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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 avril 2011 |
Nombre de lectures | 140 |
EAN13 | 9782296803657 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 3 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Visées discursives et
dynamiques du sens commun
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’ É cole-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54416-1
EAN : 9782296544161
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Julien LONGHI
Visées discursives et
dynamiques du sens commun
L’Harmattan
Sémantiques
Collection dirigée par Thierry Ponchon
Déjà parus
Fred HAILON, Idéologie par voix/e de presse , 2011.
Jean-Claude CHEVALIER, Marie-France DELPORT, Jérômiades. Problèmes linguistiques de la traduction, II, 2010.
Rita CAROL, Apprendre en classe d’immersion, quels concepts, quelle théorie ?, 2010.
Bénédicte LAURENT, Nom de marque, nom de produit : sémantique du nom déposé, 2010.
Sabine HUYNH, Les mécanismes d’intégration des mots d’emprunt français en vietnamien, 2010.
Alexandru MARDALE, Les prépositions fonctionnelles du roumain, 2009.
Yves BARDIÈRE, La traduction du passé en anglais et en français, 2009.
Gerhard SCHADEN, Composés et surcomposés, 2009.
Danh Thành DO-HURINVILLE, Temps, aspects et modalité en vietnamien. Etude contrastive avec le français, 2009.
Odile LE GUERN et Hugues de CHANAY (dir.), Signes du corps, corps du signe, 2009.
Aude GREZKA, La polysémie des verbes de perception visuelle, 2009.
Christophe CUSIMANO, La polysémie. Essai de sémantique générale, 2008.
Vincent CALAIS, La Théorie du langage dans l’enseignement de Jacques Lacan, 2008.
Julien LONGHI, Objets discursifs et doxa. Essai de sémantique discursive, 2008.
Katarzyna WOLOWSKA, Le Paradoxe en langue et en discours, 2008.
Introduction
Le Discours est un objet fuyant, qui reçoit de la part de ceux qui tentent de l’appréhender une pluralité de définitions (voir notamment Neveu 2010 : 105-106) : il peut être défini en opposition à la langue, comme la mise en œuvre effective par le locuteur d’un ensemble de signes socialement institués mis à sa disposition pour l’expression de la pensée ; ou comme un acte de communication déterminé par des conditions socio-historiques (dont rendent compte les genres de discours) ; en opposition au texte, comme un ensemble d’usages linguistiques codifiés, ensemble subordonné à une pratique sociale (alors que le texte formerait une suite linguistique autonome produite par un énonciateur dans le cadre d’une pratique sociale spécifique, constituant un objet empirique cohérent et cohésif). Mais il peut être considéré, dans des cadres plus pragmatiques ou communicationnels, comme un vecteur de transmission de l’information, comme un objet de communication, voire dans certains contextes comme un outil d’argumentation, de manipulations, etc. Cette pluralité de définitions et de conceptions, qui soulève à juste titre des débats critiques lorsque les termes conservent un certain flottement, pourrait s’incarner dans ce que nous nommons ici visées discursives.
Le terme de visées discursives a été choisi car il nous semble que le point de vue argumentatif et énonciatif, ainsi que la conception du sujet et de l’activité langagière qui sont les nôtres, convergent vers l’idée que le discours vise quelque chose, et que cette visée est constitutive de la matérialité linguistique et discursive. Nous avons trouvé par la suite une appellation similaire chez P. Charaudeau (2001), dans un article intitulé « Visées discursives, genres situationnels et construction textuelle ». Il définit les visées discursives comme suit :
Les visées correspondent à une intentionnalité psychosocio-discursive qui détermine l’enjeu de l’acte de langage du sujet parlant et, partant, de l’échange langagier lui-même. Les visées doivent être considérées du point de vue de l’instance de production qui a en perspective un sujet destinataire idéal, mais évidemment elles doivent être reconnues telles par l’instance de réception ; il faut que locuteur et interlocuteur puissent se réclamer de celles-ci. Elles correspondent donc à des attitudes énonciatives de base que l’on retrouverait dans un corpus large d’actes communicatifs regroupés au nom de leur orientation pragmatique, mais au-delà de leur ancrage situationnelle. Les types de visée sont définies par un double critère : l’intention pragmatique du je en relation avec la position qu’il occupe comme énonciateur dans le rapport de force qui le lie au tu ; la position que du même coup tu doit occuper (Charaudeau 2001 : 9-10).
Il distingue en particulier les visées de prescription, de sollicitation, d’incitation, d’information, d’instruction et de démonstration, et « chaque situation de communication sélectionne, pour définir sa finalité, une ou plusieurs visées dont généralement une (parfois deux) d’entre elles est dominante » ( ibid. : 11). La situation de communication médiatique pourrait ainsi convoquer plusieurs visées telles que l’ instruction (dans ses rubriques de conseils), l’ incitation (dans ses titres dramatisants), la démonstration (lorsqu’elle donne la parole à des experts), en le faisant sous couvert de la visée dominante d’information. Il lie ainsi les visées discursives aux finalités d’une situation de communication. Aussi, dans le cadre qui sera le nôtre, la définition des visées discursives diffèrera sensiblement de celle proposée par P. Charaudeau. Nous verrons au fil de cet ouvrage que nous partageons l’usage de nombreux concepts avec cet auteur, et nous apprécions les travaux menés dans ce cadre sémio-discursif, qui travaille des notions telles que le contrat, les contraintes, le marquage, etc. Notre approche sera davantage centrée sur la contribution du matériau linguistique, lors de la mise en discours par une instance énonçante, à des intentions signifiantes (plus que des finalités ou des buts) liées à des arrières-plans discursifs. L’aspect stratégique de la communication se lira alors dans un second mouvement, complémentaire du premier.
Notre approche du discours est orientée vers sa manifestation textuelle en corpus, et se centre sur les formes linguistiques, dans le cadre d’une approche dynamique, phénoménologique, et adossée à une théorie linguistique du sens commun : c’est pourquoi le propos de cet ouvrage est d’appuyer la thèse que les visées discursives , propres à chaque situation d’énonciation singulière, mettent à contribution tous les plans et toutes les ressources linguistiques. De la constitution d’une forme perceptive à la textualisation, de l’usage d’une dynamique de généricité à la constitution d’un discours, tous ces éléments s’intègreraient dans une forme discursive globale dont les caractéristiques particulières témoignent d’un processus visant à asseoir une certaine orientation.
Pour y parvenir, nous définirons dans un premier temps les concepts opératoires pour mesurer la prégnance de ces visées discursives dans le fonctionnement du discours : de leur inscription la plus discrète (forme perceptive) aux aspects plus structurants (textualité, cohérence) ou pragmatiques (dans le cadre d’une redéfinition du concept de genre), nous esquisserons le tableau d’une combinaison de ces aspects pour constituer une assise aux visées discursives.
Dans un second mouvement, nous rendrons compte de trois analyses de corpus, qui témoignent chacune à leur manière de particularités décrites dans la première partie. Avec l’étude du syntagme jeune de banlieue dans un corpus de presse, nous montrerons que cette formule (Krieg-Planque) doit être considérée comme un ouvroir à stéréotypes, en se fondant sur la stabilisation d’une forme perceptive dans une textualité forte (avec en particulier la place de la détermination). Avec l’étude de deux œuvres de G. Perec ( La Disparition et W ou le souvenir d’enfance ), nous examinerons plus précisément le rapport entre la cohérence et l’incohérence, en lien avec les notions de genre et d’interdiscours. Enfin, avec les discours sur le vin, nous montrerons la manière dont le discours peut être constitutif d’une expérience sensorielle, qui intègre dans le même mouvement une couche argumentative liée aux visées du discours produit.
Un troisième chapitre sera consacré à une réflexion synthétique sur les modèles sémantiques convoqués : nous confronterons nos acquis s