La beauté à la rencontre de l éducation
262 pages
Français

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La beauté à la rencontre de l'éducation , livre ebook

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Description

Peu de personnes sont convaincues de la nécessité de la formation esthétique dans l'éducation des enfants. Si Diderot affirme que le talent du comédien, c'est celui de la simulation, autrement dit l'art du mensonge, comment croire que le théâtre puisse développer le sens moral d'un enfant ? La scène n'est pas un lieu où l'on apprend à "faire semblant", mais un lieu de rencontres, où l'on découvre qui l'on est, en prenant le risque de se donner tel qu'on est.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2014
Nombre de lectures 35
EAN13 9782336355207
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

savent combien cet apprentissage est difIcile. On pourrait dire l’inverse
de sa nécessité, et beaucoup méconnaissent ses difIcultés. Entre éthique et esthétique, les ponts ne sont pas faits. En ce qui concerne le théâtre, le
de la simulation, autrement dit, l’art du mensonge. Comment croire alors que le théâtre puisse développer le sens moral d’un enfant ? En réalité, la scène – comme toute véritable expérience artistique
ontologique : elle lui permet de vivre une expérience d’être en se donnant. « Le tout du comédien, c’est de se donner » aimait à dire Jacques Copeau. Le vrai paradoxe du théâtre est peut-être là : la scène n’est pas un lieu
« Moi je fais du théâtre pour communiquer avec le monde entier » écrit Clara, 10 ans.
Elisabeth Toulet, fondatrice de l’Académie internationale de Théâtre
ans d’expérience auprès d’enfants de différents continents et de tous
enseignants et les chercheurs de voies nouvelles dans l’éducation.
Éthique en contextes est une collection de la Fondation Ostad Elahi – éthique et solidarité humaine, reconnue d’utilité publique.
Éthique en contextes
La Beauté à la rencontre de l’éducation
Académie internationale de héâtre pour enfants
Elisabeth Toulet
01/08/14 14:28
La Beauté à la rencontre de l’éducation Académie internationale de Théâtre pour enfants
©Photos : Philippe Brame - Didier Conan © L’HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04231-2 EAN : 9782343042312
Elisabeth Toulet La Beauté à la rencontre de l’éducation Académie internationale de Théâtre pour enfants
Éthique en contextes une collection de la Fondation Ostad Elahi – éthique et solidarité humaine reconnue d’utilité publique
L’éthique ne se limite pas à une réexion purement théorique sur le contenu et l’application des valeurs morales. Elle est inséparable de l’action humaine et du travail par lequel des sujets se forment eux-mêmes au contact de leurs semblables, dans des environnements particuliers.
Il n’y a donc d’éthique qu’en contextes: contextes sociaux, économiques, professionnels, institutionnels, géopolitiques, etc. Les acteurs qui évoluent dans ces différents espaces, et souvent de l’un à l’autre, développent des compétences et des savoirs pratiques. Leur « sens éthique » leur permet d’articuler à chaque fois les droits et les devoirs en jeu en s’efforçant de ne pas s’y perdre, c’est-à-dire de trouver unmodus vivendi entre des valeurs personnelles, familiales, religieuses, et des valeurs professionnelles ou organisationnelles qui ne leur sont pas d’avance ajustées.
Les enjeux concrets de ce travail, les conits qu’il occasionne parfois, le savoir tacite ou explicite des différents acteurs et les stratégies qu’ils adoptent pour la résolution des conits et la construction d’une éthique personnelle et collective, sont autant de dimensions qu’une réexion sur l’éthique appliquée peut tenter d’explorer.
Ainsi, penser l’éthique en contextes ne se résume pas à établir la déontologie ou les règles de bonne conduite propres à chaque type d’activité. Il s’agit plutôt, à travers des analyses menées sur des cas concrets, d’éclairer les modalités pratiques de la prise de décision, de proposer des outils nouveaux pour la réexion et pour l’action.
Déjà publiés dans la même collection
État des lieux de l’enseignement et de la recherche en éthique, 2014 Sous la direction de d’E. Rude-Antoine et M. Piévic.
Éthique et Famille,2013 Tome 3, sous la direction d’E. Rude-Antoine et M. Piévic.
La Construction du savoir éthique dans les pratiques professionnelles, 2011 Avec des contributions de P. Fortin, B. Leclerc, P.-P. Parent, S. Plourde,D. Rondeau (Université du Québec à Rimouski).
Éthique et Famille, 2011 Tomes 1 et 2, sous la direction d’E. Rude-Antoine et M. Piévic.
Stratégies d’entreprises en développement durable, 2010 Sous la direction d’E. Reynaud, avec des contributions de L. Barin Cruz, H. Chebbi, W. Chtourou, E. Dontenwill, C. Gauthier, A. Mathieu, M. Marais, C. J. Ney, E. Reynaud et collab.
Éthique de l’entreprise : Réalité ou illusion ?, 2010 Avec des contributions de A. Anquetil, M. Bon, F. Cardot, J.-F. Connan, L. Hirèche-Baïada, Th. Hommel, J.-J. Nillès, S. Orru, B. Saincy.
Éthique et Développement durable, 2010 Sous la direction de l’ifore, avec des contributions de D. Bourg, D. de Courcelles, A. Létourneau, P. Ponsart-Ponsart, Cl. Revel, A. Touraine, P. Viveret. Introduction de M. Pappalardo.
Éthique et crise înancière, 2009 Avec des contributions de A. Benassy-Quéré, J.-Ch. Le Duigou, B. Esambert, D. Lamoureux, J.-F. Pécresse, Ch. Walter.
La Musique à l’esprit : Enjeux éthiques du phénomène musical, 2008 Sous la direction de J. During, avec des contributions de L. Aubert, A. Didier-Weil, J. During, G. Goormaghtigh, E. Lecourt, F. Picard, P. Sauvanet, B. Stiegler et J. Viret. Validité et limites du consensus en éthique, 2007Sous la direction d’A. Létourneau et B. Leclerc, avec des contributions de
N. Aumonier, G. Beauregard, L. Begin, A.-M. Boire-Lavigne, G. Caron, D. Boucher, J. Fortin, R. Lair, A. Le Blanc, J.F. Malherbe, P. Martel, M. Monette, S. Mussi, L. Rochetti, G. Voyer.
Qu’avons-nous fait du droit à l’éducation ?, 2007 Avec des contributions de M. Assémat, G. Azoulay, F. Boissou, B. Bourgeois, H. Cohen, M. Kostova, M. Méheut, A. de Peretti, J. Salame Sala, B. Stiegler et des interviews de M.-C. Restoux-Gasset et J.-F. Connan.
Éthique et solidarité humaine à l’âge des réseaux, 2006 Avec des contributions de Ph. Breton, H. Le Crosnier, C. Henry, P. Mathias, S. Missonnier, P. Pérez, V. Peugeot, P. Soriano.
Trois Écoles québécoises d’éthique appliquée : Sherbrooke, Rimouski et Montréal, 2006 A. Letourneau, F. Moreault (collab.).
L’Éthique individuelle, un nouveau déî pour l’entreprise, 2005 Avec des contributions de A. Ballot, L. Bibard, G. Even-Granboulan, C. Ganem, M. Grassin. Préfacé par M. Bon.
Éthique et éducation. L’École peut-elle-donner l’exemple ?, 2004 Avec des contributions de B. Bourgeois, J. Costa-Lascoux, B. Elahi,J. Houssaye, B. Kriegel, C. Mollard, E. Morin, D. Ottavi, A. Peignault, J.-C. Pettier, R.-M. Saugey, L. Villemard, J. Wimberley, L. Wirth.
Intervenir auprès des familles Guide pour une réexion éthique, 2004 Sous la direction de P.-P. Parent, avec des contributions de B. Boulianne, M. Beaulieu, M. Dumais.
Le Souci éthique dans les pratiques professionnelles. Guide de formation,2004 Sous la direction de P. Fortin et P.-P. Parent.
Préface parAndré de Peretti
C’est à une incursion instructive, déterminée et réjouissante dans le Monde (théâtral) de l’Éducation que nous convie Elisabeth Toulet. Elle nous y entraîne en passant par des foyers, des logis, des salles, des coulisses et des scènes où peuvent camper des « Personnages » : pour notre agrément et pour un rebondissement dans nos méditations sur l’Enseignement.
Dans une première marche, son témoignage personnel, familial et scolaire nous touche et nous alerte. Il nous fait apparaître les vifs contrastes entre la chaleur d’une vie familiale viviée par l’esprit de Résistance qui anima son père et la froideur entachée d’inerties d’une scolarité dévouée au Culte de l’Abstraction et à quelque immatérialisation (dirait-on « comme d’habitude » ?) Comment ne pas être en sursaut d’apprendre qu’en hypokhâgne un professeur de français consacrait « l’année à l’étude du thème de Satan dans la littérature : cruauté, libertinage, spleen, vide, absurde… » Quelle sorte d’éducation « morbide », associée à des « bribes de connaissances éparses », était donc imposée à des jeunes placés en porte-à-faux avec eux-mêmes, abstraits d’eux-mêmes ? En université, les vides intérieurs et les connaissances éparses se sont aussi succédés jusqu’au tournant d’une retraite spirituelle : Dieu est Amour ! Au-delà des « préparations » et des orientations professionnelles, il devenait clair qu’« Il fallait vivre avant d’enseigner ». Et le vécu pouvait s’apprendre, s’éprouver, se vivier par le théâtre et la grâce de l’Ofce culturel de Cluny rencontré à propos. Il devenait possible, fertile de faire l’expérience d’une « présence de soi uniée, vraie », déjà dans un simple mouvement gestuel : non plus derrière les rideaux des abstractions, mais « en scène » ! Il n’était alors plus question, pour Elisabeth Toulet, de se donner à une « culture sans espérance » mais bel et bien de « résister » à la banalité même sophistiquée, de s’engager comme son père l’avait fait trente ans plus tôt.
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La Beauté à la rencontre de l’éducation
En prémices de son engagement, notre auteur nous présente la première animation qu’elle met en œuvre au château de Chambord : en celle-ci, une appropriation de l’Histoire et des Lieux est offerte, en réciprocité d’émerveillement, à des animateurs et à des enfants de neuf à douze ans. Cela la conduit dès 1982 à lancer en Champagne un Festival des jeunes années, le premier festival de théâtre d’enfants acteurs en France, puis à produire un lm,L’Avenir de l’homme dans les yeux d’un enfant, qui réunit enfants français, amérindiens et canadiens du Québec ! Le jeu de telles interactions culturelles et de ces rencontres créatrices aboutit en rebondissement à la création de l’Académie internationale de Théâtre pour enfants en 1986 : appel à des gens de métier s’engageant à former les enfants et à produire avec eux, en conance, des spectacles artistiques ; recherche d’un lieu de qualité pour y installer la vie quotidienne : l’Esthétique oblige, il faut un cadre approprié pour pratiquer un juste « art de vivre ensemble », passé, présent et avenir réunis créativement ! Ouverture européenne et enn participation, combien enrichissante, d’enfants vivant dans la précarité. C’est en aboutissement de ces essais successifs, créateurs et courageux – ne disons rien de ce qu’on pourra lire et deviner des difcultés, notamment matérielles, qu’il fallut surmonter ! – que peut s’effectuer, en 2002, la représentation théâtrale d’une Iliadefascinante réunissant enfants belges et français de tous milieux sociaux : aventure de création et de coopération enfantines dans laquelle notre auteur va nous faire cheminer.
Car une telle réalisation, spectaculaire, met en relief tous les paradoxes, attachés à celui du « Comédien » décrit par Diderot, qui ont dû être abordés et traités par les enfants et leurs mentors. Paradoxe d’une épopée mythique interprétée par une troupe juvénile autant qu’hétérogène : associant d’autre part, à la vengeance et à la violence, la grandeur !
Paradoxe sur la scène, d’une réelle « présence » de chaque petit acteur, pour re-présenter avec sincérité des sentiments authentiques ne lui appartenant pas. Enjeu d’un scénario présenté aux enfants et soumis à leurs créativités personnelles pour la « construction » des rôles et des scènes. Paradoxe enn d’une mise à distance des pesanteurs familiales imposées aux enfants, contrastant avec la présence des parents au spectacle nal : consacrant, par reconnaissance, le bonheur des dits enfants, en « Ithaque » inversée ! Et il y avait aussi ATD Quart Monde, et des rafnements rejoints en grâce…
Ainsi ces paradoxes, abstractions et concrétisations, imaginaires et vécues, s’entrelaçaient-ils dans le tissu, étincelant autant qu’éphémère, de l’œuvre théâtrale. En celle-ci, seraient accomplies des relations intra-personnelles autant en beauté qu’en éthique (par la « catharsis » donnée à l’issue du spectacle intense) : le soi ressortant plus clair d’avoir emprunté et fait vivre le moi d’un « autre ». Mais dans l’entreprise d’Elisabeth Toulet, ce sont aussi
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Préface
des relations collectives qui sont « tramées » : aussi bien intergénérationnelles, interfamiliales qu’interdisciplinaires et intereuropéennes ou internationales. Et il apparaît bien que la richesse, la complexité de telles relations s’avèrent de plus en plus nécessaires aux broderies comme au tissage de notre époque. Car celle-ci est sous nos yeux, inexorablement impliquée, technologiquement, scientiquement, humanistiquement, dans la réalisation croissante de « reliances » entre tous les phénomènes, de toutes dimensions et de tous ordres ou temps, que les riches exigences et combinaisons théâtrales peuvent, métaphoriquement, représenter ! Actualité donc brûlante du théâtre ! Et force du message témoigné par l’Académie internationale de Théâtre pour enfants ! Aussi bien, il convenait qu’un tel message soit repris et répercuté selon les modalités universitaires. Notre amie Elisabeth a été conduite, en conséquence, à explorer les relations qui ont pu se nouer : entre le Théâtre et l’École, les Enseignements et les Représentations, les Savoirs et l’Expression. Il s’ensuivait l’émergence de nouveaux paradoxes et le recours instant à des « Dialogiques » telles que les a explicitées Edgar Morin : en lesquelles se conjuguent des logiques opposées étreignant toute réalité.
Un premier cheminement nous conduit alors à retrouver les essais fructueux qui furent tentés, aux débuts du XXe siècle, pour introduire une pratique active du théâtre dans l’Éducation. Et ce sont les références des Decroly, Cousinet, Freinet qui apparaissent mais aussi celle de Rudolf Steiner allant jusqu’à fonder sa pédagogie entièrement « sur l’art […] comme mode d’apprentissage ». Ces « apôtres de l’Éducation nouvelle », n’ont pas convaincu leurs collègues de l’ensemble du système éducatif : même si, à l’aube du XXIe siècle, Jack Lang et Catherine Tasca décidaient un Plan de cinq ans pour développer l’art et la culture à l’école, tant « l’intelligence sensible est inséparable de l’intelligence rationnelle », conjointes et serrées dans une « dialogique » exigeante, pourtant évincée…
À défaut du théâtre dans l’École, ou complémentairement, c’est l’École dans le théâtre qu’il faut aussi considérer. Et c’est du côté de Jacques Copeau que sont orientés nos regards. Son École du Vieux-Colombier était ouverte à de très jeunes élèves comme aux plus âgés, en vue de rénover le théâtre et d’affermir, sans modèle, des personnalités, des acteurs. Il fallait, par les jeunes et avec eux, redonner verdeur d’inspiration et créativité « du dedans » au théâtre.
Suivant l’élan donné par Jacques Copeau, Léon Chancerel mit à son tour en pratique la formation théâtrale des enfants et des jeunes amateurs ; il y développait des « Jeux dramatiques », mettant en capacité de gurer « toute émotion, tout sentiment », par le langage corporel mais à distance de tout cabotinage, en vue d’assurer une « présence », selon une « mystérieuse alchimie de technique et d’abandon », en nouveaux paradoxes. Car il s’agit bien d’une
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