L'enfant, la littérature et la philosophie

Edwige Chirouter

Description

La pratique de la philosophie avec les enfants se développe partout dans le monde, démocratisant une discipline scolaire jugée trop souvent comme hermétique et élitiste. Les programmes de littérature à l'école primaire en France insistent sur cette dimension et incitent à des "débats réflexifs". Littérature et philosophie pourraient retrouver leur alliance originelle : les deux disciplines visant à donner sens et intelligibilité à notre existence. Cet ouvrage est aussi le récit d'une expérimentation sur trois années consécutives dans une école élémentaire.

Sujets

• Philosophie
• Éducation
• Pédagogie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mai 2015
• Nombre de lectures: 61
• EAN13: 9782336376257
• Langue: Français

Extrait

Couverture
4e de couverture
Pédagogie : crises, mémoires, repères
Collection dirigée par Loïc Chalmel, Michel Fabre ,
Jean Houssaye et Michel Soëtard

La collection « Pédagogie : crises, mémoires, repères » répond à un triple objectif :

1 – Elle se propose de soumettre à la réflexion théorique les problématiques et les situations de crise qui agitent le monde pédagogique.
2 – Elle vise à vivifier les mémoires historiques capables d’éclairer le pédagogue pour l’action présente.
3 – Elle entreprend de décrypter les repères philosophiques, éthiques, politiques qui portent le pédagogue en avant des réalités.

Dernières parutions

Émilie DUBOIS, La pédagogie à Reggio Emilia, cité d’or de Loris Malaguzzi , 2015.
Martine JANNER-RAIMONDI (dir.), Elèves en difficulté : tout un programme. Programme personnalisé de Réussite éducative , 2014.
POTEAUX Nicole et GREMMO Marie-Josée (dir.), La médiation éducative entre dispositif et espace, Essai de conceptualisation , 2014.
NAOUAR Oussama, Paulo Freire : figures du pédagogue, imaginaire du pédagogique , 2014.
WEISSER Marc, Le chercheur, sa recherches, ses méthodes. De quelques questions épistémologiques aux Sciences de l’Éducation , 2014.
UBRICH Gilles, La méthode intuitive de Ferdinand Buisson : histoire d’une méthode pédagogique oubliée , 2014.
KOHAN Walter Omar, Socrate : enseigner, ce paradoxe , 2013.
CHALMEL Loïc (coord.), Espaces et dispositifs en éducation , 2013.
RUOLT Anne, Louis-Frédéric François Gauthey (1795-1864), pasteur et pédagogue , 2013.
Titre
Edwige Chirouter






L’enfant, la littérature
et la philosophie
Copyright

© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
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EAN Epub : 978-2-336-72636-6
Sommaire Couverture 4e de couverture Pédagogie : crises, mémoires, repères Titre Copyright Sommaire INTRODUCTION PREMIÈRE PARTIE – PHILOSOPHIE (AVEC LES ENFANTS) ET LITTÉRATURE (DE JEUNESSE) DES FRONTIÈRES ET DES LIENS I) LA LITTÉRATURE COMME LABORATOIRE DE LA PENSEE 1) Historique et enjeux de la philosophie avec les enfants A) Représentation de l’enfant et éducabilité philosophique Philosopher avant la Terminale ? L’enfant, l’idiot et la philosophie B) Les pratiques à visée philosophique en France aujourd’hui Qu’est-ce que c’est ? Philosopher dès l’école primaire… Pour quoi faire ? Les grandes finalités de la philosophie avec les enfants Comment faire ? Les différents courants 2) Littérature et philosophie, l’impossible frontière A) La philosophie hantée par la littérature L’instauration des frontières Des frontières pourtant mouvantes… B) La littérature hantée par la philosophie La pensée spécifique du texte littéraire Paul Ricœur et la métaphore vive II) À QUOI PENSE LA LITTÉRATURE DE JEUNESSE ? 1) Vous avez dit « littérature » ? A) A la recherche de la littéralité perdue Mauvais genre ? Littérature et idéologie Les théories de la réception B) La littérarité de la littérature de jeunesse La reconnaissance de la littérature d’enfance et de jeunesse Les critères de littérarité de la littérature de jeunesse La philosophie des programmes de littérature à l’école primaire 2) L’enfant, la littérature et la construction de soi A) L’enfant et le conte B) La reconnaissance de l’enfant lecteur L’appropriation du texte littéraire Du débat interprétatif au débat à visée philosophique En conclusion de ce chapitre… SECONDE PARTIE – FAIRE APPEL À LA LITTÉRATURE POUR APPRENDRE À PHILOSOPHER. I) LE CONTEXTE DE L’EXPÉRIMENTATION 1) Présentation de l’école 2) Mettre en réseau des albums sur une question philosophique 3) Un certain regard sur les séances : comment la littérature permet de philosopher II) APPRENDRE À PHILOSOPHER GRÂCE À LA LITTÉRATURE 1) Première année. Classe de CE2. « L’amitié » 2) Deuxième année. Classe de CM1. « Vieillir/mourir » 3) Troisième année. Classe de CM2. « L’Art/le Beau » En conclusion de ce chapitre… Conclusions générales de l’expérience Le lien entre débat interprétatif et débat réflexif Les références littéraires aident à maintenir les exigences de pensée Le rôle essentiel de l’enseignant CONCLUSION En prolongement, penser une école philosophique, plutôt que des « moments philo »... BIBLIOGRAPHIE PHILOSOPHIE AUX ÉDITIONS L’HARMATTAN Adresse
INTRODUCTION

Atelier philo. Edwige Chirouter

« La philosophie n’est pas un temple mais un chantier. » 1
Georges CANGUILHEM

Naissance de la problématique : comment j’ai rencontré la philosophie avec les enfants et la littérature de jeunesse…
Désormais maître de conférences à l’Université de Nantes, je me suis engagée en septembre 2000 dans un projet de recherche concernant « la pratique de discussions à visée philosophique à l’école primaire ». Pour la jeune professeure de philosophie que j’étais alors, la découverte de l’univers de la « philosophie avec les enfants » et de la littérature « de jeunesse » fut un grand bouleversement dans mon parcours professionnel et personnel. Il me semble important de relater en introduction de cet ouvrage le récit subjectif de mes premiers pas dans l’univers des « nouvelles pratiques philosophiques », car ce cheminement permet de saisir les enjeux de ma problématique. Un chercheur n’est pas une entité métaphysique. Il est un être de chair, il lui arrive même d’éprouver des émotions, d’avoir des passions... Notre pensée naît dans et par le sensible, l’expérience, les rencontres, les émotions. Je vais plaider dans cet ouvrage pour un retour à une philosophie vivante , ancrée dans l’expérience du monde et de l’étonnement. Je vais plaider pour une réhabilitation du sensible dans la construction de la pensée, pour l’alliance de la sensibilité et de la raison, de la littérature et de la philosophie. Comment ne pas alors ancrer ma propre pensée dans ma propre expérience, dans mes propres étonnements, mes propres émotions, dans ma propre histoire...
Durant tout mon parcours universitaire et mes premières années d’enseignement en lycée (dans les années 1990), je n’avais jamais entendu parler de « philosophie avec les enfants » ou de « DVP » 2 . Je n’avais jamais entendu parler d’un certain Matthew Lipman. Je n’avais jamais imaginé qu’une telle pratique de la philosophie fût possible… Il faut bien l’avouer : la formation universitaire française – en tout cas celle que j’ai reçue en classe préparatoire puis en faculté (mais je ne pense pas être un cas unique…) – n’évoque jamais ne serait-ce que la simple possibilité d’une pluralité du philosopher. Hors du cours magistral, des leçons du maître données comme modèles de pensée, de l’exposé de doctrines, de l’histoire des idées, de la dissertation en trois parties et du commentaire, point de salut, point de philosophie véritable . Je me souviens de ma professeure de philosophie de Terminale, brillante jeune enseignante par ailleurs et à qui je dois ma passion pour cette discipline, raillant ouvertement son collègue, l’autre professeur de philosophie du lycée, parce qu’il organisait des débats avec ses élèves. Odieuse démagogie qui finissait par abandonner les étudiants dans la caverne de leurs préjugés et de leurs opinions les plus communes ! Je restais ainsi longtemps à considérer ces pratiques comme inutiles, voire dangereuses, puisque maintenant les individus dans leur ignorance et leur aliénation. Je connaissais bien sûr la pratique des « cafés philo » qui se développait au début des années 90 mais je regardais ces activités – de loin car je n’y participais jamais… – avec une certaine condescendance. Il s’agissait encore pour moi de bavardages de salon, babillages complaisants, stériles et désinvoltes, à mille lieux de ce que je concevais alors comme une authentique pratique philosophique, c’est-à-dire un exercice exigeant essentiellement une infinie rigueur, une culture encyclopédique et une concentration silencieuse, quasi-mystique. J̵