Les hommes, les femmes et la communication - Mais que vient faire le sexe dans la langue ?
247 pages
Français

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Les hommes, les femmes et la communication - Mais que vient faire le sexe dans la langue ? , livre ebook

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Description

Selon une idée répandue les hommes et les femmes auraient des difficultés à communiquer et à se comprendre : les femmes seraient bavardes et les hommes laconiques, les femmes préféreraient se confier et les hommes se défier... Les hommes et les femmes parlent-ils la même langue ? En quoi le sexe, le genre et la sexualité influent-ils sur la pratique de la langue ? Cet ouvrage est le fruit d'une recherche sur la question de la construction langagière de l'identité sexuée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 223
EAN13 9782296924147
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les hommes, les femmes et la communication

Mais que vient faire le sexe dans la langue ?
© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-07012-7
EAN : 9782296070127

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Sophie BAILLY


Les hommes, les femmes et la communication

Mais que vient faire le sexe dans la langue ?


Préface d’Anne-Marie Houdebine


L’Harmattan
Pour David,
sans qui cet ouvrage n’aurait pas vu le jour.
Je souhaite exprimer ici ma gratitude aux personnes qui ont contribué directement ou indirectement à rendre la publication de cet ouvrage possible : Catherine Mendez, lectrice et relectrice inlassable et indéfectible de chaque étape du manuscrit ; Philip Riley, guide infaillible, pour ses commentaires et ses suggestions ; Alex Boulton qui a corrigé mes traductions de l’anglais ; Hugo Roussel (studio punkat) pour l’illustration de couverture et la mise en page ; et Ghislaine Chognot pour ses ultimes et pertinentes critiques.
Je tiens aussi à remercier Anne-Marie Houdebine qui a dirigé ma thèse et rédigé la préface de ce livre.

Je remercie également l’université Nancy 2, qui m’a accordé un congé de recherche et tous les collègues du CRAPEL qui m’ont soutenue et encouragée.

Enfin, je tiens à exprimer à ma famille et mes amis mes regrets pour les avoir un peu délaissés pendant la réalisation de cet ouvrage et toute ma reconnaissance pour leur patience, leur écoute et leur soutien.
PRÉFACE
DE LA DIFFÉRENCE SEXUELLE OU DE LA DIFFÉRENCIATION SEXUÉE, SEXÉE.
par Anne-Marie Houdebine


Langue, mémoire, culture, tissent les corps des animaux parlants y entrant et les trans-formant en êtres parlants. Non sans dommage ; mais il est impossible qu’il en soit autrement. Et voilà que d’étranges phénomènes se passent dans ces contraintes civilisantes. Contraintes corporelles : façons d’être vêtus puis de se vêtir, de se tenir car très vite les possibilités naturelles comme se tenir debout, marcher, tendre la main, parler, donner de la voix comme dit le français, etc. deviennent culturelles. « Carte forcée des signes » disait le grand linguiste Ferdinand de Saussure. Carte forcée culturelle, impositions des façons de dire, dans lesquelles les identités, ressemblances et différences se forgent.
Ainsi se transmettent les civilisations, à travers les discours, les actualisations de la langue, sa symbolisation du monde et les comportements de l’entourage, tout ce qui tisse un sujet à son corps acceptant ou défendant. Ce que relèvent de nombreuses sciences humaines, allant de l’anthropologie linguistique ou culturelle à la psycho-socio-logie voire psychanalyse en passant par la sémiologie, l’analyse de discours, la linguistique, etc. s’affrontant aux savoirs de la biologie, de la génétique. Car la question ou le problème (?) de la différence sexuelle, ou de la différenciation sexuée, autrement dit encore du rapport sexe-langue ou des rapports sociaux de sexes et de leur imposition, transmission discriminante fait couler beaucoup d’encre et s’affronter différents domaines. En particulier pour en témoigner celui qu’on appelle aujourd’hui, gender studies , sur le modèle des études anglo-saxonnes, ou pour parler vrai états uniennes, qui furent parmi les premières, grâce au mouvement féministe, à mettre ces questions sur la scène non seulement publique, mais scientifique. Les études américaines ouvrirent le feu et aujourd’hui encore, même si les françaises sont nombreuses, elles le sont nettement moins que leurs contemporaines d’Outre-Atlantique, comme on le verra dans ce bel ouvrage qui présente une très riche recension de ces diverses recherches. L’abondante bibliographie qui clôt ce livre le montrera à qui voudra s’y plonger pour continuer le chemin parcouru avec Sophie Bailly.
Car il s’agit d’un parcours, clairement indiqué dans l’introduction, traversant en trois parties, quasi tous les entours des questions des rapports sexe-langue, abordées au travers de différents domaines de recherche ou de pensée, c’est-à-dire par le biais social ou verbal, descriptif linguistique ou discursif ou encore idéologique dégageant les stéréotypes sexués (partie 1), jusqu’à leur rôle fonctionnel de conformité sociale, pragmatique, idéologique (partie 3) ; en passant par un rappel des positions des sciences dites plus exactes, ou plus dures les biologiques, neurologiques, etc. (partie 2, chap. 4), ou plus sociologiques (chap. 6) Et cela dès leur nomination.
En effet, comme on l’a déjà lu dans ces quelques lignes, nombreuses sont les façons de dénommer de telles études et analyses, longtemps inexplorées. Au moment de leur extension il faut le rappeler, même si la différence sexuelle, immédiatement perceptible visuellement ou compréhensible du fait de la reproduction, n’a jamais été ignorée des humains, quelle que soit la compréhension que les peuples en aient eu et dont témoignent les mythes de la création ou de l’enfantement (cf. chap. 5).
La question du sexuel ou du sexué fut longtemps ignorée des sciences humaines : les anthropologues (mâles) interrogeaient les civilisations qu’ils découvraient à partir de leurs expériences, de leurs regards ; leurs témoins étant les plus souvent des hommes, sans même qu’ils s’interrogent à cet égard. La venue de femmes dans ce domaine, comme dans d’autres, ainsi Margaret Mead (p. 117), a fait apparaître que leurs analyses pouvaient être soumises à leurs propres stéréotypes ; comme il en est encore aujourd’hui. On trouvera des exemples de cet ordre dans cet ouvrage, qui s’interroge sur nos pratiques diverses, discursives et y compris scientifiques, en constatant qu’elles sont trop souvent encore influencées par nos propres conformismes, les chercheurs n’échappant pas à leurs « propres préjugés » (chap. 4, p. 102). Ce qui les rend subjectives, historiquement situées alors même qu’on les voudrait ou déclare objectives. Qu’il s’agisse, d’anthropologie, de sociologie, de linguistique, d’analyse de discours d’étude variationniste et interactionniste, etc. Un exemple entre autres : l’agressivité masculine, la douceur féminine (p. 102-107). Ces « naturalisations » ou « essentialisations » masquant souvent des discriminations sociales, des pouvoirs sociaux qui se reconduisent depuis longtemps (chap. 6, p. 126-133).
Une autre grande absente de ces recherches en sciences humaines et sociales, c’est longtemps la langue, et partant le poids du langage, des discours – notion prise au sens très large (intro, p. 31) – qui constituent justement le point de focalisation de l’ouvrage de S. Bailly ; elle y rappelle que les langues parlent les sujets et ce de façon différentielle, hiérarchisée, inégalitaire ; selon les régions, les classes sociales et les sexes. Non seulement certaines d’entre elles différencient les façons de dire selon les situations, selon les interactions (en japonais par exemple), mais aussi selon les sexes comme l’a montré dès les années 1974, l’excellent ouvrage, jamais traduit en français, de Mary Ritchie Key, Male, female language , montrant que dans certains idiomes (comme chez les Arawak et Carib) existent une langue des hommes et une langue des femmes, repérables à différents niveaux ; de telle sorte que des activités, à nos yeux identiques, sont nommées différemment selon qu’elles sont parlées par les unes ou par les autres ( bilinguisme par exclusivité ) ; ce qui implique que certains mots ou discours sont interdits à chaque sexe. Situation rare, un bilinguisme par préférence c’est-à-dire l’usage de termes communs à tous avec quelques variations spécifiantes, selon les sexes (M. Ritchie Key, Ann Bodin) se révélant plus fréquent. S. Bailly cite largement leurs travaux ainsi que d’autres plus récents d’anthropologues, ethnologues, sociologues, sans oublier biologistes, généticiens, psychanalystes (partie 2).
Ainsi, de même que les tonalités ou hauteurs des voix, les façons de parler (les mots, les tournures de phrase, les intonations, les modes de questionnements, les modalisations telles que peut-être , sans doute ) , les hétérogénéités discursives (appel à autrui, interrogatives incises, comme si vous voulez , si je puis dire , ne croyez-vous pas , si vous permettez , etc.), peuvent indexer hommes ou femmes : faire mâle ou femelle. Plus même ce ne sont pas seulement les façons de parler qui

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