Les enfants du fleuve
320 pages
Français

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Les enfants du fleuve , livre ebook

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Description

Tous les enfants de la République française ont droit à la santé et à l'éducation. Mais il existe aujourd'hui, en France, un département où plusieurs milliers d'enfants sont privés de l'accès à ce droit. Ils vivent et sont scolarisés sur la rive française du fleuve Maroni, frontière naturelle entre le Surinam et la Guyane. Cet ouvrage relate la vie nomade et rustique d'une psychologue partant jour près jour en pirogue à la rencontre de ces enfants démunis que les lois font semblant de protéger.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2008
Nombre de lectures 94
EAN13 9782336282862
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296051034
EAN : 9782296051034
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Guyane française Dedicace Epigraphe Avant-propos Présentation - La Guyane La potamopsy : psychologue scolaire du Fleuve L’enfant du fleuve Sur le fleuve (1) - Le fleuve n’est pas un roman : le départ en mission Maïman Ken Denis Sur le fleuve (2) - 1974-2004 Apatou Paul Et on signale qui ? Ceux qui bougent beaucoup... ... et ceux qui bougent trop Domil Louis Rodolphe La famille C. L’aide et l’échange Éric Sur le fleuve (3) Le message Le déni Alicia, Irana et Igor Confiance et prise de risque Apaguy Tanguy La classe de Marie Sur le fleuve (4) Le naufrage. Les abattis Kotika Les élèves Grand-Santi Tommy Abadie Sur le fleuve (5) Les enfants du littoral La pirogue diagnostic Monfina Pierre Sur le fleuve (6) - Les représentations inconscientes des élèves et des parents Le savoir rend libre, les enseignants le savent. Mamadou Loka L’alphabétisation Tottie Marcelle Sur le fleuve (7) - L’école des enfants du fleuve Le médiateur culturel bilingue : sa place... ...et sa fonction La trajectoire Les enseignants Tathiana Papaïch’ton : un cas d’école Denyse Une enseignante s’insurge Le petit garçon si sage Simon Anna Sur le fleuve (8) À quoi ça sert, un enfant ? Les enseignants de l’année prochaine Nouveau-Wacapou Jocelyn Sur le fleuve (9) - Bladaz La télévision Le « NON » Les coups « demandés » Maripasoula « Délivrance » Donna La famille L. Sylvio Sur le fleuve (10) Mariana Lettre aux parents : les adolescents Élahé Amino Sur le fleuve (11) Cayodé Pietro Sur le fleuve (12) - Le cachiri Twenké-Taluhwen Sur le fleuve (13) - Parents, enfants : le droit de dire ? Antécume-Pata L’invitation La main sur la bouche Sur le fleuve (14) - L’enfant au centre du débat La liberté Le regard des autres Pidima Sur le fleuve (15) - On peut rêver... Quelle école pour les enfants du fleuve ? Conclusion Répertoire des sigles utilisés Bibliographie Du même auteur Remerciements
Les enfants du fleuve
Les écoles du fleuves en Guyane française : le parcours d'une psy

Elisabeth Godon
Guyane française 1


Langues principalement parlées  : à Maïman, Apatou, Loka, Papaïch ’ ton et Maripasoula : aluku (ou boni ). À Grand-Santi, Apaguy et Monfina: n’djuka. Dans le Pays amérindien : wayana à Antécume-Pata et Pidima, wayana et émerillon (ou teko ) à Élahé, Twenké-Taluhwen et Cayodé. À Ouanary : créole . À Tampack et Saint-Georges: saramaka, portuguais du Brésil, créole, palikur . À Camopi : émerillon, wayampi. À Trois-Sauts : wayampi.
Aux enfants du fleuve, À tous ceux qui, comme moi, les aiment. Ils se reconnaîtront.
La révolte ne peut se passer d’un étrange amour ; ceux qui ne trouvent de repos ni en Dieu ni en l’histoire se condamnent à vivre pour ceux qui, comme eux, ne peuvent pas vivre : pour les humiliés... La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent. »
L’homme révolté, Albert Camus
Avant-propos
Citez m’en un Citez m’en un Un seul de rêve Qui soit allé Qui soit allé jusqu’au bout du sien propre.
Névralgie, L. G. Damas
Il ne faut pas confondre rêver sa vie et vivre ses rêves.
Brice de Nice 2
Ou peut-être est-ce possible ?
Il était une fois, justement, un rêve.
Un vieux rêve. Ma vie se poursuivait en poursuivant ce rêve.
Ma vie reprenait du sens, et je rebondissais, dès qu’un enfant, un seul, avait fait un pas vers sa vraie place, se libérait grâce au savoir. À chaque fois, c’était une petite fête, un grand bonheur, et c’est peut-être ça, vivre son rêve.
Et il fut une fois, pour moi, un fleuve.
Un beau et grand fleuve. Ma rencontre avec lui a fait de ma vie entière une fête, un bonheur de tous les instants.
« Des nuages pommelés traversaient, en cortège serré, le ciel d’un bleu pâle. Toute la base spatiale s’étendait sous leurs yeux, avec sa profusion de bâtiments, de tours blanches et de portiques dressés vers le ciel. Au loin, on apercevrait le pas de tir et le rail géant qui y aboutissait, permettant d’acheminer les fusées [...] La couleur ocre de la latérite dominait tout ce paysage industriel et de haute technologie. Au-delà, le cercle vert de la forêt semblait s’élargir à l’infini, uniquement limité par les nuages bas. Sénéchal, debout, ressentait confusément la présence sauvage et puissante de la jungle, même à cette distance ».
Poison vert, Patrick Notret
Présentation
La Guyane
C’est bien ainsi la Guyane : une contradiction folle et permanente, vécue au quotidien par tous entre un projet auquel croient et pour lequel travaillent des milliers de personnes ici et ailleurs dans le monde, et le théâtre dans lequel il avance contre vents et marées 3 . Le théâtre, ce coin d’Amérique du Sud devenu français en 1664 est coincé entre le Brésil et le Surinam.
Son histoire a commencé environ 4000 ans avant Jésus-Christ par l’arrivée des premiers habitants de l’Amazonie, les Amérindiens. Elle a mêlé, depuis le dix-septième siècle, celle de populations multiples et variées pour des raisons très diverses : tentatives françaises de colonisation (1604 à 1652), première mise en valeur de ce territoire par des colons hollandais (1656), esclavage (1656-1848), déportation (1954-1946), ruées vers l’or (la première en 1855), éruption volcanique en Martinique (1902), construction du Centre Spatial Guyanais (1964), immigration haïtienne (la première en 1970), arrivée des Hmongs (1977), guerre civile surinamienne (1986-1992).
À l’heure actuelle, dans ce département français (la Guyane en a obtenu le statut en 1946) de 86 504 km 2 (dont 90% de forêt), de climat équatorial (taux d’humidité minimum 80%) vivent près de 192 000 habitants 4 . Ils sont Créoles guyanais, Haïtiens, Saint-Luciens, Martiniquais, Guadeloupéens (40% de la population), Amérindiens (environ 2,5%) 5 , Noirs-marrons (20%) 6 , Hmongs (environ 1%), métropolitains (environ 12%) et Chinois, Brésiliens, Libanais... (près de 28% de la population) 7 . Sur la base du Centre Spatial Guyanais, pas moins de quarante nationalités sont représentées.
Un des résultats de cette mosaïque de langues et de cultures est une permanente impression de voyages, de découvertes, de surprises en tous genres. L’une d’entre elles, et non des moindres, est la présence, partout, de l’école française. Partout, c’est-à-dire aussi dans les communes situées le long des deux fleuves Maroni (526 kilomètres de frontière avec le Surinam) et Oyapock (700 kilomètres de frontière avec le Brésil).

Comme en France métropolitaine, dans chacune des écoles de Guyane (elles sont à présent une dizaine sur l’Oyapock et une vingtaine sur le Maroni) intervient un psychologue scolaire. En 2003-2004, la circonscription dite « des fleuves » comprenait les écoles des deux fleuves. Depuis septembre 2004, la circonscription a été modifiée pour devenir « du Maroni » 8 et « de l’Oyapock » 9
« Un fleuve frontière - le Maroni - semblable à un océan, bleu à l’aube, jaune à midi, vert puis noir au crépuscule, jaspé d’îles verdoyantes ; un fleuve séparant deux nations européennes : au-delà, la Hollande ; en deçà, la France [...]. Il y avait deux forces en présence : un fleuve, une forêt ; deux forces elles-mêmes incluses dans deux nations : la France, la Hollande. Hormis cela, rien. »
Les bâtards, Bertène Juminer
La potamopsy 10 : psychologue scolaire du Fleuve
Depuis quatre années, je prépare avec un soin également jaloux l’organisation et les conditions du voyage, et celles de ma mission dans les écoles situées sur la rive française du fleuve. Le 06 septembre 2003, dans mon hamac, à Antécume-Pata, j’écrivais : « ... le fleuve, différent, magique, sur lequel je me sens absolument à ma place, totalement en sécurité malgré les sauts nombreux et parfois fort difficiles à passer. C’est vraiment comme si je ne pouvais être nulle part ailleurs. Il fait chaud, très chaud. Et nous avançons sur l’eau, des heures durant.»
Le lendemain, quelque part entre Pidima et Nouveau-Wacapou, je chantonne tout en écrivant : « Lonely looking day, looking day... » Jonathan Livingston Le Goéland me hante. C’est trop intense. Une quintessence du temps qui s’écoule à la vitesse de la pirogue, et qui semble immobile à la fois : rives vertes. Tous les verts. Camaïeux de verts, parfois ponctués d’une touffe mau

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