L errance d Oleg Lerner
100 pages
Français

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L'errance d'Oleg Lerner , livre ebook

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Français

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Description

Varsovie 1940. Oleg Lerner, 13 ans, est enfermé dans le ghetto comme tous les Juifs. Sorti clandestinement acheter du pain pour sa famille, il n'est pas dans le ghetto au moment où les Allemands y mettent le feu. Il ne retrouve pas ses parents et sa sœur. Seul, désespéré, il est pris en charge par un groupe de partisans avec qui il quitte la ville. Que deviendra-t-il ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 17
EAN13 9782296457690
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ERRANCE
D’OLEG LERNER


POLOGNE 1940 – 1945
1 e édition : Syros, 2006


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54546-5
EAN : 9782296545465

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Larissa Cain


L’ERRANCE
D’OLEG LERNER


POLOGNE 1940 – 1945


L’Harmattan
VARSOVIE 1940
Oleg écrit à son cousin en France

Cher Samuel
C’est la dernière fois que je t’écris de la rue Krochmalna. Tous les juifs de Varsovie doivent maintenant habiter dans un ghetto, un quartier fermé par un grand mur. Là-bas, il n’y a pas beaucoup de place, alors papa, maman, Lisa et moi, nous allons loger chez les cousins de maman. Nous y allons demain.
Papa et maman parlent beaucoup de ce Hitler en Allemagne. Il veut faire la guerre à tout le monde et surtout à nous les juifs, alors qu’on ne lui a rien fait.
Je ne pourrai plus jouer au foot avec mon copain Karol. Ça me rend triste et lui aussi. Il n’est pas juif, il ne peut pas aller dans le ghetto. J’emporte mon album de timbres, grâce à toi les pages consacrées à la France sont bien remplies.
Je t’envoie mon plus beau timbre avec une montgolfière. Ça serait bien de pouvoir s’envoler. Moi je serais venu en ballon, en France, pour te voir à Paris.

Salut
ton cousin Oleg
LA PREMIÈRE SORTIE DU GHETTO
Le soir, Oleg est couché sur un matelas, posé par terre. Sa petite sœur Lisa dort sur un autre matelas, à côté de lui. Il pense à tous les changements que la guerre leur a imposés. Il ne peut pas aller à l’école, elle est interdite depuis que la Pologne a été envahie par les Allemands. Et maintenant, dans le ghetto, où il n’y a pas beaucoup de place, ils sont entassés dans le petit appartement des cousins de sa mère.
Son père, bien que cordonnier, doit travailler dans une usine et coudre des uniformes pour les soldats allemands. Sa mère y travaille aussi.
Le pire, se dit Oleg, c’est qu’on n’a pas assez à manger. Il faut des tickets pour acheter du pain, des pommes de terre, de la margarine, il n’y a plus de lait ni de viande. Chaque mois, on leur distribue ces tickets, mais en quantité insuffisante. Oleg, sur son matelas, se tourne et se retourne. Il a faim.
Un jour qu’il traîne par désœuvrement dans les rues encombrées du ghetto, il n’y a pas d’école, il n’a vraiment rien à faire, Oleg parvient à une des portes qui donnent au dehors. Toutes sont surveillées par les soldats. Mais alors que ceux-ci ont le dos tourné, il voit un garçon se faufiler et entrer dans le ghetto. Une fois qu’il s’est suffisamment éloigné de la porte, il sort un pain de dessous de son pull. Une idée jaillit dans la tête d’Oleg. J’ai le même âge que lui. Moi aussi je vais aller chercher du pain pour mes parents et Lisa. Cette idée le réconforte, mais lui fait peur aussi. Pourrait-il sortir du ghetto sans que les gardes l’arrêtent ? Sortir est interdit. Et une fois de l’autre côté du mur, s’il est reconnu comme juif, il sait qu’on le mettra en prison, peut-être qu’on le fusillera.
Cette nuit-là, il a du mal à s’endormir. Bien sûr, s’il ne sort pas, il ne sera pas arrêté, mais ils auront tous de plus en plus faim. Oleg voudrait tellement faire quelque chose pour ses parents. Il pense à sa mère : elle le regarde sévèrement de ses yeux clairs quand il a fait des bêtises, et il comprend qu’il a mal fait. Son père le gronde, mais ne le bat jamais.
Si l’autre garçon a réussi, il doit pouvoir y parvenir aussi. A la fin, Oleg décide qu’il sortira du ghetto pour chercher du pain. La décision prise, il s’endort.

Tôt le lendemain matin, Oleg, le cœur battant, arrive à la porte du ghetto où les soldats bavardent. Ce n’est pas le moment de passer… Il va attendre qu’il y ait plus de monde pour qu’ils ne fassent pas attention à lui. Il s’approche d’un porche d’où il peut surveiller si la voie est libre. Il se colle contre la paroi un peu en retrait, pour qu’on ne le voie pas, prêt à profiter de la première occasion. Et cette occasion se présente plus tôt qu’il ne l’espérait. Il entend les pas d’un groupe qui s’approche. Ce sont les hommes désignés pour les travaux forcés, qui vont construire des routes. Dès que le groupe passe devant lui, Oleg s’y faufile, marche en son milieu, et parvient de l’autre côté du mur. Il est dehors. Il faut maintenant quitter le groupe, sans se faire voir des soldats armés de fusils qui le surveillent. Oleg, caché parmi les hommes qui avancent, repère les soldats aux pieds bottés. Il se déplace vers le bord, et une fois les bottes passées, se glisse en dehors du groupe.
Maintenant qu’il est sorti, il se redresse ; son cœur battant encore plus fort, il essaie de marcher comme les autres passants, comme si cette rue lui appartenait, à lui petit garçon du ghetto. Il regarde autour de lui. Oleg sait que des hommes dangereux guettent ceux qui s’en échappent pour les dénoncer à la Gestapo {1} . Il aperçoit justement un groupe de gens suspects, un peu plus loin. A côté de lui passe une dame qui donne la main à une petite fille. Malgré sa peur, il se décide, leur emboîte le pas et demande :
Pardon madame, savez-vous où il y a une boulangerie ? La dame se retourne toute surprise et voit un jeune garçon au visage très sérieux, sa casquette à la main.
Il y en a une rue Dluga. C’est tout droit, puis tu tournes à gauche là-bas à l’angle et c’est la deuxième rue à gauche. Tu peux venir avec nous avant de tourner. Oleg, tout heureux, remercie. Le groupe qui l’inquiétait est dépassé.
Il y a foule dans la boulangerie. Les gens ne font pas la queue, mais se bousculent les uns les autres pour arriver à l’unique vendeuse. Un pain, six zloty, entend Oleg. Comment faire ? Il n’a que cinquante centimes. Il n’est pas pressé d’arriver jusqu’au comptoir, mais les gens le poussent malgré lui.
Et toi qu’est-ce que tu veux ? demande la vendeuse.
Un… un pain s’il vous plaît.
6 zloty.
Oleg tend sa main avec les centimes. La vendeuse surprise le regarde et rencontre son regard anxieux et suppliant. Cela ne dure que quelques secondes. Elle prend la monnaie de sa main et lui tend une belle miche de pain, toute ronde.
Oh merci madame !
Le pain est encore chaud. Oleg le place sous son pull sur sa poitrine et sent sa douce chaleur. Et il y a l’odeur, l’odeur du pain frais. C’est déjà un plaisir pour celui qui a faim. Oleg a la tentation d’en casser un morceau, là, tout de suite. Il sent déjà la croûte qui craque sous ses dents et le moelleux de la mie dans sa bouche. Il se ressaisit. Il sait que s’il l’entame, il ne pourra plus s’arrêter de manger. Non, il le rapportera à ses parents, maman le partagera entre eux.
Maintenant il ne faut pas se tromper. Oleg retourne sur ses pas pour retrouver le ghetto et surtout note bien le chemin de la boulangerie. A nouveau, il lui faut marcher tranquillement alors qu’il a envie de courir. A l’approche du mur du ghetto, il voit une bande de garçons et l’un d’eux le montre du doigt. Oleg a peur d’être attaqué. Il s’approche d’un couple qui tout en marchant se dispute violemment. Il ne fait pas attention à lui et il peut passer pour son enfant. La ruse réussit, la bande de jeunes s’éloigne, il se détache alors du couple qui lui continue à se disputer. Il lui faut encore franchir la porte du ghetto. Est-ce que les soldats allemands ne vont pas l’arrêter, lui prendre son pain et peut-être le fusiller comme ils l’ont fait à d’autres enfants ? Mais ce jour-là la chance est avec lui. Il y a beaucoup de monde à la porte, des soldats, des policiers… Oleg se courbe pour se faire tout petit, se faufile et une fois dans le ghetto, peut enfin galoper jusqu’à sa maison.
Lorsque ses parents rentrent, sa mère, la première, voit la miche de pain.
Un pain tout entier ! s’exclame-t-elle. Elle aperçoit Oleg, au grand sourire, près de la table. Elle comprend, ouvre ses bras et Oleg s’y précipite. Et ce sont des embrassades sans fin. Son père aussi se joint à eux. Lisa exécute une danse autour de lui. C’est la fête ! Il leur raconte toute son aventure.
Quels risques tu as pris ! dit sa mère, j’en frémis. J’aime mieux ne pas avoir de pain et que tu ne mettes pas ta vie en danger.
Son père ne dit rien. Il ne le quitte pas des

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