Fantastique et photographie

Robert Pujade

Description

Existe-t-il un genre fantastique en photographie ? Si les procédés narratifs du récit littéraire sont aptes à mettre en scène des situations et des objets irréels, la photographie n'a pour champ de visée que ce que la réalité lui propose. Depuis le début de son histoire, la photographie ne s'est pourtant pas limitée à cette fidélité au réel, affirmant par là même sa capacité à produire des fictions et à multiplier ses régimes de visibilité. Le rapprochement avec le Fantastique interroge donc les visibilités que la photographie met en oeuvre.

Sujets

• Photographie
• Philosophie
• Cinema
• Beaux arts
• Arts

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 15 août 2015
• Nombre de lectures: 33
• EAN13: 9782336387864
• Langue: Français

Extrait

Couverture
4e de couverture
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

Dernières parutions

Nassim EL KABLI, La Rupture. Philosophie d’une expérience ordinaire , 2015.
Laurent CHERLONNEIX, De la volonté de vérité à la Mort de dieu , 2015.
Paul DUBOUCHET, De Georg Wilhem Friedrich Hegel à René Girard. Violence du droit, religion et science , 2015.
Oscar BRENIFIER, Apologie de la métaphysique. Ou l’art de la conversion , 2015.
Reza ROKOEE, L’attitude phénoménologique comparée, de Husserl à Avicenne , 2015.
François BESSET, L’âme de la guerre. Petite métaphysique de la Nation , 2015.
Philippe FLEURY, Hegel et l’école de Francfort , 2015.
Pierre ZIADE, Généalogie de la mondialisation, analyse de la crise identitaire actuelle, 2015.
Hamdi NABLI, Foucault et Baudrillard : la fin du pouvoir , 2015
Richard GROULX, Michel Foucault, la politique comme guerre continuée. De la guerre des races au racisme d’État , 2015.
Miklos VETÖ, De Whitehead à Marion. Éclats de philosophie contemporaine, 2015.
Auguste NSONSSISSA, Recherches philosophiques sur les théories des formes complexes , 2015.
Titre
Robert Pujade






Fantastique et Photographie

Essai sur les limites de la représentation photographique
Ouvrages du même auteur
Le Silence des Espaces , Photographies de Pentti Sammallahti , collection 16,5, n°23, édition de l’Université de Lyon1, Lyon, 2013.

La Photographie saisie par le texte , Recueil d’articles de Robert Pujade sur la photographie , Préface de Christian Caujolle, Lyon1 éd., Lyon, 2012.

Soi-même autant qu’étrange , Photographies d’Arno Rafael Minkkinen , collection 16,5, n°14, édition de l’Université de Lyon1, Lyon, 2011.

Lucien Clergue, The Photographer , Clergue in America , édition Sedicom World Graphic Design, 2011.

Intention scientifique et dérive esthétique dans la collection photographique de L. L. Ollier , collection 16,5, n°7, édition de l’Université de Lyon1, Lyon, 2008.

Hervé Guibert, Une leçon de photographie , édition de l’Université de Lyon1, 2008.

Art et Photographie, la critique et la crise , préface d’Agathe Gaillard, éd. L’Harmattan, Paris, 2005.

Du Réel à la fiction, La Vision fantastique de Joan Fontcuberta , Isthme éditions, 2005.
Copyright

© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
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EAN Epub : 978-2-336-73797-3
Remerciements
Cet ouvrage a pu voir le jour grâce au soutien et à la contribution iconographique de mes amis photographes ou leurs ayants droit, à la présence complice et critique d’Anne et aux patientes relectures de Claudine.
Qu’ils soient tous ici remerciés par ce livre qui leur est dédié.
Note sur les traductions
Sauf indication contraire, les traductions de textes ou articles originaux en anglais et en espagnol ont été réalisées par l’auteur.
Citation

Ce qu’il y a d’admirable dans le fantastique,
c’est qu’il n’y a plus de fantastique : il n’y a que le réel.

André Breton, Manifeste du Surréalisme , 1924
INTRODUCTION
A s’en tenir à l’usage courant des termes, l’adjectif fantastique appliqué à la photographie qualifie une image exceptionnelle du point de vue de sa qualité technique ou de la particularité de son sujet. Cette acception courante du fantastique fait écran à un sens plus strict emprunté au domaine du Fantastique tel qu’il a été développé par la littérature. Le flou de cette notion est tenace et, dans le milieu photographique lui-même, l’épithète fantastique n’est pas d’abord une catégorie esthétique ; c’est une dénomination commode pour les agences de distribution qui répertorient ainsi un ensemble d’épreuves ayant pour point commun de ne pas se présenter comme une simple reproduction de la réalité. On y trouve pêle-mêle la distorsion des apparences due à quelques ruses d’objectif ou de reflet, le montage habile associant plusieurs points de vue en un seul, toutes sortes de trucages, mais aussi des vues prises sur des phénomènes insolites : le monstre, la représentation spirite ou l’horrible font ici des références de choix.

A côté de ce sens flou ou intuitif, la notion de fantastique tire tout son sens du genre littéraire portant le même nom qui s’est développé au début du XIX e siècle, peu de temps avant l’invention de la photographie : dans ce contexte, le fantastique ne désigne pas seulement la culture de l’étrange, mais renvoie, depuis les contes d’Hoffmann jusqu’à aujourd’hui, à des situations impossibles qui remettent en cause nos cadres de représentation de la réalité. Il suffit d’énumérer quelques thèmes récurrents de cette littérature tels que le monstre, le mort-vivant ou l’automate animé pour constater que l’informe et l’irreprésentable se situent au centre de l’univers du fantastique. Par là même, une photographie fantastique, dans le sens spécifique que la littérature confère à ce terme, ne pourrait émaner d’une prise de vue directe sur le monde visible, puisqu’elle devrait outrepasser les limites de toute visibilité possible alors qu’elle reste assujettie à ce qui se voit.

A cet égard, l’écrivain et le photographe ne sont pas à égalité face à ce défi fantastique de la représentation impossible : ainsi, l’ indicible , dont parle le narrateur de la nouvelle de H. P. Lovecraft 1 qui porte ce nom, est visible, et c’est même cette vision invoquée qui est source de trouble et d’effroi. Ce que la littérature peut se permettre en jouant avec les mots et les fluctuations de la syntaxe, la photographie peut-elle en être capable, elle qui est considérée avant tout comme l’instrumentalité du réalisme ? N’est-elle pas condamnée à un simple rôle d’illustration des thèmes littéraires au prix de quelques trucages vite déjoués ?

Ce défi que le Fantastique littéraire lance à toute forme de représentation ne peut pas ne pas intéresser la création photographique. La photographie, en effet, ne se limite pas à enregistrer le visible, et, de manière définitive, elle ne se tient jamais dans cette passivité. En tant que point de vue sur le monde, elle reproduit à tout le moins un regard qui est toujours déjà une interprétation.

Le propos de ce livre sera donc d’interroger la photographie à partir des caractéristiques propres au genre littéraire fantastique, et cela, soit de façon allusive, soit, plus rarement, de façon explicite. En effet, montrer l’impossible, mettre en scène l’impensable, visualiser l’innommable, c’est se situer au-delà des limites des compétences de la photographie dont les images restent solidaires de la réalité visible des formes. Nombre de photographes dont nous analyserons les œuvres ont tenté de relever ce défi au cours de l’histoire de la photographie : cela s’est produit chaque fois que leurs images manifestaient une force du regard sans commune mesure avec la fidélité de vision qu’on accorde communément à la photographie.

On peut donc tenter une approche transversale de l’histoire de la photographie à partir de cette question que le fantastique pose à la représentation. Elle devrait servir de prolégomènes à une anthologie de la photographie fantastique qui, à proprement parler, n’a jamais été faite. On pourrait opposer à cette affirmation l’existence d’un livre publié par les éditions Contrejour, en 1979, sous le titre La Photographie fantastique 2 . Mais cet ouvrage, excellent à bien des égards par les illustra