Carnet de bord d un enseignant... libre
268 pages
Français

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Carnet de bord d'un enseignant... libre , livre ebook

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Français

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Description

L'auteur a consacré un bon demi-siècle à l'école et il a fréquenté les trois réseaux belges d'enseignement (la communale, le collège catholique et l'université d'État). Il propose un bilan introspectif et un regard prospectif. Il a pu constater aussi jusqu'à quel point la notion de « spécificité idéologique » s'est étiolée au cours des ans. Et il n'a pu que se réjouir de la décléricalisation libératrice du réseau dans lequel il a fait sa carrière. Voici le « récit de vie » d'un enseignant... libre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 94
EAN13 9782296479722
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Carnet de bord
d’un enseignant… libre
Guy B ELLEFLAMME


Carnet de bord
d’un enseignant… libre


Le vécu d’un demi-siècle
par-delà le Pacte Scolaire et le Concile Vatican II


L’Harmattan
Illustration de la couverture :
l’auteur vu par une de ses anciennes élèves (statuette).


© L’HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56642-2
EAN : 9782296566422

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À Danielle, ma femme,
À Aude et Floriane, mes filles,

À tous mes anciens élèves
qui ont donné sens à ma vie
et qui, si peu que j’aie pu leur donner,
m’ont tant donné
Former les esprits sans les conformer, les enrichir sans les endoctriner, les armer sans les enrôler, leur communiquer une force dont ils puissent faire leur force, les séduire au vrai pour les amener à leur propre vérité, leur donner le meilleur de soi sans attendre ce salaire qu’est la ressemblance.
Jean R OSTAND

Le souvenir est un endroit plein de larmes parce que le souvenir est plein de relations. Le passé montre les liens qui unissent les choses entre elles… Les larmes, c’est la relation qui se fait sentir ; elles sont produites par les profondeurs ; elles révèlent à celui qui les verse ou à celui qui les voit l’existence de profondeurs qu’il ignorait dans lui-même ou dans les autres.
Ernest H ELLO
A VERTISSEMENT
À l’instar de Magritte, l’auteur affirme que ceci n’est pas une autobiographie. Il sait trop les pièges de la mémoire qui sélectionne, trie, déforme, oublie, isole les faits et les inscrit dans un cadre qui en modifie la perspective, et même imagine quelquefois, en toute bonne foi, des faits qui auraient simplement pu exister, il connaît trop ces effets pour ne pas s’en méfier.
Quand bien même il aurait pu pousser jusqu’au bout son souci de ne pas altérer ses souvenirs, il avoue n’être pas sûr de n’avoir pas été le jouet de sa propre imagination. En conséquence, il a choisi l’artifice de l’auto fiction pour se raconter, confiant à son alter ego Jean-Xavier – car chacun sait que « je est un autre », – le soin de parler de lui à la troisième personne, même si ce qu’il raconte est, il en est convaincu, en toute grande partie, conforme à son vécu. De plus, il a pris le parti de modifier la plupart des noms de personnes et de lieux, construisant ainsi un récit à clefs, laissant au lecteur le plaisir éventuel de reconstruire le réel à partir de cette fiction.
Il lui suffit de dire et de constater que, si ce qu’il a vécu a été – et on peut en être ahuri ou s’en offusquer, – ce vécu-là ne peut plus, en aucun cas, être à nouveau. Pas de règlement de compte donc, mais un appel à la compassion, s’il se peut.
Par-delà sa propre expérience, et par exemple en ce qui concerne la coexistence des réseaux belges d’enseignement (voir tableau de synthèse en fin de volume), il ne manquera pas d’élargir le débat et de s’interroger, entre autres, sur les sujets suivants :
– pourquoi, dès avant la seconde guerre scolaire (de la décennie cinquante), personne n’a-t-il vu ombrage, dans son village natal (de 3 000 habitants), à la répartition des élèves entre l’enseignement libre catholique (pour les filles uniquement) et l’enseignement officiel communal (pour les seuls garçons) ?
– pourquoi les parents qui s’étaient tellement engagés pour la défense de l’enseignement libre pendant la guerre scolaire n’hésitaient-ils pas à envoyer leurs enfants dans une université d’État ?
– pourquoi, plus d’un demi-siècle plus tard, dans le petit village condruzien où il a établi son point de chute (± 2 000 habitants), coexistent encore, à deux cents mètres l’une de l’autre, deux écoles fondamentales officielles (une école communale et une école de la communauté française) qui se livrent à une concurrence acharnée ?
– pourquoi, toutefois, des écoles de réseaux idéologiques différents parviennent-elles à fusionner (comme c’est le cas à l’université d’Anvers), alors que, dans un même réseau, tant d’écoles ont de la peine à se rationaliser et à se restructurer ?
Par ailleurs, rouage obligé d’un système, Jean-Xavier découvre, a posteriori , qu’il aura été, sans qu’il en ait eu vraiment conscience, un enseignant… libre comme peut l’être un électron… libre lui aussi.
P REMIÈRE PARTIE I TINÉRAIRE D’UN ENSEIGNÉ
R ETOUR AUX SOURCES
L ES PETITES MADELEINES
Trop vite arrivé à l’âge de la retraite, avide de quiétude et de paix intérieure, Jean-Xavier Delsupexhe, originaire de Gobcélez-Trembles, village qu’il a quitté il y a plus d’un demi-siècle pour s’installer à moins de cent kilomètres de là, s’attendait bien peu à être ébranlé de la sorte. Coup sur coup, sa mémoire défaillante était brutalement sollicitée par le biais de quelques outils médiatiques modernes : un appel téléphonique sous forme de SMS sur son GSM ponctué d’ émoticônes ; une invitation à surfer sur le web pour y lire un faire-part de décès sur un des sites nécrologiques spécialisés du type « www in memoriam » ; une ancienne photo, scannée , reçue en attache que lui a envoyée un lointain ami, bienveillant de sollicitude.
Il ne s’étonne pas trop qu’on ait trouvé son numéro de téléphone portable, car il a conscience de l’avoir laissé traîner en quelques endroits. Il se résout donc à appeler l’auteur du message – un certain Albert Demy de Gobcé-lez-Trembles précisément, – qui, heureusement, n’utilise pas le langage codé de certains de ces jeunes ados qui, se dit-il, veulent probablement de la sorte camoufler leur faiblesse en orthographe. À l’autre bout du fil lui répond une voix d’homme qui le vouvoie et lui demande tout de go l’autorisation de le tutoyer, en raison des souvenirs d’adolescence qu’ils auraient en commun.
– Te souviens-tu de moi, dit-il ? J’ai tout d’un coup pensé à toi lorsque la presse locale a fait état de la découverte, dans un des villages environnants, d’un cas de brucellose par un vétérinaire qui porte ton nom. Et je me suis demandé s’il était un de tes parents. Du coup, j’ai cherché à savoir si tu… vivais encore. Et « on » m’a orienté vers toi. Souviens-toi… Nous avions quinze ou seize ans, nous habitions le même village. À l’époque, je cherchais à m’initier à la prestidigitation – que j’ai d’ailleurs exercée toute ma vie à titre bénévole – et tu m’as servi d’entremetteur auprès de ton oncle, vétérinaire lui aussi, dont le violon d’Ingres était cet art de l’illusion qu’il pratiquait également à des fins exclusivement philanthropiques… C’est l’époque aussi où tu rédigeais mes « dissertations », car je n’étais pas bon en français, ce qui ne m’a pas empêché de faire une carrière de journaliste que j’ai abandonnée au seuil de la quarantaine pour faire de la « consultance en entreprises (gestion commerciale, organisation et management, marketing, normes de qualité…) », ainsi que de la « formation et du coaching en développement personnel », comme le précise d’ailleurs le site Internet qu’il a créé. Parallèlement, il développera, confie-t-il, un commerce d’essences naturelles. Cela ne s’invente pas.
Et Jean-Xavier a eu droit, puisque tous, à cet âge, sont censés être devenus des tamalou (« t’as mal où ? ») ou des outabobotwa (« où t’as bobo toi ? »), à la longue énumération des accidents de santé que ce fils de médecin avait connus jusqu’à présent : deux infarctus, un cancer du rein… Comme si lui-même, Jean-Xavier, avait pu rester à l’abri de ce type de méfaits et comme s’il était parvenu à conjurer tous les mauvais coups du sort et à « réparer des ans l’irréparable outrage »… Peut-être bien que oui, provisoirement, car la médecine a fait tellement de progrès que, si les accidents de sant

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