L'Ouros tome 2 , livre ebook

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« À une cinquantaine de pas en contrebas, une masse de trois fois sa taille déchirait la verdure. Une fissure dans la réalité, d’un noir si abyssal que le soleil s’y oubliait. »
L’errance au sein du désert prend fin. Après avoir fui l’oppressante organisation des bergers d’Ypneh et l’éclatement de la guerre civile à l’Est, Jekka, Nohr, Mijee et Wimas font chemin vers la capitale. Leurs poches presque vides, et leurs esprits tout sauf apaisés.
Qu’ils soient débarqués clandestins, fugitifs anonymes, rebuts de la noblesse, seule la vérité sur le Melenian compte. Même s’il faut exhumer les plus vieux secrets dynastiques, ils veulent donner un sens aux invraisemblables pierres noires, absurdités du continent.

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Date de parution

09 novembre 2021

Nombre de lectures

1

EAN13

9782356770448

Langue

Français

L’OUROS

L’étoile pourpre
© Editions du Saule, 2021
Tous droits réservés – Reproduction interdite
« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »
Dépôt légal : 2021
ISBN 978-2-35677-044-8
L’OUROS

L’ETOILE POURPRE



ORNELLA SALVADOR

Éditions du Saule
À mon père qui a rejoint la mer,
À Annabelle, Sylvie, Claudine,
Guillaume et Jennifer.

Aonar



Les yeux brûlants, les cheveux collés et terreux. Une poussière orange s’infiltrant partout, sous les paupières et dans les narines, même à travers les chèches. Par-dessus tout, la soif.
Le désert d’Assir s’étendait à perte de vue et quiconque s’y égarait perdait vite tout espoir. La sécheresse n’autorisait pas plus vivant que quelques agaves.
Jekka plissait les yeux, luttant pour ne pas s’endormir. Le soleil écrasant commençait à décliner et elle savait que dès la tombée de la nuit, il ferait un froid glacial.
Elle voulut crier en direction du cheval de Nohr, qui la distançait d’une bonne dizaine de pas, mais se ravisa. Sa gorge était déjà suffisamment irritée. En silence, la jeune femme continua à dodeliner de la tête, bercée par le son des sabots.
Un vent violent s’était levé et glissait sur le paysage, assourdissant les quatre voyageurs. Il n’y avait rien, ni colline ni verdure. Juste la solitude dans l’immensité et des filets de sueur froide sous les vêtements sales.
En tête du convoi, Nohr arrêta sa monture près d’un bosquet plus massif que les autres puis sauta à terre. Il réajusta son foulard, fouilla un instant dans les baluchons fixés à sa selle pour en sortir une gourde.
Lorsqu’elle fut à son niveau, Jekka l’imita et tituba un instant. Wimas et Mijee soulevèrent la bâche de la petite roulotte, menèrent les chevaux aux barriques d’eau qu’ils avaient achetées au dernier camp machgrane.
— Dix argents pour quatre petits tonneaux, marmonna Mijee.
Elle réajusta l’encolure de son pur-sang fatigué, et l’observa tandis qu’il s’abreuvait.
— Pas le choix, répondit Nohr. Encore un jour avant le prochain relai.
— Tu sais où on va ?
Jekka posait la question tous les jours. Elle avait maigri et semblait supporter le voyage avec moins de témérité que les trois autres. Ses yeux rougis s’étaient creusés, elle ne dormait que quelques heures par nuit.
— Oui, du moment qu’on part à l’ouest et qu’on suit les Jumeaux pour ne pas dévier trop au sud.
Il leva un doigt vers le ciel, désignant les étoiles qui commençaient à briller. Jekka eut un rictus, qu’elle cacha derrière son voile. Nohr prétendait avoir appris à trouver son chemin n’importe où lorsqu’il était à l’école militaire, mais elle doutait de son sens de l’orientation. Les cavaliers machgranes ne comprenaient presque pas leur langue et de toute façon, elle n’avait pas confiance lorsqu’ils tendaient le bras pour indiquer la capitale. Selon elle, ils étaient perdus.
L’obscurité était presque complète lorsqu’ils allumèrent un feu fait de broussailles sèches. Après avoir installé un bivouac rudimentaire, ils s’allongèrent au sol, collés les uns aux autres. Malgré les couvertures de laine superposées, Jekka claquait des dents.
Mijee l’entoura de ses deux bras.
— Demain, on sera à Beyenha. Dans un lit.
La jeune femme hocha la tête et ferma les yeux, ignorant les grondements de son estomac. Ils n’avaient presque plus de provisions, et réservaient la majeure partie de l’eau aux chevaux.
Épuisés, ils s’endormirent rapidement. Jekka fut la première à rouvrir les yeux et roula lentement sur le dos pour faire face au ciel. La nuit ne s’était pas entièrement dissipée. La lumière naissante créait un effet éblouissant, avec une longue traînée orange marquant l’horizon.
Jekka se redressa péniblement sur ses coudes, regarda autour d’elle. Le lever de soleil était le seul moment qu’elle appréciait dans ce désert. L’astre amical leur éclairait la direction à suivre et la platitude infinie du sable lui rappelait la mer, dans ses jours les plus calmes.
Surtout, le silence. Après le raffut des innombrables auberges sur leur chemin, le défilé de visages peu aimables et la cohue qu’ils avaient affrontée sur les routes, elle devait admettre que quelque chose la réconfortait dans cette étendue aride.
— Ça va ?
Le murmure sortait de la bouche de Nohr, qui l’observait, encore allongé. Le soleil avait tanné sa peau et ses yeux gris-vert semblaient toujours plus clairs.
— Je crois que j’aimerais avoir une maison au bord du désert, dit-elle.
Il sourit.
— Pas trop loin de l’eau ni des villes, reprit-elle. Mais juste assez pour pouvoir me perdre ici de temps en temps.
— Je croyais que tu voulais vivre à l’Est.
— Je ne pourrai pas y remettre les pieds avant un moment.
— Tu t’ennuierais à mourir ici.
Elle lui rendit son sourire, sachant qu’il avait raison. Il la regarda encore un moment, avant de se lever.
Après un petit-déjeuner frugal, essentiellement composé d’une bouchée de pain sableux et de quelques gorgées d’eau chaude, les quatre se remirent en route. Jekka s’efforçait de trouver une position épargnant ses adducteurs, mais elle ne s’habituait toujours pas à la chevauchée.
Avant d’arriver aux portes du pays desséché d’Assir, elle avait voyagé en carriole, incapable de supporter le moindre contact contre ses cuisses brûlantes. Mijee commençait à trouver la traversée du désert particulièrement longue, Wimas devenait parfois livide lorsque son cheval décidait de le secouer. Nohr, en dépit de son corps assez fin, restait droit et alerte sur sa monture, avec une assurance déconcertante. Au fil des jours, Jekka l’observait, son agacement se muait en admiration. Les mots durs qu’elle lui réservait d’ordinaire se raréfiaient.
La journée fut encore plus longue que les précédentes. Ils n’échangèrent pas un seul mot après être montés à cheval.
Quand le soleil atteignit son zénith, ils virent des silhouettes noires au nord, signe qu’une caravane machgrane partait de Beyenha. Sans tarder, Nohr ajusta leur cap et ils s’approchèrent des cavaliers.
Les Machgranes n’étaient pas violents. Toujours armés par précaution, ils préféraient pourtant tendre un bras amical dans l’espoir de commercer avec les rares étrangers traversant le désert d’Assir. Ils étaient entièrement couverts de larges robes sombres, sans distinction entre hommes et femmes. Celles-ci se coupaient les cheveux à ras pour s’épargner la corvée du peigne et vivaient avec une liberté que leur enviaient Jekka et Mijee.
On leur offrit à boire et à manger. Les hommes plantèrent rapidement quelques tentes pour se reposer à l’abri du soleil. Aux heures les plus chaudes, ils s’allongeaient et dormaient, préférant voyager à la fraîche une fois la nuit tombée.
Ils s’éparpillèrent bientôt sur d’épais tapis en toile, qu’on avait tendus pour s’isoler du sable. Lorsqu’ils furent tous avec un bol entre les mains, un homme sortit une petite flûte de son sac et commença à jouer, gratifiant Mijee et Jekka de sourires charmeurs.
Reconnaissante, celle-ci dévorait son agneau séché et profitait des réserves conséquentes d’eau dont disposaient les Machgranes. Eux savaient où trouver les sources, ils ne mouraient jamais de soif dans le désert.
— Tes étoiles pourraient au moins indiquer les oasis, fit-elle remarquer à Nohr.
— Vas-y doucement, il faudra payer tout ça.
— Si vous voulez dormir, intervint Mijee, faites-le maintenant. Il faut qu’on arrive à Beyenha avant la tombée de la nuit.
— Rien ne presse.
Jekka et Mijee haussèrent les sourcils. Nohr était entouré de jeunes filles machgranes aux regards doux, qui lui offrirent une pipe à résine finement ciselée. Wimas le dévisagea avec méfiance, tandis qu’il portait le bec à ses lèvres. Les Machgranes éclatèrent d’un rire aigu et l’une d’entre elles lui saisit le bras.
— Peahinik, dit-elle. Plus fort.
Agacée, Mijee poussa un soupir.
— Retiens-toi jusqu’à ce soir, lança-t-elle. On ira au bordel si ça te chante, mais par pitié, je veux un vrai lit.
Elle jeta un œil à Jekka en quête d’approbation, mais celle-ci s’était déjà tournée et allongée au sol sans dire un mot. Son amie lui tapota le coude, se pencha pour lui souffler à l’oreille.
— Je te laisse le flûtiste, je prends la chanteuse.
Jekka tourna la tête. Une femme aux traits fins et réguliers s’était lovée près du musicien. Deux yeux d’un noir profond brillaient au creux de son visage miel, et aucune des Machgranes ne portait aussi bien les cheveux courts.
Elle se mit à fredonner un air lancinant, aux jeux de gorge virtuoses. Bientôt, tous les hommes se turent et la fixèrent, éperdus. Au rythme des paroles lentes et douces, Jekka sentit ses paupières se fermer.
Le soleil commençait à décroître lorsque Jekka se réveilla. Les vapeurs de résine avaient été chassées par le vent et la chanteuse s’était tue. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle, aperçut Mijee recroquevillée, dans un profond sommeil. Wimas était assis contre un mât de tente en bois et griffonnait son petit carnet, langue tirée.
Un silence profond régnait sur le camp machgrane. Les chevaux piaffaient mais la plupart des hommes dormaient encore, bercés par le sifflement de la brise. Il faisait chaud.
En se redressant, Jekka vit deux silhouettes assises à l’écart des ten

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