Aurore et le pays invisible

Christiane Duchesne

Description

En tombant du haut de la falaise, Aurore rapetisse jusqu’à devenir miniature. Adoptée par un peuple d’êtres minuscules dans un étrange univers où le temps s’écoule différemment, elle n’a plus qu’un souhait : reprendre sa taille normale pour enfin rentrer chez elle et revoir son père, sa maison, ses amis, son village. Romain-aux-longues-jambes, Abel et sa dent bleue, le vieil Ambroise et Olaf le roselin parviendront-ils à l’aider à retourner dans son monde ?
Au cœur d’une nature immense, au fil d’une aventure qui s’apparente au conte, Aurore a beaucoup à apprivoiser. Elle découvre le vaste monde et les deuils intimes; trouve l’ailleurs et cherche son chez-soi.
Très loin là-haut, la voix de son père hurlait son nom, de plus en plus lointaine. Aurore tombait toujours, mais trop lentement, trop longtemps, comme une samare, comme une feuille morte, comme Alice dans le terrier du lapin. Le vent sifflait dans ses oreilles, elle avait beau ouvrir grand les yeux, elle ne distinguait rien, tout n’était que brouillard.
Enfin, dans un bruissement étrange et après d’interminables minutes, c’est sur le dos qu’elle atterrit en douceur.
Elle entendit là-haut la voix de son père crier encore son nom, une voix affolée qui, de très loin, résonnait dans le soir.
C’est ainsi qu’elle arriva malgré elle chez ceux qu’elle nommerait plus tard les Petits de la Falaise. C’est là qu’elle perdit le fil du temps et qu’elle apprit à vivre au jour le jour avec la terrible sensation d’être devenue prisonnière d’êtres charmants, mais qui ne pouvaient rien pour elle.

Sujets

• Birds
• Juvenilee Fiction
• Animals

Informations

• Publié par: Québec Amérique
• Date de parution: 11 février 2020
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782764439661
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

De la même auteure chez Québec Amérique
Jeunesse
SÉRIE CYRUS, L’ENCYCLOPÉDIE QUI RACONTE
12 titres parmi lesquels :
Cyrus, L’encyclopédie qui raconte, tome 12 , 1996 ; réédition, Hors coll., 2018.
Cyrus, L’encyclopédie qui raconte, tome 11 , 1996 ; réédition, Hors coll., 2018.
Cyrus, L’encyclopédie qui raconte, tome 10 , 1996 ; réédition, Hors coll., 2018.
Berthold et Lucrèce , coll. Bilbo, 1994.
• Finaliste aux prix du gouverneur général du canada, 1995
Les Péripéties de P. le prophète , coll. Gulliver, 1994.
La 42 e sœur de Bébert , coll. Gulliver, 1993.
Victor , coll. Gulliver, 1992.
Gaspard ou le Chemin des montagnes , coll. Gulliver, 1984.
Adulte
Anna, les cahiers noirs , 1996.

Projet dirigé par Stéphanie Durand, éditrice

Conception graphique : Nicolas Ménard
Mise en pages : Marylène Plante-Germain
Révision linguistique : Catherine Lemay
Illustrations : Maïlys Garcia
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Aurore et le pays invisible / Christiane Duchesne.
Noms : Duchesne, Christiane, auteur.
Collections : Gulliver jeunesse.
Description : Mention de collection : Gulliver
Identifiants : Canadiana 20190035714 | ISBN 9782764439647
Classification : LCC PS8557. U265 A97 2020 | CDD jC843/.54 – dc23
ISBN 978-2-7644-3965-4 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3966-1 (ePub)

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2020

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2020.
quebec-amerique.com




En hommage à Lewis Carroll, Jonathan Swift et Selma Lagerlöf
À Vallier quand il sera grand, à cause d’un dauphin sur le toit bleu d’une maison.
C. D.



Chez moi, le soir, je sors respirer l’odeur du froid.
Aurore, un soir d’automne
La seule manière d’empêcher les souvenirs de fuir, c’est de les raconter.
Aurore, vingt ans plus tard
C’est quand les gens tournent le dos à leur histoire qu’ils deviennent tout petits.
Bergsveinn Birgisson, La lettre à Helga
J’avais six ans, sept ans, huit ans, et me demandais si les huards pleuraient aussi, si leurs larmes d’oiseau augmentaient la salinité des lacs.
Andrée A. Michaud, Rivière Tremblante

PREMIÈRE PARTIE
Seule avec son père, Aurore célébrait son onzième anniversaire dans la maison au toit bleu.
Sur le gâteau à la framboise, les onze bougies fumaient encore. Le souhait d’Aurore montait dans l’air en suivant les volutes de fumée. Dans ses yeux, une joie pleine d’espoir, une grande tristesse aussi.
Ils avaient beau essayer tous les deux de se composer un moment de vrai bonheur, ils y arrivaient mal. Aurore avait vu sa maman disparaître à petit feu, maigrir, marcher difficilement, puis respirer de bien mauvaise façon. Jusqu’à ce jour où, alors qu’elle rentrait de l’école, elle avait vu l’ambulance partir en trombe juste devant la maison, sirène hurlante et gyrophares en folie. C’était fini, personne n’avait à lui faire de dessin, elle savait que la vie se terminerait comme ça, dans une ambulance qui pourrait peut- être ne pas se rendre à l’hôpital avant qu’il soit trop tard.
Et c’est ce qui était arrivé.
Aurore avait perdu sa mère par un jour gris de mai sur lequel soufflait un grand vent triste. La girouette en forme de dauphin grinçait sur le toit. Ce son lugubre était resté dans l’oreille d’Aurore pendant des jours, jusqu’à ce que son père décide de monter pour aller y déposer quelques gouttes d’huile et faire taire la complainte du dauphin.
La vie avait fini par se refaire, mais jamais comme avant, à deux seulement maintenant : Aurore, son père et personne d’autre dans la maison. Il leur aurait fallu un chien, un chat ou un oiseau, un piano, un violon, quelqu’un qui n’aurait rien su de la maladie, quelque chose qui n’aurait jamais été témoin de la douleur qui avait pendant des semaines envahi la maison. Il aurait fallu , se répétaient Aurore et son père, mais ni l’un ni l’autre n’en avait encore le courage.
Assis l’un en face de l’autre, ils se regardaient en souriant. Ils en avaient pris l’habitude, c’était une sorte de jeu : celui qui arrivait à sourire le plus longtemps avait droit à une part supplémentaire de dessert. Ils se moquaient des calories en trop, ils avaient besoin de plaisirs ordinaires. Ils souhaitaient gagner tous les deux, le gâteau à la framboise était trop tentant.
Il avait plu toute la journée, le ciel de plomb semblait s’abattre sur les champs là- bas au bout du village. Lorsqu’il faisait un temps aussi chargé d’humidité, les boucles noires d’Aurore lui faisaient comme une couronne.
Elle scrutait le ciel. Elle aurait bien aimé quel ques rayons au travers des nuages.
C’était un anniversaire beaucoup trop gris, le premier à deux seulement, et ce serait ainsi pour toujours.
— Si nous allions marcher ? lui demanda son père.
Aurore ne partait jamais sans son sac à dos, même pour une courte promenade.
— Tu en as vraiment besoin ? On dirait toujours que tu pars en voyage.
— Il est tout petit, mon sac à dos, répliqua- t- elle. Et puis, on ne sait jamais…

Au loin, les roselins s’étaient mis aux vocalises et le vent doux portait un parfum d’églantiers. Quelques nuages roses avaient strié le ciel à l’aube, signe que la journée serait heureuse. Marcus et Mila avaient aussitôt su que l’enfant à naître serait béni du ciel. Puis, Romain leur était arrivé par ce matin de grand soleil.
Selon l’usage, les habitants du pays – même ceux, peu nombreux, qui habitaient loin vers la rivière Poisson – passaient chacun à son tour offrir au nouveau- né ses vœux de bonheur et de santé. Des dizaines de curieux défilaient devant la caverne de Marcus et Mila, plusieurs apportaient aussi des cadeaux.
Tout le monde fut grandement étonné : jamais au pays on n’avait vu d’enfant doté d’aussi longues jambes.
Marcus et Mila l’avaient constaté dès la naissance, inquiets d’abord devant la longueur des membres inférieurs de ce petit être rougeaud aux cheveux très noirs. Puis, lorsque Zanna avait déclaré qu’il aurait un formidable destin, ils avaient été rassurés. Les prédictions de Zanna s’avéraient une fois sur dix, mais cela avait suffi à réconforter Marcus et Mila.
Zanna avait récemment annoncé une pluie de sangsues à laquelle personne n’avait cru. Et des sangsues, on n’en avait jamais vu tomber, même pas une petite. On se moquait gentiment d’elle, mais on l’aimait telle qu’elle était, belle comme tout, un peu étrange, serviable, avec un caractère qu’on ne pouvait pas plus prévoir que le mauvais temps.
Elle avait posé la main gauche sur le front de Romain, et aussitôt, il avait fermé les yeux et s’était endormi sur le sein de Mila.
— C’est un bon enfant, avait dit Zanna.
Là- dessus, elle avait noué au poignet de Romain un étroit ruban d’un vert brillant avant de s’envoler dans un frou- frou de jupons.
— Cela le protégera de bien des choses, avait- elle murmuré.
Zanna habitait à trois heures de marche de la ville, dans une caverne spacieuse où elle tissait des rubans. Rien ne l’aurait arrêtée lorsqu’un nouvel enfant naissait, elle se devait d’être présente. Elle partait de bonne heure pour venir lui prédire une partie de son avenir, car comme elle aimait à le dire haut et fort de sa voix nasillarde :
— Inutile de trop prédire, le ciel se charge toujours du reste !

Déjà Marcus