L Europe enseignée
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L'Europe enseignée , livre ebook

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Description

Enseigner l’Europe est un impératif des programmes scolaires, mais surtout un impératif pour former les citoyens de demain. Si les enseignants sont conscients de cette nécessité, ils manquent par trop souvent de guides et d’outils. C’est ce rôle qu’entend jouer cet ouvrage en présentant une lecture ouverte des programmes de géographie, d’histoire et d’éducation civique du primaire au lycée. S’adressant aux enseignants, formateurs et futurs professeurs, il propose des pistes de travail et de réflexion sur l’éducation à la citoyenneté européenne mettant en évidence les liens entre plusieurs champs disciplinaires. Se soucier de l’identité européenne en 2005, c’est pour nous retrouver l’importance primordiale des données culturelles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 octobre 2005
Nombre de lectures 2
EAN13 9782304053586
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Vincent Marie et Nicole Lucas
L’Europe enseignée : patrimoine(s), identité(s), citoyenneté(s)
Actes des séminaires de l’IUFM de Bretagne (Institut universitaire de formation des maîtres) 2004-2005
Éditions Le Manuscrit
Paris


© Éditions Le Manuscrit, 2005
© Couverture : Lucie BLANCHIN, élève au lycée J.F.Millet de Cherbourg-Octeville.
EAN 9782304053586


Préface
« Faire l’Europe, c’est d’abord faire des Européens. Or, on ne fera pas de vrais Européens sans choisir des moyens convenables à cette fin : c’est dire une méthode d’éducation qui soit, elle-même, européenne. Ainsi s’exprimait, en 1956, Denis de Rougement dans les premières lignes d’une chronique du Bulletin du Centre Européen de la Culture qu’il avait intitulée « Pour une éducation européenne ». Comme en écho, Jean Monnet confessait alors : « Si c’était à refaire, je bâtirais l’Europe sur la culture. »
Un demi-siècle est passé et on a l’impression que le vœu du premier est resté lettre morte et que la leçon du second n’a guère été entendue. Il n’est pourtant pas trop tard pour leur donner raison ; pour faire en sorte que les jeunes Européens ne soient plus définis en termes géographiques – comme ceux qui vivent en Europe – mais en référence à la civilisation à laquelle ils appartiennent sans en avoir conscience – par ignorance.
Le verbe être est un verbe exigeant ; il est beaucoup plus qu’un auxiliaire de conjugaison. Il a pour ambition de dire l’essence de ce qu’il nomme : on « est » Européen par l’esprit et le cœur.
Est Européen ou, plutôt, dans la perspective qui est celle d’une éducation européenne, sera Européen, l’élève, le collégien, le lycéen, dont la conscience aura été éveillée par la connaissance ; par la connaissance d’un passé commun dont les innombrables traces les interrogent et constituent leur patrimoine ; par la connaissance d’une Histoire qui se fait sous ses yeux celle d’une Union lentement élargie, difficilement et incomplètement approfondie, dont ils seront les citoyens ; par la connaissance des voies à explorer pour marcher, librement et volontairement, vers un avenir désiré.
Les auteurs de cet ouvrage apportent une contribution de qualité au grand défi que ce début de millénaire offre et impose à la fois aux enseignants européens : enseigner l’Europe.
Charles-Olivier Carbonell


Introduction : former à la citoyenneté européenne
« La citoyenneté est à construire plutôt qu’elle n’est attribuée ; elle est active plutôt que passive. » (J Dudley, J. Robinson & A Taylor, 1999)
« J’aime insister sur ce thème anthropologique de l’homme capable : capable de parler, capable d’agir, capable de rassembler sa vie dans des récits, capable d’assumer les conséquences de ses actes, de se laisser les imputer à lui-même comme en étant le véritable auteur. » (P. Ricoeur, 1995)
Former à la citoyenneté européenne : quelques semaines après le résultat du référendum français sur la question du traité constitutionnel, cet objectif devrait devenir une priorité pour tous les enseignants soucieux de promouvoir l’éducation civique dans leurs classes… En effet, l’ampleur du débat aussi bien que la nature des arguments avancés par les uns et les autres font apparaître d’indéniables besoins en formation sur la notion de citoyenneté et sur la problématique de son ancrage dans un espace européen.
De plus, on ne saurait limiter les enjeux de cette question en ne la considérant que sous une perspective franco-française. La citoyenneté européenne n’est pas l’extension à l’espace européen de la citoyenneté française ; il ne s’agit pas d’extrapoler, mais bien d’effectuer un saut qualitatif.
Plusieurs questions se posent : Comment définir la notion de citoyenneté ? Sur quels fondements asseoir la citoyenneté européenne ? Pourquoi vouloir former à la citoyenneté européenne ? Quelles compétences les enseignants doivent-ils développer chez leurs élèves afin de les rendre capables d’assumer leurs responsabilités de futurs citoyens européens ? Quelles sont les disciplines scolaires qui permettent cette éducation ?
La notion de citoyenneté se décline dans les trois domaines constitutifs de l’organisation humaine : le social, le juridique, le politique. Ces trois domaines sont intimement imbriqués ; l’organisation en tribus, en groupes, c’est-à-dire le social, l’établissement et le respect de règles de vie, c’est-à-dire le juridique, de même que le choix d’un système de prise de décision et les valeurs qui le fondent, c’est-à-dire le politique, sont indispensables à la survie de l’individu tout comme à la survie du groupe lui-même.
Depuis toujours, les hommes vivent en groupes, en tribus, en états, quelque part. Le groupe humain est obligatoirement situé , c’est à dire ancré dans une limite territoriale. La citoyenneté, pour être effective, s’inscrit dans un territoire. En devenant un citoyen , l’adulte reconnaît cette limite territoriale et concrétise son appartenance à un ensemble de personnes qui partage les mêmes droits et les mêmes devoirs. Le tracé des limites d’application de cette citoyenneté, ainsi que les conditions d’entrée et de sortie du territoire constituent toujours un enjeu crucial pour le groupe et pour l’individu.
Si le citoyen, pour exister, a besoin d’un lieu de citoyenneté, la citoyenneté n’est pas un attribut naturel et invariant de la personne : à l’âge adulte, tout individu pourra, s’il le souhaite, et sous certaines conditions, demander à changer d’appartenance et à être admis dans un autre ensemble politique, à l’intérieur d’une autre limite territoriale.
Au niveau de l’état, la citoyenneté s’apparente parfois à la nationalité. Pour certains états, nationalité et citoyenneté sont en effet considérées comme indissociables et définies par les critères purement géographiques de la loi du sol ; ailleurs, c’est une question d’ascendance et de filiation.
Tout comme la volonté des citoyens d’un pays peut être de vouloir étendre la citoyenneté à d’autres personnes, de même, la volonté des futurs citoyens d’un état potentiel ou virtuel peut contribuer à construire l’espace territorial à l’intérieur duquel ils souhaitent établir la condition politique qui garantira les valeurs qui leur semblent prioritaires.
C’est ce qu’ont fait les Pilgrim Fathers émigrant vers le nouveau monde au début du xvii e siècle et écrivant leur charte politique, avant même de quitter le Mayflower et de poser le pied sur leur nouveau territoire. C’est ce que font aujourd’hui les Citoyens du Monde dans l’espoir d’instaurer les valeurs de la démocratie à l’échelle du globe.
C’est aussi ce que nous sommes en train de faire, pour la construction d’une citoyenneté européenne : définir la signification attachée à l’appartenance au territoire Europe , territoire dont les limites ne sont pas encore tracées de manière définitive, dont les règles de fonctionnement ne sont pas encore bien claires, dont les valeurs fondatrices ne sont peut-être pas encore très nettement formulées…
Les questions d’appartenance se posent également lorsque de nouveaux états sollicitent leur entrée dans l’Union Européenne et obligent à considérer de près le tracé de la limite, de la ligne de partage qui détermine les territoires à l’intérieur desquels les habitants seront des citoyens européens .
Ces questions ne sont pas neutres, car au-delà des limites, c’est la question de la signification de l’Europe qui est posée. La signification attachée à l’appartenance à un espace européen, le sens de la citoyenneté européenne sont en effet le reflet des valeurs considérées comme fondatrices de l’organisation politique en train de se constituer.
Paul Ricoeur parle des biens communs , lieux de convergence et d’entrecroisement :
« Un minimum de consensus est nécessaire pour qu’une cité existe. Si nous pouvons vivre ensemble malgré tout, c’est que nos traditions multiples ne peuvent éviter de s’entrecroiser en des points qui deviennent des lieux communs. Il faut se rendre attentif à ces points d’entrecroisement, provoquer des lieux de rencontre, car les traditions de pensée ne sont pas uniquement conflictuelles. Elles créent aussi des biens communs . » (Paul Ricoeur, 1995, p.95)
De plus, bien évidemment, ces biens communs comme le respect d’autrui, l’écoute, la solidarité, par exemple, auront, le cas échéant, des racines philosophiques ou religieuses différentes, et il est bon que chacun reconnaisse que l’on peut partager des valeurs communes sans avoir nécessairement les mêmes convictions religieuses ou philosophiques.
« …les points d’entrecroisement ne restent eux-mêmes des carrefours vifs que si chacun apporte ses convictions, mais aussi les sources à partir desquelles il les alimente. Par exemple, des thèmes comme le respect, la tolérance, les droits de l’homme peuvent être pensés à partir de sources philosophiques différentes… » (P. Ricoeur, 1995)
Aussi, pour la construction de l’Europe politique, est-il nécessaire de débattre ensemble de ce qui peut constituer les biens communs d’une citoyenneté européenne : Quelles valeurs fondatrices ? Quelle culture minimale commune? Quelles procédures de fonctionnement?
En Europe, les valeurs fondatrices sont affirmées dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union, qui constitue la partie II du traité constitutionnel : dignité, liberté, égalité, solidarité, justice.
A côté des valeurs, l’identification des composantes d’une culture minimale commune peut parfois sembler prioritaire. Il convient cependant de ne pas adopter une attitude maximaliste dans cette recherche et de bien comprendre que la diversité des références culturelles ne constitue nullement un obstacle à une citoyenneté partagée.
« Davidson is advocating a citizenship which is procedural and rights-based rather than cultural –in other words, that a citizen is not required to conform to some single no

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