Laïcité et pédagogie
218 pages
Français

Laïcité et pédagogie , livre ebook

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218 pages
Français

Description

Le phénomène de la croyance, en général, enveloppe une réelle dynamique de pensée. Par ses propositions pédagogiques de (re)mise en chantier des rapports au monde et à l'Autre exprimés par les croyances, l'auteur propose ici de relancer l'exigence laïque par-delà ses positions purement défensives où elle risque de s'enfermer, contrairement à sa vocation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 45
EAN13 9782296237445
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

à C.,
auxenseignantset auxétudiants,
à tous ceuxdontle questionnement anime
l’exigence laïque.

Préface de Jean-Paul Resweber

Lequestionnementlibellé dans le titre s’adresse enpriorité
auxinstituteurs,maisil nesauraitlaisserindifférente la
communauté desenseignants,éducateursetformateurs,enraison même
desenjeuxqu’ilsoulève:«Croire et savoir, àquelle enseigne ?».
Croire et savoir sont à ce point« intriqués»,« imbriqués»,qu’il
estindispensable de définir un «trajet anthropologiquqe »ui,
servantde guide pédagogique, soit susceptible de lesprendre en
compte etde lesfaire évoluerl’un etl’autre,l’un parl’autre.Ense
réclamantde l’enseigne de «l’exigence laïque» pourmener à bien
cettetâche,le questionnementprend l’allure d’un défi, àmoinsque
laneutralité laïque nese limiteàloger toutle mondeàlamême
enseigne.Mais GérardFathrécusecettedoxapourdeux raisons.
Lapremière prendacte dece que les croyancesne peuventplus
êtrereléguéesdansle privé,laligne de démarcation entre le privé
etle publicétantdevenue désormaisfluctuante etproblématique.
Lasecondetientà ce que l’enseignement,s’ilveutêtre éducatif,
doitouvriràl’apprenantlapossibilité d’une libre quête, alternée ou
conjuguée,du savoiretducroire.L’auteurpeut releverce défi,
parce que philosempêophe «ché d’exercer le magistère
philosophique dans toutesasplendeur» et sonabstraction,il n’en est
devenuque plus«attentifauxjaillissementsdesquestions» (p.62)
venantdes terrains.Lalaïcité est, àses yeux,moins un faitqu’une
exigencecritique etéthique.Critique,parce ques’exprimantdans
une démarche d’uneraison habilitéeà« élucider» et«clarifier» le
croire.Éthique,parce quecette mêmeraison estinséparable d’une
pensée qui,empruntantlechemin de l’attention
phénoménologique,serisqueàpeser(pensare)le
poidsdeschosesetàréévaluerles valeursdomestiquées.
GérardFath décritminutieusementcetrajet
anthropologique,dontil découvreavec bonheurle modèle
dansl’autoanalyse entreprise parJean-ToussaintDesanti, àl’instigation de
sonamiMauriceClavel,qui le questionneàvifsur sesconvictions
matérialisteset staliniennes, convictionsquicontrastentavecle
dynamisme desarecherche philosophiqueconsacréeauxidéalités
mathématiques(p.24ss).Ducôté de la croyance,unecertitude,une
quasi-évidence,unedoxasclérosée endogma.Ducôté du savoir,
une interrogation,une quête,une inquiétude.De partetd’autre,le
risque d’unepenséecaptive.Unetelleattitudeschizoïdes’explique

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parlafataleretombée de l’élan ducroire etpar sa coagulation
enévidence.Toutecroyance,en effet,qui partdudésir s’inscrit,dans
unevisée « invoquante »,surle mode de « flèchesderenvoi » qui
s’épuisentà cibler un idéalabsent,figure d’un «ailleurs»toujours
différé.Elle prend dèslorsappuisur un «semblant»,qui,entendu
au sensactif duparticipe présent,surgitcomme étantla
configurationsymbolique dumanque.Mais si l’absence,devenue
insupportable,n’estpluséprouvéecomme lafigure d’unealtérité
possible,offerteàune interprétation ininterrompue,elles’inverse,
souslapression de « flèchesderenforcement» (qui lui donnentla
consistancetrompeuse d’un «semblant solide»,d’un
«fauxsemblant» ou«simulacre»),enune présence pleine qui,dèslors,
s’imposecommelaréférence,l’incarnation de la causeàdéfendre:
celle d’unParti,d’un groupesectaire,d’une église,de discourset
de pratiquescléricales.On lesaitpeut-être,maison ne lecroitpas,
la«cause »coupe lesujetde l’accèsàlavérité deson désir.Ainsi,
« le manège ducroire » forclôt-il le «site ducroire »
etparalyse-til,selonDesanti,l’expérience du«symbolico-charnel »,intégrant
lesconfigurations symboliques,que lesujet tisse par saparole et
aussi par
sesgestesd’expression,d’adresse,d’envoi,d’interpellation etd’écoute,pour y trouver ses repères.
Transposé danslespratiquesde l’enseignement,de
l’éducation etde laformation,le modèle du trajetanthropologique
peut, àl’enseigne de «l’exigence laïque », seconcrétiserdans
deuxparcoursdéterminants.On peutobserverqu’il obéitàune
féconde dialectique qui présideàladynamique du savoiretdu
croire.La croyance,quelle quesoitlaforme qu’ellerevête
–opinion,idéologie,fantasme,foireligieuse (p. 98ss) –peut
déterminerlaquête intellectuelle en lui imprimant un élan etla
surdétermineren la confirmant,maiselle peutaussi, àl’inverse,
rendre lapenséecaptive.Le dangerestbien deconfondre lesdeux
démarches,en prenantpour savoirce qui estcroyance incorporée
et,pourcroyance, ce qui est savoirconfus. «L’exigence laïque »
nousinvite,selonGérardFath, àfaire letri entre lesélémentsqui
relèventdechacun decesdeux régimes,non pourlesdissocier,
maisafin de les remanierde façonsynchronique.Il estcapital
d’apprendreàl’élèveaussibienàsavoirqu’à croire,pourle faire
passerdu croire-savoir au savoir-croire.Travail de déliaison etde
recomposition quirend peuàpeuce dernier« habilité »àsavoir, à
savoiretà croire,pour s’aventurerdansde nouvellesquêtes.

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Lorsque, cessantde fairecorpsaveclesujet,lescroyanceset
lesconnaissancesprennentcorps, alors unsecond parcours se
profile qui prolonge le précédent.Il existeune dynamique ducroire
etdu savoirqui permetau sujetdesefictionner,audoublesensde
l’anticipation etde la construction,surlascène oùl’Autrese
trouve figurécomme étantl’Autre métaphorique des racinesdu
sujet,l’Autre personnel,représenté parl’interlocuteurcomplice ou
adversaire,l’Autreanonyme,enfin,quise présentesouslaforme
d’unerumeuranonyme issue,parexemple,decette excessive
narrativité quicharrie lescroyancesde lamodernité (p.32,p. 42,
p. 134ss).C’estàharmoniser,enun fonduenchaîné, ces trois
figures, aufil deréajustements tactiques,pourlui donnerle profil
d’unAutreunifié oùil puisse enfinse projeteret seretrouverque
lesujetnecesse detravailler.L’Autre,en effet,se détache,sous
forme d’un pointage hyperbolique,duplan«symbolico-charnel »
qui, au rythme des remaniementsdu savoiretducroire,émerge
comme l’horizon fuyantde l’altérité.Il estl’instance detousces
remaniements.Il estl’espoiraulieudu savoir,pour reprendre les
termesdeRorty:le lieude la Vérité quis’offreàl’interprétation
du savoircomme ducroire.
Pour rendre effectifscesparcours, GérardFath nouspropose
unpraticable pédagogiqueingénieuxdontl’objectif estde
renvoyerl’apprenant(pp. 154-165)àlascène de l’Autre.Apartir
d’une fineanalyse,illustrée pardesexemples,il nousexpose les
momentsd’unetrajectoire inscrite dansce qu’ilappelle «l’espace
axiologique»,espace qui offreà chaque élève, au sein
dugroupeclasse,l’opportunité de déconstruire lapartde penséecaptive qui
lui estpropre,dese positionnerpar rapportàsesproprescroyances
etpar rapportàl’acquisition desesconnaissances,enun
motderéinterroger ses valeurs.Étant,en effet,situéesàla charnière du
croire etdu savoir,dontellesformentl’interface, celles-ci,une fois
revisitées,offrent un levierprécieuxpourfaire évoluer,l’un et
l’autre etl’un parl’autre,lesavoiretla croyance.Ainsi,l’auteuren
vient-ilàdéfinir,d’une manièresouple etprécise,lesaxesd’une
praxispédagogique originale,qui,danslecadre d’un dialogue
explicite oumené encontrepoint,peut secoulerdansle
mouvementmême de l’enseignement.Il nouspropose de
distinguerquatre momentsquiscandentcettetrajectoire: celui des
énoncésrecensantles valeurs, celui de l’expressionquiapourbut
derattacherles valeursauxcroyances,pourles«renflouer», celui

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de lamiseàl’épreuveéthiquequi extraitdeces valeursdes« lieux
existentiels

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