Le langage sans frontières
252 pages
Français

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Le langage sans frontières , livre ebook

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Description

Les langages humains et animaux diffèrent-ils réellement ? Quel est le statut des gestes face aux autres signes linguistiques ? L'importance de la voix ? Si l'individu éprouve un tel besoin de communiquer, on peut se demander si les définitions les plus répandues du langage permettent de comprendre ce phénomène dans sa complexité et son fonctionnement au sein des interactions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 10
EAN13 9782296531895
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Isabelle Guaïtella






Le langage sans frontières

Nouvelles approches pour l’étude de la communication
Du même auteur
Cavé C., Guaïtella I., Santi S., 2001, ORALITE ET GESTUALITE - Interactions et comportements multimodaux dans la communication, L’Harmattan, Paris
Santi S., Guaïtella I., Cavé C., Konopczynski G., 1998, ORALITE ET GESTUALITE - Communication multimodale, interaction, L’Harmattan, Paris
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-66157-5
Dédicace

à Ben, Serge, Christian, Chantal, Chantal et Jean-Marc, et tous ceux et celles qui m’ont soutenue, aidée et encouragée, dans ce qui a été un si long parcours pour aboutir à l’écriture de cet ouvrage.
Citation

On ne résout pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont engendrés. (A. Einstein)

Au delà des mots
Au delà des actes
Il y a ce fil qui nous relie
Comme des automates
Et ce lien invisible qui nous articule
Suspend le rythme du cœur
Comme un point-virgule
[...]
Au delà des gestes
Au delà des à-pics
Il y a ce fil qui nous rend fou
Cet élastique
(Daran, Anatomique )

L’instituteur :[...] vous avez dit aux enfants du catéchisme que je me trompais, et qu’en histoire naturelle il n’y avait pas trois règnes, qu’il y avait quatre règnes.
Le curé : Mais parfaitement : le règne minéral, le règne végétal, le règne animal et le règne humain, ce qui est scientifiquement démontré.
I : Il est scientifiquement démontré que le règne humain est une absurdité.
C : Vous vous considérez donc comme un animal.
I : Sans aucun doute !
C : Je vous crois trop savant pour ne pas admettre qu’en ce qui vous concerne, vous avez certainement raison. Permettez donc que je me retire sans vous saluer car je ne salue pas les animaux…
I : Et vous, dites donc, qu’est-ce que vous croyez être, espèce de prégadiou ?

(M. Pagnol, La femme du boulanger )
Introduction...
Tout au long de cet ouvrage nous proposons et définissons une approche “continuiste” du langage. Nous entendons par là le fait qu’il existe des phénomènes continus, par opposition à catégoriels, là où de nombreuses théories linguistiques ont, au contraire, placé des frontières. Notre étude porte sur cinq propositions :
Le langage humain n’est pas coupé des langages animaux.
Le langage n’est pas exclusivement composé de mots mais se manifeste par diverses modalités et divers canaux, qui ne présentent pas d’étanchéité les uns par rapport aux autres, et donnent à différents types de signes la possibilité d’exister, à la fois en parallèle et en constante interaction.
L’interaction interindividuelle agit de telle manière que l’individu - lui-même “produit interactif” - se fond dans le fonctionnement de groupe où il dépasse ce qui pourrait être considéré comme ses frontières individuelles.
Si le langage est composé de signes, les signes eux-mêmes ne disposent pas de limites intrinsèques car les mécanismes sémiotiques, les fonctionnements même des signes, sont toujours aptes à modifier ceux-ci et à les adapter aux situations.
Si le langage s’organise dans le temps, les productions langagières ne peuvent pas pour autant se subdiviser en unités constituantes délimitées par des frontières stables et prédéfinies.
Ces propositions ont pour but de nous interroger sur les fondements et la nature réelle du langage.

Dans un premier chapitre, nous considérons dans quelle mesure plusieurs conceptions du langage humain peuvent être rediscutées en fonction de l’hypothèse d’une absence de frontière catégorielle entre langage humain et langages animaux J. Proust (2004) emploie également le terme “continuiste” pour proposer un modèle de continuité entre humains et autres animaux. Les fondements de notre hypothèse sont analysés ainsi que les enjeux de la notion de variation dans ce contexte.
L’étude de la diversité multimodale et multisensorielle en œuvre dans le langage constitue le deuxième chapitre, où nous précisons la place du verbal - considéré de façon usuelle comme l’essence même du langage -, afin de mieux déterminer le domaine des autres modalités et leurs fonctionnements, en insistant plus spécialement sur la fusion des phénomènes gestuels et vocaux et l’importance de la composante tactile.
Sur la base de grilles d’étude sémiotiques et éthologiques, nous voyons dans le chapitre trois quelle théorie de l’interaction permet de comprendre la nature de la relation entre le groupe et l’individu, dans le cadre revisité d’un langage effectivement multimodal et d’un échange plus globalement environnemental que seulement interpersonnel. Les individus sont construits par l’histoire de leurs interactions au sens large. Leurs individualités participent ainsi à une continuité. En situation d’interaction, qui peut être considérée comme la mise en place d’un organisme interactif, les individus gèrent leurs influences réciproques pour construire un événement collectif localisé spatio-temporellement.
Le chapitre quatre est consacré à la description des “mécanismes” de constitution des signes -principalement les signes gestuo-vocaux -, avec l’intention de montrer que coexistent différents moyens structurels de construction des signes, que ces moyens peuvent tous être légitimement considérés comme faisant partie du langage, et, enfin, que ce qui existe fondamentalement, et qui est à la disposition des individus communiquant, ce sont précisément, davantage que les signes eux-mêmes, ces “fameux” moyens et mécanismes sémiotiques - ceci permettant d’expliquer le caractère non figé des signes, y compris ceux des langues elles-mêmes.
Nous prenons en compte, dans le chapitre cinq, l’apport des théories du rythme à la compréhension de ce caractère non figé, non seulement des signes, mais aussi des moyens de les regrouper dans l’échange interactif. Nous voyons comment la communication ne se fonde pas sur des règles fixes de concaténation des signes au sein d’unités qui seraient préétablies (par exemple des phrases et autres unités syntaxiques ou métriques), mais au contraire sur des “règles” dynamiques qui s’élaborent dans l’interaction elle-même.

L’ensemble de notre travail vise à considérer le langage comme une construction émanant de la coprésence des individus dans leur environnement, et liée à leurs capacités cognitives et physiologiques de gérer l’espace-temps interactif.
CHAPITRE 1 Langages d’espèces et espèces de langages
Où les mots sont sur la voix

Si l’on croit Rabelais, le rire serait le propre de l’homme... mais qu’est-ce qui en serait donc le “sale” ? Peut-être cette volonté incessante de se vouloir tellement différent des autres êtres vivants... Tout d’abord, le rire n’est peut-être pas le propre de l’homme. Au-delà de la discussion autour de l’évolution d’une mimique potentiellement agressive (montrer les dents, selon Lorenz) vers une mimique de convivialité et de plaisir (celle qui est associée au rire, n’oublions pas également que le rire dispose d’une composante vocale qui compte au moins autant que la visuelle), notons que le rire a été observé chez d’autres primates (voir Gallo, 1999), et également chez le rat (Panksepp J., Burgdorf J., 2003). Par ailleurs, le ronronnement - du moins sa forme sonore -serait peut-être le propre du chat... en tire-t-il du mépris pour les autres espèces ? Peut-être. Par ailleurs, ce “propre” que l’on peut en s’amusant opposer à “sale”, se réfère à la propriété en tant que caractéristique exclusive. Cela soulève une question importante : l’humain ne serait humain qu’en s’opposant aux autres par une caractéristique exclusive, il ne serait propre qu’en se détachant des autres - en s’enlevant les “taches” - si ce ne sont les “tâches” - de la ressemblance aux autres.
Tâchons donc de voir si nous ne ressemblons pas aux autres... Notre objet d’étude dans ce cadre est le langage. Il y a deux raisons à cela. La pre

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