Brest/Liverpool – Liverpool/Brest
Sœurs jumelles – Twin sisters
 
 
 
 
Du même auteur :
Les élus et l’argent (Editions Syros – 1995)
La Bretagne électorale, avec Jean-Jacques Urvoas (Éditions Apogée –1996)
Le bonheur d’être maire (Éditions Outre-Manche – 2015)
L’Association Sportive Brestoise, d’hier et d’aujourd’hui : 1905 - 2020, avec Jean-Guy Moreau (Éditions Le Petit Bleu – 2020)
 
Remerciements :
À Denise Barrett-Baxendale, Julia Pulford, Jean-Guy Moreau, Charles Muzi, Vincent Nuyts, Olivier Polard, Jean-François Quéré, Jacques Quillien.
Merci aussi à Morgane Ily pour la couverture et à Maryse L’Hour pour la mise en page.
Merci enfin à Gilles Arnoult, directeur-associé de Nombre7 Éditions, d'avoir tout de suite cru en cet ouvrage et à Jade Monseu, assistante d'édition, pour son remarquable travail de finalisation.
 
 
 
 
 
 
 
 
Texte et photos : Jean Luc UGUEN

-  Sauf documents et photos pages: 28, 100 (Le Télégramme), 120 (Loïc L’Huillier).
-  Collection Vauban, pages : 63, 65, 66.
 
Introduction Sœurs jumelles
Peut-on s’autoriser à vouloir rapprocher Brest (140 000 habitants) et Liverpool (490 000 habitants) au point de qualifier ces deux villes, de « sœurs jumelles  », de « twin sisters »  ?
Certes, ce sont deux grandes métropoles situées l’une et l’autre sur la côte ouest de leur pays respectif, face aux mers d’Iroise et d’Irlande où se jettent la Penfeld à Brest, la Mersey à Liverpool et situées chacune à quelque 550 et 350 kms de leur capitale Paris et Londres.
Ce sont aussi : Deux villes portuaires, l’une essentiellement de guerre, l’autre de commerce :
- Le port militaire de Brest naît au XVIIème siècle sous l’influence de Vauban mais ce n’est qu’en 1865 que sera fermé aux bâtiments de commerce, le port de la Penfeld qui devient alors port militaire.
Durant l’occupation, ce port sera la base de la Kriegsmarine allemande, notamment pour ses bâtiments sous-marins. Une base sous-marine fût construite en 1941-1942 par plus de 8000 travailleurs forcés, dont 2000 républicains espagnols. Elle perdurera jusqu’en 2020 où, pour cause de vétusté, elle sera fermée.
Au cours des années 1970, dans le cadre de la dissuasion nucléaire, le siège de la force océanique stratégique s’y établit.
Aujourd’hui, même si les plus grandes unités se concentrent à Toulon et en dépit de la réduction des effectifs militaires, le port abrite encore plus de 40 % des navires militaires français et compte 3000 marins.
 
Brest est parallèlement devenu le premier centre français de réparation navale civile accueillant plus de cent navires par an et disposant de trois formes de radoub. La ville est dotée de deux ports de plaisance, celui du Moulin-blanc au fond de la magnifique rade de Brest et depuis 2009, celui du château sur les emplacements précédemment occupés par la marine nationale.
Brest est enfin l’une des trois préfectures maritimes du pays, avec Cherbourg et Toulon.
- Liverpool est, dès le XVIIème siècle, la porte d’entrée de l’Empire britannique et connaît une véritable prospérité liée au commerce triangulaire jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1807.
Au début du XIXème siècle, avec l’expansion économique de l’empire, Liverpool devient un port majeur à destination de l’Amérique, où transitent 40 % du commerce britannique mais aussi des millions d’émigrés (dont beaucoup d’irlandais fuyant « La grande famine » ). Le bureau des douanes de Liverpool est le plus gros contributeur d’impôts du pays. Les bâtiments de l’époque symbolisent la puissance de la ville.
Au milieu du XXème siècle pourtant, les infrastructures portuaires ne permettent plus d’accueillir les plus gros navires. De plus, la crise industrielle des années 1970 va à nouveau affecter gravement cette activité portuaire. En dix ans, de 1973 à 1983, 83 000 emplois vont être perdus. Liverpool doit alors entamer un processus de reconversion dans le secteur tertiaire, pour demeurer une métropole économique de premier rang. Deux villes détruites pendant la Seconde Guerre mondiale :
- À Brest, seuls 200 immeubles sur les 16 500 que comptait la ville étaient encore debout à la fin de la guerre.
En effet, au terme de 45 jours de siège, mené par les alliés pour reprendre aux Allemands ce port stratégique, 30 000 bombes et 100 000 obus furent déversés, inspirant à Jacques Prévert son superbe poème « Barbara »  : « Quelle connerie la guerre, qu’es-tu devenue maintenant, sous cette pluie de fer, de feu d’acier de sang » .
 
Aujourd’hui encore, des opérations de déminage doivent être menées pour neutraliser des bombes enfouies.
Et si seul un millier de personnes périt durant cette guerre, c’est parce que la ville avait été évacuée très tôt.
 

Brest : L’Octroi
- À Liverpool, ce que l’on appela l e   «  Blitz » , fut un bombardement lourd et soutenu  de la ville par la  Luftwaffe , notamment en mai 1941. L’importance stratégique du port s’expliquait par le fait que c’est de là que, de 1939 à 1945, la bataille de l’Atlantique fut planifiée.
Plus de la moitié des maisons subit des dégâts, 11 000 furent détruites. Bien que la ville, notamment les enfants, eût été également évacuée en septembre 1939, l’absence de raid aérien jusqu’en août 1940 fit revenir la population.
 
Au final 4000 personnes perdirent la vie durant les nombreux bombardements, jusqu’en janvier 1942.

Liverpool : Queen Victoria Monument
Au lendemain de la guerre, l’urgence était donc à la reconstruction mais tant à Brest qu’à Liverpool, les préoccupations esthétiques ne furent guère prises en compte. Les quelques immeubles hérités de la période d’avant- guerre furent balayés pour donner naissance à des villes « modernes » , même si Liverpool fut plus épargnée que Brest.
À Brest, seuls le château, la tour Tanguy et la gare ferroviaire au style «  Art déco  » survécurent. L’architecte de la reconstruction Jean-Baptiste Mathon dut, de plus, composer avec les exigences de la marine nationale. Au final, Cabu, dans Mon Beauf 1 , la qualifiait, en 1976, de ville à « architecture soviétique » .
À Liverpool, on peut citer le Town Hall, le St George’s Hall, L’Empire Theatre, le Pier Head, comme témoignages d’un passé florissant… Mais en 2003, Liverpool figurait encore dans le Top 10 de « Crap Towns » (Villes de merde), recensant « les pires endroits où vivre au Royaume-Uni » . Deux villes à culture ouvrière, au caractère affirmé :
- Brest « La Rouge » est ainsi définie par le nom d’un mouvement anarchiste de la fin du XIXème – début du XXème siècle et de la couleur donnée par le journal « La Dépêche » au syndicat de l’arsenal qui marqueront profondément l’histoire ouvrière de la ville.
Une certaine cohabitation existait néanmoins entre les ouvriers d’état fortement syndiqués et les marins de la « Grande Muette » .
Brest connaît, un an avant le Front populaire, une grève générale à l’Arsenal qui tourne à l’insurrection et fera de nombreux morts et blessés.
En 1940, le maire de Brest, Victor Le Gorgeu votera, comme sénateur, contre les pleins pouvoirs à Pétain et sera révoqué par le gouvernement de Vichy.
Le 17 avril 1950, le militant CGT Edouard Mazé décédait victime de la répression lors d’une manifestation pour exiger de meilleures conditions de travail pendant la reconstruction. Plus d’un demi-siècle plus tard, une bande dessinée lui rendait hommage 2 .
En 1975, une usine récemment installée, « Transocéan » connaît une grande grève d’un personnel composé essentiellement de femmes (plus de 500 employées), pour la liberté syndicale et contre les licenciements, qui est largement soutenue par la population.
Enfin, le 19 septembre 1995 se déroulera la plus grande manifestation connue localement « Brest Debout » rassemblant 30 000 personnes contre la restructuration de l’industrie de l’armement qui impactait gravement l’économie brestoise.

Affiche de Paul Bloas : Brest Debout 
Néanmoins, cette crise conduira à une restructuration et à un changement d’orientation de la ville, permis par le retrait des implantations militaires.
Brest est dirigée par les socialistes depuis la victoire de Francis Le Blé en 1977, hormis une brève parenthèse d’un mandat cahotique de la droite de 1983 à 1989. François Cuillandre a succédé en 2001 à Pierre Maille qui avait repris la ville en 1989.
- À Liverpool, dès 1911, l’immense masse des employés et ouvriers s’organisait. 85 000 matelots, dockers, cheminots se rassemblent et défilent dans les rues. Ils feront face à une violente répression policière qui génèra de véritables scènes d’émeutes dans la ville. À la suite de cette grande lutte, les travailleurs obtiennent néanmoins ce qu’ils réclamaient à travers des augmentations de salaire, une réduction du temps de travail et la reconnaissance du droit syndical.
Le mouvement ouvrier a toujours été très fort à Liverpool. En 1995, face à une grève des dockers, contre le licenciement de 85 d’entre eux qui refusaient d’effectuer des heures supplémentaires non rémunérées, la direction du port licencia tous les dockers po