EDUCATION ET IDENTITE
94 pages
Français

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EDUCATION ET IDENTITE , livre ebook

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Description

La plupart des pédagogies sont fondées sur des théories du développement cognitif. Nombre d'entre elles tentent de répondre à la question : comment l'enfant apprend ? et relativement peu : pourquoi ?. Lorsque l'enfant apprend, c'est parce qu'il désire recevoir de la part de ses modèles identificatoires, en retour de son acte d'apprentissage, une gratification narcissique qui le conforte dans sa construction identitaire. C'est sur ce mécanisme qu'il faut bâtir nos pédagogies.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 51
EAN13 9782296805606
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Éducation et identité
A lain C ALOSCI


Éducation et identité

De Piaget à Spinoza
Du même auteur

Éducation, culture et développement : quelles relations ? L’exemple de la Guinée Conakry , L’Harmattan, 2008


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54598-4
EAN : 9782296545984

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À Claire, bien sûr, encore et toujours…
INTRODUCTION
J’ai eu la chance, depuis plusieurs années, de pouvoir exercer mon travail de pédagogue sous plusieurs latitudes : Afrique de l’Ouest, Asie du Sud Est, Caraïbe.

À ce titre, je me trouve et me suis trouvé confronté à de multiples systèmes éducatifs.

Si l’on prend comme critère de réussite le rendement externe de ces systèmes éducatifs, c’est-à-dire si l’on évalue leur qualité moins par ce qui se passe pendant les apprentissages que par ce que l’enfant en fait après, il est difficile de faire coïncider réussite et usage d’un modèle éducatif particulier. Je veux dire par là qu’il n’y a pas de corrélation automatique entre la réussite ou l’échec d’un système éducatif et l’usage de telle ou telle pédagogie. Celle-ci pourrait bien n’être qu’une béquille – plus ou moins efficace – offerte à un handicap dont les causes réelles ne sont pas toujours interrogées. L’échec ou la réussite d’un acte éducatif reposerait donc sur autre chose et c’est cette autre chose qui nous intéresse. Vous objecterez que prendre le rendement externe comme indicateur de qualité est évidemment sous tendu par une conception fonctionnaliste de l’éducation, m’opposant par là l’inusable et prétendue différence entre éducation et apprentissage. Nous reviendrons plus loin sur cette fausse opposition qui s’origine dans les représentations que l’on se fait de l’importance respective que l’on accorde à la nature et à la culture dans le développement de l’enfant et même de l’adulte.

Question de substrat culturel alors ? En effet. Telle pédagogie frontale d’inspiration béhavioriste fonctionnera encore très bien dans certains pays d’Asie participants d’une culture très hiérarchisée, disciplinée et peu portée à l’introspection et ne marche plus en Occident où l’épanouissement de l’enfant concept par ailleurs quelque peu fumeux – prime sur les apprentissages ou du moins y est mis sur un plan d’égalité. Pour illustrer ce propos, il n’est que de comparer les systèmes éducatifs finlandais et coréens considérés comme les meilleurs du monde, et fondés sur des approches pédagogiques radicalement opposées.

Peut-on également dire en toute bonne foi que les innombrables tentatives pédagogiques qualifiées de « centrées sur l’enfant » soient un succès, celles-là mêmes que le « milieu développementiste », par le biais des coopérations bilatérales, multilatérales et les ONG tente de faire adopter à marche forcée dans les pays dits « en développement » ?

Cela reste plus que discutable et la crise de l’éducation, que personne ou presque ne contestera, mais sur les causes desquelles les avis sont très partagés, est là pour en témoigner.

La plupart des pédagogies sont basées sur des théories du développement cognitif. Nombre d’entre elles tentent de répondre à la question comment l’enfant apprend et relativement peu, pourquoi ? Je tenterai, pour ma part, d’apporter quelques éléments de réponse à la question pourquoi ? Cette question nous renvoie en amont du cognitif, à ce que l’on appelle le conatif, c’est-à-dire ce qui mobilise le cognitif. À cette condition, comment fonctionne le cognitif m’importe peu puisqu’il n’est qu’un outil d’application et qu’il m’apparaît peu probable qu’il possède un mode de développement et de fonctionnement spécifique et universel, alors que sa caractéristique principale serait au contraire sa totale plasticité adaptative configurée par la culture, ou plus exactement par les cultures.

L’homme n’est pas (d’abord) un être de connaissance, mais de désir dit Spinoza. À quelle condition la libido (c’est-à-dire le désir) peut-elle être canalisée en libido sciendi, voilà la question qui me paraît fondamentale.

La démonstration pouvant en être parfois austère, j’ai cru bon d’adopter une forme dialoguée avec un interlocuteur imaginaire permettant d’aérer le texte.

Que voulez-vous démontrer avec cet ouvrage ? Vous reprenez le vieux combat de l’acquis contre l’innée ?

Pas uniquement, bien qu’il soit loin d’être gagné, mais c’est un des paradoxes de notre époque que d’avoir combattu l’innéisme par idéologie égalitaire et d’affirmer dans le même temps qu’un système éducatif basé sur les savoirs, donc sur la transmission, étouffe l’épanouissement « naturel » et la créativité de l’enfant. Du coup, pour expliquer les inégalités, réelles (ou perçues), on suppose des inégalités génétiques, car il faut bien leur trouver une origine si elles ne s’expliquent pas par des handicaps sociaux, ce qui est loin d’être toujours le cas quoiqu’en disait Bourdieu.

Les théories et les pratiques pédagogiques ambiantes, que l’on pourrait qualifier de rousseauistes ou naturalistes, c’est pareil, sont plutôt en faveur d’un développement endogène de l’enfant auquel les apprentissages ne contribuent que fort peu, où la maturation, c’est-à-dire le développement, précède les apprentissages, ce qui revient à dire, en simplifiant un peu, que les capacités cognitives seraient innées, voire héréditaires, position à laquelle le constructivisme a – volontairement ou pas – largement contribué.

Ce que je veux, c’est démontrer sous l’impulsion de quel moteur l’enfant se développe et comment les pédagogies peuvent se greffer sur ce moteur. Je parle du développement en général, surtout identitaire, dont le développement cognitif dépend étroitement.

Comment l’utiliser pour les apprentissages et, sinon contribuer à mettre à la corbeille, au moins relativiser les vielles lunes pédagogiques selon lesquelles l’enfant serait naturellement tellement curieux et désireux d’apprendre qu’il suffirait de lui indiquer où puiser l’information pour favoriser son « auto apprentissage », ou bien le discours des maïeuticiens qui pensent que l’on sait déjà tout et qu’il suffit de l’extraire de soi-même, ou que l’enfant ne peut apprendre que dans un contexte ludique, ou bien encore que c’est à l’enfant de fixer l’étiage des connaissances qui lui sont nécessaires en fonction de son principe de plaisir à moins qu’on ne le fasse à sa place en rabaissant le niveau scolaire de telle sorte que les évaluations soient le plus possible positives, c’est-à-dire égalitaires. Et j’en passe…

Que reprochez-vous à ces « pédagogies » ?

On juge l’arbre à ses fruits, voyez vous-même le résultat… s’il vous satisfait refermez ce livre.

Ce constat est sujet à caution…

Sans doute et mon propos n’est pas de faire œuvre polémique, mais je constate qu’en des endroits où l’on en est encore à des pédagogies que l’on considère comme obsolètes sous nos latitudes et où l’on ne multiplie pas – encore – les béquilles pédagogiques pour compenser une absence de désir épistémique, qui est en fait le véritable problème, le rendement scolaire est souvent meilleur. Je ne prêche pas pour autant pour un retour à des pédagogies d’antan, mais conteste celles qui s’inspirent d’un hypothétique principe de plaisir épistémique ou d’un non moins hypothétique développement cognitif endogène.

Alors quelle est votre approche, revenir à un système basé sur les savoirs ?

J’ai parlé de désir épistémique. Mon approche c’est c

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