Félicité et le télégraphe
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Félicité et le télégraphe , livre ebook

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Description

Félicité, la cadette de la famille d’Angely, a désormais dix-sept ans. Nous sommes en 1792, et la Révolution gronde à Paris. Madame d’Angely ne se sent plus en sécurité et décide donc de partir pour l’Angleterre avec Jean et Élisabeth. Félicité, quant à elle, part vivre chez Guillemette, sa sœur aînée. Madame Élisabeth, la sœur du roi, lui a confié une mission : retrouver Claude Chappe et l’aider à mettre en œuvre son invention, pour le bien de la nation.

Avec l’aide de Grégoire, son petit neveu intrépide, Félicité va découvrir le télégraphe, cette merveilleuse invention qui permet d’envoyer des messages loin en peu de temps. Mais en cette période révolutionnaire, cette avancée scientifique attire toutes les convoitises. Et pour Félicité, très attachée à la famille royale, les dangers sont grands lorsqu’un ami du roi vient lui demander d’espionner Claude Chappe pour le compte des royalistes. Et que dire de Martin, ce jeune révolutionnaire aux idées si divergentes des siennes, mais qui ne la laisse pas indifférente ?


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juillet 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782728930609
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0016€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières Les personnages principaux Prologue La masure La tour du Temple Montreuil Le tachygraphe Martin Mission La Petite-Force La ruse de Martin Montmartre L'ultime message Note de l’auteure Notes de bas de page Page de copyright
Points de repère Cover Title Page Copyright Page Corps de texte
Les personnages principaux
Prologue
Guillemette Rosambeau
Belleville le 13 août 1792
Ma chère Félicité,
Notre monde est devenu fou ! Comment faire confiance ? Nous vivons la peur au ventre. La terreur s’infiltre partout ! Nous sommes espionnés de tous côtés.
J’ose tout de même t’envoyer ce courrier. J’espère qu’il te trouvera en bonne forme.
Comment est-il possible que notre royaume soit plongé dans un tel aveuglement ?
Voici ce qui nous est arrivé hier : François, les enfants et moi-même étions en train de dîner lorsque quelqu’un a frappé à notre porte. Il s’agissait d’un ramoneur. Enfin, c’est ce que nous crûmes. Son regard suppliant nous fit comprendre que nous devions le laisser entrer chez nous urgemment. Lorsque nous eûmes refermé la porte derrière lui, il nous expliqua qu’il n’était point ramoneur mais curé. Quelle ne fut point notre surprise ! Il eut à peine le temps de finir sa phrase que de violents coups furent frappés à notre porte. J’eus seulement le temps d’ouvrir le tonneau vide qui se trouve dans notre cuisine et de faire signe au curé afin qu’il s’y cache. Déjà, les patriotes entraient, armés jusqu’aux dents. Ils étaient justement à la poursuite d’un prêtre ! Ils nous expliquèrent en quelques phrases que cet homme était recherché pour avoir refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé 1 ! Tu ne devineras jamais l’audace que François eut ! J’en tremble encore en t’écrivant ! Après avoir répondu par la négative, affirmant que nous n’avions point vu d’ecclésiastique, mon cher époux proposa aux policiers de boire un petit verre « à la santé de la République » ! Et le voici qui sort trois verres et qui les pose sur le tonneau ! Celui-là même où le bon prêtre était caché ! Ils sont repartis après une bonne heure de discussion inutile ! Quelle angoisse !
Oh ! Félicité ! Comme je crains pour la vie de nos quatre enfants ! Notre petite dernière, Clémence, n’a que trois ans ! François et moi nous sommes tant investis ­auprès des frères Montgolfier 2 que l’on risque de nous accuser injustement. Les ballons 3 sont devenus futiles aux yeux des républicains ! Et nous risquons d’être incriminés pour avoir reçu l’argent que le roi et la reine nous donnaient pour financer les recherches scientifiques !
À propos de recherches scientifiques, laisse-moi m’écarter du sujet principal de ma missive pour te rapporter ce qui se passe ici même, en ce moment, à deux pas de chez nous. Dans une immense propriété, un certain Claude Chappe élabore avec ses frères une machine incroyable ! La rumeur prétend qu’il s’agirait d’une construction permettant de transmettre des messages d’un point à un autre sur de grandes distances et en un temps très court, grâce à un code.
Tu imagines combien François et moi sommes intéressés par une telle invention. Malheureusement, nous sommes étroitement surveillés. Que faire ? Devons-nous quitter Belleville ? Devons-nous fuir à l’étranger comme bon nombre de nos amis l’ont déjà fait ? Je suppose que vous vous posez la même question. Il ne fait pas bon d’avoir été trop proches de la famille royale comme ce fut notre cas.
Je t’en conjure, prends soin de toi !
Embrasse pour nous notre mère, Élisabeth et Jean 4 .
J’espère que nous pourrons bientôt nous retrouver.
Ta sœur et amie pour la vie,
Guillemette
Post-scriptum : J’apprends à l’instant que la famille royale a été emprisonnée dans la tour du Temple ! ­Madame Élisabeth 5 , ton amie, a délibérément choisi de rester avec son frère et sa famille. Dieu les garde !
Émue, Félicité laissa la lettre choir au sol. Elle était autant terrifiée que révoltée par tout ce qui arrivait.
Près d’elle, Jean était assis et trempait, impassible, sa plume d’oie dans un encrier en bois de rose. Le monde pouvait s’écrouler autour de lui ! Il ne s’en apercevrait pas ! Bienheureuse candeur ! Félicité s’approcha de son frère et posa avec tendresse une main sur son épaule. Il lui sembla que cette chaleur humaine pourrait chasser le froid qui avait envahi son âme. Le cerveau de Jean avait subi de graves atteintes suite à un traitement expérimental administré durant l’enfance. Depuis lors, le jeune homme semblait vivre dans sa bulle, coupé du monde. Mais, auprès de lui, on se sentait bien. Il avait ce pouvoir mystérieux d’apaiser quiconque l’approchait. Félicité s’assit. Elle se pencha et constata que son frère avait fait des progrès. Sur la feuille posée sur la table, de magnifiques arabesques ornaient les lettres de son prénom. Une fois de plus, le jeune homme démontrait que le talent artistique avait une part indéniable de mystère.
Félicité ramassa la lettre de sa sœur. Ses yeux ­s’embuèrent lorsqu’elle imagina les gardes emmenant Madame Élisabeth et toute la famille royale à la prison du Temple.
Madame Élisabeth …
1

L a masure

Octobre 1786, six ans plus tôt.
« Firmin, arrêtez, je vous prie ! »
Félicité, de sa calèche, observait depuis un moment déjà les deux chétives silhouettes courbées dans un champ de terre fraîchement retournée. Pour aller jusqu’à Versailles où elle avait été conviée, il lui fallait passer par cette plaine des Sablons de Neuilly, confiée par le roi Louis XVI à Antoine Augustin Parmentier.
« Que font ces enfants ? demanda-t-elle, curieuse, à son cocher.
– Ces chenapans glanent des pommes de terre. Ils ont faim, mademoiselle. Les mauvaises récoltes des années passées ont plongé le peuple dans une grande ­misère. Pour sûr, avec de telles intempéries, comment se relever ? Les greniers à blé sont désespérément vides. »
Félicité mit sa main en visière, intriguée par le spectacle qui s’offrait à sa vue. Les deux petits êtres traînaient un sac en toile de chanvre, soulevant derrière eux un nuage de poussière. La jeune fille avait entendu parler de la culture de ces tubercules qui allait permettre de lutter contre les disettes fréquentes du royaume. Le roi y avait mis beaucoup d’espoir.
Tout à coup, les deux enfants courbés se redressèrent et s’aperçurent que la jeune fille les observait. Sans hésiter un instant, ils lâchèrent leur précieux butin et coururent aussi vite que leurs frêles jambes pouvaient le faire, à l’opposé du chemin où se trouvait Félicité. La jeune fille, surprise de l’effet produit par sa présence demanda à son cocher :
« Firmin, ayez la bonté d’aller ramasser ce sac et de me le rapporter.
– Bien sûr, mademoiselle. Vous avez raison de vouloir en emporter chez vous ! La pomme de terre est un mets succulent.
– Mais je ne compte point garder le contenu de ce sac ! J’ai l’intention de le rapporter à ses jeunes propriétaires. J’ai récemment goûté ce fruit de la terre et je dois avouer que je l’ai trouvé très nourrissant. Ces enfants ont raison de vouloir en manger ! Il est idéal pour grandir et prendre des forces. »
Le ton employé était empli d’assurance. Firmin jeta un coup d’œil surpris vers la jeune fille qu’il avait vu grandir. Où était donc passée l’enfant discrète et si souvent dans l’ombre de ses sœurs aînées ? La benjamine de la famille d’Angely avait récemment achevé sa seizième année.

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