Remarques sur les anciens jeux des mystères
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Remarques sur les anciens jeux des mystères , livre ebook

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Description

Faites à l’occasion de deux délibérations inédites prises par le conseil de ville de Grenoble, en 1535, relativement à l’un de ces jeux.TOUT le monde connaît les beaux vers où le législateur de notre Parnasse esquisse à grands traits l’histoire du théâtre français à son origine.Chez nos dévots aïeux, le théâtre abhorréFut long-temps dans la France un plaisir ignoré. De pèlerins, dit-on, une troupe grossière, En public, à Paris, y monta la première, Et, sottement zélée en sa simplicité, Joua les Saints, la Vierge et Dieu par piété.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346126941
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Jacques Berriat-Saint-Prix
Remarques sur les anciens jeux des mystères
REMARQUES SUR LES ANCIENS JEUX DES MYSTERES,

Faites à l’occasion de deux délibérations inédites prises par le conseil de ville de Grenoble, en 1535, relativement à l’un de ces jeux.
T OUT le monde connaît les beaux vers où le législateur de notre Parnasse esquisse à grands traits l’histoire du théâtre français à son origine.

Chez nos dévots aïeux, le théâtre abhorré
Fut long-temps dans la France un plaisir ignoré. De pèlerins, dit-on, une troupe grossière, En public, à Paris, y monta la première, Et, sottement zélée en sa simplicité, Joua les Saints, la Vierge et Dieu par piété. Le Savoir, à la fin, dissipant l’Ignorance, Fit voir de ce projet la dévote imprudence ; On chassa ces docteurs prêchant sans mission ; On vit renaître Hector, Andromaque, Ilion.
Art poèt., ch. 3, vers 81 et suiv.
Il semblerait, par ces vers, que les mystères n’aient jamais été joués que par des pèlerins, et que leurs représentations aient cessé lorsqu’on les défendit à ces docteurs sans mission. Les recherches curieuses publiées sur la même histoire par les frères Parfait, cinquante années après le chef-d’œuvre de Boileau, ont démontré qu’il était dans l’erreur, ou plutôt qu’il ne fallait pas en quelque sorte prendre ses expressions à la lettre ; car il est possible que, pour donner plus de précision et de force à son récit, il ait jugé à propos de ne point parler des successeurs des pèlerins.
Ils en eurent en effet, comme nous le voyons dans l’ouvrage déjà cité. Des artisans de la capitale, tels que des courtiers de chevaux, des maçons, des paveurs, se réunirent pour le même objet, vers la fin du 14 e siècle, et, après quelques obstacles, furent autorisés, en 1402, par Charles VI, à former une société régulière, sous le titre de Confrères de la Passion. Cette société eut successivement plusieurs théâtres sur lesquels elle représenta des mystères jusques en 1548, époque où le parlement de Paris les défendit. Voyez Histoire du Théâtre français , Paris, T. I, 1734, p. xj ( de la préface ), 43, 44, 53, 56 et 61 .
Dans d’autres lieux, il n’y avait pas, à la vérité, comme à Paris, de société permanente, mais il s’en formait de temporaires pour les mêmes représentations ; et aux artisans se joignaient quelquefois des ecclésiastiques du second ordre ; à Metz et à Angers, par exemple, où un curé et un chanoine jouèrent le rôle principal en 1437 et 1486 1 . Enfin on cite d’autres représentations passagères données par de semblables sociétés, à la fin du 15 e ou au commence ment du 16 e siècle, à Lyon, à Rouen, et surtout dans les villes du Poitou et des environs, telles que Poitiers, Saint-Maixent, Doué, Langest, Saint-Espain, Saumur, Montmorillon, Bourges, Tours, etc. - Voyez id. T. I, p.  66 ; T. II, publié en 1735, p.  278 et 285 à 294 ; Brossette, note sur les vers de Boileau déjà, cités ; Bouchet, Annales d’Aquitaine, édit. de 1557, f. 168 et 267.
L’adjonction des ecclésiastiques aux artisans ne suffit pas pour prouver, comme on serait porté à le croire au premier coup d’œil, que les représentations des mystères eussent obtenu du crédit auprès de la partie la plus puissante ou la plus éclairée de la nation, car les nouveaux acteurs purent être déterminés par des motifs pieux, par le désir entre autres, et c’est aussi ce qu’observent les frères Parfait, de favoriser des spectacles propres dans leur opinion, à répandre davantage la dévotion ; mais les arrêtés du conseil de ville de Grenoble, dont nous allons entretenir la Société royale des Antiquaires, sont des signes décisifs de la faveur accordée à la mise en scène des mystères, par toutes les classes de l’état.
Il ne sera pas inutile auparavant de dire un mot de la source précieuse dans laquelle nous les avons puisés. Il s’agit des registres officiels des conclusions prises chaque semaine, et très-souvent plusieurs fois chaque semaine, par le même conseil. On en trouve dans les archives de la ville un recueil qui remonte à l’année 1511, et vient jusques à nos jours, sauf trois lacunes embrassant les intervalles suivans, 13 décembre 1522 à 19 décembre 1527, 20 mars 1535 à 25 décembre 1537, 5 mars 1568 à décembre 1570, c’est-à-dire à peine dix années sur quatre-vingt-dix du seizième siècle.
Ce recueil est d’autant plus précieux que les pouvoirs des consuls ou officiers municipaux ordinaires de Grenoble étant fort restreints, notamment à l’égard des dépenses communales, dont ils ne pouvaient ordonnancer, sans autorisation, celles qui excédaient cinq florins ou soixante sous, on était obligé de soumettre au conseil un grand nombre d’affaires dont on ne trouve peut-être point de traces dans les délibérations des autres cités (Voyez Registre ms. desdites conclusions, 14 févr. 1539 , f. 183). Aussi y avons-nous relevé une foule étonnante de faits intéressans pour l’histoire des progrès de la société ou de la civilisation pendant le 16 e siécle, que nous ne nous souvenons point d’avoir vu dans les historiens, et des faits qui ont dû fixer notre attention, à raison surtout de leur certitude, puisqu’ils sont ordinairement énoncés en présence de personnes intéressées à les contredire ; enfin des faits négligés par l’historien du pays, Chorier, soit parce qu’il ne paraît avoir eu communication de nos registres qu’à dater de l’année 1563 (c’est la première qu’il cite, T. II, p. 583), soit parce qu’à l’exemple de la plupart de ses confrères, il s’occupait plus de guerre et de politique que de toute autre chose.
Venons au texte des arrêtés : Voici celui du prémier :

Die octavâ februarii anno 1535, fuit congregatum consilium, etc. (d. registre, f. 328). Spectabilis dominus Franciscus Feysan, procurator fiscalis generalis ; magister Petrus Areod, medicus ; nobiles Claudius Chappuysii, secretarius curiæ parlamenti ; Henricus Mat

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