La personne, sujet appelant
290 pages
Français

La personne, sujet appelant , livre ebook

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Description

"L'ouvrage de Takuya Nishimura est une contribution précieuse à l'étude d'une thématique dans laquelle la linguistique intervient avec le concours d'éclairages qui proviennent d'autres sciences humaines. Ce livre montre, à l'aide d'exemples nombreux et à travers une argumentation convaincante, la complexité de la relation entre nom et pronom dans l'auto-désignation et dans l'adresse à l'autre, phénomènes fondamentaux de la relation dialogale qui est à la base de toute communication" Claude Hagège, professeur au Collège de France

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2014
Nombre de lectures 79
EAN13 9782336364469
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La personne, sujet appelant
Esquisse d’une anthropologie pragmatique
Takuya Nishimura
Préface de Claude Hagège
LANGUE & PAROLE
La personne, sujet appelant
Esquisse d’une anthropologie pragmatique
Langue et Parole. Recherches en Sciences du langage Collection dirigée par Henri Boyer (Université de Montpellier 3) Conseil scientifique : C. Alén Garabato (Univ. de Montpellier 3, France), M. Billières (Univ. de Toulouse-Le Mirail, France), P. Charaudeau (Univ. de Paris 13, France), N. Dittmar (Univ. de Berlin, Allemagne), V. Dospinescu (Univ. "Stefan cel Mare"de Suceava, Roumanie), F. Fernández Rei (Univ. de Santiago de Compostela, Espagne), A. Lodge (St Andrews University, Royaume Uni), I.-L. Machado(Univ. Federal de Minas Gerais, Brésil), M.-A. Paveau (Univ. de Paris 13, France), P. Sauzet (Univ. de Toulouse-Le-Mirail), G. Siouffi (Univ. de Montpellier 3, France).  La collectionLangue et Parole. Recherches en Sciences du langagese donne pour objectif la publication de travaux, individuels ou collectifs, réalisés au sein d'un champ qui n'a cessé d'évoluer et de s'affirmer au cours des dernières décennies, dans sa diversification (théorique et méthodologique), dans ses débats et polémiques également. Le titre retenu, qui associe deux concepts clés (et controversés) du Cours de Linguistique Généralede Ferdinand de Saussure, veut signifier que la collection diffusera des études concernant l'ensemble des domaines de la linguistique contemporaine : descriptions de telle ou telle langue, parlure ou variété dialectale, dans telle ou telle de ses/ leurs composantes; recherches en linguistique générale mais aussi en linguistique appliquée et en linguistique historique; approches des pratiques langagières selon les perspectives ouvertes par la pragmatique ou l'analyse conversationnelle, sans oublier les diverses tendances de l'analyse de discours. Elle est également ouverte aux travaux concernant la didactologie des langues-cultures.  La collectionLangue et Parolesouhaite ainsi contribuer à faire connaître les développements les plus actuels d'un champ disciplinaire qui cherche à éclairer l'activité de langage sous tous ses angles. Rappelons que par ailleurs la CollectionSociolinguistiquede L'Harmattan intéresse les recherches orientées spécifiquement vers les rapports entre langue/langage et société. Dernières parutions Kyriakos FORAKIS,Structures complexes du français moderne, 2014. Tayeb BOUGUERRA,Pour une écodidactique du français langue étrangère et seconde, 2014. Jean-Adolphe RONDAL,Une théorie du fonctionnement et du développement morphosyntaxique, 2014. Virginia GARIN, Guillaume ROUX et Maude VADOT,Enjeux méthodologiques en sciences du langage. Orientations, matériaux, contraintes, 2013.Patrick CHARAUDEAU,La conquête du pouvoir. Opinion, persuasion, valeurs. Les discours d’une nouvelle donne politique, 2013. Jean Louis SOUS,Prendre langue avec Jacques Lacan, Hybridations, 2013. Jaime Céspedes GALLEGO et Carmen PINEIRA-TRESMONTANT (dir.),L’Espagne : quels enjeux pour l’Europe ? Le regard des médias sur les élections de 2011, 2013. Maurice TOURNIER,Des noms et des gens en guerre (1914-1945), Volume II (1939-1945), 2013. Maurice TOURNIER,Des noms et des gens en guerre (1914-1945), Volume I (1914-1939), 2013. Michael HEARN (dir.),Les élections de 2010 en Grande-Bretagne : contexte et enjeux, Actes de la journée d’étude organisée par l’université d’Artois, 2012. Teddy ARNAVIELLE,Voyages grammairiens, 2012.
Takuya Nishimura La personne, sujet appelant Esquisse d’une anthropologie pragmatique
Préface de Claude Hagege
À la mémoire de mon père et de mon oncle
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03600-7 EAN : 9782343036007
Préface de M. Claude HAGEGE Professeur au Collège de France L’ouvrage de Takuya NISHIMURALa personne, sujet appelant. Esquisse d’une anthropologie pragmatiqueune contribution précieuse à l’étude est d’une thématique dans laquelle la linguistique intervient avec le concours d’éclairages qui proviennent d’autres sciences humaines. Ainsi sont apportées d’importantes contributions à notre connaissance du phénomène de la personne en langue, dont l’expression se situe au carrefour des formes linguistiques et de l’univers peuplé par l’homme. L’auteur utilise avec bonheur et compétence ses connaissances approfondies dans trois langues : le japonais, sa langue maternelle, le français, dont il a acquis une solide maîtrise à travers son long séjour en France, et le turc, qui est une des nombreuses langues avec lesquelles l’a familiarisé sa remarquable gourmandise des idiomes les plus divers. Ce livre montre, à l’aide d’exemples nombreux et à travers une argumentation convaincante, la complexité de la relation entre nom et pronom dans l’auto-désignation et dans l’adresse à l’autre, phénomènes fondamentaux de la relation dialogale qui est à la base de toute communication. L’auteur examine avec soin les noms de parenté, Il montre également, avec finesse, qu’il n’y a pas toujours harmonie entre formes et sens ; car dans certains cas illustrés par les langues qu’il étudie, on constate qu’il n’y pas plus de coïncidence entre la première personne et le locuteur qu’il n’y en a entre la deuxième personne et l’auditeur. Ainsi, en ce qui concerne la première personne, l’auteur mentionne, pour le français, des exemples comme, à l’entrée de jardins publics,j’aime mon quartier,je ramasse, ou, dans un autobus, je monte, je valide: il est clair que dans ces emplois, ce n’est pas ego, auteur supposé des formulations en question, qui est concerné, mais tout destinataire qui prend connaissance des affiches de ce type, et que le locuteur présente en s’identifiant à lui.
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Un très bon examen est offert par ce livre, non seulement pour les désignations de l’allocutaire, deuxième personne dans la terminologie de la grammaire classique, mais aussi pour la troisième personne. Dans ce domaine, l’ouvrage donne, plus que cela n’avait été fait par les travaux précédents, une grande importance, notamment dans un chapitre significativement intitulé « Cogitas, ergo sum », à la notion d’allocentrisme, selon laquelle, loin qu’ego soit le centre permanent ou le point de référence unique, et bien que le point de vue permettant ce décentrement soit bien celui du locuteur, ce dernier, à travers le processus qui fait surgir un élargissement, sémantique et pragmatique, des perspectives, prend en compte la subjectivité de personnes participant, mais aussi de personnes étrangères, à la relation d’interlocution (mais non au système des pronoms, où la troisième personne, dans beaucoup de langues, est bien intégrée).
L’auteur montre cependant qu’à travers les noms et les pronoms comme reflets indirects du monde humain qui constitue le cadre de la communication, la langue entretient, certes, un lien avec la dimension socioculturelle, mais que ce lien est loin d’être simple. M. Nishimura fait, notamment, apparaître, avec autant de fondement que de précision, que la sémantique de la personne implique une étude diachronique, qu’il propose dans le dernier chapitre de son livre.
On peut, donc, considérer cet ouvrage, aussi savant qu’alerte et vivant, comme tout à fait adapté aux besoins des étudiants, autant que des chercheurs, auxquels il est destiné. Ils y trouveront, sur le problème des personnes dans les systèmes des langues ainsi que dans l’usage et la relation dialogale, une ample matière à leurs réflexions, dans un cadre non seulement linguistique, mais même psychologique et anthropologique.
Claude Hagège, Collège de France, avril 2014
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Avant propos
Plan Cet ouvrage apporte une introduction aux études linguistiques sur les actes d’adresse et d’auto-désignation des protagonistes du dialogue, ce qui correspondgrosso modoaux travaux sur le pronom d’adresse et le nom de 1 parenté. Il s’agit d’une version remaniée de ma thèse de doctorat, soutenue en mai 2002, à l’Université René Descartes Paris V. Cet ouvrage présente quelques cas de faits de langues, mais ne prétend pas dresser un panorama complet de tous les faits sur cette question. Ceci étant, il ne s’agit pas non plus d’une description complète des éléments employés dans tous les contextes d’adresse, mais à partir d’une question simple sur l’emploi du nom de parenté et du pronom lors de la salutation, on trouvera l’illustration d’uncontinuum humainentre langues et cultures. Le premier contraste entre langues, montré dans cet ouvrage, est celui du japonais, - langue première de l’auteur- avec le français dans lequel cette étude a été menée. A ce contraste, s’ajoute celui avec le turc, comme pôle de comparaison pour décrire des faits sémantiques, morpho-syntaxiques et pragmatiques. Sur ce point, cet ouvrage pourra fournir quelques éléments nouveaux sur l’étude des noms et pronoms d’adresse, sur la pragmatique par rapport à la morpho-syntaxe, et le rapport entre univers sociaux et langues. Par conséquent, cet ouvrage s’adresse d’abord aux étudiants ou chercheurs qui travaillent sur cette question de « la personne en langue et en dialogue », dans les sciences humaines : en linguistique ainsi que d’autres disciplines telles l’anthropologie, la psychologie et peut être, la philosophie. A partir d’une interrogation première, perçue par le locuteur que je suis, -non natif du français -, (chapitre 1), seront élaborés ensuite les cadres théoriques et épistémologiques sur la catégorie de la personne (chapitre 2). Chaque acte de parole est posé en regard des éléments employés lors du dialogue (chapitres 3, 4, 5). Le nom de parenté est une catégorie potentiellement polyvalente qui explicite la relation interpersonnelle entre
1 L’intitulé initial de la thèse futLa personne, sujet appelant - Pour une anthropologie pragmatique de la catégorie de personnes,Étude comparative du système des appellations du français, du turc et du japonais.La thèse à l’origine de cet ouvrage a reçu le prix de la thèse 2002 de l’école doctorale du groupe des sciences humaines Sorbonne à l’Université René Descartes Paris 5.
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protagonistes du dialogue. La complexité de son sémantisme organise des processus de dénominalisation et de pronominalisation (chapitre 6). Au centre de cet ouvrage, se trouve la question de la catégorisation, qui illustre une dynamique entre noms et pronoms. Dans ce cadre, ce sont ces deux catégories qui peuvent dépasser leur portée du sens, directement impliquées par leurs formes. Il peut en surgir un élargissement pragmatique et sémantique(chapitres 7, 8, 9). Par conséquent, l’harmonie entre forme et sens, est souvent transgressée par le point de vue du locuteur. Les personnes en langues ne coïncident pas systématiquement avec l’univers humain de la locution (chapitre 10). Il s’avère que la première personne ne coïncide pas toujours avec celui qui parle. Sous la deuxième personne, peut être aussi représentée une autre personne que l’auditeur. Cette non-correspondance entre langue et univers humain n’est pas sans lien avec le fait autant syntagmatique que syntaxique (chapitre 11). L’usage du tutoiement par rapport au vouvoiement, est non seulement une question socio-historique, mais aussi un fait de la contrainte syntagmatique (chapitre 12). Quelle que soit la catégorie utilisée, on peut considérer le point de vue du locuteur, non situé catégoriquement au centre de la relation dialogale, comme l’une des étiologies importantes de cette transgression de l’harmonie entre univers et langues. L’allocentrisme permet au locuteur de rendre compte de la subjectivité de son auditeur et même de celle d’un tiers (chapitre 13). La relation de la langue à la réalité extralinguistique n’est ni absolue ni directe, car la langue est liée à la dimension socioculturelle d’une manière complexe. Cette complexité dans le continuum des faits humains est illustrée au chapitre 14. Ainsi, « en langue, » se manifeste notre faculté de langage, comme une construction de formes, socialement guidée par l’Homme locuteur. Tout en étant conditionnée socialement, cette manifestation concrète se situe historiquement (chapitre 15).
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Remerciements
Jusqu’à la fin de l’école doctorale, j’ai pu travailler sur cette problématique, tout en tentant de développer quelques démarches analytiques et tout en intégrant quelques langues dans cette présentation. Pendant cette période-là, au Laboratoire deLangues et Civilisations à Tradition Orale(LACITO) depuis 1996, et au laboratoire deLangues, musiques et sociétés(LMS) depuis 2000, j’ai rencontré plusieurs chercheurs CNRS, qui m’ont fourni des éléments significatifs sur la question du rapport entre langues et cultures. Dans ce cadre, Monsieur Frank ALVAREZ-PEREYREappris non m’a seulement le plaisir des études ethnolinguistiques, mais aussi la rigueur du regard scientifique sur l’objet. Sans ses remarques sur la nature épistémologique, je n’aurais pas pu entretenir cette entreprise. Défunt Monsieur Jean-Pierre CAPRILEm’a suggéré beaucoup d’idées au LACITO ainsi qu’à Paris 3. Notamment, l’application de ses études sur le système de numération en langues était fondamentale dans mes réflexions sur le dynamisme de personnes en langues. Toujours au LACITO,en 1995, j’ai pu rencontrer Monsieur Georges DRETTAS, ayant succédé à la tradition scientifique de son maître Monsieur HAUDRICOURT.AvecM. DRETTAS, j’ai pu partager le plaisir d’analyser les langues dans le contexte anthropologique. Chez Monsieur Claude HAGÈGEà l’École Pratique des Hautes Etudes - à la Sorbonne - ainsi qu’au Collège de France, j’ai pu étudier, de longues années durant, la diversité des langues et divers faits morphosyntaxiques et sémantiques. La trace la plus flamboyante de son enseignement reste la passion qu’il m’a inculquée pour la recherche, et l’émotion de la découverte scientifique. Monsieur François JAQUESSON m’a fourni plusieurs éléments sur la question morphosyntaxique et sémantique de la personne des langues dans une perspective typologique. Madame Anne-Marie HOUDEBINEorganisé mes exposés au salon de a sémiologie de Paris 5 en me fournissant plusieurs idées, notamment sur la relation entre l’imaginaire linguistique et la grammaticalisation. Monsieur Takao SUZUKI m’a chaleureusement accueilli à l’université Keio à Tokyo depuis 1998. Les discussions que j’ai eues avec Monsieur SUZUKIétaient primordiales dans l’application de ses théories en linguistique française. Madame Anne SZULMAJSTER-CELNIKIER m’a toujours fourni des éléments sur plusieurs manifestations scientifiques en me suggérant plusieurs points de débats en sciences humaines. Sans l’intervention de Madame Anne
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