Feuillets de cuivre , livre ebook

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Paris, 1872.


On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d'une prostituée, premier d'une longue série de meurtres aux résonances ésotériques.


Enquêteur atypique, à l'âme mutilée par son passé et au corps d'obèse, l'inspecteur Ragon n'a pour seule arme contre ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire.


À la croisée des feuilletons du XIXe et des séries télévisées modernes, Feuillets de cuivre nous entraîne dans des Mystères de Paris steampunk où le mal le dispute au pervers, avec parfois l'éclaircie d'un esprit bienveillant... vite terni. Si une bibliothèque est une âme de cuir et de papier, Feuillets de cuivre est sans aucun doute une œuvre d'encre et de sang.

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Publié par

Date de parution

05 novembre 2015

Nombre de lectures

6

EAN13

9782366293579

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

présente
 
 
 
Feuillets de cuivre
 
Fabien Clavel
Ce fichier vous est proposé sans DRM (dispositifs de gestion des droits numériques) c'est-à-dire sans systèmes techniques visant à restreindre l'utilisation de ce livre numérique.
Préface
 
 
Tous les étudiants en lettres le savent. Il est deux façons de raconter Waterloo. Soit vous suivez Victor Hugo dans Les Misérables et vous contemplez grâce à lui la progression terrible de la bataille. Depuis les cieux, vous dominez la situation, confortablement installé auprès du maître. Loin de vous, tout en bas, les troupes ennemies ne sont plus que des pions sur une morne plaine. Le spectacle est total. Vous voyez tout. Soit vous accompagnez Fabrice Del Dongo dans La Chartreuse de Parme. Stendhal vous place au plus près des affrontements, passant d’un bosquet à l’autre dans un tumulte de bruit et de fureur avec un personnage qui ne comprend rien. Vous croisez des silhouettes diffuses, vous entendez des bruits effrayants. Vous ne voyez rien de la bataille, mais vous êtes au cœur des choses.
La leçon est importante. Elle peut être étendue à la question même du genre. Il est possible d’aborder une forme littéraire de loin, d’en rester le spectateur et d’en jouer avec un talent distancé. Mais on peut aussi plonger au cœur de la matière et tâcher d’en ramener, sinon de l’inconnu, du moins du nouveau.
Cela est d’autant plus vrai en faisant du steampunk.
Faire du steampunk ? L’expression est étonnante et nous rappelle combien le chemin accompli depuis les premiers romans de K.W. Jeter, Tim Powers et James Blaylock est conséquent. En plus d’une trentaine d’années, il est passé d’un genre rétrofuturiste iconoclaste à un mouvement culturel qui occupe de multiples espaces allant de la littérature au roman, de la musique aux arts plastiques, touchant même à l’art de vivre pour certains.
Il est nécessaire de rappeler que K.W. Jeter et consorts n’ont en rien inventé le steampunk. Des fictions victoriennes existaient auparavant sous la plume d’auteurs comme Michael Moorcock ou Christopher Priest. Le public s’interrogeait néanmoins sur la nature des romans victoriens du triumvirat Jeter, Powers et Blaylock. Dans la lettre qu’écrit K.W. Jeter en 1987 au magazine américain Locus afin d’expliquer de quoi il en retourne, il lâche sous la forme d’une boutade le mot « steampunk »… Nous n’avions jusqu’alors que la périphrase pour définir leurs écrits. Ce n’était que des fictions victoriennes, des fantaisies victoriennes… Tout d’un coup, nous avons eu à notre disposition un mot.
Ainsi, nous étions dorénavant en mesure de nommer cette forme littéraire et commencer à nous écharper pour en comprendre les caractéristiques. Aucun des trois hommes n’a jamais voulu songer à définir ou cartographier le genre. Le steampunk, à peine nommé, a été quasiment abandonné par ceux qui, presque par hasard, en étaient devenus les trois pères, laissant à d’autres la possibilité de prendre les choses en main. Sans plan concerté, cela s’est produit un peu partout dans le monde : du jeu de rôle à la musique, des arts plastiques à la littérature, le steampunk a été de plus en plus sur le devant de la scène. Le phénomène est assez simple à comprendre grâce à la caisse de résonance qu’a constitué l’internet à partir des années 2000. Sa diffusion s’est ainsi trouvée accélérée suite à la constitution de communautés de passionnés, mais surtout par une visibilité accrue donnée à l’ensemble de la production.
Certains disent que cet étrange retour vers le passé répond au désarroi de notre époque, incapable de trouver des formes nouvelles pour dire ses angoisses et ses rêves. D’autres affirment que le steampunk permet justement de restituer un discours séditieux et contestataire, en se projetant dans une époque qui contient en elle-même tous les germes des sociétés capitalistes contemporaines. Le steampunk est certainement un peu de tout cela. Dans tous les cas, il nous interroge aussi bien sur notre rapport à la fiction que sur notre manière de comprendre le monde.
Qu’est-ce alors que le steampunk ? La réponse divise les amateurs, comme aux plus beaux jours où il fallait trouver une définition à la science-fiction (aux dernières nouvelles, on cherche toujours). Pour simplifier, nous dirons que le steampunk est une uchronie métatextuelle déviante.
Une uchronie est l’imagination d’un passé alternatif, d’une autre histoire fondée sur le « et si ». Une des plus fameuses est celle de Philip K. Dick Le Maître du Haut Château (1962), qui pose la question : « Et si les nazis avaient gagné la Seconde Guerre mondiale ? » Le roman se déroule dans des États-Unis occupés par les forces de l’Axe. Dans une uchronie, le déroulement des faits historiques diffère à partir d’un point de divergence avec notre histoire. Le steampunk est uchronique dans la mesure où cette divergence a effectivement eu lieu. Mais elle est posée comme un simple postulat. Il n’est pas nécessaire pour l’auteur de la citer ni de l’expliquer. Il suffit que le lecteur et lui soient d’accord sur le principe que l’histoire a bifurqué permettant la mise en place d’une réalité autre, parfois très éloignée de la nôtre, parfois distante seulement d’un pas de côté.
D’où la belle formule de Douglas Fetherling disant que le steampunk consiste en l’invention de ce qu’aurait été le passé si le futur était arrivé plus tôt.
Le steampunk est également métatextuel. Le mot peut faire peur. Il indique simplement que d’autres textes sont nichés au cœur du récit. Le steampunk se présente comme un discours construit sur d’autres textes. Par extension, la citation explicite, la référence deviennent également possibles. Jules Verne et H. G. Wells en sont de parfaits exemples, que ce soit par l’influence de leurs œuvres – de la Guerre des mondes à 20 000 lieues sous les mers – ou par leur présence physique, à l’instar de Jules Verne, protagoniste de La Lune seule le sait (2000) de Johan Heliot.
Enfin, il est surtout déviant, ce qui est peut-être sa caractéristique la plus surprenante. Le steampunk regarde du côté des littératures de gare, des mauvais genres, de la science-fiction et de la fantasy. Il emprunte, cite, évoque. Il est de tous les genres, sans imposer la moindre limite. Il est, au sens le plus littéraire du terme, populaire. L’uchronie steampunk peut être sérieuse et réaliste – pensons au chef-d’œuvre de Bruce Sterling et William Gibson La Machine à différences (1990) –, mais elle a aussi à sa disposition les ressources de la science-fiction, comme dans l’exploration des multiples Londres imbriqués de L’Étrange Affaire de Spring Heeled Jack (2010) de Mark Hodder. Il s’agit toujours de steampunk, mais le curseur a été déplacé différemment. La magie comme la science font leur apparition sans que l’une soit exclusive à l’autre, on peut passer de la fantasy urbaine au roman policier, de la science-fiction au merveilleux.
Cette déviance lui a donné une force supplémentaire. Le steampunk a muté de façon inédite. Il est devenu francophone, se greffant sur un imaginaire qui n’était pas celui de ses débuts. Le steampunk était – et est toujours – principalement vu comme d’inspiration victorienne ou édouardienne, avec parfois une touche de Jules Verne. Mais à partir des années 2000, il a opéré une greffe passionnante en France. Les mêmes processus créatifs ont été appliqués sur une autre époque, une autre culture, une autre histoire littéraire : celle de la France de la Belle Époque, des romans populaires et des romans feuilletons. Le steampunk francophone a pu alors développer une identité propre, aussi bien dans le champ romanesque qu’en bande dessinée se connectant sur l’héritage d’Alexandre Dumas, les travaux de Jacques Tardi, les univers de François Schuiten et de Benoît Peeters, les méfaits de Fantômas et les aventures des Brigades du Tigre.
Cette déviance du steampunk est sa plus grande spécificité. Elle fait de lui une trousse à outils qui donne les moyens de créer sans limiter la création par des présupposés ou des normes. Son extrême plasticité lui a permis de grandir durant ces trente dernières années. Les textes se sont multipliés comme les expériences a

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