Misères de l éducation en Afrique
172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Misères de l'éducation en Afrique , livre ebook

-

172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Au seuil de ce millénaire, le constat a été fait que 113 millions d'enfants de par le monde n'avaient accès à aucune espèce d'éducation et 880 millions d'adultes étaient analphabètes. L'Education Pour Tous est devenue alors un des objectifs majeurs, avec aujourd'hui un bilan largement contrasté. La réalité sur le terrain, au Cameroun par exemple, est bouleversante : absence d'objectifs propres et d'ambition de la part des Etats, rétrécissement constant de l'accès à l'éducation, précarisation du statut des enseignants, dégradation continue de la qualité de l'éducation, etc.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2009
Nombre de lectures 220
EAN13 9782296670198
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Misères de l’éducation en Afrique
Le cas du Cameroun aujourd’hui
Enseignement et éducation en Afrique
Dirigée par Magloire KEDE ONANA

En ces temps de crise généralisée, l’Afrique, comme beaucoup d’autres continents de la planète, traverse des moments extrêmement difficiles dans tous les secteurs d’activités. Au plan de son secteur éducatif objet de nos investigations, la crise ne cesse d’assombrir la vie des différents acteurs de nos communautés éducatives: les parents pour la plupart démissionnent chaque jour devant leurs responsabilités; les enseignants qui pourtant ont entre autres tâches celles d’exercer dans les jeunes esprits la faculté de penser et de développer en eux le sentiment de la valeur de l’homme deviennent de plus en plus comme des bouches inutiles. Premiers passeurs culturels, ils ont toujours du mal à affirmer leur autorité devant une jeunesse devenue esclave dans l’usage de nouveaux moyens sophistiqués de diffusion de la seule culture moderne. Une telle situation installe tous les acteurs ainsi désignés dans un malaise profond, accentué par leur porte-monnaie qui ne répond plus à tous les défis. La conséquence au niveau des apprenants va être la langueur, la désertion, l’angoisse ou la phobie permanente des échecs et le désenchantement sur les lendemains de l’école.
Pour s’élever au-dessus de toutes nos limitations, l’alternative qui semble s’imposer à nous tous c’est: créer ou disparaître. Nous devons pour ainsi dire nous employer à la production radicale de nouvelles manières de voir, de faire et d’être; autant d’orientations et de combinaisons originales sous l’effet desquelles un nouveau redécollage est possible au risque de devenir comme des balafons crevés. Une telle entreprise nécessairement collective doit donc s’ouvrir et nous ouvrir aux autres, parce qu’elle contribuera à mesurer désormais l’avenir de nos Etats à leur capacité de stimuler l’intelligence de leurs concitoyens.
C’est suite à ce constat et surtout sous l’impulsion des Editions L’Harmattan, que l’idée de créer la collection « Enseignement et éducation en Afrique » s’est imposée.

Déjà parus

Benoît ALIMA, La réforme éducative au Cameroun. Regard sur les activités post etpériscolaires , 2008.
Magloire KEDE ONANA, Le droit à l'éducation en Afrique. Enjeux et perspectives à l'ère de la mondialisation , 2007.
Sous la direction de
Roger KAFFO FOKOU


Misères de l’éducation en Afrique
Le cas du Cameroun aujourd’hui
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN: 978-2-296-07888-8
EAN: 9782296078888

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Première partie : LA DIFFICILE LUTTE POUR UNE EDUCATION DE QUALITE ACCESSIBLE A TOUS
INTRODUCTION
L’éducation est le bien acquis le plus précieux de l’être humain. De tous les biens culturels, elle est certainement celui qui, une fois acquis, nous appartient le plus, de manière définitive. L’éducation est essentiellement un bien inaliénable: même si nous le voulions, nous ne pourrions en disposer. Notre éducation nous colle à la peau, à vie. Mieux, elle est notre seconde peau, et pourquoi pas, de loin notre peau la plus épaisse, la plus protectrice. Serions-nous complètement nus, loin de toute garde-robe, il nous suffirait d’avoir reçu une éducation appropriée; sans éducation, aucune garde-robe ne saurait nous protéger suffisamment.
Priver un être humain d’éducation, c’est donc le dénuder, lui enlever jusqu’à sa peau, et l’exposer à la rigueur des intempéries; c’est lui enlever toute chance de défendre son droit naturel fondamental, le droit à la vie. Refuser à un être humain l’éducation à laquelle il a droit, c’est subtilement le condamner à la peine capitale, aussi sûrement que si vous le mettiez devant le peloton d’exécution. Et de quel droit vous prévaudriez-vous pour perpétrer un tel crime? J’aimerais qu’on me le dise.
Voici pourquoi le Syndicat National Autonome de l’Enseignement Secondaire (SNAES) a choisi en 2005 de privilégier à tout la défense du droit à l’éducation, à une éducation de qualité, parce que l’éducation, si elle n’est de qualité, peut être plus dangereuse qu’une absence d’éducation.
Au cours des décennies écoulées, une importante fraction de la population de ce pays n’a pas du tout eu droit à une éducation; une autre, non moins importante, a eu droit à une éducation d’une qualité questionnable. Entre ceux qui aujourd’hui et demain ont impérativement besoin d’apprendre et ceux qui auraient surtout besoin de désapprendre, il reste une marge fort étriquée qu’il faut exploiter pour refaire l’éducation collective. Mais pour arriver à tracer la ligne de démarcation au-delà de laquelle tout redevient possible, il faut un diagnostic précis, et un travail de diffusion à la mesure de l’enjeu. Rien de tout cela n’est facile.
Les réflexion et enquêtes qui suivent se veulent un pas dans cette direction, une contribution modeste que le SNAES met à la disposition des parents, des élèves et étudiants, de ceux qui ont la charge de concevoir notre politique éducative. En espérant qu’un jour nous aurons un véritable système éducatif.


Le Secrétaire général
Roger KAFFO FOKOU
ACCES A L’EDUCATION : Une éducation de plus en plus réservée à une riche minorité - Par Roger KAFFO FOKOU
Au fil des années, il apparaît que la volonté de désengagement de l’Etat, l’érosion du pouvoir d’achat due entre autres à l’érosion constante de la monnaie, la paupérisation continue de la population (la classe moyenne est en voie de totale disparition au Cameroun), tous ces facteurs rendent l’accès à l’éducation de plus en plus difficile. L’éducation au Cameroun est en train de devenir l’affaire d’un oligopole de plus en plus étroit.

I. LE COÛT DE L’EDUCATION

Que ce soit en zone urbaine ou en zone rurale, l’éducation coûte cher. Il suffit pour s’en convaincre, de faire l’inventaire des indicateurs de coûts obligatoires d’éducation par niveau.

COÛT DE L’EDUCATION: ENQUETE ET
SIMULATION


{1}

- Taxi pour les Zones urbaines (500 FCFA par jour x 180);
- Divers: prévoir une gourde à la maternelle et de menus imprévus;
- Calculatrices scientifiques pour les grandes classes etc;
- Restau: petit déjeuner, goûter, repas du jour évalués à environ 500F par jour x 5 jours x 36 semaines;
- Frais répétition: à l’école primaire, frais officieux de suivi par le maître et répétition proprement dite au CM2, au collège, (environ 5000f / mois x 6 mois).
NB : Les coûts ont été sélectionnés au plus bas de l’échelle chaque fois.
Il apparaît que l’éducation d’un enfant coûte au Cameroun de 785FCFA jusqu’à 1. 985FCFA par jour.z

COUT JOURNALIER DE L’EDUCATION (en FCFA)



Base de calcul: 9 mois = 36 semaines de 5 jours, soit au total 180 jours (inclus donc les semaines de congés de Noël et Pâques). Le montant global des coûts sera donc divisé par 180 (On aurait pu, pour plus de précision, diviser par 160, soustrayant ainsi les 4 semaines de congés)
NB : -La population urbaine représente 50, 6% de la population camerounaise (source Jeunes Afrique l’intelligent Hors-Série n° 8);
- Près de 50% de la population de l’Afrique au sud du Sahara vit avec moins de 1 dollar par jour
Or le RNB au Cameroun est de 640 dollars par habitant, soit au taux de 1 dollar pour 483, 6F CFA 848 FCFA par jour, juste de quoi envoyer un enfant à la maternelle en zone rurale, car en zone urbaine il faudrait déjà 1 245F CFA par jour. Quelles sont les conséquences de cet état de choses?

II. BRICOLAGE ET ABANDON PRECOCE DES BANCS
La première conséquence est la portée des disparités entre la demande d’éducation par niveau d’éducation et la fréquentation effective des établissements scolaires.



Seule l’éducation primaire s’en tire avec 96, 42% de taux de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents