Trois personnages
45 pages
Français

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Trois personnages , livre ebook

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Description

Un auteur subit un revers cuisant lors de la présentation de sa nouvelle pièce de théâtre, qu’un critique littéraire, très réputé, égratigne dans un journal à grand tirage. Les personnages de la pièce arrivent à se procurer l’article de journal en question et découvrent que l’histoire, leur histoire, est un véritable fiasco ! Comment vont-ils prendre cet échec ? Quelles explications pourront-ils trouver ? Après cette déconvenue, que peut-il arriver à leur créateur et à eux-mêmes ? A l’instar de Luigi Pirandello, qui avait déjà abordé ce thème dans « Six personnages en quête d’auteur », l’auteur laisse la parole aux personnages, dans une sorte vaudeville où la réalité et la fiction se mélangent intimement. Un nouveau point de vue sur la création artistique et ses nombreux avatars.

Informations

Publié par
Date de parution 24 mai 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312010632
Langue Français

Extrait

Trois personnages

Isabelle Pheulpin
Trois personnages
Pièce en trois actes









LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01063-2
Personnages
Le colonel,
La femme du colonel,
L’ami du couple,
La domestique.

Acte 1
Dans un salon de style Empire.
Le colonel est assis dans un fauteuil, près de la cheminée, et lit le journal en fumant la pipe.
Sa femme fait les cent pas dans le salon. Parfois, elle jette des coups d’œil furtifs à la fenêtre, en soulevant le voilage.
Elle est très agitée. Elle se tort les mains d’anxiété.
Elle s’assoit finalement, et tente de poursuivre un ouvrage de couture pour se changer les idées, mais elle n’arrive pas à se concentrer. Elle finit par se piquer avec une aiguille et sursaute.
Puis, elle se lève de nouveau et recommence à marcher de long en large dans le salon, ce qui finit par agacer le colonel.
De temps en temps, il interrompt sa lecture et la regarde déambuler.
Excédé, il lève les yeux au ciel et hausse les épaules.
Le colonel – Mais, enfin, ma chère ! Cessez donc de vous agiter ainsi ! Vous me donnez le mal de mer ! Calmez-vous, voyons ! Il va bien finir par revenir, tout de même !
La femme du colonel continue de marcher de long en large, sans lui répondre.
Le colonel jette un coup d’œil à sa montre gousset.
Le colonel – Il est à peine cinq heures de l’après-midi. Il ne devrait plus tarder, maintenant. Dieu sait ce qu’il a bien pu trouver ! La mission était délicate et je trouve ce jeune homme bien courageux.
La femme du colonel s’approche de nouveau de la fenêtre et jette des coups d’œil furtifs au dehors.
La femme du colonel – Mais que peut-il bien faire ? Tout de même ! Il ne lui faut pas tant de temps que cela pour trouver ce que nous cherchons et le rapporter ici ?
La femme du colonel s’arrête brusquement de marcher, assaillie par une pensée soudaine.
La femme du colonel – Et, s’il lui était arrivé malheur ? Je ne me le pardonnerai pas ! C’est sur mon insistance qu’il a quitté le salon. Nous savons bien, tous, que c’est formellement interdit. Mais, il a bravé le danger pour découvrir la vérité. Oh ! Comme je m’en veux terriblement !
Elle se précipite à nouveau vers la fenêtre.
Le colonel – Allons, allons, ma chère ! Il est débrouillard, vous le savez bien. C’est une de ces grandes qualités. Nous pouvons, d’ailleurs, nous réjouir qu’il soit jeune, et surtout courageux et téméraire. Qu’aurions-nous fait avec un pleutre, je vous le demande ? Non, non, rassurez-vous, il ne lui est rien arrivé. Il va revenir. D’ailleurs, que pourrait-il bien lui arriver ? Vous voulez bien me le dire, ma chère ?! Après tout, tout est déjà écrit. Nous n’avons donc pas d’inquiétude à nous faire.
La femme du colonel, se retournant brusquement vers son époux – Justement, je ne sais pas ce qui pourrait lui arriver, et c’est bien ce qui m’inquiète ! Il a bravé l’interdit, tout de même. Tout est possible, alors. Je ne sais qu’elles peuvent être les conséquences d’un tel acte. Mais, je redoute le pire !
La femme du colonel regarde furtivement vers le ciel.
La femme du colonel, à voix basse à son époux – Et, s’Il venait à l’apprendre ? Vous vous rendez compte ?! Il pourrait se fâcher et sa réaction pourrait être terrible ? Nous ne maîtrisons plus rien, désormais !!
Le colonel, haussant les épaules – Mais, comment voulez-vous qu’Il l’apprenne ?! Il a bien d’autres soucis, en ce moment ! Il doit être sur des charbons ardents, le pauvre ! Que voulez-vous qu’Il fasse de nous, alors qu’Il a le regard tourné vers le présent et puis, surtout, l’avenir ?! Et puis, notre jeune ami est assez malin pour agir discrètement. J’ai confiance en lui. Il ne va pas y aller avec la fanfare ! Non, franchement, vous vous inquiétez pour rien, ma chère !
La femme du colonel – Mais, tout cela est dangereux, mon ami ! Il me semble que vous ne vous en rendez pas bien compte ! Vous êtes là, dans votre fauteuil, tranquillement installé ! Alors, que lui, il est en train de braver le danger !
Le colonel, haussant les épaules – Croyez-moi, ma chère, je parle d’expérience. J’ai vécu maintes campagnes militaires, tout aussi dangereuses les unes que les autres. Vous finissez par apprendre que le danger n’est jamais là où on l’attend. Il est imprévisible, insaisissable ! Il arrive même souvent qu’il ne soit pas au rendez-vous, alors que tout indiquait le contraire.
La femme du colonel – Je vous trouve bien serein, mon ami.
Le colonel – Sachez, ma chère, que la confrontation avec la menace et la mort vous rend plus solide et plus confiant, avec le temps. Et puis, avec l’âge, on devient, également, quelque peu fataliste ! En tout cas, j’ai toujours eu un sixième sens pour cela. S’il y avait eu un problème quelconque, s’il lui était arrivé quelque chose, je le saurais. C’est cet instinct qui m’a sauvé la vie bien des fois, vous le savez bien !
La femme du colonel, s’approchant de son époux – Et que faites vous de l’instinct féminin, mon ami ?! Moi, je vous dis et je vous répète que son absence prolongée n’est pas normale. Il a du se passer quelque chose de grave ! Il n’a peut être pas pu retrouver le chemin de la « maison ». Et puis, permettez-moi de vous rappeler, mon ami, que les campagnes napoléoniennes ne sont plus qu’un lointain passé. Votre instinct de survie a sans doute du s’émousser, avec le temps !
Le colonel, un peu vexé – Comme vous y aller, ma femme ! J’ai encore toutes mes facultés ! Et, puis, je me permets de vous rappeler que ce n’est pas moi qui l’ai poussé à sortir de ce salon. Je ne sais si les femmes ont un instinct supérieur aux hommes, mais, ce que je sais, c’est que vous êtes bien toutes les mêmes : curieuses au possible ! C’est votre curiosité maladive qui l’a incité à quitter le salon, pour vous rapporter ce que vous cherchez tellement à connaître : la vérité. ( S’énervant ) La vérité ! Voilà un bien grand mot ! Qu’est ce que la vérité, vous pouvez me le dire ?! En tout cas, cela ne s’apprend pas dans les écoles militaires. De toute façon, la vérité, cela n’existe pas. C’est multiple et c’est fuyant. Au moment où vous croyez la détenir, cela vous échappe. Courir après la vérité est illusoire. Illusoire et dangereux !! Et puis, quelle est cette vérité que vous cherchez tant à connaître ? Que va-t-il nous rapporter de sa mission périlleuse ? De mauvaises nouvelles, sans doute !! Si vous vous étiez contentée de votre sort, nous n’en serions pas là ! Pourquoi faut-il toujours cherché à comprendre, à savoir ! ( Se calmant ) En tout cas, la seule chose qui est certaine, à cette heure, c’est que vous lui avez donné largement l’occasion de vous montrer son courage et de vous prouver son attachement à votre personne. D’ailleurs, c’est une chose évidente : il est en adoration devant vous !! N’êtes-vous pas censés être amants ?
La femme du colonel, sursautant – : Oh ! Comment pouvez-vous vous permettre ?!
Le colonel, poursuivant – Sa brusque décision à vouloir satisfaire votre caprice ne me surprend guère. Elle a du, sans doute, vous flatter ?! Vous aimez cela, vous, les femmes : être flattée. Sentir que l’on vous désire et que l’on vous espère. Que l’on ferait n’importe quoi pour un regard, une attention de votre part. Vous aimez cela, plus que tout !!
La femme du colonel, vexée, s’assoit et se remet à son ouvrage de couture.
La femme du colonel – Je sais bien que cette liaison vous gêne au plus haut point. Mais, ce n’est pas moi qui l’ai voulu et vous le savez bien ! C’était écrit !! ( Un court silence ) J’avoue que je ne m’en porte pas plus mal, voyez-vous ?! J’ai gagné au change : il est charmant, dévoué, attentif et amoureux ! Il ne vous ressemble pas du tout !!
Le colonel retire brusquement ses lunettes et regarde sa femme.
Le colonel, calmement – Ecoutez, ma chère, je ne crois pas que ce soit le moment de nous lancer dans une discussion que nous avons déjà maintes fois eu ensemble. Vous avez un amant ? Soit ! Je ferme les yeux. De toute façon, je n’ai pas le choix !! Tout cela est assez vexant tout de même. Mais, enfin, ce qui est écrit est écrit. Nous n’avons pas le droit de revenir là-dessus. Le rôle

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