Asgrim et le cheval dérobé aux dieux
159 pages
Français

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Asgrim et le cheval dérobé aux dieux , livre ebook

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Description

En Norvège, aux alentours de l'an 900, Asgrim, un jeune Viking, est chargé de s'occuper d'un poulain, Fugl, destiné au sacrifice rituel du solstice d'hiver, pour s'assurer les bonnes grâces des divinités du Nord. Mais le garçon, en dépit des avertissements de son père, se lie d'une profonde amitié avec le cheval qu'il a renommé Sleipnir, du nom du coursier à huit jambes du dieu Odinn. Avec l'aide de son chien Osk, il prendra tous les risques pour sauver Sleipnir de son fatal destin.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2008
Nombre de lectures 215
EAN13 9782336255439
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechniqne ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1@wanadoo.fr
9782296050877
EAN : 9782296050877
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Ouvrages du même auteur Dedicace CHAPITRE UN CHAPITRE DEUX CHAPITRE TROIS CHAPITRE QUATRE CHAPITRE CINQ CHAPITRE SIX CHAPITRE SEPT CHAPITRE HUIT CHAPITRE NEUF CHAPITRE DIX CHAPITRE ONZE CHAPITRE DOUZE CHAPITRE TREIZE Jeunesse L’Harmattan
Asgrim et le cheval dérobé aux dieux

Anne Labbe
Ouvrages du même auteur
Cheval - Soleil ,Le livre de poche jeunesse, Hachette
(prix du Roman Jeunesse 2000)
Le ventre de l’arbre, L’Harmattan
Contes et Légendes du pays des mille étangs, Editions Royer
Pour mon fils Keny, et pour son « meilleur copain » Solune, en souvenir de notre inoubliable voyage en Norvège...
CHAPITRE UN
Devant sa mère, Asgrim était encore un garçon obéissant.
Jccrun avait mis au monde douze enfants, dont trois étaient morts en bas-âge et elle entendait bien demeurer maîtresse en sa maison. Son époux, Thorleik, courait les mers du printemps à l’automne. Il lui était arrivé de rester absent trois années durant et Jórun avait été bien près de croire qu’il ne reviendrait plus. Pourtant, il avait réapparu, plus riche et plus sûr de lui que jamais. Il avait rapporté des pays d’au-delà des mers d’incroyables et fastueux objets. Cependant, le commerce de Thorleik et l’enrichissement de sa famille n’étaient que prétextes, Jórun l’avait depuis longtemps deviné. Thorleik aimait d’amour le knörr 1 qu’il avait construit de ses propres mains. Thorleik n’avait que faire des fourrures qu’il échangeait contre des tissus précieux, des armes nouvelles, du sel, du miel, du blé ou du vin. Il n’avait que faire du confort de la maison ni de la chaleur du feu. Thorleik prenait la mer, la main posée sur la crinière sculptée de la figure de proue. Cheval d’Écume fendait fièrement les vagues. Cheval d’Ecume était l’œuvre de Thorleik. L’œuvre et l’amour de sa vie. Jórun savait que toute jalousie demeurerait vaine. Thorleik avait passé sa jeunesse à façonner Cheval d’Écume. Il avait choisi pour tailler la quille 2 un superbe tronc d’if. Il avait passé des heures et des heures à lui donner forme à coups de hache, puis à la peaufiner à l’herminette. Il y avait par la suite fixé l‘étrave 3 à l’avant et l’étambot 4 à l’arrière en les rivant à l’aide de chevilles de bois. Lorsqu’il avait enfin pu commencer à monter à clin 5 les planches des bordés 6 , il s’était presque senti l’égal d’un dieu : il créait de toutes pièces l’âme de sa propre vie. Enfin était venu le moment de monter le mât, puis celui de toutes les finitions. Lorsque le temps ne se prêtait pas aux travaux extérieurs (fallait-il qu’il soit terriblement mauvais !) Thorleik en profitait pour tisser lui-même sa voile, faite de grands lés d’étoffe de laine brune cousus verticalement les uns aux autres. Son père lui prodiguait ses conseils et lui prêtait les plus robustes et les plus compétents de ses serviteurs pour soule-ver, traîner, clouer, cheviller les lourdes pièces de bois. Thorleik aurait préféré pouvoir refuser leur aide. Il était terriblement jaloux de son œuvre ; il supportait mal que d’autres mains que les siennes effleurent le bois de son knörr. Mais il ne pouvait se passer du savoir et des muscles de ceux qui l’entouraient. Thorleik n’avait en revanche laissé à personne le soin de sculpter la figure de proue. Lui seul serait capable de donner à la tête de cheval l’exacte attitude qu’il souhaitait lui insuffler : des yeux ardents et terribles au fond desquels on lisait la douceur, des naseaux dilatés pour aspirer les embruns, des veines saillantes pour exprimer la tension, l’effort et le courage, une bouche grande ouverte armée de dents redoutables. Dans cette effigie, Thorleik avait placé tous les sentiments contradictoires qui se bousculaient au fond de lui : passion de l’aventure et amour de la famille, violence du geste et douceur du cœur. Le résultat était saisissant. Le jour où le navire fut enfin prêt à prendre la mer, Thorleik dut serrer les mâchoires pour interdire à ses larmes d’éclater au grand jour. Le knörr se balançait sur l’eau calme du fjord, avide de partir à l’aventure. Thorleik avait réuni son équipage : des hommes de son âge, amis, frères, cousins, qui tous attendaient avec impatience l’instant de prendre le vent. Au retour de son premier voyage, Thorleik était devenu un homme. Il avait épousé Jórun, qui lui était depuis longtemps destinée. Deux familles alliées et amies s’unissaient ainsi à travers leurs enfants. Monté sur le dos de Cheval d’Écume, Thorleik avait repéré le domaine où il bâtirait sa maison, élèverait chevaux et moutons, et construirait son avenir grâce à sa jeune femme et à la descendance qu’elle ne manquerait pas de lui donner. C’était là qu’il vivait désormais, le temps des hivers, entouré de deux de ses frères, de leur épouse et de leurs enfants, de quelques amis, de pauvres qu’il avait pris en charge et de ses serviteurs, esclaves étrangers ramenés de ses pérégrinations. Au total une bonne cinquantaine de personnes !
Jôrun acceptait avec tranquillité l’amour de son mari pour un bateau. Hormis ses absences répétées, Thorleik était un bon époux. Jórun était fière d’avoir été choisie par la famille d’un tel homme. Quand Thorleik revenait aux premières neiges, il enveloppait sa femme de sa chaleur et de sa tendresse. Puis il repartait. Et lorsque le soleil de minuit ne faisait plus qu’effleurer l’horizon pour remonter aussitôt à l’assaut du ciel, Jórun mettait au monde un enfant.
Asgrim était le troisième. Il entrait dans son douzième hiver. Il n’était pas très grand pour son âge, maigre comme un chat sauvage, aussi blond qu’un épi d’orge au beau milieu de l’été. Son visage anguleux, un peu ingrat, était piqueté de taches de rousseur ; son regard bleu d’eau ou bleu de ciel semblait avide de tout comprendre du monde. Asgrim révérait sa mère. Pourtant, il sentait bouillonner en lui un sang impatient qui lui commandait de ne plus attendre là, à prévenir les désirs de celle qui l’avait mis au monde, à tisser indéfiniment des étoffes de laine, à soigner les bêtes, à ciseler des bijoux sous l’œil attentif de Jorn, maître artisan et frère de son père, à courber l’échine sous l’arrogance de Jan-Erik, son aîné, qui se croyait tout permis. Fort heureusement, dès la prochaine fonte des glaces, Jan-Erik partirait avec son père. Il devrait apprendre à affronter la mer. Il s’initierait à l’art du commerce. Peut-être même demeurerait-il dans l’une de ces îles lointaines ou dans l’un de ces continents merveilleux dont parlaient les scaldes 7 dans leurs interminables poèmes. Alors Asgrim demeurerait ici l’aîné des garçons, puisque le second enfant, Gudrùn, était une fille. Et peut-être enfin daignerait-on le considérer comme un homme. Mais si Jan-Erik revenait, il pourrait traiter son jeune frère avec encore un peu plus de condescendance. Asgrim en rageait d’avance.
Oui, devant sa mère, Asgrim était un enfant docile. Jamais il n’aurait osé affronter cette calme autorité. Mais aussitôt que le garçon s’éloignait du domaine, monté sur l’un des chevaux qu’élevait son père, il se transformait en un chasseur sauvage. Il n’avait plus de comptes à rendre à personne. Il devenait loup, ours ou renard. Il poursuivait sans pitié toute proie qui passait à sa portée. Thorleik voyait cela d’un bon œil et encourageait son fils : non seulement celui-ci approvisionnait en viande toute la maisonnée, mais il rapportait des fourrures précieuses pour le commerce. Vison, renard, loutre étaient considérés comme d’appréciables monnaies d’échange. Ce qui n’était pas chargé sur le knörr pour être troqué était transformé durant les longues nuits de glace. Tandis que les enfants apprenaient à réciter par cœur les noms de leurs ancêtres, femmes et hommes triaient plumes et peaux afin de fabriquer édredons et vêtements, gardant os et dents pour confectionner des bijoux, des outils et autres ustensiles.
Pendant ce temps, Jan-Erik ne rêvait plus que de partir. Dormir à mê

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