Faut-il condamner l Enfance ?
148 pages
Français

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Faut-il condamner l'Enfance ? , livre ebook

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Description

La crise financière mais aussi humaine influe sur l'avenir de nos enfants. Absentéisme, décrochage scolaire, absence de perspective d'emploi : une partie de la jeunesse va mal. Il importe de remettre à l'oeuvre une éducation qui croit en l'éducabilité de l'enfant, et échappe aux clichés du déterminisme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 14
EAN13 9782296496217
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Faut-il condamner l’Enfance ?
Collection
« Enfance, éducation et société »
Cette collection regroupe des études et essais concernant l'enfance au travers d'approches multiples.
Etudes universitaires et essais issus du monde de l'éducation ou du secteur du travail social, ces travaux ont en commun la même préoccupation : apporter un éclair âge diversifié sur un domaine essentiel de l'univers des sciences humaines.

















La liste des parutions, avec une courte présentation
du contenu des ouvrages, peut être consultée
sur le site www.harmattan.f r
Barbara WALTER



Faut-il condamner l’Enfance ?
ou l’impossible réussite de l’Education
Autres ouvrages de l’auteur

La famille peut-elle encore éduquer ? Erès, Ramonville-St Agne, 1997
Le droit de l’enfant à être éduquer , L’Harmattan, Paris, 2001
Des mères si différentes , L’Harmattan, Paris, 2004

















© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-99128-6
EAN : 9782296991286
Notre époque se caractérise par une volonté quasi obsessionnelle d’évaluer. L’évaluation devient, en quelque sorte, le fil conducteur de l’éducation jusqu’à en devenir l’unique moteur, voire l’unique enjeu. Evaluer pour juger le mérite de la personne, évaluer pour catégoriser, évaluer pour discriminer, évaluer dès le plus jeune âge sous couvert d’une meilleure prévention… Si, réellement, nos hommes politiques sont persuadés que la prévention est le moyen le mieux adapté et le plus économique d’éviter à nos enfants les dérives de toutes sortes, alors pourquoi multiplier et renforcer les réponses répressives ? Pourquoi attendre qu’un enfant soit adolescent pour le sortir d’un milieu que l’on sait néfaste ? Pourquoi tolérer la dégradation de certains quartiers qui rendent impossible l’épanouissement de familles condamnées à vivre dans ces espaces ? Pourquoi vouloir à tout prix durcir les réponses pénales vis-à-vis des mineurs ?
L’obsession évaluatrice voudrait déceler chez les enfants dès leur plus jeune âge le "gène" de la délinquance future alors qu’on ferme les yeux sur leurs conditions de logement, d’environnement, d’hygiène, de soins, d’accès à la culture et à la connaissance…
Quels sont les véritables enjeux de toutes ces grilles d’évaluation ou de ces rapports qui n’ont pour objectif que de confirmer des résultats déterminés à l’avance ou de ces enquêtes dont la seule analyse est de montrer le bien-fondé de l’action que certains ont de toute façon l’intention de promouvoir ?
Des chiffres montrent que le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est en augmentation. Et, pour autant, cela n’empêche pas la délocalisation d’entreprises vers l’étranger, mettant ainsi à la rue des personnes qui viendront gonfler le nombre des chômeurs. Des rapports évoquent la perte de repères dans la vie en société. Et, pour autant, les canaux médiatiques continuent d’abreuver nos jeunes de modèles illusoires ou pervers parce qu’en totale inadéquation avec la réalité. L’évaluation de l’obésité chez les enfants montre une forte évolution. Et, pour autant, les produits gavés de sucre continuent à faire la une des publicités. Des enquêtes informent sur le nombre de jeunes sortant sans diplôme de l’École. Et, pour autant, l’École n’adapte pas son fonctionnement aux problématiques scolaires actuelles.
L’évaluation permet d’inquiéter les parents quant aux performances de leur enfant et chacun sait que l’inquiétude est, elle-aussi, un enjeu de marketing. L’inquiétude fait vendre des revues et des livres sur l’éducation ou sur l’évolution des enfants. L’inquiétude rend florissants les services de soutien et d’accompagnement scolaire. L’inquiétude ouvre le chemin vers les psychologues, les orthophonistes et tous les corps de métier qui peuvent contribuer à développer chez l’enfant la motivation, la concentration, la mémoire, un comportement d’élève, en un mot, la réussite scolaire…
Les parents se laissent inquiétés parce qu’il leur incombe de faire réussir leurs enfants et l’enfant qui ne réussit pas renvoie sur ses parents l’image de l’incompétence ! Il y a certes des éléments inhérents à la structure ou au fonctionnement familial qui peuvent entrainer chez un enfant un comportement hors norme ou engendrer une dynamique de souffrance ou d’échec. Une séparation parfois conflictuelle des parents, la présence d’un seul parent auprès des enfants, la maladie, les addictions, une fragilité parentale sont autant de grains de sable dans le processus d’évolution d’un enfant. Mais ce ne sont pas les seuls grains de sable à venir enrayer le processus éducatif et il est, à mon sens, profondément injuste de renvoyer un "échec éducatif" sur les seuls parents.
Nous verrons tout au long de ce livre que la famille a certes un rôle et une autorité parentale à assumer mais elle peut parfois être empêchée ou être concurrencée par la diffusion extérieure à la famille de "valeurs" dont la seule priorité est la rentabilité économique immédiate, de "modèles" dont la seule priorité est la satisfaction de plaisirs immédiats, de "connaissances" dont la seule légitimité est de célébrer l’intellect au détriment d’un principe ou d’un savoir de réalité.
La famille n’est pas seule à élever ses enfants. L’enfant passe beaucoup de temps en dehors de sa famille et les parents n’ont pas souvent le choix de privilégier la vie de famille du fait de la complexification du monde du travail et de ses impératifs. Par ailleurs, élever un enfant a un coût que les milieux défavorisés ont souvent du mal à assumer et l’École n’est pas capable de combler l’écart entre les enfants qui ont la chance d’être soutenus scolairement par leurs parents et les enfants dont les parents n’envisagent de perspective que la reproduction de ce qu’eux-mêmes vivent.
Il serait temps que nos hommes politiques se penchent sur l’enfance avec la même énergie qu’ils investissent dans les campagnes électorales ou dans les questions économiques et financières. Mais pour cela, il leur faudrait s’éloigner d’une logique de rentabilité à court terme et repenser l’Éducation comme un processus à long terme qui devra permettre à nos enfants aujourd’hui de nous diriger demain.
D’avant à aujourd’hui
L’enfant ne peut pas être pensé hors de tout lien avec le monde et hors de son milieu de vie. Le milieu physique et social marque de son empreinte le développement de l’enfant. Démographie, organisation de la vie familiale, rôles sexuels, attitudes face à la vie et à la mort, croyances religieuses, principes moraux, mentalités, convictions scientifiques, normes, conditions politiques et économiques, structures institutionnelles sont autant d’éléments qui influent sur la considération de l’enfant et qui déterminent, de fait, la représentation de son développement et l’approche éducative qui s’y réfère.
Autrefois, l’enfant n’était qu’un maillon de la chaîne humaine. Ce qui importait n’était pas tant sa survie que l’assurance de la succession des générations. Avant d’être l’enfant de ses géniteurs il appartenait à la lignée familiale et son rôle était de participer à sa continuité.
Par la suite, le christianisme apporta en Europe une autre vision de l’enfant. C’est l’enfant que Dieu envoie aux couples mariés comme une preuve d’amour. Le nouveau-né devait donc être protégé, respecté et élevé comme un enfant de Dieu. Toute conduite de refus de vie (contraception, avortement, infanticide, abandon) était alors condamnée. De là apparaissait un clivage dans la considération de l’enfant entre le mauvais enfant (l’enfant péché) et le bon enfant (l’enfant de Dieu).
L E MAUVAIS ENFANT
Le mauvais enfant était marqué du poids du péché originel. L’enfant, considéré comme corrompu, inspirait la méfiance. Seule l’éducation serrée et vigilante pouvait le dresser, éliminer ses mauvais instincts et faire de lui un chrétien à part entière.
La Bruyère a développé en 1687 une théorie de l’enfance dans ses « Caractères » : « Les enfants sont hautains, dédaigneux, colères, envieux, curieux, intéressés, paresseux, volages, timides, intempérants, menteurs, dissimul

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