Le Murmure des Démons
44 pages
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Le Murmure des Démons , livre ebook

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Description


Comment j'ai survécu à l'abandon



Les conduites abandonniques traduisent le terrible mal-être vécu par qui a subi ou ressenti une forme marquante d'abandon. Ce mal, souvent invisible et diffus, apparaît en filigrane car il se cache derrière des masques qui en compliquent la lecture. En ressassant son histoire et en réexplorant ses traumatismes, Christian s'efforce de raconter au mieux ce cancer de l'âme qu'est la terreur de l'abandon.



L'abandonnisme.



Ce livre veut être, au-delà d’une catharsis, un message d’espoir assimilé par le prisme de la positivité, car il est toujours possible de ses relever de ses cendres.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 novembre 2019
Nombre de lectures 4
EAN13 9782368328460
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Murmure des Démons
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Christian Haag
 
 
 
 
 
 
Le Murmure des Démons
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Préface
Christian et moi avons tous les deux gravé le symbole de notre vie sur notre peau. Chacun sur notre poignet. La date de notre arrivée dans notre famille d'accueil et une feuille morte. Nous quittions à peine l'étape "bébé" au sortir de cette pouponnière, accueillis, abandonnés que nous étions, par Claudine et Jean -Pierre.
Parfois, notre cerveau crée des souvenirs que nous ne sommes pas certains d'avoir en réalité. Quoi qu'il en soit, je me souviens de la voix de mon repère de frère, émettant l'idée de "cueillir un bouquet de fleurs" pour remercier ces gens de nous accueillir chez eux. Ce que nous croyions "fleurs" étaient "feuilles mortes". C'est alors qu'à peine entrés dans leur maison, nous étions photographiés par Claudine et Jean Pierre, mettant ce bouquet de feuilles cassantes et défraîchies dans un vase rempli d'eau, afin que les "fleurs" ne fanent pas.
Cette candide anecdote est devenue un véritable symbole dans notre histoire.
Histoire débutée le 20 octobre 1990.
Je n'aborderai pas mon parcours personnel dans cette préface. Il me semble plus intéressant de mettre en lumière celui de mon frère, autrement plus... - le bon mot m'est difficile à trouver - éparpillé.
J'ai connu les étapes de sa vie, vécu les éclats de voix avec notre famille d'accueil, assisté à certaines de ses dégringolades, parfois subi ses méchancetés, tenté de recoller ce qu'il détruisait... sans vraiment comprendre pourquoi. L'enfant, l'adolescente et la jeune adulte que j'ai été s'est longtemps contenté de penser que mon frère était fou. Parce que je n'ai pas souffert comme lui, de l'abandon que nous avons subi. Ou si peu. Je ne comprenais pas.
C'est à l'aube de mes trente et un ans que je suis en mesure de mettre des mots sur le mal qui a tant dévoré Christian. J'ai compris. Tout. J'ai pu remonter le temps à la lecture de son écrit, et comprendre. La barrière de la pudeur extrême qui a perduré entre nous, pourtant si proches, commence à se fendre. Trentenaires, il semblerait que nous sommes prêts.
Il y a dix ans maintenant, je devenais comme Christian, éducatrice spécialisée. Passionnée par mon travail en maisons d'enfants, je m'efforce chaque jour à analyser, décoder, écouter, me documenter, comprendre ces fonctionnements psychologiques chez les enfants placés, tous aussi différents qu'inquiétants parfois. Mon travail me confronte à la violence, à la souffrance, à l'échec parfois. Je n'ai pas toujours les bonnes réponses.
L'écrit de mon frère est un témoignage personnel dont on sent l'humilité comme ligne directrice. Il a ouvert les yeux de sa sœur, mais aussi de la professionnelle que je suis, formée à coups de théories bourdieusiennes, cliniques ou sociologiques parfois dépourvues d'humanité.
Le travail social a besoin de témoignages et de récits réels et vécus, s'il veut conserver l'empathie et la teneur des relations éducatives qui font toute sa beauté.
Alors, Christian, mon frère, mon pote, bravo. Et merci !
 
Ely.
 
 
 
Ce petit livre est dur.
Si je n'en n'estompais pas la noirceur avec de vaines et lâches notes de poésie, j'en mourrais. Il en grouille, donc.
Je souhaite que les mots que je vais y écrire, matérialisent mes vieilles douleurs, les dessinent, afin que je puisse mieux les voir, hors de moi.
Je souhaite qu'ils comblent le manque et la perte, je veux qu'ils remmaillent mon Moi disloqué.
Je souhaite qu'ils taisent les enragés du relativisme et puissent aider - pourquoi pas - à soulager les blessés de ce mal invisible : le syndrome abandonnique.
Je dédie ce petit livre à ma sœur Ely, qui va probablement y découvrir un frère qu'elle connaissait peu.
À ma famille d'accueil.
À mes psychologues et éducateurs.
À tous ceux qui se retrouveront dans ce récit.
 
Prologue
Je suis né un après-midi d'août 86 d'une femme alors incarcérée à la prison de Metz, et que je n'aurai su brune et basanée que sur de vieilles photos, bien des années plus tard. On m'a relié, aussitôt détaché de son nombril, à d'autres cordons qui eux, me perfusaient médicalement : j'étais né tuberculeux.
Une fois ma mère libérée et ma maladie guérie, mon père et elle m'ont récupéré et gardé auprès d'eux quelques semaines. Je n'allais pas tarder à retourner d'urgence à l'hôpital, après qu'ils eurent tenté de me tuer en m'administrant une dose mortelle de barbituriques.
À mon nouveau et régulier chevet qu'était devenu l'hôpital, les médecins ne voyaient passer que les mois : mes parents, eux, avaient disparu. Alertés par le personnel médical, les services sociaux avaient alors pris le relais et placé le nourrisson sain et sauf que j'avais fini par être, en pouponnière. Deux ans plus tard, ma petite sœur, à son tour abandonnée, vint me rejoindre au Centre Départemental de l'Enfance, dans lequel il avait été décidé de nous faire grandir aussi longtemps que possible, ensemble. J'ai ainsi passé les quatre premières années de ma vie à l'hôpital, puis dans ce foyer où des puéricultrices nous perfusaient, Ely et moi, d'amour cette fois. Il apparaîtra plus tard dans les comptes rendus de l'Aide Sociale à l'Enfance et les procès-verbaux du tribunal pour enfants qui avait ordonné notre placement, que la condition de couple de nos parents, leur mode de vie précaire et les terribles démons qu'on leur a imaginés, ne leur auraient jamais permis de nous assumer. Ni Ely et moi, ni nos sept autres frères et sœurs.
Je ne les blâme pas. Je ne les blâme plus.
Plus tard, un couple inconnu vint tenter de nous sauver. Mon souvenir est trop dissipé pour me rappeler précisément de notre rencontre, j'avais quatre ans. Je me souviens juste avoir quitté l'immense hall de ce foyer pour enfants, avoir pris la main que cette famille d'accueil nous tendait, pour suivre le son de leurs voix duveteuses qui nous invitaient à partir avec eux vers une vie qui allait alors seulement commencer. J'aurai vécu de nombreuses années à leurs côtés, en compagnie de ma sœur, en repassant entre-temps par la case foyer.
Par folie, par haine, désespoir, amour, que sais-je encore, mes parents m'ont abandonné. Comme on envelopperait un caillou dur et saillant dans un papier fin dérisoire, l'idée de l'abandon reste là, quoi qu'on mette autour. Cruelle, granitique. Aussi amorti puisse-t-il avoir été par mes séjours en famille d'accueil ou en foyers, il fut, il est le choc de ma vie.
Depuis cet après-midi d'août 86, autour de ce caillou noir, la vie que j'ai bâtie dessine ses contours, tandis que je souffre, moi, de ne pas en avoir.
 
La quête d’attention, burin de mon existence.
D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours rêvé comédien. Si la dure réalité de ce métier m'aura fait choisir des chemins plus sûrs, il n'y a bien que sur une scène que je puisse réellement prétendre me sentir heureux. Ma famille d'accueil m'a permis d'en faire pendant de nombreuses années afin d'amplifier mes ressources et de m'aider à m'épanouir. Je m'y suis très tôt découvert de grandes aptitudes. C'est ainsi que dès l'âge de six ans, lors des spectacles d'école ou de centres aérés, ma voix fluette, mes costumes de crépon et moi amusions mes camarades et les gens du village que j'étais venu habiter.
Au-delà de l'aspect cathartique de la discipline et du support d'expression qu'elle constituait pour moi, j'ai très tôt découvert qu'elle me grandissait d'abord. Le probable mètre quarante de mes six ans d'alors mutait sous les lumières des projecteurs, à mesure que les rires et les applaudissements s'accordaient au diapason de ma voix qui devenait la plus puissante du monde. En même temps qu'ils étayaient et nourrissaient mon égo déjà écharpé, les regards me transcendaient littéralement, pour me faire devenir l'enfant puissant que je rêvais d'être. Un enfant capable de maîtriser sa vie, d'en toucher et d'en manier la chair. Chaque instant de scène était un oubli. Un oubli fumiste mais guérisseur. Cet art qui nous donne à nous contempler nous-même est alors devenu bien plus qu'une passion. La jouissance égotique qu'il me procurait était devenue un besoin. Vital.



TABLE
 
 
Préface
Prologue
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