Adieu, Val-du-Chêne!
69 pages
Français

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Description

Au début de l’hiver, une terrible nouvelle frappe les habitants de la municipalité de Val-du-Chêne : la fonderie de cuivre ferme ses portes. La ville n’existera plus. ! Elle sera rasée. À la fin juin, les quatre enfants de la famille Dutrissac devront donc quitter cette ville qui les a vus naître. Pour combler leur tristesse, ils décident de créer une comédie musicale pour le spectacle de la fin d’année scolaire. Tous sont enthousiasmes, sauf Julia qui ne voit pas cela du même oeil…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 avril 2011
Nombre de lectures 7
EAN13 9782896825387
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ADIEU,

VAL-DU-CHÊNE !
Pour ses activités d'édition, Bouton d'or Acadie reconnaît l'aide financière de la Direction des arts du NouveauBrunswick, du Conseil des Arts du Canada, du ministère du Patrimoine canadien par l'entremise du Programme d'aide au développement de l'industrie de l'édition (PADIÉ).

Titre : Adieu, Val-du-Chêne ! Auteur : Claire Matteau Couverture : Denise Paquette

Papier ISBN 2-922203-82-4 PDF ISBN 978-2-89682-188-4 ePub ISBN 978-2-89682-538-7

Dépôt légal : 3e trimestre 2005
Bibliothèque nationale du Canada Bibliothèque nationale du Québec Distributeurs : Prologue et Bouton d'or Acadie

Tous les droits d'adaptation et de traduction sont réservés pour tous les pays. Toute reproduction de l'ensemble ou d'une partie de cet ouvrage, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l'autorisation écrite de l'éditeur.

© Bouton d'or Acadie
204 - 236, rue Saint-Georges
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Téléphone : (506) 382-1367
Télécopieur : (506) 854-7577
Courriel : boutondoracadie@nb.aibn.com
Site Internet : www.boutondoracadie.com
À Pierre, pour ton appui qui me donne des ailes… À mes enfants, Catherine, Pierre-Étienne, Marie-Claire, Emmanuelle et Élise, pour la magie que vous créez toujours autour de vous.
ADIEU,

VAL-DU-CHÊNE !

roman

Claire Matteau
C omme à l'accoutumée, une fois par mois depuis trois ans, Emmanuelle se rend sur la tombe de son grand-père paternel, Charles Dutrissac, pour y porter des fleurs sauvages. Évidemment, comme nous sommes en janvier, les fleurs se font bien rares puisqu'elles sont ensevelies sous un mètre de neige. Mais cela ne la déroute pas pour autant, car elle s'amuse à en fabriquer de très jolies et de très durables avec tout simplement du papier de soie de toutes les couleurs. En fait, elle tente de reproduire les fleurs de pavot arctiques qui poussent partout dans les champs de sa région en été. Elle les dispose devant le monument funéraire, les plaçant bien droites, de manière à former un magnifique coeur dans la neige. Un coeur éclatant !
Avec le temps, cette visite au cimetière lui est devenue essentielle. Jamais elle ne manque ce rendezvous. Encore moins aujourd'hui, alors qu'elle a le coeur si chagrin…
Appuyée contre le gros chêne qui fait face à la sépulture, Nunu, c'est son surnom, hésite à raconter tout ce qui la tracasse. Ce n'est pas qu'elle veuille cacher ou taire la terrible nouvelle qu'elle a apprise, mais elle craint de peiner son grand-père en la lui annonçant.
Emmanuelle prend donc une grande respiration, regarde l'horizon quelques instants, inspire à nouveau et d'un seul trait déclare : « Grand-papa Charles, ta ville, Val-du-Chêne, est prise de panique ! La fonderie de cuivre est fermée. Y a trois semaines, juste avant Noël, les dernières anodes ont été coulées. Nos voisins et les parents de beaucoup de mes amis n'ont plus de travail. Ils sont au chômage. Y en a qui parlent de déménager et même… »
Emmanuelle hésite. Encore une fois, elle prend une longue inspiration. Comment réduire l'impact de ce qu'elle s'apprête à lui révéler ?… « Grand-papa, s'il te plaît, ne t'énerve pas à cause de ce que je vais te dire dans une seconde… Je t'en supplie, ne panique pas ! Bon, je vais te le dire… Certains disent qu'on va annoncer la fermeture de la ville ! Ça veut dire que Valdu-Chêne n'existera plus. Que ce sera une ville fantôme ! Je sais que cette nouvelle ne doit pas vraiment te faire plaisir, toi qui as été le maire de notre ville durant quinze ans. Quand je regarde toutes les maisons que t'as construites, celle où j'habite et qui a longtemps été la tienne et celle de papa… Maman et papa ne semblent pas très optimistes face à la situation. Tu sais, grand papa, j'ai peur… C'est ici que je suis née ! J'ai peur de perdre mes amis et surtout Yannick, s'il devait déménager… Je l'aime, Yannick, grand-papa… »
Immobile, Emmanuelle frissonne en silence. À moins quatorze degrés Celsius, le froid sec et cinglant de janvier la transperce jusqu'aux os. Ses pieds deviennent froids, ses doigts s'ankylosent lentement, ses mots s'étranglent au fond de sa gorge. Sa tristesse est si grande ! « Comment vivre avec tout ce chagrin quand on a à peine douze ans ? » se dit-elle.
Heureusement qu'elle n'est pas seule ! Cette peine qui l'habite, sa jumelle Élise la ressent tout autant. Tout comme son grand frère Pierre-Étienne et sa grande soeur Marie-Claire. Tous sont atterrés par cette situation qui soulève plein de questions auxquelles il est tellement difficile de répondre pour le moment. On dirait un mauvais rêve. « Dire que Val-du-Chêne était une ville où tout le monde était heureux avant, hein, grand-papa ? Maintenant, ce n'est vraiment plus la même chose, si tu voyais ça ! Y a des gens qui se chicanent parce que certains croient que la ville va fermer tandis que d'autres disent tout le contraire, que Val-duChêne va survivre malgré tout. Toi qui chantais tout le temps, je ne sais pas si tu chanterais aujourd'hui… Et puis, je crois que maintenant tu écrirais des poèmes beaucoup plus tristes… »
Emmanuelle se remémore le jour où son grandpère, peu de temps avant sa mort, lui avait remis son recueil de poèmes dont les mots et les vers étaient empreints d'émotions. « Je sais que tu aimes écrire, ma petite Nunu d'amour, lui avait-il dit. Alors, je te l'offre. Conserve-le précieusement en souvenir de moi. » Ce carnet, Emmanuelle le chérit plus que tout au monde. Elle y tient tout autant qu'à la prunelle de ses yeux bleus. Elle aime bien y lire les descriptions des paysages et des immenses forêts d'épinettes autour de Val-du-Chêne, que son grand-père a si bien su évoquer. Mais ce qu'elle préfère davantage depuis quelque temps, ce sont les poèmes d'amour qu'il a dédiés à sa bien-aimée Rosalie, son épouse, sa « douce », comme il l'appelait. Ces poèmes regorgent de mots tendres et affectueux parsemés au fil des pages. « Un jour, moi aussi, j'écrirai des poèmes d'amour à Yannick », se promet-elle parfois.
Emmanuelle sort un mouchoir de sa poche afin d'essuyer les quelques larmes qui embuent ses yeux. Elle dit au revoir à son grand-père et lui promet de revenir le mois prochain. En quittant les lieux, elle effleure de la main l'écorce du gros chêne et, après avoir jeté un dernier regard sur les fleurs de papier que le vent fait valser, elle se dirige lentement vers la sortie du cimetière.
A ussitôt le souper terminé, les quatre enfants Dutrissac s'empressent de retourner à leur quartier général, au sous-sol, qu'ils ont aménagé à leur guise. La conversation que leurs parents, Pierre et Geneviève, ont eue autour de la table pendant le repas les a tous laissés perplexes et très songeurs.
Pierre-Étienne profite de ce prétexte pour téléphoner à Julia Deneault et l'inviter à venir les trouver chez lui. « Toutes les raisons sont bonnes pour être auprès de Julia », pense-t-il.
– Pourquoi veux-tu que j'aille chez toi ? lui demande-t-elle.
– Nous venons d'apprendre des choses très importantes, et j'aimerais que…
– Est-ce que Yannick sera là ? coupe-t-elle.
Bien sûr ! Emmanuelle doit lui téléphoner tout à l'heure, répond Pierre-Étienne. Tu viens nous trouver ?
– Oui, oui, j'arrive. À tout de suite !
Pierre-Étienne trouve quelque peu étonnante la réaction de Julia. « Habituellement, les filles sont curieuses et veulent tout savoir. Pas Julia. Elle n'a même pas cherché à savoir ce que j'ai de si important à lui dire », songe-t-il.
Depuis quelques semaines, Pierre-Étienne s'intéresse vivement à Julia. Il la connaît depuis des années car elle a toujours été dans la classe de sa soeur MarieClaire, mais ce n'est que récemment qu'il a soudainement changé d'attitude envers elle. À vrai dire, il ne la voit plus comme avant. C'est qu'elle a changé, la Julia, depuis qu'elle a quatorze ans ! Si l'an dernier encore il la trouvait bien jeune, il constate maintenant, avec son regard d'adolescent de seize ans, qu'elle mérite d'être observée de plus près.
À peine Pierre-Étienne a-t-il raccroché le récepteur du téléphone qu'Emmanuelle s'en empare pour appeler son ami Yannick et lui demander de se joindre à eux. « Arrive vite ! Si tu savais ce que n

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