Enseigner la Shoah et les questions socialement vives
256 pages
Français

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Enseigner la Shoah et les questions socialement vives , livre ebook

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Description

Lorsque l'histoire du génocide des juifs d'Europe est mentionnée pour la première fois dans les programmes scolaires en 1988, cet enseignement semble faire l'objet d'un consensus. Il doit contribuer à lutter contre toutes les formes d'intolérance et de racisme. Or, au tournant des années 2000, des témoignages de professeurs exerçant dans des quartiers populaires signalent le surgissement de difficultés vives pendant leurs cours. Cet ouvrage exploite les résultats d'une enquête menée auprès de professeurs de collège et de lycée exerçant dans des terrains sociologiquement diversifiés. Comment continuer à faire classe lorsqu'une question socialement vive entre dans la classe ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2017
Nombre de lectures 31
EAN13 9782140033810
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright
























© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
EAN Epub : 978-2-336-78617-9
Logiques sociales

Logiques sociales Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Christiana CONSTANTOPOULOU, Récits de la crise. Mythes et réalités de la société contemporaine , 2017.
Isaac NIZIGAMA Introduction à la sociologie de la religion de Peter L. Berger , 2017
Roland GUILLON, Faire de la sociologie et militer. Regards croisés (1973-2006) , 2017.
Didier CHRISTOPHE, Les agriculteurs à l’aube du XXI e siècle en Limousin et Berry. Approche sociologique et entretiens , 2017.
Jacques COENEN-HUTHER, Le regard du sociologue , 2017.
Sandrine GAYMARD et Teodor TIPLICA (dir.), Sécurité routière : un défi à l’aube du XXI e siècle, 2017.
Baptiste PIZZINAT, Portrait d’un danseur en Exil , 2016.
Frédérique JOLY, Elève en école d’art, entre amateur et professionnel. Une enquête de terrain au cœur des écoles d’art françaises , 2016.
Anja HESS, Les habitants des chambres de bonne à Paris . Étude filmique des usages de l’espace quotidien , 2016.
Christophe CAMUS, Mais que fait vraiment l’architecte ?, Enquête sur les pratiques et modes d’existence de l’architecture , 2016.
Roland GUILLON, Mes années 1950 et 1960 ou l’éveil d’une sensibilité, 2016.
Louis DURRIVE, Compétence et activité de travail , 2016.
Laurent AUCHER, Le Tribunal des ouvriers, Enquête aux prud’hommes de Vierzon , 2016.
Benoît SOUROU, Stratégies identitaires chez les migrants turcs en France , 2016.
Michel BOURDINOT, Vers de nouvelles fonctions pour le permanent UD CFDT ?, 2016.
Isabelle PAPIEAU, Il y avait des fois, La Belle et la Bête . Réalités et magie à l’italienne , 2016.
Yvon CORAIN, L’expérience dans tous ses états, Une approche méthodologique , 2016.
Titre

Patricia Drahi





Enseigner la Shoah et les questions socialement vives


Risques et défis


Paroles de professeurs de collège et de lycée
Remerciements
J’ai rédigé cet ouvrage en m’appuyant sur une thèse soutenue le 30 juin 2015. Il me faut dire aujourd’hui que depuis la première inscription en thèse jusqu’au jour de la soutenance, il y eut plusieurs années de recherche, de travail, d’enthousiasme et de doutes. Je dois remercier les personnes qui par leur soutien ou par leur présence ont contribué à la réalisation de ce projet.
Je remercie Marie-Anne Hugon, ma directrice de thèse qui m’a accompagnée et soutenue durant ces années de recherche ; elle m’a accueillie avec un projet qui se proposait d’aborder des questions dont on ne parlait guère à l’université au moment où j’ai commencé cette enquête en 2008 : les résistances à l’enseignement de la Shoah et les manifestations de l’antisémitisme dans les classes.
Je remercie les professeurs qui m’ont fait l’honneur de participer au jury de soutenance : Monsieur Patrick Cabanel, Monsieur François Jacquet-Francillon, Madame Nicole Mosconi, Madame Nicole Tutiaux-Guillon.
Je remercie les participants au séminaire de thèse de l’équipe « crise école terrain sensible » du laboratoire du CREF de l’université de Nanterre, particulièrement, Isabelle Pawlotsky. Nous avons échangé de manière régulière sur cette expérience sans doute un peu déraisonnable que nous vivions : réaliser une thèse tout en continuant à nous occuper de nos élèves, de nos étudiants et de nos adolescents !
Ils sont nommés « les interrogés », « les enquêtés », « les interviewés » ; je remercie les professeurs interrogés qui m’ont accordé du temps pour partager leur expérience de l’enseignement de la Shoah et qui m’ont permis ainsi de mettre en lumière la professionnalité enseignante.
Je remercie mes amies. Brigitte Szewczyk, « force tranquille » qui m’a soutenue infailliblement lors de moments difficiles et Muriel Dehu qui un soir d’hiver m’a proposé de retranscrire les derniers entretiens restés bloqués sur mon dictaphone, qui a su trouver les mots, un soir d’été et de découragement, pour m’insuffler un élan qui depuis ne m’a plus quittée.
Je remercie ma famille d’être autour de moi et d’être ce qu’elle est, effervescente et bienveillante. Colette Drahi, ma tante, toujours là, depuis toujours. Brigitte Drahi, ma sœur, pour avoir compris l’importance de ce défi et m’avoir encouragée régulièrement ; pour m’avoir aidée à me débarrasser en deux temps, trois paroles, de pensées parasites. Yves Drahi, mon frère, pour sa présence, pour son analyse critique, perspicace et originale du monde comme il va.
Enfin, je remercie mes deux filles, Clara et Miléna ; je les ai vues grandir durant ces années, de petites filles devenir jeunes filles avec leur impertinence et leur pertinence… comme ce jour où elles m’ont fait entendre qu’il était « hors de question » que je ne mène pas à bien le travail entrepris.
Exergue

Se mettre à la portée des élèves, mais pas à leur niveau. Les prendre comme ils sont, mais surtout pas pour les laisser là où ils sont. 1
1 Maria Montessori citée par Philippe Meirieu.
Meirieu, P. (2015). La laïcité ou le mythe de l’instruction pure. Le Café Pédagogique. Chronique du 13 février 2015.
Introduction Un enseignement pas comme les autres ?
Le génocide des Juifs européens est inscrit dans les programmes officiels des collèges et des lycées depuis 1988 dans le cadre de l’étude de la Seconde Guerre mondiale 2 . Cet enseignement est porté dans un premier temps, par une double injonction, mémorielle et civique : « Souvenons-nous pour que plus jamais ça ! » (Bossy, 2007, p. 5). Elle semble alors faire l’objet d’un consensus dans les champs politique et institutionnel et se situer dans l’héritage des Lumières, érigeant la connaissance comme un rempart contre le fanatisme et l’intolérance, censée protéger les sociétés démocratiques pacifiées, de toute nouvelle tentation de dé-civilisation et de déconstruction.
Mais au début des années 2000, « un renversement de conjoncture » s’observe (Ernst, 2008, p. 55). La transmission scolaire de la Shoah ne va pas de soi : cet enseignement est perçu comme un enseignement difficile, un « enseignement pas comme les autres » (Corbel et Falaize, p. 45), « un enseignement qui fait crise » (Drahi, 2015a), susceptible de déréguler les pratiques de classe. Des professeurs exerçant dans des établissements des quartiers populaires témoignent de résistances, de réticences, évoquent le surgissement imprévisible de questionnements inattendus, de phénomènes fortement désorganisateurs de la vie de classe.
Les difficultés de l’enseignement de la Shoah deviennent alors un objet de recherche et de réflexion pédagogique. En témoignent la constitution d’une équipe de travail et d’expertise au sein de l’Institut national de recherche pédagogique 3 (INRP) et l’organisation d’un atelier de réflexion sur cette question lors du premier colloque professionnel consacré à l’enseignement des questions socialement vives en histoire et géographie (Thenard-Duvivier, 2008). De même, une enquête par questionnaire réalisée par l’Association des professeurs d’histoire-géographie (APHG) parue en 2003, confirme l’émergence durant cette période d’une préoccupation professionnelle concernant ces difficultés.
C’est dans ce mouvement qu’est naît le projet de recherche doctorale portant précisément sur lR

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