Démocratie : le devoir d éducation
112 pages
Français

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Démocratie : le devoir d'éducation , livre ebook

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Description

En ces temps de crises multiples, chaque parent court le risque d'être, un jour, qualifié de démissionnaire ou de laxiste. Cet ouvrage tente d'ouvrir un débat à la mesure de l'incertitude générale et d'une dévalorisation relative de l'action éducative en relevant d'abord les manifestations et les symptômes. L'apprentissage des règles de la vie collective requiert sans nul doute des interdits et des limites sans que l'obéissance soit pour autant posée en tant que préalable à son éducation proprement dite.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2008
Nombre de lectures 274
EAN13 9782336256047
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296062238
EAN : 9782296062238
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace Remerciements UNE EDUCATION Première partie Deuxième partie Troisième partie Epilogue Bibliographie.
Démocratie : le devoir d'éducation

Yann Le Pennec
Pour Marion et Elsa Pour Anouk Pour les petits enfants du présent avenir.
“ C’était l’époque où l’éducation se passait d’explication : un cadre ferme, une morale claire, peu d’effusions. On apprenait à vivre en se taisant à table, en évitant les taloches et en écoutant aux portes . ” Maryse Vaillant
Mes remerciements vont à Giselle Fiche ; sa lecture critique et sa culture ont contribué, de façon décisive, à la parution de cet ouvrage.
Du même auteur :

- Questions de dialectique, autour de Ch. Vogt, J. Coube, F. Davon, R. Favier, Y. Le Pennec, coll. Pratique institutionnelle, Matrice, 1985.

- L’Enfant, l’adolescent et les libertés. Pour une éducation à la démocratie . Ch.Vogt, R. Brizais, Ch. Chauvigné, Y. Le Pennec. L’Harmattan, 2000.

- Centre fermé, prison ouverte. Luttes sociales et pratiques éducatives spécialisées . Y. Le Pennec, L’Harmattan, 2004.
Tout le sens que nous donnons à l’éducation dépend de la signification que l’on attribue à l’enfance.
Edouard Claparède
Les enfants ne sont pas pires que les adultes.
Célestin Freinet
La démocratie a le devoir d’éduquer l’enfance ; et l’enfance a le droit d’être éduquée selon les principes mêmes qui assureront plus tard la liberté de l’homme.
Jean Jaurès
UNE EDUCATION
Prologue

En début d’année 2005, une chaîne de télévision diffuse une émission spécialement destinée aux parents d’enfants qualifiés de tyrans. Une “supernanny” au look sévère, se présentant comme une préceptrice aguerrie, est appelée à intervenir dans les familles. Rencontre avec des mères épuisées par la sarabande des enfants, incapables de se faire obéir, débordées par le chahut et les provocations continuelles de leurs enfants, et avec des pères choisis en raison de leur différence apparente. L’un ne cesse de demander à son fils âgé de sept ans ce qu’il veut et s’il est d’accord avant d’hésiter à poser la moindre exigence. Confronté à un rejeton qui ne veut pas obéir, il considère que “ça n’est pas grave”, que “c’est un enfant” . Sa femme attend douloureusement que son mari intervienne et la soulage. L’autre père a de l’autorité ; les enfants obéissent quand il est de retour à la maison. Sa femme, visiblement déprimée, lui rapporte systématiquement tous les méfaits et incartades des quatre enfants qui s’en donnent à cœur joie dès qu’il disparaît.

Supernanny observe d’abord, puis intervient. Elle interpelle le premier père, lui indique que sa fonction paternelle l’oblige à poser des limites mais qu’il lui faut aussi jouer avec son fils, lui consacrer du temps plutôt que de se soucier par avance de l’accord de celui-ci. A l’autre père, elle fait observer que son autorité ne suffit pas, que sa femme se trouvera toujours dans l’incapacité d’exercer une autorité à elle s’il ne parle pas à ses enfants, s’il ne prend pas le temps d’être réellement avec eux. Supernanny passe alors à l’action; elle affiche sur le mur des règles que chacun devra exécuter fidèlement. Elle leur fait confiance... aux parents et aux enfants, pour appliquer ses consignes. Elle reviendra dans quelque temps pour apprécier les changements de comportement des plus petits et des plus grands.

Retour de Supernanny. Quelques mises au point s’imposent, tout à fait pertinentes, auxquelles petits et grands adhèrent sans barguigner. Retrouvant, comme par magie, leur place d’enfants dans la mesure où les parents sont remis chacun à la leur et se parlent, la famille retrouve le sourire. Les enfants se tiennent dans leurs lits respectifs plutôt que d’aller dans ceux de leurs parents ou de leur frère ou sœur. Ils mangent ce qu’on leur donne, contraints de goûter des mets qui ne leur étaient pas proposés jusqu’alors... “puisqu’ils n’aimaient pas ça”. Ils disent merci et débarrassent la table. Supernanny est fière d’eux, enfants comme parents. Elle quitte les familles rassérénées ; les mères ont les larmes aux yeux, les pères ne savent guère quelle contenance adopter. Incontestablement, grâce à Supernanny, le bon sens a repris le dessus, un bon sens qui aurait manifestement perdu la boussole depuis quelques décennies, on ne sait trop par quel dérèglement. Nul ne saurait dire si l’ordre ainsi rétabli, au prix d’une infantilisation manifeste des parents, sera maintenu durablement. Mais la question se pose de savoir s’il faudrait, désormais, dépêcher (et rétribuer) autant d’officines de coaching familial auprès de tant de parents désemparés, peut-être signalés comme “démissionnaires” aux maires des communes par les enseignants, les voisins, voire par les travailleurs sociaux.

Cet ouvrage propose d’explorer, dans une première partie, l’incertitude générale en ce qui concerne l’éducation, en exposant les diverses manifestations de cette incertitude et en en recherchant les causes. Dans une seconde partie historique, le projet d’éducation développé dans les pays industrialisés depuis la fin de l’Ancien Régime, sera appréhendé à travers l’intervention croissante de l’Etat dans le domaine de l’éducation, par le biais de l’appareil scolaire principalement, et celui de l’éducation spécialisée pour les enfants et adolescents qui ne s’intègrent pas spontanément dans les dispositifs ordinaires d’éducation, d’animation et de loisirs, en particulier. Enfin, dans une dernière partie, sera élaborée une tentative de modèle éducatif susceptible de servir un projet de “conversion du projet démocratique en pratiques éducatives” en s’appuyant sur l’histoire méconnue des théories, des techniques et des pratiques privilégiant l’activité et l’initiative de l’enfant dans la perspective de son insertion sociopolitique. 1
Première partie

Incertitude et désarroi de l’éducation contemporaine
Aucune société, si elle veut assurer sa continuité, ne peut se désintéresser de la manière dont les plus jeunes sont intégrés en son sein. Différentes pratiques amènent l’enfant à assimiler les cadres de référence propres aux groupes dans lesquels il devra s’insérer. Sa participation aux échanges au sein de ces groupes est la condition nécessaire pour qu’il effectue les apprentissages du “vivre-ensemble”. Les enjeux de la socialisation sont tels qu’il est indispensable de chercher à en contrôler le cours. Tout projet d’éducation est constitué par cette tentative délibérée d’orienter, de canaliser la socialisation du sujet, mais l’éducation moderne est plus exigeante et ne peut se réduire simplement à la socialisation. En excédant la seule socialisation porteuse de reproduction à l’identique de la société, l’éducation moderne échappe nécessairement à ses fins ; contrairement aux sociétés dans lesquelles les traditions et les rites de passage faisaient entrer dans un avenir déjà balisé, elle cherche à promouvoir une personne singulière (individu, sujet et citoyen) disposée à l’autonomie, à l’autodétermination, au jugement personnel, bref, en puissance de renouveler le monde.

Nul, sans doute, ne saurait contester la vérité anthropologique, le caractère incontestablement universel, transculturel, du projet qui vient d’être exposé. Tous les adultes en charge de l’éducation des enfants dans notre société, s’accordent sur les nécessités de l’éducation, à ceci près qu’un écart parfois sidéral peut séparer les pratiques éducatives quotidiennes des grands principes affichés. Ces pratiques varient considérablement dans l’espace et dans le temps, entre les pôles de la permissivité et de la contrainte. Si l’éducation consiste à refaire pour chaque génération le chemin déj

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