L'emploi du temps

Cédric Le Calvé

Description

– Tu crois que tu serais capable d’organiser une journée ? Je te laisse la craie si tu veux...

Par défi, madame Savage propose à un de ses élèves de CM2 de préparer le prochain emploi du temps. Stupeur, Lucas accepte. La maîtresse n'est pas au bout de ses peines, car voilà maintenant que Quentin, Nino et Illona veulent aussi obtenir ce privilège. Le résultat va être surprenant.

Sujets

• Littérature
• Littérature d'enfance et de jeunesse
• Amitié
• Enseignement
• Enseignement primaire
• Autonomie

Informations

• Publié par: Bookless Editions
• Date de parution: 26 janvier 2022
• Nombre de lectures: 12
• EAN13: 9782372226400
• Langue: Français

Extrait

Cédric Le Calvé
 
L’emploi du temps
 
Roman jeunesse
 
© Cédric Le Calvé
Bookless Editions
Tous droits réservé
Décembre 2021
Isbn : 97823722 6400  
 
1
 
 
 
J’ai quand même un peu peur. Je sais bien que ce n’est pas un vrai rendez-vous, on n’apporte pas sa trousse et son cartable à un véritable rendez-vous. Mais c’est la première fois que je me rends chez Ilona, et si on m’avait dit, il y a deux jours, que je serais invité dans sa grande maison blanche, je ne l’aurais pas cru. Avec Ilo (c’est ainsi que ses copines l’appellent), on ne s’adressait quasiment jamais la parole. C’est le lot de tous les garçons et filles de notre école. Que ce soit en classe ou dans la cour de récréation, c’est un peu chacun dans son coin. On a ni les mêmes jeux ni les mêmes centres d’intérêt, cela ne facilite pas le rapprochement.
C’est sans doute pour cela que je me sens intimidé, c’est comme si je partais pour un pays inconnu, un territoire dont je ne sais absolument rien. Je me demande si ses parents seront là. Les miens, en tout cas, étaient ravis de me voir partir travailler tout une après-midi chez la meilleure élève de la classe.
 
— N’oublie surtout pas ton matériel Nino ! m’a répété dix fois ma mère.
 

 
J’ai donc emporté de quoi écrire et surligner, mais ce qui va me manquer, je pense, ce sont les idées qui vont avec. On doit préparer la journée de classe pour lundi, c’est un sacré défi. Je ne sais pas ce qui m’a pris de me porter volontaire. Mon cœur battait si vite au moment où la maîtresse a dit « Rien d’autre à ajouter ? ». Cela a été plus fort que moi, j’ai levé la main alors que tout le monde baissait la tête, oui je me suis porté volontaire pour aider Ilo. Mais c’était surtout pour me rapprocher d’elle, je me doute bien qu’elle n’a pas besoin de mes conseils. D’ailleurs, j’imagine qu’elle ne m’a pas attendu pour avancer dans le travail. Peut-être même que tout est déjà prêt. Il faudra alors se contenter de hocher la tête en souriant lorsqu’elle lira ce qu’elle a préparé. Et ça m’ira très bien. Je n’ai pas d’autre ambition pour le moment. La regarder bêtement en souriant, c’est un chouette programme.
 
Tout ceci n’aurait pas été possible sans Lucas. Sans le vouloir, c’est lui qui a permis ce rapprochement inespéré. Quand il s’est énervé vendredi soir, j’ai d’abord cru que la maîtresse allait le punir, mais non, finalement elle l’a laissé s’exprimer. C’est allé un peu loin tout de même, je ne sais pas si on a vraiment mesuré ce qui nous attendait. Mais il n’y a plus moyen de revenir en arrière maintenant. Dans deux jours, c’est nous qui serons aux commandes de la classe !
 
2
 
 
 
Je m’appelle Nino et je suis en CM2, dans le groupe scolaire des Églantines. Quand on me demande si j’aime bien l’école, je ne sais pas trop quoi répondre. En fait, cela dépend de ce qu’on y fait. Ce dont je suis certain en revanche, c’est que j’aime bien ma maîtresse. Madame Savage est jeune, dynamique, et elle a toujours plein de projets. Et puis elle apprécie les enfants, cela s’entend lorsqu’elle nous parle.
Elle nous fait aussi beaucoup travailler, un peu trop peut-être. Depuis trois semaines, cela ne s’arrête pas : mathématiques/français le matin, français/mathématiques l’après-midi. Il parait qu’on en a besoin. Notre classe va passer un examen à la fin du mois et cela inquiète beaucoup notre maîtresse. Du coup, elle a un peu changé ses habitudes de travail. Lorsqu’elle affiche l’emploi du temps au tableau, on n’a plus beaucoup d’espoir de voir apparaître des matières comme le sport ou le dessin. Même la géographie et l’histoire ont disparu du paysage. Idem pour le conseil de classe qui avait lieu tous les vendredis soir. Pourtant, on aimait bien ce moment-là, il nous permettait d’échanger et de régler les problèmes de cour. Mais tant que ce maudit examen ne sera pas passé, j’ai l’impression qu’on aura droit au même programme indigeste. Madame Savage a l’air vraiment inquiet. Il parait que si nos résultats ne sont pas assez bons, elle pourrait avoir des ennuis avec un inspecteur. Il ne travaille pas dans la police, mais on dit qu’il est encore plus sévère que le directeur de l’école. Ce serait dommage car c’est une bonne maîtresse, même si elle exagère un peu en ce moment. Elle devrait aussi comprendre qu’on n’est pas des machines, il nous faut un peu de repos.
 
Ce n’est pas un hasard si Lucas a craqué vendredi après-midi. Il n’en pouvait plus...