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Elodie Greffe Mestr Tom
illustré par
Romane Gobillot
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Description
C’est l’âge d’or au comté des Fins Heureuses.
Sous la direction de la Grande Fée, les fées dirigent leur royaume avec bienveillance et les princesses accomplissent de nobles quêtes pour sauver les chevaliers.
Hélas, les enfants humains cessent de croire aux belles histoires et l’heure des fées touche bientôt à sa fin.
Sujets
Informations
Publié par | editions-kelach |
Nombre de lectures | 4 |
EAN13 | 9782490647170 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5 (2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
ISBN 978-2-490647-17-0
Éditions Kelach
Collection Les Contes des Deux Comtés
Juin 2019
La Grande Fée
Les Contes
du Grand Chêne
Auteure :
Élodie Greffe
Dans l’univers créé par
Mestr Tom
Illustrations : Romane Gobillot
Couverture : ChaBarb
Corrections : Clémence Chanel
Frère Gail
Gail grimpa quatre à quatre les escaliers et se jeta sur son lit. Il attrapa son oreiller, hurla dedans puis en couvrit ses oreilles pour ne plus les entendre. En bas, ses parents se disputaient. Sa mère pleurait, encore, et son père était une nouvelle fois de mauvaise humeur. Il fit glisser ses doigts sur la photo de leur famille, accrochée à côté de son lit. Ils étaient heureux tous les trois, avant. Surtout depuis que maman était tombée enceinte, il se réjouissait tellement à l’idée de devenir grand frère ! Un jour, tout s’était écroulé, et même si on ne lui avait pas expliqué grand-chose, Gail avait bien compris que quelque chose s’était mal passé et que la petite sœur ne viendrait pas. Depuis, sa mère pleurait et son père travaillait plus et souriait moins. Il avait bien essayé de poser des questions, mais il avait l’impression que cela rendait sa mère encore plus triste, alors il avait arrêté. Il pensait à son anniversaire, il aurait huit ans dans une poignée d’heures. Il se demanda si ses parents y penseraient vu les circonstances. Sa grand-mère lui avait dit que si l’on faisait un vœu, avec tout son cœur, la nuit précédant son anniversaire, alors une fée se chargeait de le réaliser. Il n’avait jamais trop cru aux histoires de fées de sa grand-mère, mais c’était peut-être le moment d’essayer.
La Grande Fée s’éveilla en même temps que le jour. Elle n’avait dormi que quelques heures, mais c’était bien suffisant pour une fée comme elle. Elle parcourut les couloirs du Grand Chêne, quasi vides à cette heure matinale. Les quelques fées qui croisèrent sa route lui firent de respectueuses révérences avant de retourner à leurs occupations. Chaque fée avait un travail, une mission et par conséquent bon nombre de choses à faire. Depuis le départ de Big, la demeure lui paraissait étrangement calme. La Grande Fée s’ennuyait, les mèches rousses et les plaisanteries du garçon lui manquaient. Bien sûr, il y avait au Grand Chêne des fées maladroites et facétieuses qui exigeaient sa surveillance et occupaient ses journées, en plus de la gestion du royaume des Deux Comtés, mais il n’y avait rien de comparable à la présence d’un enfant. Elle tourna à droite en direction des chambres des jumelles. Les Fées Ci et Ça étaient les fées des obligations, des panneaux de signalisation, des règlements intérieurs, des formulaires en tout genre et des démarches alambiquées. La Grande Fée, à la faveur de son nouveau temps libre, s’était aperçue qu’il valait mieux garder un œil sur elles car elles pouvaient être la source de bien des désordres et complications. En particulier administratives, surtout lorsqu’elles n’étaient pas d’accord entre elles, ce qui était le cas la plupart du temps. On avait ainsi vu fleurir des sens uniques qui ne menaient nulle part, et des formulaires qui se contredisaient eux-mêmes deux pages plus loin, ce qui était fort gênant et compliquait la vie de tous les habitants des Deux Comtés. Les deux sœurs étaient absentes, ce qui ne rassura pas la Grande Fée. Elle alla voir la Fée Léloi, son adjointe, qui s’occupait aussi des entrées et sorties du palais. Cette dernière n’avait aucune trace du départ des jumelles.
Gail se réveilla sur un lit de paille dans une chaumière. La chambre donnait sur la pièce principale de la maison dont le toit bas, fait de bois et de paille, était à moitié écroulé. Le sol était en terre battue. Il n’avait aucune idée de l’endroit où il était. Il n’eut cependant pas le temps d’avoir peur, une petite fille blonde d’environ quatre ans sanglotait dans un coin, assise par terre. Visiblement, il n’y avait qu’elle dans la maison :
— Bonjour, je m’appelle Gail, et toi ?
La petite leva sur lui deux grands yeux terrifiés noyés de larmes, mais n’ouvrit pas la bouche.
— Je ne te ferai pas de mal. Tu es seule ici ?
Elle fit oui de la tête. Il fouilla dans ses poches de pyjama et tomba sur le morceau de chocolat qu’il avait pris à la cuisine avant de monter se coucher. Il le déballa et le tendit à l’enfant en s’approchant. Elle renifla l’offrande et la goba d’un trait. Elle paraissait plus sereine, mais elle ne parlait toujours pas. Gail retenta sa chance :
— On est où ici ? Je dois rentrer chez moi. Tu sais où je dois aller ?
Pas de réponse.
— Je vais sortir, tu comprends ? Aller voir dehors, voir si je peux trouver de l’aide et voir où on est.
La petite fille se leva d’un bond, courut vers lui et lui prit la main.
— Ah. Oui. Oui, tu peux venir avec moi. On va y aller ensemble.
La maison délabrée prenait place dans un village qui l’était tout autant et semblait désert. À quelques centaines de mètres, de l’autre côté d’un précipice dont on ne voyait pas le fond, se trouvait une terre sombre, couverte de brume et de nuages noirs qui firent frissonner Gail d’angoisse. La petite n’était pas rassurée non plus et le tirait par la manche pour l’entraîner dans l’autre sens. En traversant le village, ils tombèrent sur deux grandes jeunes femmes. Elles se ressemblaient parfaitement, semblaient bienveillantes, mais avaient une drôle de façon de parler, chacune finissait la phrase de l’autre en permanence.
— Bonjour, je m’appelle Gail, et je ne sais pas qui est cette petite fille, je l’ai trouvée dans une maison là-bas. Est-ce que vous pouvez nous aider, s’il vous plaît ? Où sommes-nous ?
— Bonjour, ça fait…
— … beaucoup de questions.
— Je suis la Fée Ci, et voilà ma…
— … sœur Ça.
— Nous sommes les fées des obligations, ajoutèrent-elles en chœur.
— Vous êtes au royaume des Deux Comtés, reprit la première. Vous êtes au comté des Fins Heureuses, mais…
— … là-bas, derrière vous, continua la seconde, se trouve le comté de la Nuit. Beaucoup de monstres vivent là-bas.
— Il ne faut pas y aller.
— Des monstres ? demanda Gail qui n’était pas sûr de tout comprendre. Attendez, vous dites que vous êtes des fées ?
— Exactement, confirmèrent-elles en chœur, alors que deux ailes translucides se déployaient dans le dos de chacune.
— Mais, c’est impossible, ça n’existe pas, je suis en train de faire un rêve, c’est ça ?
Les fées jumelles se regardèrent, interloquées : un enfant, de créateur de surcroît, qui ne croyait pas aux fées ! Elles n’en avaient jamais vu. Bien sûr, elles avaient déjà entendu des rumeurs là-dessus, mais elles n’y avaient jamais cru.
— Vous êtes…
— … perdus ?
— Oui ! Est-ce que vous pouvez nous aider ? insista Gail qui commençait à perdre patience.
Les deux sœurs se lancèrent un regard de connivence et commencèrent à parler entre elles, comme si les enfants ne les entendaient pas :
— Tu penses…
— … à la même chose que moi ?
— Certainement ! Ils seront…
— … parfaits pour l’occuper.
— Nous allons vous conduire…
— … à la Grande Fée, terminèrent-elles en le regardant cette fois.
Gail était perplexe, il n’était