La Scolarisation et la Formation professionnelle des filles au pays de Schneider
298 pages
Français

La Scolarisation et la Formation professionnelle des filles au pays de Schneider , livre ebook

-

298 pages
Français

Description

L'intérêt de cet ouvrage est double. Il propose d'une part, une approche socio-historique de l'éducation/formation des filles de la classe populaire, de "l'école au ménage", tant au plan national que local. D'autre part, il constitue une étude de cas concret, celui de l'entreprise "Schneider : l'usine du fer, une dynastie de fer" où les filles sont prises dans la spirale des valeurs patronales et religieuses. Les résultats interrogent sur le rapport entre ce patronat paternaliste et une classe ouvrière soumise et craintive.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 127
EAN13 9782296263109
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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!>?"'."**"+Sommaire
Préface..................................................................................................I
Introduction .......................................................................................7
CHAPITRE 1 Schneider une figure exceptionnelle du patronat
français..............................................................................................17
CHAPITRE 2 L’industrialisation au Creusot au XIXè siècle :
histoire d’un exemple de réussite technologique.........................37
CHAPITRE 3 Naissance et développement d’une usine/ville.....67
CHAPITRE 4 La scolarisation féminine.........................................85
CHAPITRE 5 La formation post-scolaire des filles ....................133
CHAPITRE 6 L’enseignement ménager : la valeur refuge .........177
CHAPITRE 7 Les écoles ménagères schneidériennes Véritable
cas d’école abouti - La mémoire des femmes ............................221
Conclusion......................................................................................265
Annexes ..........................................................................................275
Préface
Ménagère au Creusot


Les établissements Schneider du Creusot ont été durant plus d’un siècle un
laboratoire de création industrielle. Pour les méthodes de travail, la production, les
techniques, le logement, l’espace de l’usine et de la ville, les relations sociales…, ils
ont modelé un paysage qui fut longtemps celui de la modernité. Le paternalisme
originel, qui assimilait l’entreprise à une famille, a su, notamment après les grèves
de 1899-1900, esquisser un nouveau type de représentation ouvrière, mettant en
place les délégués ouvriers, dont Alexandre Millerand lui-même espérait la
solution au problème des grèves. Au vrai, c’était une manière d’éviter le
syndicalisme au profit d’une relation interne ; mais qui traduisait la prescience de
problèmes nouveaux.
Par sa puissance novatrice, le Creusot a fait l’objet de nombreux travaux et
1publications . Sociologues, historiens, architectes se sont intéressés à cette matrice
de la deuxième révolution industrielle, celle du charbon, du fer, de l’acier , alliance
de progrès technique, de sécurité sociale et de despotisme, qui préfigure à certains
égards les états totalitaires du XXè siècle. L’ouvrier troque sa liberté d’expression,
voire de pensée, contre un emploi stable, un salaire plus élevé et un exceptionnel
niveau de protection. Jusqu’à l’invention de l’isoloir, il n’était pas question de voter
autrement que pour le patron qui dominait la municipalité et par conséquent les
institutions locales. Hors de Schneider, pas de salut. De la naissance à la mort, tout
est Schneider. Le passé et l’avenir ; le privé, voire l’intime aussi.
Peu d’études ont été consacrées aux rapports de sexes et aux femmes dans
l’espace creusotin. Or, c’est essentiel. La famille est le modèle, le pivot, le creuset
des relations sociales. Elle gère le quotidien, assure la reproduction de la
maind’œuvre et son éducation, fabrique le consensus nécessaire au fonctionnement du
système. L’ordre de l’usine repose sur l’ordre familial. De haut en bas. Les
Schneider sont une dynastie dont on célèbre les mariages et les baptêmes, les
anniversaires et les enterrements. Les femmes de la tribu s’impliquent dans
l’économie sociale et le dispositif éducatif. Elles sont les principales interlocutrices
des familles ouvrières dont les ménagères sont les intendantes. Epouses, mères,

1 Cf. notamment le catalogue de l’exposition du Musée d’Orsay ( 1995),Les Schneider. Le
Creusot. Une famille, une entreprise, une ville ( 1836-1960), Paris, Fayard, 1995. celles-ci sont les gardiennes du foyer, ordonnatrices des jours, médiatrices,
hygiénistes, pacificatrices, agents du consentement et de la transmission, en
particulier auprès de leurs filles.
D’où l’importance de leur formation à laquelle Jacqueline Fontaine,
historienne de l’éducation, consacre ce livre novateur. A travers textes et
documents, notamment ceux des archives de l’Académie Bourdon, elle montre la
généalogie des écoles de filles, privées et publiques, leurs programmes et leur
fonctionnement. Sexuellement inégal, cet enseignement, qu’il soit congréganiste
(sœurs de Saint Joseph de Cluny) ou républicain, vise surtout à former de bonnes
maîtresses de maison. L’enseignement ménager y est cardinal. Emile Cheysson,
disciple de Le Play, qui fut directeur du Creusot, en fait un dogme, qui culmine
autour de 1900. A cette époque, dite « Belle », les réformateurs sociaux de tous
bords pensent que le relèvement de la classe ouvrière, à leurs yeux minée par les
fléaux sociaux, de même que la régénération de la France, menacée par la
dénatalité, passent par « le moyen de la femme devenue bonne mère de famille ».
La ménagère, soldat du travail et de la race, représente un investissement majeur.
Partout présent, l’enseignement ménager s’épanouit dans des écoles spéciales,
comme celle du Creusot, modèle du genre. Durant plusieurs années, elle décline
les diverses opérations du ménage, de l’hygiène et de l’économie domestique ;
nettoyage, raccomodage, blanchissage, comptabilité, soins d’un corps euphémisé
remplissent des journées qui doivent être bien longues. Il s’agit de faire de la
ménagère une professionnelle, faute de donner aux filles une profession véritable.
Dans ce domaine, Le Creusot est plus que velléitaire : hostile. Pas question de
donner aux filles une formation qui leur ferait quitter la ville, un véritable emploi
qui les soustrairait à leur rôle naturel : le ménage et le foyer. Les femmes mariées
sont d’ailleurs exclues de l’usine, quitte à être reprises ultérieurement en cas de
veuvage. En 1916 ( c’est la guerre) fut pourtant créée une école professionnelle
féminine qui formait aux emplois de bureau ; on y entrait avec le brevet, sur
concours et surtout en fonction de la parentèle. Les recrues se plaignaient d’une
formation insuffisante pour des débouchés incertains. Quelques unes épousèrent
des ingénieurs, en quête de femmes un peu plus instruites. Du mariage, on ne
sortait pas.
Dans ce système, les échappées sont rares et le climat, étouffant. Ce que
montrent les enquêtes orales menées, en deux étapes distantes de près de vingt
ans, par Jacqueline Fontaine auprès d’une soixantaine de creusotines, représentant
deux générations , l’une née entre 1898 et 1915, l’autre entre 1915 et 1925,
générations traversées par la première guerre mondiale et aujourd’hui en voie
d’extinction. Devenue mémoire, cette parole, analysée notamment dans le dernier
chapitre du livre, court à travers le récit et lui confère une sensibilité, une tonalité
particulière, riche de ses contradictions mêmes. L’auteure souligne le
consentement, l’adhésion des femmes à leur rôle, voire la reconnaissance qu’elles
ont pour l’usine qui les a protégées, surtout en cas de veuvage. C’est vrai
objectivement (la situation des ouvriers du Creusot était supérieure à celle du
II prolétariat ordinaire) et subjectivement. Mais je suis frappée, au-delà de ces
propos, du sentiment de sujétion, d’enfermement que ces femmes évoquent non
sans frémissement. Elles disent la réprobation pour celles qui c

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