Au fond du vert
155 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
155 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Suite de « L’hôte trouble ». Les faits d’hiver sont passés. Ne nous mentons pas ! « Mal passés ». Il y a eu de la viande froide au menu dans le « Nageville » italien. Mais la vie continue… Et pour sortir de cet engrenage qui menace de broyer des vies et des destins, il n’y a d’autre solution que d’entrer dans le cerveau racine de l’Organisation mafieuse. En cela on peut faire confiance à Cyril, comparable au DOS(( (Disk Operating System) pour une manip qui va pourrir ce système d’exploitation. Mais sera-ce suffisant ?

Informations

Publié par
Date de parution 20 décembre 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312019611
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Au fond du vert

Eric Oderen
Au fond du vert

















LES ÉDITIONS DU NET
22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Il y a sur cette terre des fléaux et des victimes,
et il faut, autant qu’il est possible,
refuser d’être avec le fléau.
CAMUS – La peste
































© Les Éditions du Net, 2013
ISBN : 978-2-312-01961-1
Avant-propos
Mayaotho. Amérique du Sud.
Ville sans Histoire. Ville nouvelle, giclant de terre comme un geyser de gaz qu’elle recouvrait. Son cœur battait au rythme des chantiers. Devant les murs polychromes des maisons attendaient des grappes de jeunes désoeuvrés. D’autres, assis dans des encoignures, sniffaient quelques sachets de colle ou inhalaient des fumées de résidus d’héroïne dans des bouteilles en matière plastique. Les plus jeunes tendaient la main aux passants.
– Por gentileza ! Comer. » (« S’il vous plait ! Manger. »)
Quant aux vieux, appuyés contre de vieilles guimbardes rouge vermeille ou jaune tournesol, ils suivaient machinalement le va et vient des camions de chantier, sans même plus prêter attention à la poussière qu’ils leur envoyaient. Leur misère n’intéressait personne. Excepté les touristes qui saisissaient au passage leur image à travers les vitres d’autocars rutilants. Car les premiers touristes arrivaient. Un nouveau genre : « touristes de guerre ». Ils arrivaient, parfois en couple, dans des voitures de luxe, ou alors en voyages organisés.
– C’est devenu le « Main Street » de Las Vegas, commenta Laurent Portal en désignant du menton l’avenue encombrée de voitures. Les pauvres en plus. Mais le principal n’est pas l’avenue des jeux. La plupart des mecs trouvent du plaisir pour moins cher que les casinos. Dans des boites de nuit avec des gogo danseuses ou dans les bars « montants » avec des filles qui peuvent avoir douze ans.
– Je suis anéanti. Je n’arrive pas à croire qu’en un an la ville se soit autant dégradée. Ça pue le crime et la douleur.
– Elle ne s’est pas dégradée. Elle a tout simplement grandi.
Rony Diez de Vegas avançait, épaule contre épaule, avec son guide.
– La dernière fois que je suis passé dans ce quartier, il n’y avait que des immeubles en construction et quelques magasins.
– La mafia n’était pas encore installée.
Cabarets, bars, salles de jeux se succédaient dans leur progression. Là-bas : un casino en construction. A côté : un centre commercial, un « Golden Nuggets », un « Las Vegas Club ».
Arrivé de Paris deux jours plus tôt, mercredi 27 juin, Rony découvrait une nouvelle jungle. Après dix mois de « Master1-Analyste risques de marché », il avait accepté de replonger dans ce pays et ses eaux boueuses en acceptant le titre de « Associé indéfiniment responsable et directeur de la banque Diez de Vegas . »
Contre vents et marées.
Les pressions étaient venues du directoire de la banque dans un souci de stabilité. Il était hors de question de perdre la confiance des grands clients en laissant croire, qu’après la disparition du fondateur engagé dans cette réussite financière, la banque éponyme passe en mode « survie ». Le nom « Diez de Vegas » était attaché à un engagement pour la réussite financière et de la banque et de ses clients.
Dans cette lignée –et devant le refus catégorique de la fille de Fabio le prendre les rênes- « Ça va pas la tête ? » ne restait plus que Rony Diez de Vegas. « La bonne personne à la bonne place » puisqu’il finissait ses études d’analyste financier.
– Juste quelques mois. Le temps que se tienne l’A. G. E. (l’Assemblée Générale Extraordinaire) prévue au mois de novembre, lui avait assuré le fondé de pouvoir.
Une fois sorti de ce bureau directorial, Rony s’était pris la tête dans les mains et avait marché comme un automate pour regagner les ascenseurs. Le fait de s’installer, ne serait-ce que pour quelques mois, dans ce nid de guêpes, passait au second plan. Mais ce fut l’annonce de cet événement six mois plus tôt par Cyril qui le bluffait le plus. Comment ce gars avait-il pu prédire ce qui allait lui arriver avec une telle assurance aussi longtemps à l’avance ?
Première partie

Chapitre 1
1
P our l’heure, 10 heures 50, Rony avançait à travers le « sul bairro ». Quartier populaire sud.
– Tu verras, c’est chaud, avait prévenu Laurent. Terrain miné.
Vrai. Ici il n’y avait pas encore de règles établies. Mais on flairait bien que les affaires se mettaient en place. Croisant quelques caïds, ils se sentirent soupesés, accrochés du regard, comme dans une prison invisible. Et pour cause ! Si à Paris leurs aspects eussent été des plus ordinaires, sur ces trottoirs leur allure à tous deux les faisait ressembler à deux touristes friqués, leur démarche à deux dragueurs, leur façon de visiter à deux proxénètes.
Laurent portait, comme à l’habitude, sa veste légère sur un pantalon blanc ; la visière de sa casquette en cuir « Stetson » protégeait son regard du soleil. Un polo blanc sans marque, un bermuda jaune paille habillaient Rony. Une paire de lunettes « Roberto Cavalli » chevauchait son nez.
– On dirait Robert de Niro dans « Casino » avec tes hublots, lui avait fait remarqué Laurent.
– Normal ! Je les ai trouvés dans sa poubelle.
– Là, c’est carrément une usurpation d’identité.
D’un coup de coude, Laurent poussa Rony vers une vitrine racoleuse. Celle du « Shabada ».
– Avant de se faire tondre au casino, les mâles viennent se faire patiner dans ce genre de bergerie.
Ils poussèrent la porte du bar décoré façon « saloon ». Pénombre. Lumières tamisées. Deux filles dressées sur deux tabourets les accueillirent avec des sourires cajoleurs. Elles n’avaient pas seize ans. Rony retira ses lunettes. Laurent retira son chapeau. Il accosta les jeunes hôtesses.
– Can we invite you to drink an aperitif ? {1}
Deux rires juvéniles lui répondirent.
Le saloon était vide de clients. Ils s’écartèrent tout de même du comptoir. Les filles se déplacèrent sur des chaussures à hauts talons vers quatre fauteuils entourant une table en bambou. Poitrines et boumboum {2} trop rebondis. Elles avaient visiblement déjà profité de la chirurgie esthétique brésilienne. Elles s’assirent l’une à côté de l’autre. Grands yeux noirs, lèvres fluo, short et Tee-shirt d’une taille trop juste, elles avaient été relookées « Californie ». Un lissage chimique des cheveux avait permis une coupe au bol avec frange sur le front. Seul le côté face du Tee-shirt arborait une pointe de personnalisation. « Why ? » interrogeait l’un.
– I’m Juanita.
Pendant qu’un petit chat blanc dormait sur un croissant de lune bleue sur le second maillot.
– My name’s Stormy.
Dans le prolongement des « petits hauts », les jupes-shorts allongeaient encore plus leurs fines jambes d’adolescentes.
Sans que personne n’ait rien demandé, entra un jeune Indien. Il portait une chemisette noire sur un pantalon blanc et un plateau de boissons. Il s’inclina sans rien dire et déposa sur la table deux « Coca » et deux cocktails de jus de fruits. Le temps de siroter quelques gorgées et Laurent entama la discussion sans préambule.
– Conte-nos sobre si mesmo ! Parlez-nous de vous, traduisit-il pour Rony.
Naturellement, il s’attendait à la réaction des deux filles : un regard complice entre elles et un fou rire. Mais cela ne le désarma pas. Il répondit par un air amusé.
– Is your life so fun ? {3}
Le silence qui suivit prouva que non.
L’expression de leurs deux visages changea. Elles se saisirent chacune de leur verre et sirotèrent leur « Coca » en observant ces deux clients.
Après un temps d’observation Stormy affirma :
– Policia !
Laurent rejeta d’un signe de tête.
– Nós precisamos de você. Ajudar as outras meninas que gostariam de devolver home. (Nous avons besoin de vous. Pour aider d’autres filles à retourner chez elles).
Laurent avait appris cette phrase le matin même. Sans doute, les termes n’étaient peut-être pas tout à fait

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents