Au service de l instruction pour tous
162 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Au service de l'instruction pour tous , livre ebook

-

162 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Alice Bougnères dresse le tableau noir des rouages de la politique scolaire. Elle analyse les postures des acteurs et propose des constats et des pistes de réflexion. Une plongée au coeur de l'éducation nationale, une enquête sur la politique scolaire et un inventaire attentif de la réalité lui permettent de livrer une synthèse critique mais pragmatique sur les choix faits depuis trente ans et les raisons de croire qu'une alternative est possible.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 13
EAN13 9782336386737
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection « Enfance, éducation et société »
Collection
« Enfance, éducation et société »

Cette collection regroupe des études et essais concernant l’enfance au travers d’approches multiples.
Études universitaires et essais issus du monde de l’éducation ou du secteur du travail social, ces travaux ont en commun la même préoccupation : apporter un éclairage diversifié sur un domaine essentiel de l’univers des sciences humaines.
Sophie B RIQUET -D UHAZE et Anne M OAL (coord.), Enseignement-apprentissage à l’école maternelle. De la théorie à la pratique , Tome 2, 2015.
Fernando A LVAREZ A BAD et Muriel L ACOUR , L’Éducation artistique pour tous, Un enjeu d’avenir, 2015.
Yannick B RUN -P ICARD , La praxéologie dans le contexte éducatif, 2015.
Monica B ASTOS , Le professeur interculturel. L’éducation interculturelle des professeurs de langues dans la formation continue , 2015.
Bernard G OURMELEN , Accompagner les jeunes sportifs. Manuel pédagogique, 2014.
Sophie B RIQUET -D UHAZE , Apprentissage, développement professionnel, et enseignement de la lecture à l’école primaire, 2014. Claire G RAND , Scolariser les élèves en situation de handicap, 2014. Pierre D URIOT , Comment l’éducation change la société, 2013. Fabrice B AK , La Précocité dans tous ses états, 2013.
Sophie B RIQUET -D UHAZE , Développement professionnel et enseignement de la lecture au CP , 2013.
Sophie B RIQUET -D UHAZE , Anne M OAL , Enseignement – apprentissage à l’école maternelle , 2013.
Leandro D E L AJONQUIERE , Figures de l’infantile, 2013.
Hervé P ASQUA , Éducation et éducateurs chrétiens, 2013.
Jacques B ROYER , Reconstruire l’école primaire, 2013.
Paul M PAYIMANA , L’Enfant réfugié en Afrique, 2013. Marie-France M ENSA -S HREQUE , De l’estime de soi à la réussite scolaire , 2012.
Fabrice B AK , Monique T ANTÔT , Maman, j’aime pas l’école, 2012.
Barbara W ALTER , Faut-il condamner l’enfance ?, 2012.
Pierre D URIOT , Ne portez pas son cartable, 2012.
Titre
Alice B OUGNERES













AU SERVICE DE L’INSTRUCTION
POUR TOUS
Vers une véritable refondation de l’école












L’Harmattan
Copyright





















© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73684-6
« Nous sommes tous des ignorants ; quant aux ignorants qui font les suffisants, ils sont au-dessous des singes. »
Voltaire
« Il y a le mépris des savoirs que l’on maîtrise, lequel naît de la modestie ; il y a le mépris des savoirs que l’on ne maîtrise pas, lequel vient de la vanité. […] Il y a aussi, ce qui est d’une tout autre nature, le mépris des savoirs que l’on ne maîtrise pas au nom de sa propre absence de savoir : c’est l’ignorantisme militant. Il se déploie largement aujourd’hui dans les cercles qui s’occupent de l’école 1 . »
Jean-Claude Milner, De l’école
L’école est le terrain quotidien d’espoirs et de déceptions, individuels et collectifs. Elle est le reflet des ambitions des familles et de la nation pour leur avenir. Elle est l’indice des exigences du citoyen et du contribuable. Elle inspire les points de vue les plus anecdotiques, les considérations les plus relatives, les convictions les plus intuitives, les mobilisations les plus solidaires, les investissements publics les plus massifs, les préoccupations les plus abstraites, les développements les plus dérisoires, les innovations les plus créatives, les discours les plus républicains, les pires poncifs, les caricatures les plus outrées.
Elle est l’un des objets favoris du chroniqueur militant, du politique réformateur, de l’expert à géométrie variable, de l’intellectuel parfois pragmatique, tous investis, par tradition, par nécessité ou par facilité, d’une mission d’éclaireur du citoyen parent d’élève et contribuable.
Si tous nous assignons les mêmes grands objectifs à l’école, institution intégrative qui doit permettre l’élévation des aptitudes de chacun au maximum, aucun consensus ne règne sur l’état de ses lieux ni sur les moyens à mettre en œuvre pour concrétiser ces objectifs partagés.
A son histoire de plusieurs siècles, à ses enjeux si déterminants du pacte social présent et à son impact si décisif sur l’avenir de la nation, l’école doit de demeurer un sanctuaire explosif dans lequel la quête moderne généralisée de rationalité ne perce que trop timidement.
En lieu et place de l’objectivité qui devrait pouvoir organiser les sources des règles qui la structurent, une indifférence profonde caractérise le rapport aux connaissances disponibles et aux ambitions réalistes, manifestée par les errances de l’action et du discours politiques, et par l’indolence de la nation entière.
Cette indifférence est à l’origine d’une banalisation de l’échec et de la médiocrité scolaires qui prive plusieurs dizaines de milliers d’élèves par an d’une insertion professionnelle et sociale qui leur est pourtant accessible. Elle coûte ainsi au pays une renonciation continue et de plus en plus tangible aux principes fondateurs du pacte social moderne : l’égal accès au savoir, la mobilité sociale, la solidarité, et la recherche collective d’élévation de la nation entière vers la raison, l’intelligence et la vérité.
1 Milner Jean-Claude, De l’école, Paris, Editions du Seuil, 1984
L’instruction pour tous, D’un dessein fondateur à l’indifférence
Le rôle initial et continu de l’Eglise et le relais hésitant de l’Etat
L’offre publique d’éducation ne s’est pas structurée spontanément comme mission régalienne de l’Etat. Ses prémices sont largement liées au rôle initial et continu endossé par le peuple et par l’Eglise dont le dessein fondateur convergent n’a été que tardivement adopté de façon généralisée par la philosophie politique et par le pouvoir.
L’exigence d’une extension de l’instruction élémentaire s’est cristallisée dès le quinzième siècle, au moment de la réforme protestante qui reposait sur la préconisation d’une lecture individuelle de la Bible, et de la contre-réforme qui a suivi avec un effort d’évangélisation dont la scolarisation constituait le support privilégié. Au-delà de ce contexte historique si particulier, la conscience de l’opportunité morale d’une instruction démocratisée est plus manifeste parmi les ecclésiastiques et les mécènes pieux qu’au sein des élites intellectuelles et politiques de l’Ancien-Régime. Lorsque Jean-Baptiste de la Salle fonde les Ecoles chrétiennes à la fin du dix-septième siècle, c’est pour y instruire les enfants du peuple, et il y déploie à cette fin un effort considérable d’uniformisation des méthodes, des emplois du temps et des programmes, que l’Etat ne fera sien que deux siècles plus tard. Au dix-septième siècle, le roi est en effet conseillé par les farouches opposants à l’instruction élémentaire des classes populaires que furent notamment Richelieu et Colbert.
Dans le sillage de l’initiative religieuse, une pensée politique laïque sur l’école émerge à la faveur des Lumières et de la Révolution, malgré une résistance encore forte à la préoccupation de démocratisation de l’instruction. « Il paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants » à Voltaire, et Rousseau préconise de ne pas instruire « l’enfant du village car il ne lui convient pas d’être instruit ». Une demande militante humaniste des élites intellectuelles émerge à cette période, et trouve ses voix, y compris politiques, pour rendre l’éducation accessible au plus grand nombre. Pour Mirabeau par exemple, « c’est mutiler une créature humaine dès son enfance que de dédaigner de lui faire apprendre […] la lecture, l’écriture et l’arithmétique ». Pour Condorcet, « offrir à tous les individus de l’espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d’assurer leur bien-être, de connaître et d’exercer leurs droits, d’entendre et de remplir leurs devoirs […]. Tel doit être le premier but d’une instruction nationale 2 . »
L’école n’en sort pas moins de la Révolution inchangée. Il faudra attendre 1834 pour assister à la première tentative d’organisation pédagogique de l’école primaire par l’Etat, avec le programme défini par Guizot, et 1967 pour un alignement de l’offre étatique sur les revendications de l’Eglise quant à l’acc

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents