La formation en trois temps et trois mouvements

Jacques Serizel

Description

Il s'agit d'essayer de comprendre l'articulation des modalités d'accompagnement, en se calant avec la plus récente "révolution industrielle" dans laquelle nous a emporté Internet et les outils qui y sont liés. Il faut prendre de la distance avec les nouveaux moyens techniques inventés par l'Homme, car ils peuvent être parfois mal maîtrisés. L'accompagnement médiactif est un vecteur d'action qui propose des dimensions, des regards, des écoutes de l'autre, avec les avantages et inconvénients d'une remise en cause permanente.

Sujets

• Interfaces et transdisciplinarités
• Education

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mai 2017
• Nombre de lectures: 12
• EAN13: 9782336789378
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Couverture

4e de couverture

Interfaces et Transdisciplinarités

 

Interfaces et Transdisciplinarités

Collection dirigée par Patrick Paul

 

Déjà parus

 

Michèle Duzert, Vivre son autonomie, 2016.

Isabelle Hannequart, Jeux et enjeu de la planétisation, Patrimoine – Culture – Monde, 2010.

Christian Gérard, Pour une œuvre de complexité en éducation, 2010.

Catherine Guillaumin, Sébastien Pesce, Noël Denoyel (sous la dir. de), Pratiques réflexives en formation. Ingéniosité et ingénieries émergentes, 2009.

Bernard Carmona, Le réveil du génie de l’apprenant. Construction d’un projet transculturel à La Réunion, 2009.

Patrick Paul et Rémi Gagnayre (dir.), Le rôle de l’art dans les éducations en santé, 2008.

Gérard Gigand, Ingénierie du regard transdisciplinaire, 2007.

Isabelle Hannequart, Science et conscience de la mondialisation, 2006.

Patrick Paul et Gaston Pineau (coord.), Transdisciplinarité et formation, 2005.

Titre

Jacques Serizel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La formation en trois temps
et trois mouvements

 

L’accompagnement Médiactif en action

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

www.harmattan.com
[e-mail]

EAN Epub : 978-2-336-78937-8

Sommaire

Couverture

4^e de couverture

Interfaces et Transdisciplinarités

Titre

Copyright

Sommaire

1. Des interactions complexes entre champs médiactifs et accompagnement

1.1 Émergence historique d’un nouveau champ médiatique et médiologique

1.2 L’ordinateur

1.2.1 Un peu d’histoire…

1.2.2 La première génération (1950-1959)

1.2.3 La deuxième génération (1959-1963)

1.2.4 La troisième génération, la nôtre

1.2.5 Et demain ?

1.3 L’Internet

1.3.1 Historique

1.3.2 Le web

1.4 L’organisation hypertextuelle

1.4.1 L’hypertexte

1.4.2 L’hypertextualité

2. La médiologie

2.1 La médiasphère

2.1.1 La logosphère.

2.1.2 La mécanosphère.

2.1.3 La toposphère.

2.2 Une nouvelle pragmatique de la connaissance.

2.2.1 L’Intelligence collective et connaissance identitaire.

2.2.2 Intelligence collective et savoir communautaire.

2.2.3 Vers une écologie cognitive du cyberespace

2.3 Cyberespace.

2.4 Écologie cognitive.

2.5 Médiasphère, noosphère et virtualité

3. Des nouveaux médias d’immédiateté. Quels nouveaux rapports spatio-temporels pour accompagner ?

3.1 La temporalité

3.1.1 Temporalité et succession leibnizienne et harmonie de l’accompagnement

3.1.2 Le temps de la mémoire et immédiateté

3.1.3 Le temps instantané

4. Les médias, technique de l’immédiat

4.1 La spatialisation

4.1.1 La distance spatiale

4.1.2 La distance technologique

4.1.3 La distance temporelle

4.1.4 La distance sociale

4.2 L’alternance

4.2.1 L’alternance rythme

4.2.2 L’alternance « renversabilité »

4.2.3 L’alternance réversibilité

5. Émergence d’approche triadique de la formation

5.1 La Médiaction à l’éclairage de la théorie tripolaire

5.1.1 Théorie Tripolaire et autoformation

5.2 De l’autodidaxie à l’autoformation

5.2.1 L’autoformation « intégrale »

5.2.2 L’autoformation « existentielle »

5.2.3 L’autoformation « éducative »

5.2.4 L’autoformation « sociale »

5.2.5 L’autoformation « cognitive »

5.3 Les trois courants de Pascal Galvani

5.3.1 L’approche technico-pédagogique

5.3.2 L’approche bio-épistémologique

5.3.3 L’approche socio-pédagogique

5.4 Les sept piliers de Philippe Carré

5.5 Relation et autoformation existentielle

5.6 La réciprocité et la place du « co »

5.6.1 Le champ philosophique

5.6.2 Le champ anthropologique

5.6.3 Le champ économique

5.6.4 Champ politique

6. Ouverture des dispositifs universitaires aux T.I.C.

6.1 Autonomie

6.1.1 Définition

6.1.2 Autonomie et automatisme

6.2 Autonomie et rapport au dispositif de formation, présentation de quatre situations, Brigitte Albero

6.2.1 Les dispositifs à dominante prescriptive

6.2.2 Les dispositifs à dominante tutorale

6.2.3 Les dispositifs à dominante coopérante

6.2.4 Les dispositifs à dominante « auto-directive »

6.3 Autonomie et autorégulation et T.I.C.

6.3.1 Un changement de paradigme

6.3.2 Un nouvel Habitus

6.4 L’autonomie, condition d’efficacité des TIC :

6.4.1 Autonomie, autoformation et T.I.C.

6.5 Pistes pédagogiques d’hier et d’aujourd’hui

6.6 L’évolution rapide des conceptions de T.I.C. et de leurs usages, une vision éthique de la situation

6.7 Les T.I.C. dans l’enseignement supérieur, quels accompagnements mis en œuvre ?

6.7.1 Etat de lieux

6.7.1.1 Les T.I.C. sont-elles un moteur de motivation pour les étudiants ?

6.7.1.2 Enseignement et Échanges

6.7.1.3 Consoles de jeu, salle de cours, wikis…

6.7.2 Les campus virtuels

6.7.3 « le bimodal learning model » : Un nouveau système d’enseignement

6.7.4 Une évolution positive croissante

6.8 Le plaisir des T.I.C., une « anti-éthique » ?

7. Vers une nouvelle ingénierie de l’accompagnement avec les médias et ses alternances

7.1 L’accompagnement médiactif

7.2 Médiaction et relations existentielles

7.3 L’appropriation, assimilation et accommodation

7.4 Assimilation et accommodation

7.5 L’appropriation

7.6 Entre conversation et dialogue

7.7 Conversations fictives et accompagnement

8. Quelle ingénierie de l’accompagnement médiactif ?

8.1 Quelle est la question

8.2 S’approprier l’outil

8.3 Les supports de l’Internet comme objets transitionnels

8.3.1 L’objet transitionnel

8.3.2 Médiasphère ?

8.3.3 Collaboratif ou coopératif ?

8.3.4 L’appartenance au groupe

8.3.4.1 La théorie d’Adorno

8.3.4.2 La théorie de la dissonance cognitive

8.3.4.3 La théorie de l’individu, groupes d’appartenance et groupes de référence

8.3.5 Repaire et repère spatio-temporel

8.3.6 La sédentarité et le nomadisme

8.4 Successivité d’instants temporels et cyber-accompagnement par l’hypertextualité

8.4.1 Le temps succession d’instants temporels

8.5 Aux portes du « cyber-accompagnement » par l’énaction

8.6 L’apprenant-nomade

9. Organisation

9.1 Les dispositifs pédagogiques

9.2 Les outils

9.2.1 Le forum général

9.2.2 L’espace de travail

9.3 Les formations

9.3.1 Le Diplôme Universitaire

9.3.2 Le Master 1

9.3.3 Le Master 2 FAC

9.3.4 Le Master 2 SIFA

9.4 Analyses

10. Les écrits

10.1 Durée et typologie

10.1.1 Les indépendants

10.1.2 Les constructeurs

10.1.3 Les opportunistes

10.1.4 Les rêveurs

10.2 Sémantique des écrits

10.3 La réduction de la dissonance cognitive

11. L’accompagnement médiactif

11.1 L’accompagnement technique

11.2 L’inter-accompagnement médiactif

11.2.1 Une forme d’appropriation

11.2.2 L’inter-accompagnement collectif

11.2.3 Le risque du clan

11.3 L’auto-accompagnement

12. Alternances « présencielles/distancielles »

12.1 Alternances de liaison

12.2 Alternances constructrices

12.3 Alternances dynamiques

12.4 Alternances performatives

13. « Digital natives et digital migrants », auto-formation existentielle

13.1 De-spatialisation

13.2 « Re-spatialisation »

13.3 Auto-formation existentielle

13.3.1 Le moment franco-québécois

13.3.2 Le processus d’autoformation

13.4 « Dé-temporalisation »

13.4.1 Question de temps et d’heure

13.4.1.1 Quels jours ?

13.4.1.2 Quelles heures ?

13.4.1.3 Quelle durée ?

13.5 Natif, migrant, sédentaire et nomade ?

14. Les Interactions

14.1 Les interactions de liaison

14.2 Les interactions d’attention et d’intention

14.2.1 Les interactions d’attention techniques

14.2.2 Les interactions d’intention formatives

14.3 Les interactions d’autonomie

14.4 Les interactions créatrices

14.5 Appropriation, action et approaction

14.6 L’action

14.7 L’« approaction »

15. Synthèse générale

15.1 Les trois formes de l’accompagnement médiactif

15.1.1 La Médiaction

15.1.2 Une compétence nouvelle

15.2 Les quatre formes d’alternances médiactives

15.3 La « re-spatialisation » et la « re-temporalisation »

15.4 Les cinq niveaux d’interactions

15.5 Cheminement expérientiel et processus de distanciation

15.5.1 Processus d’autonomisation

15.5.2 L’autodidaxie

15.5.4 La virtualité

Bibliographie

Adresse

 

 

Il y a le temps et les espaces, les moments et les regards parfois lointains.

Il y a l’écoute et le respect de la personne.

L’accompagnement, au sens le plus évident, ne peut-il pas se comprendre comme une dynamique d’écoute et de perception de l’autre dans un environnement à créer, à inventer dans une forme d’utopie salvatrice ?

L’accompagnement ne peut exister hors d’une alternance des échanges, quelles qu’en soient les formes.

Les temps et les lieux, s’ils sont parfois programmables, ne sont-ils pas dans bon nombre de situations presque intemporels ou « non-temporels » ?

Les Histoires de Vie sont des suites rythmées de temps et de « contre-temps » qui créent naturellement des temps nouveaux et plus explicites.

C’est à travers ces traces que nous allons naviguer pour essayer de comprendre l’articulation des modalités des accompagnements.

Cet ouvrage se cale sur un phénomène que nous pourrions assimiler à la plus récente « révolution industrielle » dans laquelle nous a emportés l’aire de l’Internet et les outils qui y sont liés.

L’objet de ce travail est aussi de montrer qu’il nous faut prendre de la distance avec les médiums de nouvelles générations qui nous emportent tellement vite dans la technique inventée par l’homme, mais qu’il a parfois bien du mal à maîtriser.

C’est sur des rythmes nouveaux qui privilégient la présence et la distance que vont pouvoir se construite des nouvelles formes de compréhension de l’autre, afin d’identifier les besoins dans un système de « co-opération », dans des alternances « présencielles/distancielles », qui n’auront plus besoin des technologies pour « co-contruire » des projets.

Il est parfois important de tirer profit des mécaniques d’innovation pour avancer et grandir sur une réflexion cohérente et adaptée au groupe, aussi bien qu’au face à face.

Si l’Internet, qui va être évoqué très largement dans les premiers chapitres, peut paraître décalé et qu’il peut ne pas représenter l’Homme, il faut savoir que la technique n’est pas synonyme de modernité et qu’il y a depuis la nuit des temps des travaux et des réflexions qui ont été menés sur celle-ci, la « tekné » telle que l’évoque Bernard Steigler.

Notre actualité est en lien avec l’Internet en tant que concept créateur ainsi qu’avec les différents outils qu’il le porte, de l’ordinateur classique au téléphone en passant pour des objets tellement improbables.

L’Internet est donc un passage qui va nous permettre d’ouvrir une distanciation qui n’est pas nouvelle, mais qui n’avait pas vraiment émergé. L’accompagnement médiactif est un vecteur d’action qui propose des dimensions, des regards, des écoutes de l’Autre… en perpétuelle évolution, avec les avantages et les inconvénients d’une remise en cause permanente pour nous donner la possibilité d’évoluer, de « coller » de plus en plus à des situations complexes.

L’objectif de l’accompagnement médiactif n’est pas de faire entrer les personnes dans des cases et encore moins dans des moules. Il nous faut dans un premier temps poser des cadres pour immédiatement les remettre en question. La cadre c’est l’instant, il n’existe donc pas. Si nous nous souvenons de lui, c’est dans une virtualité active. C’est peut-être pour nous rassurer que nous formalisons parfois des faits.

Mais n’oublions jamais que :

« L’homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont, du fait qu’elles sont ; de celles qui ne sont pas, du fait qu’elles ne sont pas. »

Comme nous l’enseigne Platon dans le Protagoras.

Rien ne nous empêche alors d’évoquer Thomas More et ce qu’il défend vraisemblablement dans « L’Utopie », cette forme d’ouverture d’esprit, qui se décline dans l’aptitude à l’expérimentation et à la discussion pour faire progresser tous types de sociétés ou plus simplement des environnements fermés ou ouverts et il nous dit que :

« … personne n’est exposé à débiter étourdiment les premières choses qui lui viennent à l’esprit, et à défendre ensuite son opinion plutôt que le bien général ; car n’arrive-t-il pas souvent qu’on recule devant la honte d’une rétractation et l’aveu d’une erreur irréfléchie ? Alors, on sacrifie le salut public pour sauver sa réputation… »

Plus que toute institution nouvelle, c’est un état d’esprit qu’il propose, et c’est peut-être bien là que le travail d’accompagnement commence.

Les regards que nous pouvons porter sur les différents fonctionnements que nous croisons sont éminemment trop structurés pour ouvrir les esprits. Les attaques et les coercitions sont souvent mal orientées et c’est sur le fond des choses qu’il nous faut travailler et repenser les systèmes éducatifs de connaissances et de « re-connaissances » pour trouver des solutions, hors d’une binarité soi-disant protectrice qui ne rassure souvent que les nantis et les personnes qui les érigent.

1. Des interactions complexes entre champs médiactifs et accompagnement

L’objet de ce livre est de capitaliser sur l’utilisation d’outils d’échanges à travers le temps (médium). Ce sont des biais qui permettent de comprendre et d’avancer dans des formes d’accompagnements innovantes. C’est pourquoi notre réflexion va se porter dans un premier temps sur l’outil découvert et inventé dans la dernière moitié du vingtième siècle et qui est omniprésent dans notre quotidien… peut-être trop, parfois ?

Dans un premier temps nous allons donc traiter des aspects techniques et conceptuels, ordinateur, web, cyberespace…

Nous allons aborder tour à tour les notions d’immédiateté dans la temporalité, d’alternance, de technique et de temps qui vont devenir petit à petit le berceau d’une autonomie « re-naissante ».

Les technologies de l’information et de la communication nous placent face à des contraintes techniques, qui font l’objet de calages que le temps abolit.

Ne sommes-nous pas dans une recherche d’éthique qu’il faut apprendre à identifier et qui est indispensable, indissociable et garante de la pertinence et du bon fonctionnement des dispositifs de formation qui utilisent les alternances « présencielles/distancielles » ?

L’éthique n’est-elle pas le gage d’une autonomisation réussie dans une distanciation maîtrisable ?

Entre autodidaxie et autoformation, les degrés d’autonomie sont la base des résultats et des orientations qui seront prises en termes de démarches formatives.

Ne passons-nous pas d’un risque d’isolement, à une « coopération » facilitée par la permanence du temps dans la distanciation ?

L’accompagnement médiactif peut peut-être alors proposer des formes nouvelles de médiation cognitive et de reliance.

C’est au regard de ces différentes notions que va prendre corps notre problématique pour nous mener aux portes d’un « cyber-accompagnement » par une forme d’énaction.

1.1 Émergence historique
d’un nouveau champ médiatique et médiologique

Les volontés d’automatisation des calculs remontent à quelques siècles, mais les premiers ordinateurs réels n’ont été construits qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Outils universels par excellence, les ordinateurs sont au cœur de notre vie et sont employés dans la plupart des activités humaines : industrie, commerce, recherche, enseignement, médecine, loisirs… Leur utilisation dans des domaines si variés découle de la souplesse introduite par la programmation.

Les ordinateurs ont connu des évolutions successives. L’étude des différentes générations montre une continuité entre les ordinateurs les plus récents et leurs ancêtres, les calculateurs.

La généralisation de l’utilisation des ordinateurs a été possible grâce aux avancées technologiques réalisées à un rythme soutenu depuis l’avènement de l’informatique. Ces progrès ont permis de créer des outils de taille de plus en plus petite, à la fois puissants et faciles d’utilisation, pour un coût sans cesse décroissant.

1.2 L’ordinateur

1.2.1 Un peu d’histoire…