Standardisation et vitalité des langues de France
224 pages
Français

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Standardisation et vitalité des langues de France , livre ebook

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Description

Une langue n'existe-t-elle que si elle a été l'objet d'une standardisation ? Et celle-ci est-elle une obligation absolue pour les promoteurs des langues régionales et minoritaires ? Dans la situation actuelle de danger pour ces langues, il importait de confronter à l'option standardisatrice, afin de la réévaluer, la problématique de la vitalité, celle des usages réels et vernaculaires, oraux ou écrits. La question est appréhendée dans les travaux réunis ici-chacun à sa manière-, à propos de plus de quinze langues de France.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2014
Nombre de lectures 4
EAN13 9782336352275
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Jean-Michel ELOY (Éd.)



Standardisation et vitalité
des langues de France
Copyright

© L’HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-70238-4
Titre
Standardisation et vitalité
des langues de France



Actes du colloque organisé à Amiens,
les 13 et 14 octobre 2011
par l’équipe LESCLAP – CEP

(Linguistique et Sociolinguistique : Contacts, Lexique,
Appropriations, Politique – Centre d’Etudes Picardes)
(CERCLL EA 4283)

et

l’Association Universitaire des Langues de France (AULF)
Responsables de la série :
Jean-Michel Eloy et Gilles Forlot (Université de Picardie Jules Verne)

Contact : lesclap@u-picardie.fr
Adresse postale : LESCLAP – UFR Lettres – chemin du Thil – 80025 Amiens

Responsables de la revue : J.-M. Éloy et G. Forlot (U. Picardie Jules Verne)

Comité éditorial : V. Bisconti, J.-M. Éloy, G. Forlot, F. Jablonka, F. Martin, C. Mathieu, P. Prescod, C. Rey, Ph. Reynés, J.-M. Robert (U. Picardie Jules Verne)

Comité de lecture : N. Auger (U. Montpellier III), C. Canut (U. Paris V), P. Cappeau (U. Poitiers), C. Cuet (U. Nantes), V. Castellotti (U. Tours), F. Dervin (U. Helsinki, FIN), A. Duchêne (U. Fribourg, SUI), J. Erfurt (U. Goethe, Francfort, ALL), V. Feussi (U. Tours), V. Fillol (U. Nouvelle-Calédonie), M. Gasquet-Cyrus (U. Provence), D. Hall (U. Newcastle, GB), P. Hambye (U. Louvain, BEL), C. Jacquet-Pfau (Collège de France), M. Jones (U. Cambridge, GB), N. Labrie (U. Toronto, CAN), P. Lambert (IFÉ, ENS Lyon), F. Leconte (U. Rouen), E. Lee (U. Nationale de Pusan, COR), J.-L. Léonard (U. Paris III), A. Mabrour (U. El Jadida, MAR), M. McLaughlin (U. Ottawa, CAN), L. Messaoudi (U. Ibn Tofaïl, Kénitra, MAR), D. Moore (U. Simon Fraser, Vancouver, CAN), C. Moïse (U. Grenoble III), P. Ottavi (U. Corse), J. Pruvost (U. Cergy-Pontoise), M. Rispail (U. St Etienne), D. de Robillard (U. Tours), J. Verdegal (U. Jaume I, Castelló de la Plana, ESP), C. Trimaille (U. Grenoble III), S. Wharton (U. Aix-Marseille), ainsi que les membres du comité éditorial.

Contact et soumission des manuscrits :
Publication de colloques (sauf varia ) : jean-michel.eloy@u-picardie.fr & gilles.forlot@u-picardie.fr
Articles de la rubrique varia : valentina.bisconti@u-picardie.fr
Comptes rendus et recensions d’ouvrages : cecile.mathieu@u-picardie.fr

Adresse postale :
Université de Picardie Jules Verne
REVUE Carnets d’Ateliers de Sociolinguistique
LESCLAP – UFR Lettres
Chemin du Thil – 80025 Amiens
***
Cette publication bénéficie de l’aide de l’Université de Picardie Jules Verne (Amiens).
Le colloque Standardisation et vitalité des langues de France a bénéficié de l’aide de la Région Picardie, et de la Ville d’Amiens.
Des raisons de ne pas désirer une standardisation
Jean-Michel ELOY
Université de Picardie – LESCLAP

Si la vitalité des langues régionales est un sujet qui passionne – encore – beaucoup de citoyens français, si la standardisation est un grand classique en matière linguistique, c’est pourtant un fait anecdotique qui est à l’origine de ce colloque. Lors d’un grand rassemblement nommé pompeusement "Assises des langues régionales", organisé par le ministre Aillagon en octobre 2003, vint un moment où éclatait une dispute publique, d’un endroit de la salle à un autre, entre certains qui ne se reconnaissaient pas dans le standard d’une de nos langues de France et certains autres qui considéraient que ce standard était vital. Parmi les spectateurs de l’empoignade, un bon nombre jugaient que le seul vrai sujet était de savoir comment faire vivre ces langues... Nous voici, quelques années plus tard, en train d’aborder cette question le plus rationnellement possible : quel rapport devons-nous établir entre standardisation et soutien à la vitalité des langues de France ?
Standard, standardisation et (surtout ?) idéologie standardisante
Le mot "standard" n’est pas d’un emploi très clair en français car il peut signifier "ordinaire, moyen" ou bien avoir un sens normatif, au sens d’une norme prescriptive. Peut-être même que la notion de "standard" n’est souvent qu’une façon douce de dire "norme prescriptive". Le risque d’une valeur normative mal contrôlée touche d’ailleurs plusieurs autres notions courantes : "type, ordinaire, normal, habituel, de référence, central", etc.
Imaginons cependant que nous nous entendions sur la valeur de "standard" en matière de langue, en lui donnant pour équivalent "de référence", c’est-à-dire commun à tous, au moins en tant que visée, et accepté à ce titre pour différents usages.
Mais alors la notion de "standardisation" demande à son tour un éclaircissement. Elle peut signifier simplement l’élaboration d’une version standard de la langue, ou bien, en passant par différents processus normatifs, elle peut désigner l’uniformisation (au moins partielle) des pratiques linguistiques courantes ; selon les cas, elle peut concerner seulement l’écrit ou bien l’oral également, seulement les usages formels ou bien aussi les usages informels. De nombreux travaux ont précisé tous ces aspects, mais cette diversité sémantique fait qu’à propos des langues de France on peut ne pas tous utiliser le mot dans le même sens.
On observera en passant que la langue française, à certains égards, est loin d’être standardisée : elle n’est pas uniforme dans la réalité des pratiques orales, et même sa "version de référence" orale en est assez loin. Pourtant il existe un certain degré de conformité, qu’il est assez difficile de préciser car cela pose une sorte de problème de mesure. Quant à l’écrit, nettement plus contrôlable, nous savons bien que ce n’est qu’une partie de la langue, bien que pour beaucoup de gens ce soit l’essentiel de la langue – et cette mythologie joue un rôle important. Le français représente donc pour beaucoup de Français le type même, le modèle de la standardisation, c’est pourquoi il est justifié de parler aussi du français ici. Car nous sommes tous marqués profondément par l’influence du français, qu’on le veuille ou non : obligatoirement, quand on parle des langues de France, le français s’impose comme modèle ou comme contre-modèle : c’est ce que nous verrons dans les communications diverses

Il existe ainsi dans ce pays, avant même toute argumentation, une "idéologie de la standardisation" (en reprenant le terme à Milroy) contre laquelle se sont construits une bonne partie des quelques savoirs sociolinguistiques dont nous disposons. Pour ne citer que le trait principal, cette idéologie standardisante valorise l’absence ou la négation des variations – de même que, historiquement, le modèle national s’est accompagné d’un besoin d’uniformisation de nombreux autres aspects de la vie sociale.

Nous considèrerons ici la standardisation dans deux valeurs qu’il est nécessaire de distinguer, bien qu’elles reposent toutes deux sur la mise au point d’une version standard de la langue et sa désignation comme modèle à suivre pour unifier les pratiques.
Quand la perspective unificatrice est sentie comme lointaine, abstraite ou théorique, on peut parler d’une standardisation-emblème : le standard représente la langue, bien que l’essentiel des pratiques continuent d’être différentes, et acceptées comme telles. Mais quand un réel travail se fait pour l’unification effective des pratiques, tout au moins de certaines pratiques – graphie, style d’écriture, langue écrite littéraire, journalistique, administrative, langue orale de la radio et de la parole publique ou formelle – nous avons affaire à une standardisation-pratique . Cette standardisation-là repose sur une conception uniformisante de la normalisation linguistique.
En tentant cette distinction, nous ménageons une place au travail permanent de construction et de reconstruction des représentations linguistiques, qui fait pendant à la sphère des pratiques et comportements linguistiques.
Le contexte actuel
Les différentes langues, avec les différents mouvements culturels qu’elle suscitent, sont aujourd’hui très diverses en ce qui concerne cet horizon de la normalisation. Elles sont loin de présenter toutes des pratiques normatives partagées, et même les utopies ne sont pas identi

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