Colonisation, globalisation et vitalité du français
248 pages
Français

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Description

Qu’en est-il de la vitalité du français face aux pressions de la globalisation ? Des linguistes tentent de répondre à cette question. Salikoko S. Mufwene et Cécile B. Vigouroux commencent par expliquer comment la colonisation est à interpréter par rapport à la globalisation, dont le sens ne doit pas être confondu avec celui de mondialisation. Ils situent la question de la vitalité du français dans ce contexte, qui est à penser en fonction de chaque écologie dans laquelle le français s’est inséré. Claude Hagège souligne que la compétition entre l’anglais et le français a commencé dès l’engagement de l’Angleterre et de la France dans l’expansion coloniale. Il attire aussi l’attention sur le comportement linguistique des Français eux-mêmes qui, selon lui, menacerait la vitalité de notre langue au sein même de l’Hexagone. Robert Chaudenson indique quant à lui que la vitalité du français comme lingua franca internationale repose sur l’Afrique. Cécile B. Vigouroux se focalise sur sa présence en Afrique du Sud, dans la région du Cap, depuis le xviie siècle. Sylvie Dubois se penche sur les évolutions en Louisiane, Julie Auger s’intéresse au Québec à notre époque et Raymond Mougeon à l’Ontario, trois cas bien différents. Douglas Kibbee propose enfin une synthèse sur l’évolution de la langue française considérée comme une norme dans notre pays lui-même. À travers des exemples variés dans l’espace et le temps, les auteurs de cet ouvrage offrent un panorama des différents facteurs qui influencent le destin de notre langue. Salikoko S. Mufwene est distinguished service professor of linguistics and the college à l’Université de Chicago. Il a notamment publié The Ecology of Language Evolution (2001), Créoles, écologie sociale, évolution linguistique (2005) et Language Evolution : Contact, competition and change (2008). Cécile B. Vigouroux est professeure au département de français de l’Université Simon-Fraser, à Vancouver (Canada). 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 janvier 2014
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738172921
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, JANVIER  2014 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7292-1

Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
S OMMAIRE
Couverture
Titre
Copyright
CHAPITRE 1 - Globalisation et vitalité du français : vieux débats, nouvelles perspectives
1.1. Préliminaires
1.2. Globalisation vs mondialisation : deux mots pour une même réalité ?
1.3. Discours francophones sur la vitalité du français
1.4. Les chapitres
1.5. Conclusions
CHAPITRE 2 - La confrontation entre l’anglais et le français dans le monde contemporain (début du XXIe siècle)
2.1. Introduction
2.2. L’anglais et les ambiguïtés de la domination
2.3. L’affrontement entre l’anglais et le français en Amérique du Nord : quelques jalons historiques
2 .4. La relation entre les statuts de l’anglais et du français en Europe
2.5. Le français et les pays francophones
2.6. Conclusion
CHAPITRE 3 - Où se situe l’avenir de la langue française ?
3.1. Brève vue actuelle de la Francophonie
3.2. La langue française dans le monde. Chiffres et données
3.3. Place et rôle de l’Afrique dans l’avenir du français
3.4. Conclusion
CHAPITRE 4 - La migration francophone contribue-t-elle au futur du français comme langue de la globalisation ? Le cas de l’Afrique du Sud
4.1. Introduction
4.2. De la France vers la Hollande : la répression des huguenots français
4.3. Une première vague francophone en Hollande : les Wallons
4.4. La socialisation des huguenots français en Hollande
4.5. La migration des huguenots au Cap
4.6. Allemand et français coloniaux : un destin sud-africain contrasté
4.7. Les Mauriciens en Afrique du Sud
4.8. Une migration noire africaine francophone contemporaine
4.9. Conclusion
CHAPITRE 5 - Autant en emporte la langue : la saga louisianaise du français
5.1. Introduction
5.2. L’ère du rayonnement
5.3. Le temps du bilinguisme collectif
5.4. La période ethnique
5.5. L’heure de la renaissance francophone
5.6. Conclusion et perspectives
CHAPITRE 6 - Le français dans le Québec du XXIe siècle
6.1. Introduction
6.2. La présence francophone en Amérique du Nord : un peu d’histoire
6.3. La reconquête de droits linguistiques en péril
6.4. Pourquoi des lois linguistiques québécoises ?
6.5. La loi 101
6.6. La situation sociolinguistique actuelle
6.7. Conclusion
CHAPITRE 7 - Maintien et évolution du français dans les provinces du Canada anglophone
7.1. Introduction
7.2. Travaux antérieurs
7.3. Évolution démographique des minorités francophones hors Québec
7.4. Maintien et statut du français dans quatre communautés franco-ontariennes : le marché de l’emploi, l’école et le foyer
7.5. Maintien du français par les adolescents francophones des quatre communautés
7.6. Recherches sur la variation et le changement linguistique dans le français des adolescents franco-ontariens
7.7. Conclusion
CHAPITRE 8 - L’hégémonie du français, l’hégémonie d’un certain français, statut et corpus de la langue française dans l’histoire de l’Hexagone
Conclusion
Index
Remerciements
CHAPITRE 1
Globalisation et vitalité du français : vieux débats, nouvelles perspectives

Cécile B. Vigouroux & Salikoko S. Mufwene Simon Fraser University, University of Chicago

1.1. Préliminaires
Cet ouvrage est le fruit d’un colloque organisé à l’Université de Chicago en mai 2009, à l’initiative de Salikoko S. Mufwene , sous le titre Globalisation et avenir du français . Il s’agissait de réunir des linguistes travaillant dans différents paradigmes théoriques et s’intéressant à des aspects divers de la vitalité du français face aux pressions de la globalisation. Le but de la rencontre était d’enrichir notre compréhension du sujet, à travers des échanges de perspectives complémentaires. Les chapitres présentés ici sont donc le fruit de l’auteurité singulière de chacun(e) tout en portant les traces du dialogue engagé entre tous et toutes.
S’interroger sur la vitalité du français à l’ère de la GLOBALISATION (à distinguer de la MONDIALISATION , comme nous le verrons) est dans l’air du temps français, plus que francophone , d’ailleurs. En effet, le « spectre » de la globalisation est depuis une vingtaine d’années agité par la classe politique et l’espace universitaire français, souvent sous la forme d’une menace à la diversité culturelle du monde. Dans bien des discours, GLOBALISATION est implicitement synonyme d’ AMÉRICANISATION . Peu de communautés linguistiques ont autant verbalisé leurs inquiétudes sur l’avenir de leur langue que les Français hexagonaux et encore plus vivement les francophones québécois 1 . On peut ajouter à ces discours ceux de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui participe à la construction discursive des inquiétudes sur l’avenir de la langue française et, nous le verrons, se projette comme LE rempart à l’expansion de l’anglais , langue impériale. C’est pourquoi il n’est pas exagéré de dire que l’histoire linguistique du français est inséparable de l’histoire discursive des débats (à l’allure de batailles souvent passionnées si ce n’est passionnelles) autour de son expansion, de son maintien, et de son déclin redouté.
Il ne s’agit pas pour nous d’entrer dans ces débats ; si nous nous y engageons, ce ne sera que brièvement et dans le but d’éclairer le lecteur sur quelques-unes des dimensions multiples et complexes du sujet, enracinées d’abord dans l’histoire de la naissance et de l’expansion de la langue française en Europe , et puis de la continuation de cette diffusion en dehors de l’Europe par les entreprises coloniales française et belge. Notre réflexion sur le français s’inscrit aussi dans une problématique plus large sur la vitalité linguistique, où la question de son maintien ou de son recul peut être mieux appréhendée quand la trajectoire de sa diffusion géographique et sociale est comparée à celle d’autres langues.
Notre perspective, dans cette introduction, est surtout « écologique », comme développée dans Mufwene (2001, 2005, 2008), c’est-à-dire où la vitalité langagière est analysée à la lumière de différents facteurs socio-économiques historiquement situés. Ces facteurs permettent ainsi d’expliquer pourquoi une langue est convoitée par un nombre croissant de locuteurs ou abandonnée par ceux qui en seraient ses usagers, même ceux qui la considèrent comme partie intégrante de leur héritage national ou culturel. Cette perspective ne contredit pas nécessairement l’observation de Nadeau & Barlow (2011) selon laquelle l’expansion géographique et démographique d’une langue n’implique pas nécessairement le recul d’une ou d’autres langue(s).
Nous nous proposons de commencer par articuler les bases théoriques des deux notions clés contenues dans le titre de cet ouvrage : GLOBALISATION et VITALITÉ LINGUISTIQUE 2 , avant de passer à des discussions qui, nous l’espérons, aideront le lecteur à apprécier les positions parfois antagonistes des auteur(e)s. Chaque chapitre est donc à appréhender pour lui-même mais aussi en dialogue avec les autres.

1.2. Globalisation vs mondialisation : deux mots pour une même réalité ?
Devant la multitude des définitions rencontrées dans la littérature sur le terme globalisation , nous aimerions clarifier celle que nous adoptons ici. Il convient tout d’abord de faire un point sur la distinction entre mondialisation et globalisation . Un premier examen de la littérature francophone montre que mondialisation tend à être utilisé comme l’équivalent français de l’anglais globalization, bien que certains auteurs francophones travaillant dans des disciplines autres que la linguistique aient pointé leur différence (voir, par exemple, Rocher, 2001 3 ) . La confusion tient d’abord au fait que les deux termes évoquent des processus relationnels produits par des interactions qui n’opèrent pas nécessairement à la même échelle. La globalisation peut opérer à une échelle locale ou mondiale et permet souvent d’expliquer l’interdépendance d’événements locaux complexes d’une façon que la notion de mondialisation ne peut pas. En effet, dans bien des cas, la mondialisation n’est même pas pertinente pour expliquer le comportement hic et nunc des locuteurs. Mondialisation suggère une circulation des biens, des personnes et des activités humaines à l’échelle mondiale 4 . Celle-ci est le fruit des avancées technologiques (comme le transport maritime puis aérien) et économiques successives qui ont permis la mise en relation d’espaces géographiques discontinus et même lointains, les déplacements et les contacts soutenus de populations, ainsi que la circulation de biens, et d’idées, donnant l’impression d’un monde plus interconnecté et moins diversifié. Plus récemment, cette conception de la mondialisation a été favorisée par l’émergence des nouvelles technologies de communication, notamment Internet (après le télégramme, le téléphone et le télex), qui permettent la circulation de plus en plus rapide, sinon instantanée, des idées ou des transactions financières in absentia même pour des populations moins nanties. (Western Union et le téléphone mobile ont contribué à cette impression, notamment concernant le transfert d’argent, en Afrique et en Amérique latine.) La transmission télévisuelle ou par Internet d’images à partir d’espaces géographiques très éloignés crée m

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